Awaruite

L'awaruite est un corps minéral naturel de la catégorie des éléments natifs, un alliage cristallin de nickel et de fer à réseau de Bravais de symétrie cubique, décrit par la formule chimique approchée Ni~2,5Fe parfois simplifiée par Ni3Fe ou Ni2Fe suivant la composition de l'échantillon.

Awaruite
Catégorie I : Éléments natifs[1]

Galet d'awaruite du comté Joséphine, Oregon, USA
Général
Nom IUPAC Awaruite
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique FeNi2.5 Ni≈ 2.5Fe
Identification
Masse formulaire[2] 202,579 ± 0,003 uma
Fe 27,57 %, Ni 72,43 %,
Couleur blanc d'argent à gris acier brillant, parfois gris blanc, blan d'étain, plus rarement noir de fer
Classe cristalline et groupe d'espace groupe de point 4/m 3 2/m ; hexakisoctaédrique,
groupe d'espace Fm3m
Système cristallin cubique (isométrique)
Réseau de Bravais cubique à faces centrées
a = 3,56 Å ; Z = 4, V = 45,12 Å3 ou a = 3,49 Å ; Z = 4, V = 46,27 Å3
Clivage clivage pauvre
Cassure matière flexible (fragment flexible)
Habitus petits cristaux très rares, flexible, jusqu'à 4 mm, cristaux d'autant plus mous qu'à forte teneur en Ni ; petits flocons ou gouttes, grains irrégulier ; amas à structure granulaire, galet roulés, pépites ; forme massive ; revêtement ou incrustation en bordure.
Échelle de Mohs 5 à 5,5 (parfois 5,75 ou jusqu'à 6)
Trait gris brillant, gris lumineux
Éclat métal
Éclat poli polissage, obtention de surface miroir
Propriétés optiques
Fluorescence ultraviolet non fluorescent
Transparence opaque
Propriétés chimiques
Densité 7,8 à 8,65 (densité calculée 7,74), en moyenne 8 (parfois 8,2)
Solubilité insoluble dans l'eau et les alcalis (bases), soluble dans les acides forts dilués mais passivation dans HNO3
Comportement chimique malléable à flexible, résistant à la corrosion
Propriétés physiques
Magnétisme fortement magnétique (ferromagnétique)

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Historique de la description et de l'appellation

L'espèce minérale a été décrite en 1885 après la description de petites pépites trouvées dans les sables à la fois stannifères et aurifères de la Gorge River, près de la baie d'Awarua dans l'Île du Sud de Nouvelle Zélande, lieu qui représente aujourd'hui son géotype tout en ayant permis sa dénomination minéralogique[3],[4].

Il existe un synonyme américain, la josephinite car les pépites de ce minéral métallique apparaissaient régulièrement dans les placers fluviaux du canyon Joséphine ou les installations de traitement hydraulique de la Josephine creek, au Josephine County, Oregon car il provient des parties serpentinisées de la péridotite du district de Joséphine. Dans ce cas particulier, l'awaruite enrobe et protège exceptionnellement des grenats à base d'andradite[5]. Elle peut aussi enrobée du fer natif, des alliages de fer nickelé, parfois plus complexe comme l'orégonite Ni2FeAs2 (légèrement rosâtre en microscopie de microtome), de la goethite (sombre ou gris-noir) ou divers silicates.

La bobrovskite ou la souesite sont deux autres termes synonymes. Il existe enfin une variété à forte teneur en iridium, l'awaruite irridiée.

Propriétés physiques et chimiques

Malléable et flexible, l'awaruite résiste à la corrosion.

Cristallographie et cristallochimie

L'awaruite possède un système cristallin cubique.

Il fait partie du groupe du fer-nickel, contenant en particulier le fer natif et le nickel natif.

La réflectance de l'awaruite est très légèrement inférieure à 65 %.

Les propriétés optiques sont similaires à celles du nickel natif, à la tetrataénite, à la jedwabite.

Analyse

L'alliage naturel, sous forme de grain ou de pépite, contient de 70 % à 75 % de nickel et 30 % à 25 % de fer.

Les impuretés les plus fréquentes contiennent les éléments cobalt, cuivre, iridium, soufre, silice et phosphore.

Gîtologie

Cette espèce minérale peut être découverte sous forme de pépites ou petits grains dans les alluvions de rivières, provenant de la dégradation de serpentinites, de péridotites et d'ophiolites. Elle est communément associée à l'or natif et à la magnétite, mais aussi au cuivre natif et minerais d'étain, à l'heazlewoodite, à la pentlandite, à la violarite, à la chromite, et à la millérite essentiellement issus des péridotites.

Dans la serpentinite de Oko, au Japon, l'awaruite et l'heazlewoodite peuvent être englobées dans une phase majoritaire de magnétite, avec d'autres silicates.

Elle se retrouve en quantité encore plus infime dans les météorites, associée au fer natif ou la kamacite, à l'allabogdanite (Fe,Ni)2P, à la schreibersite et au graphite[3].

Gisements ou gîtes relativement abondants ou caractéristiques

  • Australie
Coolac, Nouvelle Galles du sud
rivière Heazlewood, Tasmanie
Mine de Lord Brassey, Heazlewood, Tasmanie
  • Canada
district minier de Lillooet, Rivière Fraser, Colombie Britannique
Dans le Canyon Holle, près de la rivière Pelly, à Pelly River, Territoire du Yukon
  • États-Unis
Mine du puits Line ou Line Pit mine, comté Cecil, Maryland
South Fork, Smith River, Comté du Nord, Californie
Comté Joséphine et comté Jackson, Orégon
  • Italie
rivière Elvo, en Piémont.
  • Japon
serpentinites de Oko, nord-est de la préfecture Kochi ou Koti, Shikoku
  • Nouvelle-Zélande
Dans les collines rouges Red Hills et la rivière Gorge qui draine les produits d'érosion, galets et pépites, vers la baie d'Awarua, géotype de l'île du sud, Westland
Jerry River, Sud du Westland, Île du sud.
  • Norvège
Galets venus des roches ultramafiques au voisinage du Lac Feragen, Municipalité de Røros, Sør-Trøndelag.
  • Pakistan
Complexe géologique de Sakhakot-Qila, Malakand Agency (Awaruite irridiée)
  • Roumanie
Vadu Dobrii, Montagne Poiana Ruscǎ
  • Russie
Rivière Bobrovka, Nizhni Tagil, Monts Oural
  • Suisse
Poschiavo, Bergell

Usages

Il s'agit d'un minéral de collection. Il est toutefois utilisé dans l'instrumentation (ustensile) en cuisine, pour sa qualité de métal résistant à la corrosion. Un révêtement d'awaruite peut protéger le fer de la rouille.

Références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. http://rruff.geo.arizona.edu/doclib/hom/awaruite.pdf Handbook of Mineralogy
  4. http://www.mindat.org/min-439.html Mindat.org
  5. John M. Bird and Maura S. Weathers, Origin of josephinite, Geochemical Journal, Vol. 13, p. 41-55, 1979

Bibliographie

  • Bernhard Pracejus, The Ore Minerals Under the Microscope: An Optical Guide, collection Atlas en Géosciences, seconde édition, 2015, Elsevier, p. 1118, (ISBN 9780444627377). En particulier, p. 77-78.
  • Rajendran Sankaran, Nasir Sobhi, "Hydrothermal altered serpentinized zone and a study of Ni-magnesioferrite–magnetite–awaruite occurrences in Wadi Hibi, Northern Oman Mountain: Discrimination through ASTER mapping", Ore Geology Reviews, Volume 62, October 2014, p. 211–226. résumé
  • Henri-Jean Schubnel, avec Jean-François Poullen, Jacques Skrok et Gérard Germain (coordonnateur), Larousse des Minéraux, sous la coordination de Gérard Germain, Éditions Librairie Larousse, Paris, 1981, 364 p. (ISBN 2-03-518201-8). Entrée 'awaruite' p. 77.
  • K L Williams, "An association of awaruite with heazlewoodite, Locality: Lord Brassey mine, Heazlewood, Tasmania", American Mineralogist, Tome 45 (1960), p. 450–453.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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