Aymeric Patricot

Aymeric Patricot est diplômé d’HEC et de l’EHESS[2]^,[3]. Il est attaché culturel de l'ambassade de France au Japon, avant de passer l'agrégation de lettres modernes[4]. Il enseigne la littérature dans des collèges et lycées de la région parisienne, puis en classe préparatoire[2]^,[5].

Il publie des romans, dont les thèmes sont souvent noirs – viol, suicide, désespérance sociale[4]. Il écrit dans un style classique mais lorgne vers des sujets qui le rattachent à l’avant-garde.

Dans son essai Autoportrait du professeur en territoire difficile (Gallimard, 2010), il fait un bilan provisoire de son expérience de professeur en banlieue parisienne[2]^,[6]^,[7]. Les Petits Blancs (Éditions Plein Jour, 2013) mêle témoignages et essai pour brosser le portrait d’un personnage encore méconnu de l’espace social français, le « petit Blanc », qu’il définit comme un Blanc pauvre, prenant conscience de sa couleur de peau dans un contexte de métissage. Aymeric Patricot cherche notamment à savoir s’il est possible d’identifier sur le territoire français un équivalent à ce que les Américains nomment le white trash[8]^,[9].

Dans ses livres suivants, il varie les genres et les styles. J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure (Anne Carrière, 2015)[10], roman épique, raconte l'histoire véridique de cette île du Pacifique, Nauru, d'abord richissime grâce au filon du phosphate puis retombant dans la misère, vue par les yeux d'un de ses présidents emblématiques. Avec son essai Les vies enchantées, enquête sur le bonheur (Plein Jour, 2016)[11]^,[12], l'auteur propose une vision iconoclaste du bonheur, loin des livres de développement personnel à la mode. Portraits et réflexions étayent l'idée que le bonheur est avant tout question de folie douce et d'autopersuasion.

En mars 2020, Aymeric Patricot publie La révolte des Gaulois – portrait d’une communauté qui n’existe pas[13]^,[14], aux éditions Leo Scheer. Le livre se veut une suite des « Petit Blancs », et propose une analyse de la crise des Gilets jaunes du point de vue culturel. En effet, selon l’auteur, la plupart des journalistes et sociologues se sont contentés d’analyses d’ordre économique ou politique, même ceux qui se targuent d’aborder la question culturelle comme Jérôme Fourquet ou Christophe Guilluy. Or, la révolte des Gilets jaunes contient bel et bien des éléments culturels dans la mesure où ces derniers réagissent à une stigmatisation qu’ils estiment subir de la part du pouvoir et des médias, en tant que Français des campagnes et des petites villes, Français perçus comme blancs. L’expression d'Emmanuel Macron se moquant des « Gaulois réfractaires » est de ce point de vue l'un des déclencheurs de la crise. Le paradoxe concernant ces Gaulois est qu'il leur est interdit de se considérer comme blancs, et qu'eux-mêmes d'ailleurs rechignent à le faire, mais qu'on leur adresse une injonction contradictoire : on se moque de leur caractère blanc, décrit comme archaïque et condamné par l'Histoire, tout en expliquant que la couleur de peau blanche n'existe pas. Ce paradoxe est au cœur des considérations d'Aymeric Patricot.

Le livre s'ouvre par un pronostic : selon l'auteur, la question raciale est sous-évaluée et ne manquera pas de s'imposer dans les débats. Quelques semaines plus tard, l’affaire George Floyd et ses nombreux échos confirmera cette intuition.

Dans La Viveuse[15] (Éditions Léo Scheer, 2022), Aymeric Patricot aborde le thème sensible de l'assistance sexuelle pour handicapés, encore très peu abordé par la fiction française. L'héroïne tombe amoureuse d'un handicapé puis suit une formation pour devenir accompagnante sexuelle. Le besoin d'argent la fera poursuivre dans cette voie. Elle découvrira les crispations que son activité provoque dans son entourage, à une époque où le droit au bien-être des handicapés devrait être valorisé, mais où certains assimilent l'assistance sexuelle à la marchandisation du corps humain. Dans le prolongement de Suicide girls, l'auteur propose une histoire au réalisme cru, mêlant amour, érotisme et peinture sociale.

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