Ballade no 1 de Chopin
La Ballade no 1 en sol mineur, opus 23, est la première des quatre ballades de Chopin. C'est l'une des œuvres les plus populaires de Chopin[1].
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Ballade n° 1 | |
Interprétée par Frank Lévy. Remerciements à Musopen. | |
Histoire
La ballade remonte à des esquisses réalisées par Chopin en 1831 lors de son séjour de huit mois à Vienne[2]. Elle a été achevée pendant les premières années de séjour à Paris en 1835, Frédéric Chopin dédie cette œuvre à « Monsieur le Baron de Stockhausen », ambassadeur de Hanovre en France mais aussi harpiste[3]. Éditée en 1836, elle est le premier morceau de musique instrumentale à porter le nom de ballade[4].
Chopin cite lui-même l'œuvre du poète Adam Mickiewicz comme source d'inspiration pour ses ballades (selon une rumeur basée sur une remarque de Robert Schumann concernant la création de la seconde ballade de Chopin). La réalité de cette inspiration n'est toutefois pas démontrée. En 1836, Robert Schumann écrit : « J'ai une nouvelle Ballade de Chopin. Elle me semble être l'œuvre la plus proche de son génie (mais pas la plus brillante). Je lui ai même dit que c'était ma préférée de toutes ses œuvres. Après une longue pause de réflexion, il m'a dit avec insistance : « Je suis heureux, car moi aussi je l'aime le plus, c'est mon œuvre la plus chère » »[1],[5].
Analyse
L'œuvre commence par une introduction lente (largo), dans un aspect mystérieux dont l'effet est souligné par le motif de trois notes (espress.) jouée après un silence et associé à un accord dissonant. Certains éditeurs modifieront cet accord pour le rendre plus banal.Il permet l'introduction de la narration.
Si le tempo initial est calme, le premier thème exprimé contient les prémices d'une extrême agitation. Le tempo s'accélère ensuite en parallèle d'un tension de plus en plus présente due à l'obstination « passionnée » du motif en croches du premier thème. À la fin du premier thème, les quartes et les quintes à vide marquent le début du second thème en mi bémol majeur. Ce thème est une mélodie lyrique douce avec de rapides transformations harmoniques. L'accompagnement diffère des modèles classiques de l'époque : les notes isolées à la main gauche ne forment pas d'accords brisés, mais appartiennent à diverses fonctions qui ne sont pas pleinement réalisées. Très divers et très simples, ils accentuent la délicatesse de ce thème. La présence des arabesques issues du premier thème, à la fin de l'exposition, participent de cette intimité exprimé par le second thème.
Lorsque le premier thème revient, il est transformé, en la mineur, avec un ostinato sur la note mi, est beaucoup plus dissonant que la section précédente. Au lieu de la seconde phrase, le compositeur répète à différentes hauteurs un seul motif mélodique avec un unique accord d'accompagnement dissonant, augmentant l'intensité jusqu'à son climax au moment du second thème, qui est lui aussi transformé. Le second thème est en la majeur (rapport de triton entre les tonalités). La cantilène se transforme en un chant puissant qui éclate dans les accords joués. La mélodie, de plus en plus étendu par les progressions et nouveaux motifs devient extatique. Les modulations se succèdent, augmentant le rythme et la virtuosité de la pièce.
On retrouve une nouvelle fois le second thème, cette fois dans sa tonalité d'origine (mi bémol majeur), puis revient le premier thème, dans sa tonalité de sol mineur . La coda (presto con fuoco) est chargée en traits, motifs changeants et harmonies chargées. Sous l'avalanche des gammes montantes et descendantes, on entend vers la fin résonner par bribes comme un écho de l'introduction. La conclusion se fait par des octaves chromatiques avec leurs appoggiatures, en mouvements contraires depuis les deux extrémités du clavier.
Le morceau se développe autour de deux thèmes, l'un exposé dès la 7e mesure après l’introduction, le second apparaissant à la mesure 69. La signature rythmique est majoritairement en
bien que l'introduction et la coda soient respectivement en
et
.
L’œuvre demande une grande technique pianistique et une dextérité importante, comprenant de larges accords, des suites d'octaves, des passages très rapides et même une succession d'octaves chromatiques à la fin de la pièce. La structure est un mélange de la forme sonate et de la forme en variations.
Réception
Lorsque Frédéric Chopin joue cette pièce pour Robert Schumann en , Schumann en est très enthousiaste : selon lui, c'est son œuvre la plus remarquable. Chopin répond qu'il partage son avis et lui offre la partition[6].
Postérité
Culture classique
La Ballade en sol mineur inspire à George Sand l'œuvre poétique Les Exilés qui paraît dans la Gazette musicale le , précédée d'une lettre de l'autrice au compositeur.
Culture populaire
Cette ballade connaît un regain de popularité auprès du grand public à la sortie du film Le Pianiste de Roman Polanski où elle figure.
Elle se retrouve également à nouveau sous les feux de la rampe par l'entremise du patinage artistique, entre 2015 et 2017, via les prestations, en programme court, du jeune prodige champion olympique Yuzuru Hanyu. En décembre 2021, la Ballade n° 1 de Hanyu a obtenu les cinq meilleures notes pour un programme court, tous systèmes d'évaluation confondus, et est le programme le plus réussi dans ce segment de compétition[7],[8].
Après la mort de Chopin, le violoniste et musicien belge Eugène Ysaÿe a réalisé son propre arrangement de la Ballade n° 1 pour violon et piano. Elle est également utilisée dans le dernier épisode de l'animé Shigatsu wa kimi no uso[9].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ballade No. 1 (Chopin) » (voir la liste des auteurs).
- Norbert Müllemann, Chopin Ballades – Preface, Munich, G. Henle Verlag, , IX-XIII p. (lire en ligne)
- William Smaliek et Maja Trochimczyk, Fréderic Chopin: A Research and Information Guide, New York and London, Routledge, , 2nd éd., xxviii (ISBN 978-0-415-99884-0)
- Ateş Orga, Chopin, (ISBN 9780846704164), p. 64
- Zieliński, Tadeusz A. (trad. du polonais), Frédéric Chopin, Paris, Fayard, , 848 p. (ISBN 2-213-59352-3 et 978-2-213-59352-4, OCLC 611575810, lire en ligne)
- Mieczysław Tomaszewski, « Ballade in G minor, Op. 23 », sur Fryderyk Chopin Institute (consulté le )
- Olivier Bellamy, Dictionnaire amoureux de Chopin, Plon, (ISBN 978-2-259-24875-4), p. 41
- (ja) « 羽生結弦 – フィギュアスケート史に燦然と輝く栄光の軌跡 », Shueisha, Tokyo, (lire en ligne [archive du ])
- « Men's Historical Absolute Best Scores » [archive du ], sur isuresults.org, Lausanne, International Skating Union
- (en-US) « A List of Music Pieces from "Your Lie in April" », sur Talk Amongst Yourselves (consulté le )
Bibliographie
- Jim Samson, Chopin: the Four Ballades, Cambridge University Press, (ISBN 9780511611650, DOI 10.1017/CBO9780511611650, lire en ligne)
- (en) Berger, Karol (Summer 1996). "The Form of Chopin's 'Ballade,' Op. 23." 19th-Century Music, vol. 20, no. 1, pp. 46-71.
- (en) Rothstein, William (1994). "Ambiguity in the Themes of Chopin's First, Second, and Fourth Ballades." Intégral, vol. 8, pp. 1-50.
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- information sur la Ballade no 1 et version enregistrée en public sur le site du Projet Chopin.
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