Ballon d'observation

Les ballons d'observation sont des aérostats à usage militaire destinés au renseignement et à l'observation d'artillerie. Ils sont employés dès les guerres de la Révolution française, largement utilisés durant la Première Guerre mondiale et aussi par la suite.

Ballon d'observation captif lancé depuis le USS Arizona, avec deux membres d'équipage.

À l'époque de la Première Guerre mondiale, les ballons sont gonflés à l'hydrogène. L'ingénieur Charles Renard développe en 1880 un ballon captif mobile. En 1898, August von Parseval conçoit le Drachen, qui aura le même usage. En 1914, Albert Caquot conçoit un modèle plus aérodynamique, le Caquot qui sera utilisé à des milliers d'exemplaires lors des deux guerres mondiales et après. Pendant la Première Guerre mondiale, les alliés et l'Allemagne positionnent leurs ballons d'observation à quelques kilomètres de distance en retrait de leurs lignes de front. L'enveloppe est en textile, remplie d'hydrogène hautement inflammable, ce qui entraîne la destruction de centaines de ballons de part et d'autre. Les équipages embarqués utilisent fréquemment des parachutes pour évacuer la nacelle en cas d'attaque aérienne. Après la Première Guerre mondiale, les ballons seront gonflés à l'hélium et à l'hydrogène, gaz inflammable. Un câble d'acier relie le ballon à un winch qui le positionne à hauteur voulue et le ramène à la fin de la séquence d'observation.

Histoire

Premières utilisations

Bataille de Fleurus, 26 juin 1794 : le ballon L'Entreprenant est un des premiers ballons d'observation à usage militaire.

Le premier usage militaire de ballons d'observation a lieu à la bataille de Fleurus, après la création de la Compagnie d'aérostiers décidée dès 1793 par le Comité de salut public[1]. Un modèle, l'Intrépide, est conservé au Musée d'histoire militaire de Vienne.

Des ballons d'observation sont utilisés par la suite lors de la Guerre de Sécession[2] et de la Guerre franco-allemande de 1870[3].

Le 8 juin 1867, lors de la Guerre de la Triple Alliance, l'Armée de terre argentine utilise un ballon d'observation lors de la bataille de Humaitá[4].

Le corps des Sapeurs britanniques de la British Army déploie des ballons pendant les conflits de 1885 du Protectorat du Bechuanaland et de l'expédition du Suakin. Ils sont utilisés pendant la Seconde Guerre des Boers à la Bataille de Magersfontein et au Siège de Ladysmith.

L'utilisation des ballons d'observation est à son summum pendant la Première Guerre mondiale. Malgré leur expérience durant le XIXe siècle, les britanniques ont pris du retard, continuant à utiliser des ballons sphériques. Ils les remplacent par des modèles italiens et français, qui peuvent se déplacer et opérer dans des conditions météorologiques extrêmes[5].

Première Guerre mondiale

Lors de la Première Guerre mondiale, les avancées technologiques de l'artillerie permettent d'atteindre des cibles dont la distance est bien au-delà de la portée visuelle d'un poste d'observation terrestre. Placer des observateurs en altitude dans des ballons permet de localiser les cibles avec un bien plus grand champ visuel que depuis le sol, fournissant à l'artillerie un plus large champ d'action. Les ballons sont déployés aussi bien au-dessus de la terre que de la mer pour :

  • observer les troupes ennemies
  • repérer les postes de tir de l'artillerie
  • repérer les sous-marins[6]

Le major allemand August von Parseval met au point le Drachenballon ou drachen (en allemand, le dragon ou le cerf-volant), de forme allongée, d'où son surnom de « saucisse », ce qui lui donne une meilleure stabilité au vent et permet une observation plus précise et pendant une période plus longue qu'à partir d'un avion. Pendant le conflit, l'ingénieur français Albert Caquot améliore le drachen en le dotant de trois dérives et d'un winch plus puissant : cette version améliorée est parfois appelée le caquot bien que « drachen » et « saucisse » restent employés par les soldats. Chacun des belligérants copie les modifications de l'autre. Le ballon est rattaché au sol par un câble pouvant faire plus de 4 000 mètres avec un ou deux observateurs communiquant par téléphone de campagne. La portée de l'observation peut atteindre 25 kilomètres par beau temps mais le ballon doit être positionné assez loin en arrière des lignes pour échapper aux tirs de l'artillerie ennemie[7].

Ballon d'observation austro-hongrois vers 1917

En raison de leur rôle crucial de plates-formes d'observation, les ballons sont protégés par la lutte antiaérienne, des mitrailleuses pour la défense en basse altitude contre les chasseurs ennemis. L'attaque d'un ballon par un chasseur est une entreprise risquée. Certains chasseurs de ballons sont célèbres, comme le Belge Willy Coppens, l'Allemand Friedrich Ritter von Röth, l'Américain Frank Luke (en), ou les Français Léon Bourjade, Michel Coiffard, et Maurice Boyau. Les plus expérimentés prennent garde à ne pas descendre en dessous de 300 mètres pour ne pas s'exposer à la défense anti-aérienne.

Les équipages d'observation des ballons de la Première Guerre mondiale sont les premiers à utiliser des parachutes, bien avant les équipages sur avion. Les parachutes sont alors rudimentaires, l'aérostier ne portant qu'un harnais relié par des filins à un parachute contenu dans un sac suspendu au ballon, quand l'aérostier sautait, les filins sortaient du sac, et la voilure ensuite[8].

Durant la guerre, la France est à partir de 1915 la première puissance dans ce domaine et construit près de 4 200 ballons captifs : 1 700 ballons d’observation et 2 500 ballons de barrage[9].

Seconde Guerre mondiale

Les ballons d'observation jouent un rôle important lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la lutte anti-sous-marine[10], et pendant la guerre froide avec le Projet Mogul.

Fiction

  • Bande dessinée : dans une des aventures de Corto Maltese, « Sous le drapeau de l'argent », épisode de l'album Les Celtiques de Hugo Pratt (1980), un officier de l'armée austro-hongroise sur le front italien, observateur à bord d'un drachen, s'associe à un groupe d'aventuriers pour s'emparer d'un trésor caché entre les lignes. Il communique avec eux par signaux lumineux. Son ballon est abattu par un compatriote aviateur fidèle aux anciennes valeurs.

Bibliographie

  • Gary Sheffield, La première Guerre mondiale en 100 objets : Ces objets qui ont écrit l'histoire de la grande guerre, Paris, Elcy éditions, , 256 p. (ISBN 978 2 753 20832 2), p. 66-67
  • (en) Eric Lawson et Jane Lawson, The first air campaign, August 1914-November 1918, Conshohocken, PA, Combined Books, coll. « Great campaigns », , 249 p. (ISBN 978-0-938289-44-9)

Notes et références

  1. Holland Thompson, The World's greatest war from the outbreak of the war to the Treaty of Versailles, New York, Grolier, , 243 p. (lire en ligne)
  2. « Balloons in the American Civil War »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Born of Dreams - Inspired by Freedom, U.S. Centennial of Flight Commission (consulté le )
  3. E. Charles Vivian, « Kite Balloons », A History of Aeronautics, The World Wide School, Seattle, Washington, USA., (consulté le )
  4. « Aviation Army History »
  5. Kershaw, Andrew (editor) The First War Planes London Phoebus 1972 p. 46
  6. (en) Kite Balloons in Escorts, Washington, DC, Washington Government Printing Office, (lire en ligne)
  7. Eric Lawson et Jane Lawson 1996, p. 61-62.
  8. « May 1931, Popular Mechanics » photo of WW1 British Royal Navy observation balloon gondola with external bag parachutes first used by Germany and then later by both the UK and France
  9. « Ballons captifs d’observation : construction », sur Carnet de vol (consulté le ).
  10. (en) Roy A. Grossnick (Charles Cooney), Kite Balloons to Airships : The Navy's Lighter-Than-Air Experience, Washington, DC, Department of the Navy -- Naval Historical Center (lire en ligne [PDF])

Articles liés

  • Portail de l’aéronautique
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du renseignement
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.