Barrage d'Ilısu
Le barrage d'Ilısu est l'un des barrages construits par le gouvernement turc sur le Tigre dans le cadre du projet d'Anatolie du Sud-Est. Avec une capacité de 1 200 MW et un coût dépassant les 2,65 milliards de dollars, c'est le plus grand barrage hydroélectrique du projet et le quatrième du pays[1]. Envisagé depuis les années 1950, le projet ne se concrétise qu'à partir de 2006. Les travaux commencent réellement en 2008 avec une date d'ouverture alors prévue en 2016. À la suite d'une réaction de la communauté internationale au sujet du respect des droits humains et de l'environnement, des investisseurs européens se retirent du projet en 2009 et le Parlement européen demande à la Turquie de mettre un terme au projet en 2010[2],[3]. Finalement achevé en 2018, le remplissage du réservoir est commencé en juillet 2019[4],[5]. La centrale hydroélectrique a commencé à produire de l'énergie en mai 2020, et a atteint sa capacité nominale à la fin de la même année[6].
Localisation | |
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Coordonnées |
37° 31′ 48″ N, 41° 51′ 00″ E |
Cours d'eau |
Vocation | |
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Date du début des travaux | |
Date de mise en service | |
Coût |
2 650 000 000 $, 18 000 000 000 livre turque |
Type | |
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Hauteur (lit de rivière) |
135 mètres m |
Longueur |
1 820 m |
Nom |
Réservoir d'Ilısu (d) |
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Volume |
10 400 millions de m3 |
Superficie |
313 km2 |
Puissance installée |
1 200 MW |
---|---|
Production annuelle |
3 800 GWh |
Facteur de charge |
36 % |
La construction du barrage a entraîné l'engloutissement de la ville troglodyte de Hasankeyf vieille de 12 000 ans et le déplacement de 60 000 personnes. Certains monuments historiques ont été transportés sur un nouveau site et une nouvelle ville a été construite dans les hauteurs, mais ces mesures sont loin de faire l'unanimité parmi les habitants[7],[8].
Le projet, longtemps retardé, notamment après que des investisseurs européens (allemands, suisses et autrichiens) se sont retirés en critiquant le non-respect des normes environnementales, est néanmoins mené à son terme par le gouvernement turc. Il entre dans le cadre d'une politique de grands travaux permettant de stimuler l'économie de la région : au bout de trois mois d'activité, il aurait apporté 51 millions de dollars à l'économie du pays[6]. Ces permettent également à la Turquie de contrôler le débit des fleuves de Mésopotamie se déversant ensuite en Syrie et en Irak, et par exemple de faire pression sur les Kurdes dans le cadre de la crise de l'eau au Proche-Orient[9]. La construction du barrage d'Ilısu a entre autres réduit l'alimentation en eau des marais de Mésopotamie, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO[2]. Des attaques armées ont été menées contre le projet par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le barrage a été rempli en 2019. Sur les six turbines que compte le barrage, la première a été testée le 23 avril 2020 (fête nationale turque) et mise en route le 19 mai de la même année pour commencer à produire de l’électricité.
Sources
- Mayalen de Castelbajac et Recep Akar, « Turquie : le barrage de la discorde » (version du 29 janvier 2021 sur l'Internet Archive), sur Arte, , ou sur Youtube
- Reportage de la RTS
- [PDF](en) Ilisu Engineering Group, « Ilisu Dam and HEPP Environmental Impact Assessment Report. Section 2 Project background and project description » (version du 24 novembre 2006 sur l'Internet Archive),
- (en) The Ilisu dam project
- (en) « The Ilisu Turkey Dam: Resettlement and Human Rights » (version du 11 mars 2007 sur l'Internet Archive)
Liens externes
- « Des gouvernements se retirent du projet de construction du barrage d'Ilisu en Turquie (juillet 2009) », sur Amnesty International
- (en) « Turkey to build Ilisu dam without international participation (juin 2009) », sur The Earth Times
Notes et références
- (en) « Turkey starts generating power from controversial Ilisu dam », sur qantara.de, (consulté le )
- (en) Nehemias H. et Maaike D., « Ilisu Dam : Water is rising », sur arcgis.org, (consulté le )
- « Turquie: le barrage d'Ilisu prend l'eau », Le financement du barrage d'Ilisu en Turquie est compromis. Selon des sources gouvernementales allemandes, les conditions posées pour obtenir les garanties au risque d'exportation des gouvernements suisse, allemand et autrichien n'ont pu être remplies., sur rts.ch, RTS Info, (consulté le )
- (en) Ali Kucukgocmen, « Turkey starts filling huge Tigris river dam, activists say » [« La Turquie commence à remplir un immense barrage sur le Tigre selon des militants »], sur reuters.com, (consulté le )
- (tr) « Ilısu Barajı'nda enerji üretimine başlanıyor » [« La production d'énergie commence au barrage d'Ilısu »], sur cnnturk.com, (consulté le )
- (en) « Turkey’s Ilısu Dam generates $51M for national economy in 3 months » [« Le barrage turc d'Ilısu génère 51 millions de dollars pour l'économie nationale en 3 mois »], sur dailysabah.com, Istanbul, (consulté le )
- Le Figaro, « En Turquie, les touristes désertent Hasankeyf, un village antique englouti par les eaux d'un barrage », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- (en) Pinar Sevinclidir, « Despair as Turkey prepares to flood one of the world's oldest cities » [« Désespoir alors que la Turquie s'apprête à inonder un des plus anciennes villes du monde »], sur cbsnews.com, (consulté le )
- Thierry Oberlé, « Naufrage annoncé sur les eaux du Tigre turc : Stratégique pour Ankara, le barrage géant d'Ilisu doit engloutir la vallée d'Hasankeyf et son patrimoine inestimable. », Le Figaro, , p. 5 (lire en ligne )
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