Bartosz Staszewski

Bartosz (Bart) Staszewski (né le 23 septembre 1990 à Malmö) – réalisateur polonais, activiste social et activiste LGBT[1],[2]. Cofondateur de l'association Parade d’égalité à Lublin et Miłość Nie Wyklucza (l’Amour n’exclut pas) et aussi créateur du film documentaire Artykuł osiemnasty (Article dix-huit) (2017). Il a reçu plusieurs fois des menaces de mort pour ses activités.

Bartosz Staszewski
Bartosz Staszewski lors de la remise du prix Tolerantia 2019
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Biographie

Il a fait ses débuts en tant que réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie du documentaire Tableciarze (2014), sur les immigrants qui pendant l’état de siège en Pologne sont partis pour la Suède[3]. Le film a été présenté au Festival du film de Cracovie, au Festival du film de Bagdad et au Festival international du film documentaire de Jihlava. Au Festival du film d’émigration Emigra, Bartosz Staszewski a reçu un prix individuel pour ses débuts documentaires[4]. Il est également directeur de la photographie pour le documentaire Cendrillon (2016) réalisé par Magdalena Sienicka.

Sa reconnaissance a été faite par un autre document original, Artykuł osiemnasty (Article dix-huit) (2017), présentant l'histoire de l'instauration infructueuse en Pologne des partenariats enregistré et mariage homosexuel, et l'état du débat public sur les droits LGBT en Pologne. Le film était déjà controversé pendant la production. Les courts fragments d'entretiens publiés sur Internet ont contribué à l'énorme promotion du projet en Pologne et à l'étranger[5].

Activisme

Ire Parade d’égalité à Lublin

Ire Parade d’égalité à Lublin

Staszewski était en 2018 l'organisateur officiel de la Ire Parade d’égalité à Lublin. Cinq jours avant la parade, le 8 octobre, le président de Lublin Krzysztof Żuk a interdit à la fois la parade d’égalité et les contre-manifestations annoncées, citant l'art. 14 al. 2 de la loi sur les rassemblements, qui autorise l'interdiction d'un rassemblement public en raison d'une menace importante pour la vie, la santé ou les biens[6]. En tant qu'organisateur de la parade, Staszewski a dû lutter devant le tribunal pour lever l'interdiction, ce qu'il a réussi à faire la veille de la parade d'égalité. La parade d'égalité a été interrompue à plusieurs reprises, la police a dû utiliser du gaz poivre et des canons à eau pour repousser les manifestants[7].

En avril 2019, le groupe organisant la parade à Lublin a créé l'Association de la parade d'égalité à Lublin dont le but est d'agir au profit de la communauté LGBT de Lublin et de la Voïvodie de Lublin, y compris l'organisation d'une parade d'égalité.

IIe Parade d’égalité à Lublin

Le 24 septembre 2019, le président de Lublin, Krzysztof Żuk, a de nouveau interdit l'organisation de la deuxième parade d’égalité à Lublin prévue pour le 28 septembre. Staszewski, en tant qu'organisateur de la marche, a fait appel de sa décision devant le tribunal qui, deux jours plus tard, a annulé la décision d'interdiction[8].

Drapeau arc-en-ciel avec l’aigle

Bartosz Staszewski (à gauche) portant un drapeau arc-en-ciel avec un aigle lors de la marche pour l'égalité à Częstochowa, 2018

Pendant la parade de Częstochowa en 2018, Bartosz Staszewski a été identifié portant un drapeau avec le symbole d'un aigle blanc sur un fond d’arc-en-ciel. Selon les milieux conservateurs et de droite, une telle représentation constituait une insulte aux symboles d'État au sens de l'art. 137 § 1 du Code pénal et le Ministre de l'Intérieur et de l'Administration de l’époque Joachim Brudziński a accusé Staszewski de « profanation des symboles nationaux »[9]. Les actions de Brudziński ont déclenché des protestations de la communauté LGBT sous le slogan « l’arc-en-ciel n'offense pas », y compris un appel signé par plus de 10 000 personnes[10] et une manifestation devant le bâtiment du Ministère de l'Intérieur et de l'Administration[11]. Une notification est parvenue pour cette affaire au bureau du procureur qui a refusé d'ouvrir une enquête en raison d’absence de caractéristiques d'un acte interdit.

Cette affaire a popularisé cette version du drapeau auprès de la communauté LGBT[12], ce qui a abouti, entre autres, à d'autres appels contre des personnes portant de tels drapeaux ou des T-shirts avec le symbole de l’aigle blanc sur un fond d’arc-en-ciel. Aucune de ces affaires n'a abouti à des accusations ou la punition de ces personnes, dans chacune d'entre elles il a été constaté que la combinaison du symbole d'un aigle blanc avec un arc-en-ciel n'était pas une insulte aux symboles d'état[13],[14],[15].

Le 13 juillet 2019, après la parade d’égalité à Kielce pour le drapeau arc-en-ciel avec l'aigle, Staszewski et Karol Opic ont été arrêtés par la police pour insulte aux symboles de l'État. Ils ont refusé de s'identifier et ont été emmenés au poste de police. Le tribunal, examinant les recours contre la détention, a conclu qu'il n'y avait pas de soupçon raisonnable qu'un crime avait été commis et que, par conséquent, selon la loi, il n'y avait aucun motif de détention. En outre, le tribunal a déclaré que « c'est un fait bien connu que les couleurs de l'arc-en-ciel sont utilisées par les personnes s'identifiant à la communauté LGBT pour démontrer leur affiliation à la communauté LGBT, et non pour diffamer ou insulter »[16]. Le bureau du procureur a ouvert une enquête pour outrage aux symboles de l'État, mais après quelques mois, il a mis fin à l'enquête, concluant qu’aucun crime n'avait pas eu lieu. Dans cette affaire, dans une procédure distincte, le tribunal de district de Kielce a également accordé aux deux personnes injustement détenues une indemnité de 3 000 PLN[17].

Opposition aux autocollants de Gazeta Polska

Le 24 juillet 2019, l'hebdomadaire conservateur Gazeta Polska a ajouté un autocollant à l'édition du journal « Zone libre de LGBT »[18],[19]. En réponse à cette action, Staszewski a intenté une action en justice pour atteinte aux droits personnels contre le journal, ainsi qu'une demande de retrait des autocollants[20]. Le tribunal de district de Varsovie a ordonné la suspension de la distribution d'autocollants en attendant l'audience[21]. Malgré le temps qui s’est écoulé depuis, le procès n'a toujours pas commencé.

Projet « Zones libre de LGBT »

L'une des photos prises dans le cadre du projet de zones franches LGBT par Staszewski

En réponse aux résolutions discriminatoires des autorités locales, qui se sont déclarés zones libres de « l'idéologie LGBT », Staszewski met en œuvre un projet photographique appelé « Zones »[22],[23], dans le cadre duquel il place des panneaux marquant l'entrée de la ville avec un panneau portant le signe « Zone libre de LGBT » avant de les photographier. Sur certaines photos il affiche le portrait des personnes LGBT vivant dans cette « zone »[24]. AL'action a rencontré un large accueil parmi les médias polonais et étrangers, entre autres Die Zeit, Frankfurter Allgemeine Zeitung ou Le Monde[25] ont publié des articles déclenchant un débat européen sur le sujet. La médiatisation de l'existence des résolutions des collectivités locales a conduit, entre autres, à la rupture de la coopération entre plusieurs villes polonaises mettant en œuvre la résolution et leurs partenaires européens[26].

Staszewski est devenu la cible de poursuites judiciaires en raison de son projet photo. Jusqu'à présent, trois villes ont préparé des poursuites civiles contre lui (Zakrzówek, Tuszów Narodowy et Niebylec)[1],[27]. Les villes sont représentées par l'organisation Polish League Against Defamation. Selon Haaretz, il s’agit d’une «organisation indépendante considérée comme proche du gouvernement nationaliste de droite de Pologne».

En mars 2021, le Parlement européen a déclaré l'ensemble de l'Union européenne «Zone de liberté LGBTIQ» en réponse au recul des droits LGBTIQ dans certains pays de l'UE, notamment en Pologne et en Hongrie. Le Parlement européen au paragraphe H de la résolution reste en défense de Staszewski et de son projet photo[28].

Prix et récompenses

En 2019, il a été honoré d'un prix européen de la tolérance 2019 en « reconnaissance de sa persévérance et de sa cohérence dans l'action »[29]

Il a été sélectionné en septembre 2020 par la The Barack Obama Foundation pour participer au programme Leaders : Europe 2020 en tant que l'un des 35 leaders émergents opérant dans les secteurs public, non gouvernemental et privé pour le bien commun.  Il a été placé en décembre 2020 par le magazine Bloomberg Businessweek sur la liste « Ones to Watch » 2020 liée à la liste Bloomberg 50. Son nom a été inscris en février 2020 sur la liste Time 100 Next 2021 – 100 personnalités émergentes, publiée par le magazine américain Time[2].

Articles connexes

Références

  1. « En Pologne, l'activiste Bartosz Staszewski poursuivi pour avoir créé des panneaux "zones sans-LGBT" à l'entrée des villes », sur TÊTU, (consulté le )
  2. « 2021 TIME100 Next: Bart Staszewski », sur Time (consulté le )
  3. (pl) « FilmPolski.pl – TABLECIARZE », sur FilmPolski (consulté le )
  4. (pl) « FilmPolski.pl – Bartosz Staszewski », sur FilmPolski (consulté le )
  5. Paweł Kośmiński, « "Artykuł 18". Głośny film wchodzi na ekrany kin. Odbierze argumenty obrońcom małżeństwa jako związku kobiety i mężczyzny? », sur wyborcza.pl, (consulté le )
  6. (pl) Redakcja, « Marsz Równości w Lublinie. Prezydent Krzysztof Żuk zakazał marszu i kontrmanifestacji », sur Kurier Lubelski, (consulté le )
  7. (pl) « Tęczowy pochód przejdzie w Lublinie », sur www.rp.pl (consulté le )
  8. (pl) « Marsz Równości 2019. Sąd uchylił zakaz prezydenta Lublina », sur Onet Lublin, (consulté le )
  9. (pl) « Biały orzeł na tęczowym tle. Minister Brudziński zarzuca "profanację" symboli narodowych », sur TVN24 (consulté le )
  10. (pl) « Panie Brudziński, tęcza nie obraża! », sur dzialaj.akcjademokracja.pl (consulté le )
  11. (pl) « Tęczowa pikieta pod MSWiA. "Brudziński, tęcza nie obraża!" », sur warszawa.wyborcza.pl, (consulté le )
  12. (pl) « Tęcza nie obraża? "Dzięki fobiom Brudzińskiego flaga dotarła do szerszej publiczności" [WYWIAD] », sur www.gazetaprawna.pl, (consulté le )
  13. (pl) Kajetan Kurkiewicz, « Prokuratura w Poznaniu nie będzie ścigać za tęczowego orła », sur poznan.wyborcza.pl, (consulté le )
  14. (pl) Remigiusz Jaskot, « Prokuratura zbadała tęczowego orła. Zła wiadomość dla homofobów », sur bydgoszcz.wyborcza.pl, (consulté le )
  15. (pl) « Kielce: prokuratura umorzyła śledztwo w sprawie orła na tęczowym tle », sur queer.pl (consulté le )
  16. (pl) Grzegorz Walczak, « Po marszu równości w Kielcach. Aktywiści wygrali z policją. Nie mieli prawa ich zatrzymać », sur kielce.wyborcza.pl, (consulté le )
  17. (pl) Grzegorz Walczak, « Zadośćuczynienie za niesłuszne zatrzymanie podczas marszu równości. "Pieniądze nie zwrócą mi godności" », sur kielce.wyborcza.pl, (consulté le )
  18. (en-GB) « Polish newspaper to issue 'LGBT-free zone' stickers », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  19. (en) « 'A threat to Polish identity': Polish publication distributes 'LGBT-free zone' stickers », sur www.abc.net.au, (consulté le )
  20. (pl) « Sąd nakazał „Gazecie Polskiej” wycofać naklejki przeciw LGBT. Sakiewicz: mamy na to tydzień », sur www.wirtualnemedia.pl (consulté le )
  21. (en-GB) « Poland court bans 'LGBT-free zone' sticker from sale », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  22. (en-US) « Strefy Wolne od LGBT », sur strefywolneodlgbt.pl (consulté le )
  23. « Désintox. Non, il n'y a pas de « zones sans LGBT » en Pologne », sur Franceinfo, (consulté le )
  24. « Bart Staszewski, le photographe activiste qui montre les villages polonais se déclarant "zone sans LGBT" », sur RTBF Info, (consulté le )
  25. « En Europe de l’Est, la guerre du genre est déclarée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  26. (en) « French town suspends ties with Polish twin city over LGBT rights », sur France 24, (consulté le )
  27. (en-GB) Kaja Ciosek, « Interview with Polish activist and filmmaker Bartosz ‘Bart’ Staszewski, sued for his LGBTI art project », sur Freemuse (consulté le )
  28. « Textes adoptés - Proclamation de l'UE comme zone de liberté LGBTIQ - Jeudi 11 mars 2021 », sur www.europarl.europa.eu (consulté le )
  29. (de) Sabine Hannakampf, « European Tolerantia Awards 2019 », sur männer*, (consulté le )
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