Bataille de Boucéel
Le combat de Boucéel ou Boucé a lieu le , pendant la Chouannerie.
Date | |
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Lieu | Château de Boucéel, Vergoncey |
Issue | Victoire des chouans |
Républicains | Chouans |
• Pierre Quantin | • Aimé Picquet du Boisguy • Marie Eugène Tuffin de La Rouërie |
600 hommes[1] | 1 200 à 1 500 hommes |
moins de 50 morts[2], (selon les républicains) 150 à 300 morts[1],[3] (selon les chouans) | 8 morts[3] 18 blessés[3] |
Prélude
Le , un petit détachement républicain de la garnison de Saint-James, avait été chargé de chercher des vivres à Avranches. À son retour d'Avranches, à la nuit tombante, le convoi républicain, fort d'une centaine d'hommes, tombe dans embuscade tendue par 400 chouans commandés par Aimé du Boisguy au lieu nommé le Bois-Rouland. Après un bref combat, tous les soldats républicains qui ne sont pas tués, se rendent. Tout le convoi est saisi, soit cinq voitures de farines et huit bœufs. Parmi les 55 prisonniers, 35 choisirent de passer chez les Chouans, quatre autres, un capitaine, deux sous-officiers et un soldat, sont fusillés pour avoir tenu des « propos outrageants »[3].
Au terme de cet affrontement, les chouans gagnent dans la soirée le château de Boucéel à Vergoncey entre Saint-James au sud et Avranches au nord, où ils sont rapidement rejoints par le reste de la colonne de Fougères Nord, dite Centre. Ils décident d'y camper pour la nuit. Boisguy et quelques-uns de ses hommes vont dormir au château, la plupart des hommes de troupe sont logés dans les fermes des environs. Pendant la nuit la colonne reçoit le renfort supplémentaire de 300 Normands commandés par Tuffin de La Rouërie[3].
Cependant, des colonnes républicaines convergent sur Saint-James. Ainsi, à l'aube du 3 décembre, la garnison d'Avranches réunie à celles de Ducey et de Villedieu-les-Poêles sort d'Avranches et prend la route de Saint-James. De son côté, le général Pierre Quantin, parti la veille de Pontorson à la tête de grenadiers et de chasseurs de l'ex-régiment de Navarre, et se dirige également vers cette commune où se trouvait déjà une garnison de 200 à 300 hommes[3].
À Boucéel, Boisguy est informé de ces mouvements et fait réveiller et rassembler ses hommes. Jugeant le rapport de force inégal, il décide d'évacuer les lieux. À 7 heures du matin, les chouans se mettent en route vers le sud. Après une courte marche de 600 pas, les éclaireurs aperçoivent la colonne du général Quantin, venue de l'ouest. Dans l'impossibilité d'éviter le combat, Boisguy décide d'écraser cette colonne avant d'être pris entre deux feux. Il fait placer les 300 Normands en réserve dans le bois de Mouraine avec les officiers Tuffin de La Rouërie, Julien Saulcet dit Duval et Saint-Gilles dit Du Guesclin à leur tête[3].
La bataille
Mais Quantin, sans le vouloir, surprend les troupes royalistes. Il se détourne de la route de Saint-James et arrive avec 600 hommes[1] au château de Boucéel que les chouans venaient de quitter. Malgré tout, il demeure en travers de leur route. Boisguy charge alors Thomas Renou, dit Alexandre de surveiller la route de Saint-James et de charger les républicains de front avec le gros des troupes. Le bois de Mouraine se trouvait sur le flanc gauche des bleus et la prairie du château était sur leur flanc droit. Renou, face au château, s'approche avec ses hommes grâce aux fossés qui bordent la prairie. Les chouans se déploient en arc de cercle autour des lignes républicaines[3].
Une fois déployés, ils ouvrent le feu à courte distance des républicains. Ceux-ci, pris complètement par surprise, ripostent et se mettent à couvert. Estimant être trop près, les chouans reculent et se replient sur d'autres fossés plus éloignés d'où ils continuent la fusillade. Celle-ci, peu meurtrière car les belligérants restent embusqués, risque de traîner en longueur ce qui faisait espérer aux républicains l'arrivée de la colonne d'Avranches en renfort. Boisguy prend alors la tête des réserves et attaque les bleus de flanc, ce qui les désorganise complètement. Voyant qu'il est sur le point d'être encerclé, Quantin ordonna la retraite mais celle-ci ne put se faire en bon ordre, ses hommes paniquent et prennent la fuite. Plusieurs républicains sont tués dans la déroute, abattus par les chouans plus lestes qui les poursuivent. La colonne d'Avranches n'avait pu arriver à temps. Après ce combat, Boisguy fait libérer les seize prisonniers du Bois-Rouland qui sont renvoyés à Avranches[3].
Pertes
Selon Pontbriand les chouans eurent huit morts et 18 blessés et les républicains 300 morts[3], ce qui semble très exagéré. Dans son mémoire, Tuffin de La Rouërie, qui participa à l'action, dit brièvement que « sur la route de Saint-James à Pontorson, un rassemblement de 1 200 républicains fut battu avec perte de 150 hommes[1] ».
Les rapports républicains parlèrent de leur côté d'une cinquantaine de morts parmi leurs troupes et de nombreux prisonniers lors des affrontements de Bois-Rouland, Boucéel et Saint-James[2], bien que les républicains aient pu réduire dans leurs rapports leur nombre de tués[2]. Pontbriand reconnait que les républicains eurent très peu de tués aux combats de Saint-James et laisse entendre que celui du Bois-Rouland fit plus d'une quarantaine de morts dans leurs rangs[3], peut-être y en eut-il moins. Cependant son estimation de 300 tués à Boucéel, bien que fort probablement exagérée, laisse néanmoins entendre que cette affaire fut la plus meurtrière pour les républicains.
« Du Boisguy, après cette affaire, alla coucher au château de Boucé ; le reste de sa colonne vint le joindre, et il fit loger toute sa troupe dans les environs. Tuffin arriva dans la nuit, avec trois cents hommes de la colonne Normande. Le jour paraissait à peine lorsqu'il reçut un billet d'Avranches, où on lui donnait avis que la garnison de cette ville, réunie à celle de Ducey et de Villedieu, et formant un ensemble de mille à douze cents hommes, devait partir le matin pour se porter sur Saint-James. D'un autre côté, il fut informé qu'une colonne, composée des grenadiers et chasseurs de Navarre commandée par le général Quantin, sortie de la ville de Pontorson, devait les attendre à Saint-James, où il se trouvait encore deux à trois cents hommes de garnison.
Ces nouvelles, qui paraissaient positives, le déterminèrent à partir tout de suite de Boucé, pour n'être pas enveloppé et éviter un combat inégal. Quelque diligence qu'il fit, il était plus de sept heures du matin lorsqu'il put se mettre en marche. Il n'avait pas encore fait cents pas lorsque ses éclaireurs découvrirent l'ennemi, tout près d'eux. Voyant qu'il était impossible d'éviter le combat et craignant d'être pris entre deux feux, du Boisguy résolut de passer sur le ventre de cette colonne, qui était celle du général Quantin.
Il ordonna à Tuffin, à Saint-Gilles et à Duval d'aller se placer dans le bois de Mouraine avec les trois cents Normands, de s'y tenir en réserve et de ne pas bouger sans son ordre. Il pensait que le fort de l'action serait du côté de Saint-James et fut fort surpris de voir l'ennemi occuper les positions voisines du château de Boucé qu'il venait de quitter. Il laissa Renou, avec quelques compagnies, pour observer la route de Saint-James et marcher droit sur le front des républicains qui se trouvaient avoir le bois de Mouraine sur leur gauche et la prairie du château à leur droite ; lui-même faisait face au château. Il fit filer ses troupes sans tirer, le long du fossé de la prairie, de manière à former un demi-cercle autour de l'ennemi et l'aborda ainsi subitement presque à bout portant, ce qui le força de reculer jusqu'à un second fossé qui se trouvait derrière lui. Les Républicains étant alors à l'abri du feu des Royalistes, en commencèrent un bien nourri, et se défendirent avec tant d'opiniâtreté que le combat menaçait de traîner en longueur. Du Boisguy, craignant d'être attaqué par la colonne sortie d'Avranches, envoie alors à Tuffin l'ordre de marcher rapidement avec sa réserve, et court lui-même se mettre à la tête de ce corps. Sans s'arrêter à tirer, il franchit le fossé qui le séparait de l'ennemi qu'il prit ainsi en flanc, et suivi de Saint-Gilles et de toute cette troupe, il s'élance au milieu des républicains. Cette brusque attaque décida leur déroute. Leur général ne put les rassembler pour faire sa retraite. Attaqués de tous côtés à la fois, ils prirent la fuite après une courte résistance et se dispersèrent.
Ils avaient perdu peu de monde pendant l'action, parce qu'ils se tinrent toujours embusqués, mais le désordre fut si grand, qu'ils eurent trois cents hommes de tués ; plusieurs détachements qui venaient à leur secours prirent également la fuite sans combat.
La nombreuse colonne sortie le matin d'Avranches ne parut pas. Les Royalistes eurent huit hommes tués et dix-huit blessés. Parmi eux Joseph Rault, capitaine ; Pierre Taburet, de la Chapelle-Janson, et Jean Guesdon, du même lieu, le furent sérieusement.
Tuffin, Saint-Gilles, Pierre Montambault, Boismartel, Louvières, Duval, Vigueron, de Montours, Capitaine ; Bigot Renault, de Bazouges, furent les premiers à aborder l'ennemi dans la dernière attaque ce qui décida du succès.
Ce fut après cette affaire que du Boisguy renvoya à Avranches les seize prisonniers qu'il avait fait la veille[3]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Liens externes
Bibliographie
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 216-220.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 462-464.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 222-226.
- Félix Jourdan, La chouannerie dans l'Avranchin, 2e partie, ,p. 44-51. texte en ligne p. 127-129.
Références
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