Bataille de Vromopigádas
La bataille de Vromopigádas de 1770 a lieu lors de la première invasion ottomane du Magne (Grèce) entre les forces ottomanes et les Maniotes (en). Elle se déroule dans la plaine entre les villes de Skoutári et Parasyrós (el) et s'achève par une victoire des maniotes.
Date | 1770 |
---|---|
Lieu | Vromopigádas - Magne (Grèce) |
Issue | Retraite ottomane |
Magne | Empire ottoman |
Éxarchos Grigorákis (el) Tzanétos Grigorákis (el) | Hadji Osman † |
7 000[1] | 16 000[2] |
Inconnues | 10 000[1] |
Contexte
Après la défaite des Vénitiens face à l'Empire ottoman lors de la guerre vénéto-austro-ottomane (1714-1718), le Péloponnèse revient une fois de plus aux mains des Ottomans. Cependant, les Maniotes autonomes, qui avaient refusé d'accepter la souveraineté ottomane lors de la première occupation ottomane du Péloponnèse, refusent à nouveau d'accepter la domination ottomane. Les Maniotes, par l'intermédiaire d'un agent qu'ils avaient en Russie, commencent à conspirer avec La grande Catherine et le comte Alexeï Orlov. En 1770, des conditions sont convenues et une flotte russe navigue dans la mer Égée et débarque à Magne en route pour détruire une flotte ottomane lors de la bataille de Tchesmé.
Après un succès initial, la révolution d'Orloff se solde par un échec. Des disputes entre Alexeï Orlov, le chef russe, et Ioánni tou Kynikoú, le chef maniote, conduisent à la séparation des armées. L'armée d'Ioánni subit une défaite dévastatrice à Rizómylos (el) en Messénie contre l'armée ottomane, et seul Ioánni survit. Pendant ce temps, l'armée russe, qui n'a rien gagné sur le long terme, bat en retraite. Les Ottomans ont, pendant ce temps, lâché des mercenaires d'Albanais musulmans (également appelés Turcalbanais[note 1]) sur la Grèce. Ils pillent l'Attique avant d'attaquer le Péloponnèse où ils massacrent des civils grecs pour se venger des massacres et des destructions de biens que les forces chrétiennes ont commis contre des civils musulmans[note 2].
Ils lancent plusieurs incursions dans Magne, mais elles sont toutes repoussées avec de lourdes pertes. Cette série de défaites aggrave la situation du pacha ottoman du Péloponnèse, Hatzi Osman, qui rassemble une armée de 16 000 hommes et envahit la péninsule. Il est retenu pendant douze jours à Kastaniá (el), mais après avoir capturé les tours, il avance le long de la côte jusqu'à Skoutári, où il est à nouveau retardé par une tour. Celle-ci est garnie de quinze hommes qui repoussent l'armée ottomane pendant trois jours, jusqu'à ce que la tour soit minée et détruite.
Bataille
Pendant ce temps, une force maniote composée de 3 000 hommes et 2 000 femmes, sous le commandement d'Éxarchos Grigorákis (el) et de son neveu Tzanétos Grigorákis (el) se rassemble dans les collines au-dessus de la ville de Parasyros, connue sous le nom de Trikefali, et se fortifie. Hatzi, quant à lui, avance avec son armée jusqu'à Agio Pigada (une plaine située entre Parasyros et Skoutari) et de là, il envoie des émissaires demandant la reddition des Maniotes. Cependant, les Maniotes hésitent à renvoyer des émissaires car si la réponse est négative, Hatzi fera exécuter les émissaires.
Trois vieillards, deux prêtres et un laïc se portent volontaires pour aller au camp turc. Ils sont amenés au pacha et, sans s'incliner, lui demandent ce qu'il veut des Maniotes, pauvres mais épris de liberté. Le pacha exige que les Maniotes donnent, parce qu'ils ont fait alliance avec les ennemis [des Turcs] les Russes et se sont révoltés contre le Sultan, tous leurs fusils, les enfants de dix capitaines comme otages, et paient chaque année la capitation. Les envoyés maniotes répondent que les Maniotes préfèrent mourir que de donner leurs fusils ou leurs enfants, et qu'ils ne peuvent pas payer d'impôts à cause de la pauvreté de leurs terres. Osman, furieux de leur réponse, les fait exécuter et mutiler avant de planter leurs membres sur des pieux[5].
Lorsque les Maniotes voient le sort de leurs envoyés, ils décident de la manière de vaincre les Ottomans. Pendant la nuit, une force de 1 500 Maniotes déborde les positions ottomanes et s'approchent par l'arrière des Turcs. Pendant ce temps, la force principale des Maniotes attaque les Ottomans pendant qu'ils dorment. Les Ottomans, surpris par cette attaque nocturne, commencent à fuir mais leur retraite est coupée par les Maniotes à l'arrière. Les Turcs restants réussissent à se retirer à Mistra.
Notes et références
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Vromopigada » (voir la liste des auteurs).
- « Il est à signaler que dans ces contrées s'étaient installés, probablement vers 1715 et après 1770, des Albanais musulmans (Turcalbanais), qui furent l'un des facteurs de diffusion de l'islam. »[3].
- « Le gouvernement ottoman, pressé par la nécessité de mener une guerre majeure sur sa frontière nord, fait appel aux troupes albanaises, qui écrasent l'expédition à Tripolitza (Tripolis). Au cours de la campagne, les forces chrétiennes avaient massacré des civils musulmans et détruit leurs biens ; les Albanais se sont alors vengés avec effroi. Les dégâts sont si importants et les troupes si incontrôlables qu'en 1779, la Porte doit finalement envoyer une force turque pour réprimer les Albanais. »[4].
Références
- Kassis 1979, p. 36.
- Kassis 1979, p. 35.
- Georgios Nikolaou 1997.
- Barbara Jelavich 1983, p. 78.
- Δασκαλάκης 1923, p. 182-183.
Bibliographie
- (el) Απόστολος Β. Δασκαλάκης, Η Μάνη και η Οθωμανική Αυτοκρατορία 1453-1821 [« Magne et l'Empire ottoman 1453-1821 »], .
- (el) Peter Greenhalgh et Edward Eliopoulos, Deep into Mani : journey to the Southern tip of Greece [« Au cœur de Magne : Voyage à l'extrémité sud de la Grèce »], Londres, Faber and Faber, , 171 p. (ISBN 978-0-5711-3-5233).
- (en) Barbara Jelavich, History of the Balkans, Cambridge, Cambridge University Press, , 504 p. (ISBN 978-0-5212-7459-3, lire en ligne).
- (en) Kyriakos Kassis, Mani's History, Athènes, Presoft, .
- (el) Georgios Nikolaou, « Islamisations et Christianisations dans le Peloponnese (1715- 1832) », Didaktorika.gr [Universite des Sciences Humaines - Strasbourg II], vol. II, , p. 313 (DOI 10.12681/eadd/8139, lire en ligne, consulté le ).
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