Bataille des Monts Altai
La bataille des Monts Altai (chinois : 稽落山之戰), a lieu à la suite d'une grande expédition militaire lancée contre les Xiongnu par la dynastie Han en juin 89. Cette bataille s’achève par une grande victoire pour l'armée Han et son chef, le général Dou Xian (en) (??? - 92)[1],[2],[3].
Date | Juin 89 |
---|---|
Lieu | la région située au pied des Monts Altai |
Issue | Victoire décisive des Han |
Xiongnu du Nord | Dynastie Han Xiongnu du Sud |
Chanyu du Nord | Dou Xian (en) Deng Hong Tuntuhe |
plus de 213 000 | 46 000 cavaliers Han, 30 000 cavaliers Xiongnu du Sud et 8,000 auxiliaires Qiangs |
13 000 morts, 200 000 redditions et 1 000 000 de têtes de bétail capturées | minimes |
La bataille
En juin 89, une armée Han séparée en trois groupes part de Jilu, Manyi et Guyang. Parmi les troupes qui ont été mobilisées, on trouve des peuples alliés des Chinois et plus spécifiquement des Xiongnu du Sud[1],[2],[3]. Les troupes du général Dou Xian (en) marchent en direction des monts Altaï, afin d'y affronter le Chanyu du Nord[4]. Une fois arrivées dans la région située au pied des montagnes, le gros des troupes chinoises fait mouvement vers le nord-ouest et rencontre l'armée ennemie. Après de violents combats, le Chanyu du Nord est vaincu et s'enfuit vers l'ouest, avec les troupes de Dou Xian à sa poursuite[1],[2],[3]. Lors de la bataille, les Han tuent 13 000 Xiongnu et 200 000 autres, appartenant à 81 tribus différentes, se rendent[4].
Après sa victoire, Dou Xian amène ses troupes vers le nord, jusqu'à arriver au pied des monts Khangaï, qui sont situés à l'ouest de l'actuelle ville de Kharkhorin. Là, il fait graver sur une falaise l'Inscription de Yanran[5], dont le texte célébrant la victoire chinoise est écrit par l'historien Ban Gu[1],[2],[3].
Conséquences
À la suite de cette bataille, la confédération Xiongnu est définitivement détruite[6]. Après sa victoire, Dou Xian repart vers la Chine avec ses troupes et le Chanyu du Nord cherche à négocier la paix. De son côté, Tuntuhe, le Chanyu des Xiongnu du Sud, ne veut pas entendre parler d'une telle paix et cherche à détruire définitivement son rival. Au début de l'an 90, alors que les négociations sont toujours en cours, il attaque le Chanyu du Nord et repart avec le sceau, les épouses, les filles et le trésor de ce dernier[1],[7].
Peu après, le général Dou Xian (en) lance une expédition punitive contre les dernières tribus Xiongnu hostiles, qui s'enfuient loin vers l'ouest[8]. Dans son rapport, Dou Xian explique que le Chanyu du Nord est si faible, qu'il n'y a plus aucun intérêt à parlementer avec lui. En février 91, avec ses généraux Geng Kui (en) et Ren Shang (en), Xian organise une ultime attaque et part avec ses troupes de Juyan pour retrouver les Xiongnu qui se sont enfuis. Il inflige une cinglante défaite au Chanyu du Nord, capture sa mère et tue 5 000 de ses hommes. Le Chanyu s'enfuit alors vers l'ouest, en direction d'Altayn Nuruu et nul ne sait ce qu'il est devenu[1],[7]. Les derniers Xiongnu qui se trouvent toujours en Dzoungarie[9], près du lac Barkol, ne sont pas affectés par cette ultime défaite et une partie de leur système politique traditionnel est reconstitué sous les ordres d'un nouveau Chanyu. Ce début de reconstruction ne dure pas longtemps, car le nouveau chef des Xiongnu est tué en 93 et après cela, nul ne reprendra jamais le titre de Chanyu du Nord[10]. C'est ainsi que prend fin l'existence de l'État des Xiongnu, auparavant situé dans l'actuelle Mongolie[1] ,[7].
Notes et références
- Livre des Han postérieurs, vols. 04, 19, 23, 88, 89, 90.
- Zizhi Tongjian, vol. 47.
- An Tian, "Dou Xian Po Beixiongnu Zhi Zhan" ("The Battle of Dou Xian's Defeating on the Northern Xiongnu")
- Yü (1986), 415; Crespigny (2007), 171.
- 《封燕然山铭》辞曰:铄王师兮征荒裔,剿凶虐兮截海外,夐其邈兮亘地界,封神丘兮建隆嵑,熙帝载兮振万世 Stele of Yanran.
- Lewis (2007), 138.
- Zizhi Tongjian, vols. 47, 48 (for modern annotation on location see Bo Yang's Edition of Zhi Tongjian).
- Tucker et al. (2010), 142.
- Après la défaite de 91, le Chanyu a laissé à peu près 200 000 anciens soldats et autres blessés s’établir en Dzoungarie sous les ordres de son frère cadet et, plus tard, du Prince Huyan. Ces vétérans continuent à être mentionnés dans les annales jusqu'à 151, quand ils attaquent Yiwulu et arrivent presque à l'enlever aux Hans, avant d'être repoussés par Ma Da, le gouverneur de Dunhuang. Ils seraient ensuite partis en direction du nord-ouest vers les steppes du Kazakhstan, ou les annales parlent d'eux comme étant les tribus Yueban. Les Xiongnu les plus courageux et les plus forts ont eux migré vers l'ouest sous les ordres du Chanyu et sont sortis de l'histoire en même temps que lui.Livre des Han postérieurs, vols. 88, 89 and Zizhi Tongjian, vol. 53.
- En 94, il y a bien une rébellion des Xiongnu du Nord qui aboutit à l'élection d'un chanyu nommé Fenghou, mais il s'agit d'un fils de Tuntuhe, qui appartient à la maison royale des Xiongnu du Sud. Très vite, la menace des Xianbei amène le nouveau Chanyu à se rendre à la Cour de Han en 118. Livre des Han postérieurs, vol. 88 and Zizhi Tongjian, vols. 48, 50
Bibliographie
- (en) Rafe de Crespigny, A biographical dictionary of later Han to the Three Kingdoms (23 - 220 AD), Leiden, Brill Publishers, , 1306 p. (ISBN 978-90-04-15605-0 et 90-04-15605-4)
- Fan Ye et al., Hou Hanshu. Beijing: Zhonghua Shuju, 1965. (ISBN 978-7-101-00306-2)
- (en) Mark Edward Lewis, The early Chinese empires : Qin and Han, Cambridge, Harvard University Press, , 321 p. (ISBN 978-0-674-02477-9)
- Sima Guang, comp. Zizhi Tongjian. Beijing: Zhonghua Shuju, 1956. (ISBN 978-7-101-00183-9)
- Tucker, Spencer C. et al. (2010). A global chronology of conflict: From the ancient world to the modern Middle East. Santa Barbara: ABC-CLIO (ISBN 978-1-85109-667-1).
- An, Tian, "Dou Xian Po Beixiongnu Zhi Zhan" ("The Battle of Dou Xian's Defeating on the Northern Xiongnu"). Encyclopedia of China, 1st ed.
- (en) Ying-shih Yü, The Cambridge History of China : Volume I : the Ch'in and Han empires, 221 B.C. - A.D. 220, Cambridge, Cambridge University Press, , 981 p. (ISBN 0-521-24327-0), « Han foreign relations »
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Altai Mountains » (voir la liste des auteurs).
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