Batelier

Le batelier ou marinier[1] est un professionnel dont le métier consiste à piloter un bateau fluvial, une péniche, pousseur ou convoi fluvial naviguant sur le réseau des voies navigables intérieures (lacs, canaux et rivières).

Batelier
Pousseur Cetus et barge porte-conteneurs sur la Seine.
Codes
ROME (France)
N3103

Le marinier vit généralement à bord, dans un espace restreint, le volume dans ces bateaux étant généralement mesuré au profit de la cale (et donc du fret marchand).

Historique

Cette profession, apparue avec la navigation sur les rivières[réf. nécessaire], a évolué notablement avec l'apparition des canaux qui a amené les familles entières à s'installer à bord du bateau. Pendant plusieurs siècles, le nombre des membres de la corporation était important, du fait de son rôle dans l'approvisionnement en marchandises et dans le transport des voyageurs, mais avec le développement du chemin de fer puis de la route, la profession ne regroupe plus qu'un petit nombre de gens vivant d'une manière assez marginale.

Musée de la Batellerie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Au milieu du XIXe siècle la nécessité de transporter des marchandises sur de longues distances, notamment pour les besoins de l'industrie, obligea les bateliers à "faire de grands voyages" et ils durent (entre autres pour réduire les coûts afin d'être concurrentiel avec le chemin de fer) embarquer leurs familles qui constituèrent du même coup la main d'œuvre.
Les voyages lents, souvent longs, ont longtemps éloigné les enfants de l'éducation, la seule autre possibilité étant de les placer dans des internats.

L'équipage d'une péniche est généralement restreint : le batelier, son épouse (généralement batelière également), un enfant, et parfois, un matelot. N'ayant pas de mécanicien à bord, le batelier doit être capable d'assurer les petites réparations de base sur le moteur, l'installation électrique ou la robinetterie.

Les conditions de vie ont été difficiles jusqu'au milieu du XXe siècle. Jusqu'à cette époque (et même au-delà) l'électricité et l'eau courante ne sont pas présentes sur les péniches. De plus, les horaires de travail sont amples et l'entretien du bateau est souvent nécessaire.

Plaque invoquant saint Nicolas fixée sur la croix érigée par les mariniers de Saint-Père-sur-Loire, avant le passage sur le pont menant sur l'autre rive, à Sully-sur-Loire.

Le film de Jean Vigo L'Atalante et le feuilleton télévisé L'Homme du Picardie (1968) sont deux illustrations de cette profession.
Le premier est toutefois très daté, et n'a plus grand-chose à voir avec le métier actuel.[réf. nécessaire]

Le grand saint patron des mariniers et bateliers est, en France, saint Nicolas. Mais on trouve aussi, dans les régions[Lesquelles ?], les cultes de saint Roch, saint Aré (ou Arigle) dans le Nivernais, saint Clément en basse Loire, saint Thibault en Berry, sainte Philomène un peu partout (on en trouve des représentations en statue ou en vitrail à Roanne, Montauban ou Clamecy, entre autres), sainte Honorine, saint Budoc et la sainte Marie. En Espagne, c'est saint Elme.

La capitale française de la batellerie est Conflans-Sainte-Honorine. Le Musée d'intérêt national de la batellerie y a été créé en 1965. Le pardon national de la batellerie s'y déroule chaque année depuis 1960.

La profession aujourd'hui

Après un long déclin lié à la désaffection des pouvoirs publics pour le transport fluvial[réf. nécessaire], les nouveaux enjeux écologiques ont relancé l'intérêt pour le transport par les voies navigables intérieures.

La profession voit coexister actuellement des mariniers-artisans, souvent propriétaires d'une péniche automoteur, et des salariés de compagnies de transport affectés au pilotage de convois fluviaux poussés. Ces convois, qui peuvent atteindre 25 000 tonnes et 23 m de large sur certaines voies, poussés par des moteurs de 3 000 ch dénotent la tendance actuelle à une spécialisation et une professionnalisation accrue.[réf. nécessaire]

Sur ces grosses unités, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique ou aux États-Unis, les équipes de mariniers logent sur le bateau et celui-ci navigue en continu, aidé de radars la nuit et par temps de brouillard.
Les convois font également office d'entrepôt industriel provisoire, un principe très pratiqué en Allemagne et aux Pays-Bas dans le cas du flux tendu.

Formation

  • En France, les études durent trois ans et sont sanctionnées par un DEP.

Les métiers accessibles sont commandant, premier capitaine, second capitaine, timonier, matelot-timonier, mécanicien, matelot-garde moteur, matelot-niveau 1-2. Des organismes spécifiques de formation existent pour ces métiers.

Notes et références

  1. Le terme "batelier" est plutôt employé dans le sud de la France. Le nord et le centre emploient plutôt le terme de "marinier".

Voir aussi

Bibliographie

  • La batellerie au Pays de Seyssel, Gap éd., Challes-les-Eaux, 2008, 67 p. (ISBN 978-2-7417-0370-9)
  • Genevière Bedu, Les derniers mariniers de Loire à Gien et leur environnement au XIXe siècle, Gien, G. Bedu, 2003, 352 p.
  • Jean Bourgeois (photogr.) et Hubert Pasquier (texte et dessins), Des hommes et des bateaux sur la Loire, Éditions Bourgeois-Pasquier, Savonnières, 2008, 142 p. (ISBN 978-2-9532473-0-5)
  • Jean-Louis Dangauthier, À propos d'une culture identitaire... Les Bateliers, Observatoire des politiques culturelles, Grenoble, 1997, 99 p. (Mémoire de DESS)
  • Philippe Delvit, Le temps des bateliers : gens et métiers de la rivière, Éditions Privat, Toulouse, 1999, 123 p. (ISBN 2-7089-5412-1)
  • Bernard Le Sueur, Histoire et mémoire de la batellerie artisanale, Chasse-marée, Douarnenez, 2004, 233 p. (ISBN 2-914208-51-0)
  • Espreux Régine, "Peau de bois, Peau d'acier", roman historique sur la batellerie du XXe s., Cheminements éd., Loire, 2006, 336 p.
  • France Normand, Naviguer le Saint-Laurent à la fin du XIXe siècle : une étude de la batellerie du port de Québec, les Presses de l'Université Laval, Sainte-Foy (Québec), 1997, IX-283 p. (ISBN 2-7637-7518-7)
  • Françoise de Person, Bateliers contrebandiers du sel : XVIIe-XVIIIe siècle, Éd. Ouest-France, Rennes, 1999, 270 p. (ISBN 2-7373-2463-7)
  • La Saga des bateliers d'Offendorf, Commune d'Offendorf (Bas-Rhin), 2007, 237 p. (ISBN 978-2-9529867-0-0)
  • Raoul Toscan, L'épopée des mariniers de la Loire, Éd. PyréMonde, Pau, 2006, 216 p. (ISBN 2-8461-8457-7)
  • Poirier Jacques, Les Heures de gloire de la Marine de Loire Éd. Corsaire, Orléans, (ISBN 978-2910475109)
  • Senotier Annick, Vent de galerne sur la Loire, Éd. Corsaire, Orléans, (ISBN 978-2-910475-42-0)
  • Jouanneau Jacques Rougeux, Passeur de Loire, Éd. Corsaire, Orléans, (ISBN 2-910475-29-8)
  • Angevin François Contes et récits des bords de Loire, Éd. Corsaire, Orléans, (ISBN 2-910475-28-X)
  • Beaurieux Rémy Cailloute, Éd. Corsaire, Orléans, (ISBN 978-2-910475-33-8)
  • Léon Lepetit-Blois, La batellerie d'autrefois, Saint-Josse sur mer, 1991, Imprimerie du moulin, 160 p.
  • Christine Van Acker, Domiciliés à bord, Quorum, 1994
  • Christine Van Acker, Bateau ciseaux, Esperluète, 2007

Les mariniers dans la littérature

Plusieurs romans et nouvelles de Simenon se déroulent dans le milieu des mariniers;

Filmographie

  • L'Atalante, film de fiction de Jean Vigo, 1934, 89 min
  • L'Homme du Picardie, feuilleton télévisé de Jacques Ertaud, 1968
  • Mariniers de Bourgogne, film documentaire d'Anne Pascal, CNRS Audiovisuel, Meudon, 1980, 52 min (VHS)
  • D'une écluse à l'autre, film documentaire d'Anne Pascal, Université Paris X, Nanterre, 1986, 28 min (VHS)

Articles connexes

Liens externes

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