Batterie d'accumulateurs
Une batterie d'accumulateurs, ou plus communément une batterie[1], est un ensemble d'accumulateurs électriques reliés entre eux de façon à créer un générateur électrique de tension et de capacité désirée. Ces accumulateurs sont parfois appelés éléments de la batterie ou cellules[2].
« batteries » redirige ici. Pour les autres significations, voir Batterie.
On appelle aussi batteries les accumulateurs rechargeables destinés aux appareils électriques et électroniques domestiques.
La batterie d'accumulateurs permet de stocker l'énergie électrique sous forme chimique et de la restituer sous forme de courant continu, de manière contrôlée.
Vocabulaire
En France, dans le langage commun, le mot « batterie » désigne souvent un ensemble d'accumulateurs électriques[3] bien que ce ne soit que l'un des multiples sens de ce mot[1].
L'expression anglaise battery pack se traduit en français littéralement par « ensemble d'accumulateurs » ou « batterie d'accumulateurs ». La traduction littérale « pack de batterie » ou encore « pack batterie » est un anglicisme et un pléonasme.
Types d'accumulateurs
Les batteries d'accumulateurs nécessaires aux voitures électriques mais également aux voitures hybrides ont suivi une évolution technologique continue et les progrès sont importants. Toutefois, aucune technologie n'est entièrement satisfaisante et chaque type d'accumulateur d'électricité est souvent réservé à un type d'usage. Certaines de ces batteries ont un usage commun avec d'autres secteurs comme l'éolien ou le solaire, dans lequel elles stockent l’énergie produite de façon intermittente et la distribuent en période de forte demande.
Les recherches et découvertes en cours sont très prometteuses, au point que certains fabricants de batteries promettaient une autonomie des voitures électriques de 800 km pour la décennie, grâce à la batterie lithium air[4]. Néanmoins, en 2016, peu de voitures électriques peuvent dépasser 400 km sans recharge en usage standard.
Configuration
Choix de configuration
Les accumulateurs sont souvent câblés en série afin d'obtenir la tension de batterie souhaitée.
Pour augmenter le courant disponible, il est également possible de recourir à un montage en parallèle des cellules.
Le propre de la batterie d'accumulateurs est donc d'augmenter la tension et/ou le courant disponible afin de correspondre aux caractéristiques d'une alimentation donnée.
La combinaison des deux techniques peut être faite en accouplant plusieurs éléments :
- en parallèle plusieurs blocs de cellules en série (technique déconseillée pour un assemblage dans un même pack)
- en série plusieurs blocs de cellules en parallèle (préférable)
Notation série et parallèle
Afin de simplifier les descriptions de montage des batteries d'accumulateurs, une notation usuelle est employée pour designer le couplage de[réf. souhaitée] :
- six cellules en série : notée « 6S »
- deux cellules en parallèle : notée « 2P »
- deux blocs en parallèle de six cellules en série : notée « 2P6S »
- etc.
Utilisations
Les batteries d'accumulateurs sont utilisées dans de nombreux domaines :
- les accessoires des véhicules routiers sont alimentés en électricité par des batteries d'accumulateurs (souvent de type plomb-acide) lorsque le moteur du véhicule n'est pas en marche. Le but premier de la batterie est de fournir l'énergie nécessaire au démarreur lors de la mise en route du moteur, l'alternateur étant la principale source d'énergie électrique du véhicule une fois le moteur en marche. La tension de cette batterie est couramment de 12 volts sur les automobiles[alpha 1], 24 volts sur les camions et, peut-être, de 42 volts pour la prochaine génération de véhicules)[alpha 2] ;
- dans les alimentations sans interruption, elles stockent l'énergie permettant de suppléer pendant quelques minutes, à quelques heures, une coupure de courant du réseau électrique ;
- elles permettent le démarrage du groupe Diesel d'une alimentation de secours ;
- les batteries sont utilisées dans de nombreux appareils électroniques autonomes par exemple les téléphones mobiles, les baladeurs numériques, etc. ;
- pour la traction des véhicules électriques, des batteries souvent de technologies autres que le plomb, d'une tension supérieure sont utilisées, afin de limiter le poids à transporter et le courant électrique dans le câblage[alpha 3] ;
- les batteries solaires sont des batteries optimisées pour un fonctionnement avec des panneaux photovoltaïques[5] ;
- dans son concept de troisième révolution industrielle, Jeremy Rifkin propose de maximiser l'utilisation des énergies renouvelables et d'en minimiser les coûts en utilisant les batteries de véhicules comme moyen de stockage itinérant d'électricité, provenant de source d'énergie intermittente[6],[7].
Géographie de la production
Selon Bloomberg New Energy Finance, la Chine dispose en 2019 d'une capacité de production de 217,2 GWh, devant les États-Unis (49,5 GWh) et la Corée (23,1 GWh). La France se situe à la huitième position (1,1 GWh) grâce aux usines de Saft et Forsee Power[8].
Airbus européen de la batterie
En 2019, la Commission européenne a octroyé une subvention publique de 3,2 milliards d'euros en soutien à la création d'un projet européen d'entreprise de batteries. L'objectif est de créer un « Airbus des batteries » tout en se focalisant sur le développement de batterie Li-ion avec une durée de vie augmentée et un impact environnemental atténué[9].
Charge des batteries
Indicateurs de charge
La mise en charge des batteries est une opération primordiale pour que les batteries conservent leurs caractéristiques initiales[10]. On peut évaluer dans certains cas le niveau de charge d'une batterie en mesurant sa tension à vide (sans charge).
Dans le cas de techniques plus récentes, comme le NiMh ou le Lithium, des méthodes plus élaborées sont nécessaires pour vérifier le niveau de charge, ce qui nécessite l'utilisation de chargeurs adaptés. Pour ces techniques, les chargeurs évaluent le taux de charge en surveillant l'évolution de la tension de charge et en prenant en compte le courant de charge et le temps, ( ou ).
Pour une batterie au plomb de tension nominale 12 V :
- une batterie bien chargée a une tension supérieure à 12,6 V ;
- une batterie sous 12,4 V peut être mise en charge ;
- une batterie à 11,7 V est totalement déchargée ou en mauvais état.
Pour une batterie lithium-polymère, chaque cellule a une tension nominale de 3,7 V :
- une cellule bien chargée a une tension supérieure à 4,1 V ;
- une cellule à 3 V doit être rechargée ;
- une cellule sous 2,7 V est totalement déchargée ou en mauvais état et n'est souvent plus rechargeable.
Quand une batterie lithium-polymère est composée de plusieurs cellules (cas fréquent), et il est recommandé de ne pas avoir un écart de tension entre les cellules qui dépasse 0,5 V.
Temps de charge, rendement et capacité
- La durée de charge peut être approximativement calculée en fonction du courant de charge et de la capacité de la batterie : pour une batterie neuve totalement déchargée : capacité (en A.h) = courant de charge (en A) x temps de charge (en h).
- Le rendement de charge (énergie stockée / énergie injectée pour la charge de la batterie) est inférieur à 1, en particulier en raison de la résistance interne à la batterie ; ce rendement dépend de l'intensité de courant utilisée pour la charge, il décroît quand l'intensité croît.
- La capacité doit être divisée par les facteurs de dépréciations en température (DT) et en charge/décharge (Dch).
Par exemple, DT = 0,01053 T + 0,73671 pour des batteries plombs. (DT > 1 si T > 25 °C ; DT < 1 si T < 25 °C). De même, Dch = 20/30 par exemple si le courant nominal de charge est de 20 A alors que le courant de décharge maximum est de 30 A (cas des charges rapides).
Régénération
Les batteries plomb ouvert (chariots élévateurs, nacelles, etc.) ont une durée de vie limitée à environ 1 500 cycles[11]. Lors du stockage et de la restitution de l'énergie au cours de cycles d'utilisation normaux, des cristaux de sulfate s'accumulent graduellement sur les électrodes, empêchant la batterie de fournir efficacement du courant. Les cristaux « étouffent » en fait la batterie. Même une charge de désulfatation n'empêche pas toujours que l'on doive remplacer la batterie après quelques années.
La sulfatation est une des causes de vieillissement d'une batterie au plomb qui est restée déchargée pendant un certain temps avant la recharge, mais il y a aussi un autre facteur de vieillissement qui est la transformation au cours des cycles de charge/décharge de la matière active de l'électrode positive. Celle-ci est constituée de dioxyde de plomb PbO2 qui cristallise sous deux formes différentes (α-PbO2 et β-PbO2) dont une forme est constituée de petits cristaux, elle se transforme au cours des cycles en l'autre forme dont les cristaux sont plus gros, ce qui génère un gonflement de l'électrode qui se désagrège.
Impact carbone
L’Institut suédois de recherche environnementale (IVL) publie en 2017 un rapport sur l'impact environnemental des batteries : elle estime que leur production engendre de 150 à 200 kg de CO2 par kilowatt-heure de capacité[alpha 4] ; une batterie de 30 kWh engendrerait donc entre 4,5 et 6 tonnes de CO2 tandis qu’une batterie de 100 kWh comme celle qui équipe la Tesla Model S P100D correspondrait à la production de plus de 17 tonnes de CO2. L'IVL souligne cependant la forte disparité des mix énergétiques selon les pays : 162 kWh d’électricité étant nécessaires par kWh de batterie fabriquée, celle-ci peut représenter jusqu'à 70 % du CO2 émis lors de la production ; avec un mix électrique entièrement décarboné comme en Suède, cet impact carbone serait réduit de 60 %. Malgré cela, la recherche d'une autonomie maximale avec des batteries de grande capacité contribuerait significativement au réchauffement climatique[12],[13].
Recyclage
Batteries au plomb
Les batteries au plomb peuvent être recyclées : la plupart de leurs composants peuvent être réutilisés en fin de vie, par exemple le plastique, l'acide et les plaques de plomb. Au sein de l'usine de recyclage, le plastique du boîtier sera ainsi séparé du plomb des plaques et de l'acide de l'électrolyte. Ensuite, le plomb est fondu dans un four et réutilisé pour fabriquer de nouvelles plaques.
Le plastique de son côté est également fondu et sert à confectionner de nouveaux boîtiers. Enfin, l’acide sulfurique est contrôlé, car il causerait de graves dommages s’il se retrouvait dans l’atmosphère. Il va servir lui aussi ultérieurement lors de la fabrication de batteries neuves.
Ainsi, tout est recyclé et les pertes dans l’environnement sont très faibles, à condition qu'elles soient déposées dans des endroits prévus à cet effet : les mairies, décharges, magasins spécialisés dans l'automobile ou le matériel industriel, ou certains ferrailleurs (contre rémunération) peuvent s'en charger. Au Québec, les écocentres (centres municipaux de recyclage) offrent généralement ce service gratuitement[14].
Batteries lithium-ion
Pour les batteries lithium-ion, en 2019 certaines entreprises comme la SNAM sont capables de recycler « plus de 70 % » des batteries. Les 20 % à 30 % restants « sont détruits, brûlés et à la fin il reste 2 % qui sont enfouis »[15].
Standardisation
Certaines parties prenantes chinoises souhaitent standardiser les batteries dans le but d'en faciliter l'échange standard[16].
Notes et références
Notes
- Six volts sur d'anciens modèles de véhicules encore en circulation.
- Ce qui permettrait d'augmenter la puissance des accessoires ou de réduire la taille des faisceaux de câbles.
- Cela permettrait de réduire la section des fils des faisceaux électriques, donc encore le poids.
- La quantité d'électricité contenue dans une batterie se mesure en kilowatt-heure (kWh).
Références
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « Batterie » (sens 2 − P. anal) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Cyril Valent, À quoi correspond le nombre de cellules d'une batterie ?, sur le site 01net.com du 30 novembre 1999.
- batterie Sur le site larousse.fr
- « IBM : objectif 800 km pour une batterie Lithium-Air », sur enerzine.com, .
- Batterie solaire, sur surtec.fr.
- Hermans, Y., Le Cun, B., & Bui, A. (2011). Modèle d'optimisation basé sur le Vehicle-to-grid pour limiter l'impact des pics de consommation électrique sur la production.
- Dargahi, A., Wurtz, F., Ploix, S., Gaaloul, S., Le, X. H. B., Delinchant, B., ... & Tollenaere, M. (2012). Exploitation de la capacité de stockage de véhicule électrique dans la gestion optimale du flux énergétique de bâtiments: Contribution à la convergence transport/habitation.
- Le « virage vert », le prochain défi des industriels français, Les Échos, 20 juin 2019.
- « L'Europe lance un deuxième Airbus des batteries électriques avec Tesla et BMW », sur Les Echos, (consulté le )
- Charge des batteries d'accumulateur au plomb : Institut national de recherche et de sécurité (ED 6120), Institut national de recherche et de sécurité, , 14 p. (lire en ligne [PDF]).
- (en) Paul Ruetschi, « Aging mechanisms and service life of lead–acid batteries », Journal of Power Sources, eighth Ulmer Electrochemische Tage, vol. 127, no 1, , p. 33–44 (ISSN 0378-7753, DOI 10.1016/j.jpowsour.2003.09.052, lire en ligne, consulté le )
- Voiture électrique : l’impact carbone des batteries au cœur d’une étude suédoise, automobile-propre.com, 7 août 2019.
- (en) Lisbeth Dahllöf et Mia Romare, « The Life Cycle Energy Consumption and Greenhouse Gas Emissions from Lithium-Ion Batteries », sur Institut suédois de recherche environnementale, .
- Page d’accueil de recyc-quebec, recyc-quebec.gouv.qc.ca (consulté le 7 mai 2017).
- Vincent Verier, Véhicules électriques : 700 000 tonnes de batteries à recycler en 2035, Le Parisien, 12 août 2019.
- « Le constructeur chinois de véhicules électriques Nio prévoit d'arriver en Europe en 2021 », sur electroniques.biz (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
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