Battos II
Battos II Eudaímōn (« L'Heureux »), en grec ancien Βάττος ὁ Εὐδαίμων / Báttos ho Eudaímōn, est le troisième roi de Cyrène (actuelle Libye), de et jusqu'aux années 560[1].
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Battos II | |
Fonctions | |
---|---|
Roi de Cyrène | |
– années 560 | |
Prédécesseur | Arcésilas Ier |
Successeur | Arcésilas II |
Biographie | |
Lieu de décès | Cyrène |
Père | Arcésilas Ier |
Enfants | Arcésilas II |
Famille | Dynastie des Battiades |
Biographie
D'après l'historien François Chamoux, Battos II prit le pouvoir au plus tard entre et [2]. Pour déterminer la date du début du règne de ce roi, François Chamoux s'appuie sur l'un des rares événements de l'histoire de Cyrène à l'époque archaïque qu'il est possible de dater avec certitude : l'expédition dirigée contre la cité par le pharaon Apriès, l'échec de l'expédition ayant provoqué la chute du Pharaon en et l'avènement d'Ahmôsis II. Il aurait fallu au minimum quatre ou cinq années pour que l'immigration de nombreux colons grecs, provoquée par un oracle de la Pythie que Hérodote situe explicitement durant le règne de Battos II, prenne suffisamment d'ampleur pour pousser les tribus libyennes voisines de Cyrène à demander l'aide du pharaon Apriès.
Dès le début de son règne, Battos II fit appel à tous les Hellènes pour renforcer la population hellène de la cité nouvelle. Par l'intermédiaire de la Pythie, qui proclama que « [quiconque] se rendra dans la séduisante Libye après le partage des terres, j'affirme qu'il en aura un jour bien des regrets »[3], le roi invita tous les Grecs à venir s'installer en Cyrénaïque, avec la promesse d'un lot de terres pour tous les nouveaux arrivants. Ceux qui répondirent à l'appel furent nombreux[4]. Si François Chamoux affirme qu'ils furent principalement Péloponnésiens, Egéens et Crétois, constituant deux des trois nouvelles tribus instituées par le réformateur Démonax de Mantinée, sous le règne de Battos III[5], Michela Costanzi estime au contraire que la présence à Cyrène de Grecs venus d'autres horizons ne date pas de l'oracle de , car « en contradiction avec les sources littéraires, la chronologie et le caractère international des données archéologiques et des trouvailles de céramique, qui datent d'avant , vers les années et »[6].
Pour fournir des terres à tous les nouveaux arrivants, les Cyrénéens s'emparèrent de domaines que les Libyens du voisinage considéraient jusque-là comme leur propriété exclusive. Le roi libyen Adikran, de la tribu des Asbystes[7], demanda l'aide du pharaon Apriès afin de repousser les Grecs. Le Pharaon, se considérant suzerain de la Libye, dépêcha rapidement une armée, qui fut défaite à la région d'Irasa[8], près de la source Thestis[9].
D'après Hérodote, la défaite fut si importante, et les pertes égyptiennes si nombreuses, qu'elles provoquèrent la chute du Pharaon en . Son successeur, Ahmôsis II, conclut un traité d'alliance avec la cité de Cyrène et épousa une femme du nom de Ladiké, peut-être la fille de Battos II, ou d'un Cyrénéen du nom de Critobule[10].
Bien que le reste de la vie de Battos II est particulièrement méconnu, son règne fut d'une grande importance dans l'histoire de la cité, en témoigne l'épithète que Hérodote lui prête, l'Heureux. Preuve supplémentaire du prestige de ce souverain, c'est à cette époque qu'Eugammon de Cyrène compose sa Télégonie dans laquelle le poète rattache explicitement la dynastie des Battiades à Ulysse en personne[11]. Ainsi, d'après François Chamoux, « au lieu d'une bourgade peu peuplée, précairement assise en terre étrangère, [Battos II] laissait après lui une cité populeuse et militairement puissante »[11].
Il est difficile de dater la fin du règne de Battos II : néanmoins, celui-ci ne put aller au-delà des années 560. En effet, selon Hérodote, la cité de Barca a été fondée par les frères dissidents d'Arcésilas II, probablement dans les années 560 ou 550, Cyrène se trouvant alors dans une situation de stasis, c'est-à-dire de crise politique interne[12].
Notes et références
- Chamoux 1953, p. 210.
- Chamoux 1953, p. 123.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] IV, 159 traduit par Chamoux 1953, p. 134.
- Chamoux 1953, p. 134.
- Hérodote IV, 161 ; Diodore VIII, 30 ; Aristote, Politiques, VII, 2, 10-11 ; Chamoux 1953, p. 139.
- Costanzi 2013, p. 365.
- Masson 1976, p. 50 : Hérodote ne précise pas le nom de la tribu dans ce passage. Cependant, il indique à Hérodote IV, 170 que les Libyens de la région étaient les Asbystes.
- Chamoux 1953, p. 120 estime que Pacho 1827, p. 83 sq identifia avec beaucoup de vraisemblance la région d'Irasa auprès de la source Ersen ou Erasem.
- Diodore I, 68 ; Hérodote IV, 159 ; Chamoux 1953, p. 135 affirme que « les manuscrits hésitent entre les formes Thestis et Theste. Stéphane de Byzance connaît une ville de Libye appelée Thestis ».
- Hérodote II, 181.
- Chamoux 1953, p. 136.
- Hérodote IV, 160 ; Costanzi 2013, p. 360.
Bibliographie
- François Chamoux, Cyrène sous la monarchie des Battiades, Paris, Éditions de Boccard, , 420 p. (lire en ligne)
- Michela Costanzi, « Invitation à une nouvelle réflexion sur les fondations grecques en Libye », Revue des études grecques, nos 126-2, , p. 345-370 (lire en ligne, consulté le ).
- Olivier Masson, « Grecs et Libyens en Cyrénaïque, d'après les témoignages de l'épigraphie », Antiquités africaines, no 10, , p. 49-62 (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Raymond Pacho, Relation d'un voyage dans la Marmarique, la Cyrénaïque et les oasis d'Audjelah et de Maradeh : accompagnée de cartes géographiques et topographiques et des planches représentant les monuments de ces contrées, Paris, (lire en ligne).
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