Benedict Anderson

Benedict Anderson, né le à Kunming (Chine) et mort le à Batu[1] dans la province indonésienne de Java oriental, est un historien irlandais qui est connu pour ses travaux sur le nationalisme, ainsi que sur l'histoire et la culture de l'Asie du Sud-Est.

Pour les articles homonymes, voir Anderson.

Benedict Anderson
Fonction
Professeur
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Batu
Nom de naissance
Benedict Richard O'Gorman Anderson
Nationalité
Formation
Activités
Père
James Carew O'Gorman Anderson (d)
Mère
Veronica Beatrice Bigham (d)
Fratrie
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Dir. de thèse
Distinctions
Œuvres principales
Imagined Communities (d), Under Three Flags: Anarchism and the Anti-Colonial Imagination (d)

Biographie

Né d'un père anglo-irlandais et d'une mère anglaise, il est le frère de l'historien Perry Anderson. Il fait ses études aux États-Unis (université de Californie) et en Angleterre (université de Cambridge).

Professeur émérite de l'Université Cornell, à New York, aux États-Unis, il enseigne les relations internationales, se spécialisant sur le nationalisme, l'Asie du Sud-Est et plus particulièrement sur l'Indonésie[2] et la Thaïlande.

Il meurt dans son sommeil le à Batu en Indonésie[3]

Travaux sur le nationalisme

Anderson est surtout connu pour son ouvrage majeur Imagined Communities. Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, paru en 1983 (traduction française 1996, L'imaginaire national : réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, Paris, La Découverte). Placé dans une approche constructiviste, il se demande pourquoi une si large proportion de gens dans le monde croient qu’ils font partie d’une nation « propre » et pourquoi ils y demeurent fidèles. Il focalise ainsi son approche sur la notion d'« imaginaire collectif », à partir duquel il en retire une définition de la nation : « une communauté politique imaginée ». Soit une communauté imaginée, réunissant des gens qui ne se connaissent pas et qui ne se croiseront jamais mais qui éprouvent un fort sentiment d’appartenance à une communauté.

Cette construction identitaire est une force issue du passé. Elle émerge alors que trois autres conceptions culturelles perdent de leur influence :

  • la religion (et la « langue sacrée » donnant accès à la seule vérité ontologique)
  • les dynasties (qui permettent de gouverner par la grâce de dieu)
  • la conception culturelle du temps (par où « cosmologie » et « histoire » se confondent).

La fin de ces trois conceptions permet ainsi l'émergence d'une nouvelle conscience culturelle. Cette nouvelle conscience culturelle trouve sa source dans le développement du capitalisme, l'émergence d'une nouvelle technologie de communication (l'imprimerie, on parle ainsi de « capitalisme d'imprimerie ») et le développement des langues vernaculaires.

Pour Anderson, le succès du nationalisme repose sur sa capacité à combiner universalisme et particularisme, tout en restant compatible avec d’autres idéologies politiques.

Selon Anderson le moteur principal de l'apparition des nationalismes européens depuis le XVIIe siècle a été la diffusion de livres en langues vernaculaires au moyen de ce qu'il appelle le "capitalisme d'imprimerie"[4].

L'auteur cerne également de manière précise les mécanismes qui ont favorisé le développement du sentiment national[5] :

  • La carte
  • Le recensement
  • Le musée.

Culture indonésienne

Une part importante des travaux d'Anderson est consacrée à l'histoire et à la culture indonésienne[2]. Il contribue notamment à remettre en question la version officielle des massacres de 1965[2].

Publications

En anglais

  • Some Aspects of Indonesian Politics under the Japanese Occupation: 1944-1945 (1961)
  • Mythology and the Tolerance of the Javanese (1965)
  • A Preliminary Analysis of the October 1, 1965, Coup in Indonesia (1966)
  • Java in a Time of Revolution; Occupation and Resistance, 1944-1946 (1972)
  • Religion and Social Ethos in Indonesia (1977)
  • Interpreting Indonesian Politics: Thirteen Contributions to the Debate (1982)
  • Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (1983)
  • In the Mirror: Literature and Politics in Siam in the American Era (1985)
  • Language and Power: Exploring Political Cultures in Indonesia (1990)
  • The Spectre of Comparisons: Nationalism, Southeast Asia, and the World (1998)
  • Violence and the State in Suharto's Indonesia (2001)
  • Western Nationalism and Eastern Nationalism: Is there a difference that matters? (2001)
  • Debating World Literature (2004)
  • Under Three Flags: Anarchism and the Anti-Colonial Imagination (ISBN 1-84467-037-6) (verso 2005, 2ème 2007)
  • The Fate of Rural Hell: Asceticism and Desire in Buddhist Thailand (2012)
  • A Life Beyond Boundaries: A Memoir (2016)

Traductions en français

  • L'imaginaire national : réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme Imagined Communities: Reflexions on the Origin and Spread of Nationalism »], La Découverte, , 212 p. (ISBN 978-2-7071-2541-5); réédition poche 2006, (ISBN 978-2707150073)
  • Les Bannières de la révolte : Anarchisme, littérature et imaginaire anticolonial (trad. de l'anglais), Paris, La Découverte, , 260 p. (ISBN 978-2-7071-5330-2)

Distinctions

Notes et références

  1. (en) Jeet Heer, « Benedict Anderson, Man Without a Country », sur New Republic, (consulté le ).
  2. « L'Indonésie en deuil de Benedict Anderson, l'historien qui a révélé les purges anti communistes de 1965 », sur Global Voices.
  3. Asian scholar Benedict Anderson dies in his sleep in Indonesia 13 décembre 2015
  4. Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Flamarion 2010 p. 82
  5. L'imaginaire national, chapitre 9.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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