Bernauer Straße
La Bernauer Straße est une rue de Berlin située à cheval sur les arrondissements de Mitte et Pankow (dans le quartier de Prenzlauer Berg). Son trottoir sud délimite la frontière entre les quartiers de Gesundbrunnen et de Mitte. Elle a été nommée d'après sa direction géographique, depuis Altberlin vers la ville de Bernau, située dans le Brandebourg.
Bernauer Straße | ||
Situation | ||
---|---|---|
Coordonnées | 52° 32′ 16″ nord, 13° 23′ 38″ est | |
Pays | Allemagne | |
Ville | Berlin | |
Quartier(s) | Prenzlauer Berg Gesundbrunnen |
|
Morphologie | ||
Type | Rue | |
Longueur | 1 640 m | |
Géolocalisation sur la carte : Berlin
| ||
La rue est connue dans le monde entier à partir des années 1960, à la suite des tentatives de fuites spectaculaires d´habitants par-dessus le Mur de Berlin.
Daniel Balavoine en parle dans une de ses chansons, intitulée "La porte est close" (1977).
Histoire
Avant la construction du Mur de Berlin en août 1961
La rue existait déjà depuis longtemps, et était une voie commerciale et militaire entre Berlin et les localités de la Marche de Brandebourg, un ancien État du Saint-Empire romain germanique. Elle se voit attribuer le nom de Bernauer Straße le . Lors de la planification pour la réorganisation de Berlin (Hobrecht-Plan) par James Hobrecht, elle est désignée sous les noms Straße 50 et Straße 80, Abteilung IX (rue 50 et rue 80, division IX). Sa partie nord-est reliait alors la Bergstraße au croisement Schwedter/Oderberger Straße. Le 4 juillet 1904, la prolongation vers le sud-ouest entre la Bergstraße et la Gartenstraße est intégrée à la Bernauer Straße[1].
Août 1961 à novembre 1989
Durant la partition de Berlin, le Mur de Berlin longeait le côté sud de la rue sur toute sa longueur. Berlin-Est se trouvait du côté sud de la rue. L'autre côté de la rue appartenait à Berlin-Ouest, ainsi que la rue Bernauer en tant que telle. Ce faisant, dès que les habitants des immeubles situés du côté Berlin-Est passaient leurs portes d'entrée, ils se retrouvaient immédiatement à Berlin-Ouest.
Les portes d´entrée et fenêtres des maisons orientées vers le nord-ouest furent dès lors successivement condamnées et murées, et les toits obstrués.
À l'automne 1961, les dernières maisons longeant la frontière furent évacuées de force. Après 1963, les bâtiments furent détruits à l´exception des façades du rez-de-chaussée, afin d´offrir une vue dégagée aux militaires à la frontière. Les ruines des maisons furent par la suite dissimulées derrière le mur de béton agrémenté de fil barbelé qui fut érigé.
Les images qui rendirent la Bernauer Straße célèbre sont notamment celles de personnes fuyant Berlin-Est en sautant par les fenêtres des maisons pour atterrir sur le trottoir — comme Ida Siekmann —, qui était déjà sur le territoire de Berlin-Ouest.
Une autre photo extrêmement connue est celle du jeune soldat volontaire est-allemand Conrad Schumann, qui saute par-dessus des fils barbelés le 15 août 1961 pour rejoindre le secteur français de Berlin-Ouest, en jetant au loin son arme. Cette scène se déroula au croisement entre la Bernauer Straße et la Ruppiner Straße[2]. En raison de la configuration propice de la rue pendant les premières années d´existence du Mur de Berlin, la Bernauer Straße était un lieu d´échanges entre les soldats surveillant la frontière côté RDA, les policiers de Berlin-Ouest, et les douaniers ; on a ainsi vu des soldats discuter par-dessus le tracé du Mur ou s´échanger des cigarettes.
À partir de caves de certaines maisons de la Bernauer Straße, des tunnels furent creusés dans le sol argileux pour faire passer des fuyards vers l'Ouest.
En 1962, le tunnel 29 se terminait au numéro 7 de la Schönholzer Straße. Des Berlinois de l'Est, du petit-enfant à la grand-mère, ont emprunté ce tunnel en rampant pour rejoindre Berlin-Ouest, sans être vus par les garde-frontières.
En 1964, un drame se joua lors de la traversée d´un autre tunnel, le tunnel 57, dont l'entrée se trouvait au numéro 55 de la Strelitzer Straße à l´est. En deux nuits, 57 berlinois de l'est purent s'enfuir en l'empruntant. Cependant, il y eut des échanges de tirs avec les garde-frontières, durant lesquels le soldat Egon Schultz fut mortellement touché[3].
Jusqu'aux années 1980, l'ancienne fortification de la frontière (constituée des anciennes maisons) fut peu à peu déblayée pour laisser place au Mur de Berlin tel qu´on se le représente traditionnellement, c'est-à-dire matérialisé par une construction massive en plaques de béton. Dans la Bernauer Straße, c´est en 1980 que la dernière partie du mur sera rénovée pour être remplacée par le mur de béton.
L'église de la Réconciliation (Versöhnungskirche) qui se trouvait alors au milieu du no man's land qui longeait la longeait côté est, fut dynamitée le 28 janvier 1985[4].
Cette destruction de cette église toucha également une partie du cimetière attenant (le ’’Friedhof II der Sophiengemeinde Berlin’’). La tombe du libraire et éditeur Julius Springer, qui avait été conseiller municipal de la ville de Berlin durant de longues années, fut notamment détruite.
En 1995, une plaque commémorative a été posée à l´entrée de la Swinemünder Straße en souvenir de 10 personnes ayant été tuées en tentant de traverser le Mur de Berlin au niveau de la Bernauer Straße.
À partir de 1990 : réaménagement et mémorial du mur
En lieu et place de l´église de la réconciliation (Versöhnungskirche) a été construite la Chapelle de la réconciliation (Kapelle der Versöhnung) après la chute du Mur de Berlin. La chapelle fait partie du mémorial du Mur dans la Bernauer Straße[5]. En outre, le mémorial comporte un centre de documentation et le mémorial national pour les victimes de la construction du Mur et de la division de l'Allemagne, construit par le bureau de Stuttgart Kohlhoff & Kohlhoff.
Sur le mémorial, on peut voir l´inscription : In Erinnerung an die Teilung der Stadt vom 13. August 1961 bis 9. November 1989 und dem Gedenken an die Opfer kommunistischer Gewaltherrschaft (« En souvenir de la division de la ville du 13 août 1961 au 9 novembre 1989 et à la mémoire des victimes de la tyrannie communiste »).
Jusqu'à aujourd'hui, une large bande sur le côté sud de la Bernauer Straße témoigne de l´ancienne implantation des installations frontalières. Des constructions de logements ont peu à peu remplacé cette bande depuis le début des années 2000, et seule une partie de la rue conservera la trace du no man´s land, d´autres constructions étant prévues sur la partie est de la Bernauer Straße.
En juin 2007, une documentation détaillée sur les restes des installations frontalières dans la Bernauer Straße a été produite, sur commande du département d´urbanisme de la ville de Berlin[6].
Le 12 décembre 2007, un concours international pour l'agrandissement du mémorial du Mur de Berlin dans la Bernauer Straße a été lancé. Les paysagistes berlinois sinai.Faust.Schroll.Schwarz et leurs collègues Mola Winkelmüller Architekten BDA et ON architektur ont remporté ce concours[7].
Références
- (de) Voir le lexique des noms de rues de la Luisenstadt (Straßennamenlexikon des Luisenstädtischen Bildungsvereins) édité chez Kaupert
- (de)comptes-rendus d´époque de l´événement en langue allemande sur le site www.chronik-der-mauer.de
- (de) Article en allemand sur le tunnel de la Strelitzer Straße, sur le site www.welt.de
- Courte histoire du Mur de Berlin sur le site www.berlin-en-ligne.com
- officiel du mémorial du Mur de Berlin en français
- "Berliner Stadtentwicklungsverwaltung"
- (de) Présentation en allemand des résultats du concours
Voir aussi
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Bernauer Straße » (voir la liste des auteurs).
- Portail de Berlin
- Portail de la guerre froide