Bien de Giffen

Un bien de Giffen est un concept d'économie qui désigne un bien dont la demande augmente avec la hausse de prix. Ce concept appartient à la microéconomie. Il porte le nom de l'économiste écossais Robert Giffen.

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Concept

Principe

Lorsque la demande d'un bien augmente avec l'augmentation de son prix, cela peut signifier que le bien en question est un bien de consommation essentiel. Lorsque son prix augmente, les agents économiques diminuent la part de leur revenu attribuée à d'autres biens pour consacrer une plus large part de leur budget à ce bien essentiel[1]. Inversement, lorsque le prix de ce bien diminue, les quantités achetées de ce bien baissent de plus en plus[2].

Ce phénomène a été constaté en Irlande durant la Grande famine irlandaise. Les individus étant contraints de se nourrir en grande majorité de pommes de terre, une augmentation de leur prix les contraignait à allouer une part plus importante de leur revenu à cette consommation.

Conditions du bien de Giffen

Philippe Aghion définit le bien de Giffen comme celui qui remplit les trois conditions suivantes : être un bien inférieur ; représenter un pourcentage considérable du revenu de l'acheteur ; ne pas avoir de substitut[3].

Si la première condition est remplacée par « le bien doit être si inférieur que l'effet du revenu est plus fort que l'effet de la substitution », alors ces trois conditions sont suffisantes et nécessaires.

Le cas du bien de Giffen se retrouve lorsque le revenu est très faible et que le prix le moins cher du bien est encore trop cher pour le consommateur.

Histoire

Ces biens ont été nommés ainsi par Alfred Marshall en hommage à l'économiste Robert Giffen, qui aurait mis en évidence ce type de bien. L'exemple le plus souvent cité mais contesté est la grande famine en Irlande au XIXe siècle (hausse du prix des pommes de terre). Dans une conjoncture où le pouvoir d'achat des gens les plus modestes diminue en même temps que le prix des pommes de terre augmente, on a constaté que leur comportement de consommation s'était modifié : ils auraient réduit la consommation des autres biens et consommé plus de pommes de terre, qui se trouvaient être le bien le moins cher[4].

Exemple

  • Admettons qu'un consommateur ait par jour à disposition. Il achète chaque jour 1 pain pour et un morceau de viande pour . Imaginons que le prix du pain augmente à 1,50 . Après l'achat d'un pain (au nouveau prix du marché), le consommateur n'a pas assez d'argent pour s'acheter un morceau de viande, il va donc acheter un pain supplémentaire à la place. Le pain est, dans ce cas, un bien de Giffen. La demande croissante dans tous les cas doit s'arrêter au point où le consommateur n'arrive pas à réunir des moyens financiers supplémentaires.
  • Imaginons maintenant que le prix du pain de l'exemple 1 augmente à , le consommateur n'ayant toujours que à disposition, ne peut plus que consommer 1 pain. Si le prix du pain dépasse  sans que le prix de la viande augmente , le consommateur va peut-être de nouveau consommer de la viande.
  • Un étudiant a un budget de 20  par semaine (5 jours) pour ses repas de midi. Il ne peut en aucun cas les dépasser. Comme il préfère aller au restaurant de proximité, il utilise une grosse part de son budget pour manger là deux fois par semaine à le repas. Pour les 3 jours restants, il va indifféremment (sur plusieurs semaines) à la pizzeria et à la cantine de son école. Dans ces deux établissements, il peut manger pour . Admettons qu'il doit maintenant réduire son budget à 10 , il ne peut donc plus aller manger au restaurant, il doit donc aller chaque jour soit à la cantine, soit à la pizzeria. Ces deux offres de repas sont donc des biens inférieurs absolus. Imaginons maintenant que le prix des pizzas augmente aussi, l'étudiant, avec son budget restreint ne peut plus manger à la pizzeria et au restaurant, il est donc obligé de manger chaque jour à la cantine. On déduit donc que la pizza n'est pas, dans notre exemple, un bien de Giffen, bien qu'elle soit un bien inférieur absolu.

Notes et références

  1. Marc Montoussé, Sciences économiques et sociales, 1re ES, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0546-6, lire en ligne)
  2. Raymond Barre, économie politique, tome 1, Paris, Presses Universitaires de France, 723 p., p. 527
  3. Philippe Aghion, Microéconomie, Pearson Education France, (ISBN 978-2-7440-7457-8, lire en ligne)
  4. Aurelio Mattei, Manuel de micro-économie, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-00472-5, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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