Bolet royal

Le Bolet royal[1] est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Boletaceae, décrite pour la première fois par le mycologue allemand Krombholz en 1832[2] sous le binôme Boletus regius. Les progrès de la systématique font éclater l'ancien genre Boletus ss. lato et migrer toute la section Appendiculati[3] vers le nouveau genre Butyriboletus[4] (ou « Bolets beurrés », en raison de leur chair « jaune de beurre », ferme et mate) en 2014[5].

L'épithète « royale » est amplement méritée par ce majestueux Bolet, robuste et trapu, aux allures de cèpe[6], son chapeau rouge rosé ou framboise, contrastant avec ses pores et son stipe réticulé jaune, procure un mémorable plaisir des yeux, renforcé par sa rareté. Sa comestibilité, jugée excellente, est légendaire[7] et ne connait qu'une seule exception (R. Courtecuisse 2000 la donne toxique[8]). Sa rareté en fait de toutes façons une espèce à protéger, sur liste rouge dans de nombreux pays[9],[10].

Nomenclature et Taxinomie

Basionyme

  • Boletus regius Krombholz (1832), Naturgetreue abbildungen und beschreibungen der essbaren, schädlichen und verdächtigen schwämme, 2, p. 3, tab. 7, fig. 1-11 (Basionyme)
  • Butyriboletus regius[11].

Synonymes

  • Tubiporus regius (Krombholz) P. Karsten (1882), Bidrag till kännedom af Finlands natur och folk, 37, p. 5
  • Dictyopus appendiculatus var. regius (Krombholz) Quélet (1886), Enchiridion fungorum in Europa media et praesertim in Gallia vigentium, p. 160
  • Dictyopus regius (Krombholz) Quélet (1888), Flore mycologique de la France et des pays limitrophes, p. 424
  • Boletus appendiculatus var. regius (Krombholz) Costantin & L.M. Dufour (1891), Nouvelle flore des champignons, Edn 1, p. 152
  • Suillus regius (Krombholz) Kuntze (1898), Revisio generum plantarum, 3, p. 536
  • Boletus subtomentosus subsp.* cerasinus C. Martín (1903), Matériaux pour la Flore cryptogamique Suisse, 2(1), p. 32

Description

Chapeau 5~15 (20) cm, robuste, cabossé. Cuticule entièrement séparable à maturité, un peu lubrifiée puis sèche, feutrée à veloutée, presque méchuleuse, chagrinée, de couleur vive: typiquement d'un beau rouge rosé à framboise, décolorant à carmin pâle, groseille ou rouge bigarreau sur fond jaune visible par endroits. Comme toute la section Appendiculati, la marge est épaisse, incurvée, légèrement débordante, un peu ondulée.

Chair : épaisse, ferme, jaune citrin pâle, pratiquement immuable, souvent rose sous la cuticule et rouge vineux à la base du pied. Saveur douce ou un peu astringente. Odeur typique d 'écale de noix, de biscotte, rappelant la saveur des cèpes[7].

Hyménium : tubes longs et étroits, adnés; pores fins; pores et tubes jaune citrin vif, immuables. Sporée brun olive.

Stipe: 5~10 (12) x 2~cm, épais et trapu, relativement court, cylindro-clavé, rarement obèse, jaune soufre pâle, parfois lavé de lilacin à la base; orné d'un long et fin réseau jaune sur fond jaune,

Spores : lisses, hyalines, elliptiques à subfusoïdes à plus ou moins cylindriques,12–17 x 4–5 μm.

Habitat

Assez rare. Méridional à tendance acidophile, solitaire dans les bois de feuillus sur sol calcaire[8], surtout sous châtaigniers en terrain siliceux[12], plus rarement sous chênes et hêtres, de juillet à octobre. Plus rare au nord de la France et en Belgique[7].

Risque de confusion

Boletus regius, spécimen jeune, son stipe est réticulé: les crêtes du maillage sont concolores
  • Le bolet royal ressemble beaucoup à Boletus speciosus Frost, une espèce des conifères d’Amérique du Nord, un « regius bleuissant » selon Redeuilh[13], très diversement interprétée par les auteurs européens qui ont cru la retrouver sous feuillus, notamment des chênaies et hêtraies sur sol calcaire : Alessio (pl. 15), Marchand (pl. 218) et Breitenbach (t.3, pl. 21). Il existe des récoltes intermédiaires et plus robustes à débrouiller. En attendant, il est conseillé de s'abstenir d'utiliser ce nomen confusum en Europe[12].
  • Espèce des conifères, chapeau chamois, taché de bai. Tubes non décurrents, jaunes à olivâtres, quasi-immuables. Pores concolores....Butyriboletus subappendiculatus (Dermek, Lazebnicek & J. Veselský, 1979) D. Arora & J.L. Frank (2014). C'est le bolet des sapins.
  • Sous chênes et hêtres. Chapeau pâle, à tons crème à beige rosâtre.... Butyriboletus fechtneri = pallescens (Konrad) Singer 1936, non Schrader 1792.
  • Sous feuillus. Chapeau rose, rouge ou entièrement jaune (B. regius fo. melinus)... Butyriboletus pseudoregius = speciosus auct., regius sensu Konrad 1925, Leclair et Essette 1969, Blum... Cette espèce est souvent nommée à tort B. regius. Attention aux confusions possible avec le toxique B. pulchrotinctus, à chapeau d'un beau rose (partiel)[12] !

Sources

  • André Marchand, Champignons du Nord et du Midi, t. I, Hachette, (ISBN 84-499-0649-0), pl. 63
  • Lannoy, A & Estades, G. (2001) Clé monographique des Boletaceae, Mémoire hors série 6, Documents Mycologiques (Flore Mycologique d'Europe).
  • Marcel Bon, Champignons de France et d'Europe occidentale, Flammarion, (ISBN 978-2082013215), p. 37
  • Régis Courtecuisse et Bernard Duhem Bernard, Guide des champignons de France et d'Europe, Delachaux & Niestlé, , 475 p. (ISBN 2603016911), no. 1666

Références

  1. « Boletus regius, Bolet royal, Boletus pseudoregius, Boletus appendiculatus, Bolet appendiculé. », sur champyves.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  2. Boletus regius Krombholz (1832), Naturgetreue abbildungen und beschreibungen der essbaren, schädlichen und verdächtigen schwämme, 2, p. 3, tab. 7, fig. 1-11 (Basionyme)
  3. Une vingtaine d'espèces ont quitté le genre Boletus pour Butyriboletus en 2014, dont : Butyriboletus appendiculatus : Bolet de beurre, espèce type de la section Appendiculati, bleuissant, sous feuillus Butyriboletus subappendiculatus : Bolet des sapins, sous conifères en montagne, non bleuissant Butyriboletus fuscoroseus : Bolet faux-royal, bleuit légèrement Butyriboletus roseoflavus : comestible réputé en Chine
  4. Butter Boletes Butyriboletus
  5. (en) David Arora et Jonathan L. Frank, « Clarifying the butter Boletes: a new genus, Butyriboletus, is established to accommodate Boletus sect. Appendiculati, and six new species are described », Mycologia, vol. 106, no 3, , p. 464–480 (ISSN 0027-5514 et 1557-2536, DOI 10.3852/13-052, lire en ligne, consulté le )
  6. Le vieux vocable gaulois« cèpe » qui a survécu pour désigner un "nœud précieux" appliqué à la vigne (cépage) et aux champignons charnus et fermes à souhait qui recouvre principalement quatre espèces : le cèpe de Bordeaux, le cèpe d'été, le cèpe des pins, et le cèpe bronzé.
  7. https://www.fungipedia.org/hongos/butyriboletus-regius.html
  8. Courtecuisse, Régis, 1956-, Photo-guide des champignons d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 2-603-01116-2 et 978-2-603-01116-4, OCLC 406939439, lire en ligne)
  9. Koune, Jean-Paul., Threatened mushrooms in Europe, Council of Europe Pub, (ISBN 92-871-4666-7 et 978-92-871-4666-3, OCLC 48849626, lire en ligne)
  10. (en) Michal Mikšik, « Rare and Protected Species of Boletes of the Czech Republic », Field Mycology, vol. 13, no 1, , p. 8–16 (DOI 10.1016/j.fldmyc.2011.12.003, lire en ligne, consulté le )
  11. Butyriboletus regius (Krombh.) D. Arora & J.L. Frank, Mycologia 106(3): 466 (2014)
  12. Lannoy, A & Estades, G. (2001) Clé monographique Boletaceae, Mémoire hors série 6, Documents Mycologiques (Flore Mycologique d'Europe). p. 101
  13. Documents mycologiques 85 p. 43

Liens externes

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