Bologhine ibn Ziri

Bologhine ibn Ziri (arabe : بلقين بن زيري, en tamazight : ⴱⵓⵍⵓⵖⵉⵏ ⵎⵎⵉⵙ ⵏ ⵣⵉⵔⵉ), de son nom complet Abou al-Foutouh Sayf ad-Dawla Bologhin ibn Ziri As-Sanhaji[1], est le fondateur de la dynastie berbère des Zirides. Il est également le fondateur des villes d'Alger, Miliana et Médéa.

Bologhine ibn Ziri
Fonction
Dirigeant (d)
Zirides
-
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Famille
Père
Enfants

Né dans les monts du Titteri, vraisemblablement au début du Xe siècle, Bologhine succède à son père Ziri, comme émir du Maghreb central. En 972, il est nommé vice-roi d'Ifriqiya, par le calife fatimide, à son départ en Égypte. Il mène plusieurs campagnes contre les Zénètes. Au cours de sa dernière campagne dans le Maghreb occidental, il bat les Berghouata et meurt sur le chemin du retour en 984. Son fils Al-Mansur lui succède.

Biographie

Jeunesse

Bologhine est né dans la région du Titteri, probablement à Achir, à une date inconnue, en un lieu où ses aïeux vivaient depuis longtemps[2], vraisemblablement au début du Xe siècle[3]. De sa longue lignée rapportée de diverses façons, ses aïeux connus, sont son père Ziri, son grand-père Manâd et son arrière-grand-père Manqûs. Ils sont issus des Talkata, rameau des Sanhadja[2]. Il était un montagnard berbère, un rural à peine arabisé[4].

L'autorité des Zirides s’était déjà affirmée par la fondation d’une véritable capitale : Achir. Alors que son père Ziri ibn Menad est émir du Maghreb central, Bologhine fonde la ville d'Alger sur l'emplacement de l'ancienne Icosium romaine en 960, mais aussi Médéa et Miliana[4] et fait également reconstruire les villages détruits par les diverses révoltes[5].

Le nom de Bologhine apparaît pour la première fois à une date non précisée, entre 947 et 954. Son père lui aurait confié le commandement d'une troupe et il aurait remporté une grande victoire sur les Houaras[6].

Succession des Fatimides

À la mort de son père, dans une bataille contre des tribus berbères kharidjites en 971, il hérite du pouvoir. Le calife fatimide Al-Muizz li-Dîn Allah désigne Bologhine comme émir du Maghreb, il reçoit, en plus des attributions de son père Menad, le Zab et M'Sila que gouvernaient le transfuge Dja`far ibn `Ali[7]. Les honneurs qu'on lui fait vont provoquer la jalousie des Kutamas[8].

Bologhine poursuit le combat contre les Zénatas, il remporte sur eux une grande victoire dans la région de Tlemcen[9]. Les Maghraouas demandent l'aide des Omeyyades de Cordoue pour reprendre leur territoire et leurs villes. Bologhine prend alors le contrôle de presque tout le Maghreb en suivant les directives du calife fatimide[8]. Il a pour ordre de tuer tous les Zénatas[réf. nécessaire] et de récolter l'impôt des Berbères sous la menace de l'usage de la force. Bologhine mate les Maghraouas, les Houaras, les Nefzaouas et les Mazata[8].

Lorsque le Calife convoque Bologhine à Al-Mansuriya pour lui annoncer l'investiture, Bologhine est, de fait, le maître de tout le Maghreb central ; son domaine comprend alors les villes de Tahert, Achîr, Msila, Biskra, Tobna, Baghaï et ses anciens apanages : Alger, Médéa et Miliana[10].

Les Fatimides transfèrent leur cour de Mahdia au Caire. Bologhine est alors nommé vice-roi d'Ifriqiya avec pour capitale Kairouan[11] et gouverneur de tout l’Occident fatimide[12]. Le calife fatimide garde toutefois la gouvernance de la Sicile et celle de Tripoli[4]. Néanmoins Bologhine reste un vassal des Fatimides auxquels il doit payer un tribut, il reste entouré de conseillers qui sont là autant pour le soutenir que le surveiller[13]. Son «règne» montre qu'il sait se faire respecter et que, sans doute bien informé et bien conseillé, il sait prendre les décisions qui s'imposent, et parfois ne pas se plier aux ordres venus du Caire. À aucun moment, il apparaît comme un fantoche[14].

Les Fatimides emportent avec eux richesses et équipements militaires. La priorité absolue des Zirides est donc le renforcement de leur pouvoir mais le déplacement de la flotte fatimide vers l'Égypte rend la conservation des territoires kalbides en Sicile impossible.

Après l'investiture

Vestiges d'Achir

Bologhine ibn Ziri reçoit du calife les titres de Abou al-Foutouh[4], « Père des victoires » et est surnommé Sayf ad-Dawla « l’épée de la dynastie »[15] pour ses expéditions victorieuses au Maghreb occidental[16]. Il demeure avant tout et jusqu’à sa mort « le chef des Sanhadja et le souverain d’Achir ». Il se fait édifier, à proximité de cette capitale, un palais et il vient régulièrement séjourner dans cette résidence, sa famille y séjourne, son fils et successeur y est né[4]. Les données historiques recueillies montrent qu'il séjournait assez rarement à Kairouan[3].

Il confie le gouvernement de l’Ifriqiya à l’un de ses proches, ‘Abd Allâh b. Muhammad al-Kâtib, ce qui lui permit de combattre pendant plusieurs années (979-984) au Maghreb occidental[12]. Après son père, Bologhine vise à étendre son autorité sur l’ouest du Maghreb, sur les Meknassas vassaux de Cordoue[16]. Il mène également des expéditions contre les Zénètes du Maghreb central. Il enlève Tahert investie par un chef rebelle en 973, il assiège Tlemcen qui avait accueilli des réfugiés zénètes. La ville prise, il accorde le pardon aux habitants, mais il les déporte à Achîr auprès de laquelle ils édifièrent une nouvelle cité qu'ils nommèrent Tlemcen[10].

Affilé aux Fatimides chiites, la profondeur des convictions de Bologhine en matière religieuse n'est pas connue, Lucien Golvin suppose qu’il ne fit rien pour éveiller les susceptibilités des oulémas sunnites d’Ifriqiya. Son pouvoir étant essentiellement militaire[4]. En 977, Abu Mansur Nizar al-Aziz Billah successeur de Al-Muizz li-Dîn Allah cède à Bologhine la Tripolitaine[16].

En 979, Bologhine réplique contre une coalition entre les Zénètes et le vizir andalou Almanzor, qui gouvernait alors au nom d'un calife omeyyade fantoche. Il traverse tout le Maghreb central sans rencontrer d’opposition[4]. Il conquiert Fès en 980, Sijilmassa et mais s'arrête devant Tanger. Lorsqu'il voit la place, qu'il considère comme inexpugnable, et les renforts des Zénatas venus d'Andalousie par voie maritime. Il rebrousse chemin[4]. Il châtie le souverain des Berghouata qui s'est déclaré prophète dans une expédition en 980 ou 981[17].

En mai 984, Bologhine meurt entre Sijilmassa et Tlemcen[18], par maladie lors d'une nouvelle expédition à l'Ouest, son fils Al-Mansur lui succède dans toutes ses attributions[4]. Avant sa mort, il avait nommé Hammad, gouverneur d’Achir et de M’sila, qui devient trois décennies plus tard, le fondateur de la dynastie hammadide[19].

Notes et références

  1. En arabe : ʾabū al-futūḥ sayf al-dawla bulukīn ben zīrī al-ṣanhājīy, أبو الفتوح سيف الدولة بلكين بن زيري الصنهاجي, surnommé « Père des victoires, glaive de la dynastie ».
  2. Golvin 1983, p. 93-94.
  3. Golvin 1983, p. 92.
  4. L. Golvin, « Buluggīn B. Zīrī », Encyclopédie berbère, no 11, , p. 1653–1657 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.1881, lire en ligne, consulté le )
  5. Ibn Khaldoun (trad. William MacGuckin Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, vol. 2, Imprimerie du Gouvernement, , 635 p. (lire en ligne), « Notice des Sanhadja de la première race, histoire de leur empire », p. 5-6
  6. Golvin 1983, p. 95.
  7. Dja`far ibn `Ali dit « al-Andalousi » était un émir au service des Fatimides gouvernant en leur nom le Zab et M'Sila, il est d'origine arabe et né en Andalousie (c.f. Évariste Lévi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane : Le califat umaiyade de Cordoue, 912-1031, vol. 2, Maisonneuve & Larose, , 435 p. (ISBN 978-2-7068-1387-0, lire en ligne), p. 187), il passe au service des califes omeyyades de Cordoue.
  8. Ibn Khaldoun, Op. cit. (lire en ligne), « Notice des Sanhadja de la première race, histoire de leur empire », p. 8-9
  9. Philippe Sénac et Patrice Cressier, Histoire du Maghreb médiéval: VIIe-XIe siècle, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-28342-1, lire en ligne), p. 106
  10. Golvin 1983, p. 97.
  11. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, Paris, Payot, coll. « Grande bibliothèque Payot », (1re éd. 1931), 866 p. (ISBN 978-2-228-88789-2), « Les deniers Fatimides du Maghreb », p. 404.
  12. Histoire du Maghreb médiéval, op. cit. p. 114-115.
  13. Charles-André Julien, Op. cit., « Les souverains zirides », p. 407.
  14. Golvin 1983, p. 99.
  15. Le nom arabe de Bologhine devient : 'abû al-futûh sayf al-dawla bulukîn ben zîrî, أبو الفتوح سيف الدولة بلكين بن زيري
  16. Gilbert Meynier, L'Algérie, coeur du Maghreb classique: de l'ouverture islamo-arabe au repli (698-1518), La Découverte, (ISBN 978-2-7071-5231-2, lire en ligne), p. 43-44
  17. H R Idris, La berbérie orientale sous les Zīrīdes, Xe-XIIe siècles, Paris, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien-Maisonneuve, , 896 p. (lire en ligne), p. 57-58
  18. Golvin 1983, p. 98.
  19. L'Algérie, coeur du Maghreb classique, op. cit. p. 47.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Ibn Khaldoun (trad. William Mac Guckin Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, vol. 2, Imprimerie du Gouvernement, , 635 p. (présentation en ligne, lire en ligne), « Règne de Bologguin fils de Ziri. », p. 9-12
  • Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, Paris, Payot, coll. « Grande bibliothèque Payot », (1re éd. 1931), 866 p. (ISBN 978-2-228-88789-2)
  • (en) Clifford Edmund Bosworth, The new Islamic dynasties : a chronological and genealogical manual, Edinburgh University Press, , 389 p. (ISBN 978-0-7486-2137-8, lire en ligne), « The Zīrids and Ḥammādids », p. 35-36
  • Lucien Golvin, « Buluggîn fils de Zîri, prince berbère », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, vol. 35, no 1, (DOI 10.3406/remmm.1983.1983, lire en ligne, consulté le )
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