Bouthaina Shaaban
Bouthaina Shaaban, (en arabe : بثينة شعبان, également transcrit Bouthaina Chaabane) née en 1953 à Homs (Syrie), est une femme politique syrienne. Elle est ministre des Expatriés de 2003 à 2008 et depuis cette date conseillère en politique et en communication du président Bachar el-Assad, régulièrement décrite comme chargée de la propagande du régime syrien. Elle est placée sous sanctions internationales.
Bouthaina Shaaban | |
Fonctions | |
---|---|
Ministre syrienne des Expatriés | |
– | |
Président | Bachar el-Assad |
Prédécesseur | Poste créé |
Successeur | Joseph Sweid |
Biographie | |
Nom de naissance | Homs (Syrie) |
Date de naissance | |
Nationalité | Syrienne |
Parti politique | Parti Baas |
Diplômé de | Université de Warwick |
Biographie
Issue d'un modeste milieu paysan[1], elle est membre du Parti Baas depuis ses 16 ans[2]. À 18 ans, elle obtient son baccalauréat dans la filière littéraire avec une très bonne moyenne, se classant première dans le gouvernorat de Homas et quatrième à l'échelle nationale[1]. Après un premier cycle d'études en langue et littérature anglaises à l'université de Damas[1], elle poursuit son cursus universitaire au Royaume-Uni, où elle décroche un doctorat en littérature anglaise à l'université de Warwick[1]. Entre 1985 et 2003, elle est professeur de poésie romantique au département d'anglais de l'université de Damas. Elle est mariée, mère de trois enfants (Nahid, Nazek et Ridha)[1] et grand-mère d'un garçon (Nejm-eddin)[1] et d'une fille (Bouthaina)[3].
Elle travaille d'abord comme interprète pour les présidents syrien Hafez al-Assad puis son fils Bachar. Sous le premier, elle est également conseillère du ministre des Affaires étrangères. En 2003, elle devient ministre des Expatriés, un nouveau poste créé pour faire revenir au pays les riches expatriés syriens installés à l'étranger, du moins leurs ressources.
Elle acquiert une visibilité médiatique en 2005, après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, répondant à la télévision aux soupçons concernant l'implication de la Syrie dans ce décès. Elle accuse pour sa part Israël et les États-Unis d'être impliqués.
En 2008, elle est nommée conseillère en politique et communication du président Bachar el-Assad, ou conseillère médiatique[4],[5]. Cette ascension est en partie liée à son amitié depuis les années 1980 avec Bouchra al-Assad, respectivement fille et sœur des deux derniers présidents.
Elle est l'auteur de Both Right and Left Handed : Arab Women Talk About Their Lives (1988), un livre composé principalement d'entretiens avec des femmes syriennes, libanaises, palestiniens et algériennes, où elles évoquent leur rôle dans la société et comment elles envisagent leur avenir.
En août 2011, les États-Unis la sanctionnent conjointement avec d'autres responsables syriens, en réponse à la répression du régime contre les manifestants anti-gouvernementaux[2],[6]. Elle est également sous sanctions de l'Union européenne[7].
Critiques : propagandiste du régime
Aux yeux de ses détracteurs et des opposants au régime syrien, son poste de conseillère en communication lui vaut parfois le qualificatif de « perroquet de Bachar », ou encore de propagandiste du régime, pour lequel elle mentirait, notamment afin de contrôler la couverture médiatique et de cacher la répression sanglante des manifestations, dès 2011, ou les crimes imputés au régime, comme l'attaque chimique de la Ghouta[2],[8],[5],[9],[10],[11]. Selon Wladimir Glasman, son rôle, pour les Syriens est « d'apaiser et rassurer l'opinion publique internationale sur les bonnes dispositions du chef de l’État »[5], et ses annonces sont parfois contredites par Bachar el-Assad[12].
Elle impute le soulèvement populaire syrien de 2011 à un complot des pays occidentaux contre la laïcité dans le monde arabe[13].
Le département d’État américain affirme qu'elle « œuvre depuis des années comme propagandiste politique du régime Assad. [...] Elle essaye vainement de couvrir la répression du peuple syrien par le régime et de masquer sa sauvagerie, mais le monde n’est pas dupe de ses mensonges »[2].
Cependant, il faut souligner que cette perception négative américaine était tout autre avant 2011. Sous la plume de Dennis Ross, l'image de Bouthaina Shaaban est plutôt flatteuse, y compris dans ses loyautés envers le régime syrien :
« Bouthaina est sûrement une femme inhabituelle. Elle a écrit des livres sur le rôle des femmes dans les sociétés islamiques. Elle est très critique envers les régimes islamiques qui répriment les femmes. [...] J'ai aimé Bouthaina et j'ai eu des conversations parallèles avec elle. Elle est très intelligente, facile à converser et a toujours professé son engagement et son désir de paix. Mais je ne me faisais aucune illusion sur elle : ses loyautés étaient envers son régime et son chef. »[14]
En 2020, elle affirme que la situation économique syrienne est 50 fois meilleure qu'en 2011[15].
Décoration
En 2005, elle reçoit le prix de la femme avec le plus haut poste gouvernemental par la Ligue arabe.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bouthaina Shaaban » (voir la liste des auteurs).
- (en) Bouthaina Shaaban, Damascus Diary An Inside Account of Hafez al-Assad’s Peace Diplomacy, 1990–2000, Boulder, Colorado, États-Unis, Lynne Rienner Publishers, , p. 1, 3, 5, 7, 39, 202
- « Washington: la participation d'une conseillère d’Assad à un débat fait polémique », sur Franceinfo, (consulté le )
- (ar) بثينة شعبان, عشر سنوات مع حافظ الأسد, بيروت, مركز دراسات الوحدة العربية, , p. 277
- « Syrie: Bachar el-Assad, le pyromane », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Fanny Arlandis, « Syrie: les figures de la répression et de l'opposition », sur Slate.fr, (consulté le )
- « Syrie: près de 500 tués pendant le ramadan », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Arrêté du 10 juin 2016 portant application des articles L. 562-2 et suivants et L. 714-1 et suivants du code monétaire et financier (lire en ligne)
- Nicolas Hénin, Jihad Academy, Fayard, , 260 p. (ISBN 978-2-213-68829-9, lire en ligne)
- (en) Josepha Ivanka Wessels, Documenting Syria : Film-making, Video Activism and Revolution, Bloomsbury Publishing, , 336 p. (ISBN 978-1-78831-616-3, lire en ligne)
- Hala Kodmani, « La propagande se déchaîne sur Al-Dounia TV », sur Libération.fr, (consulté le )
- syrie, « Syrie. « Protection des minorités » et sort des « minoritaires » pris en otage », sur Un oeil sur la Syrie, (consulté le )
- syrie, « A quoi sert Bouthayna Chaaban ? », sur Un oeil sur la Syrie, (consulté le )
- Nicolas Hénin, Jihad Academy, Fayard, , 260 p. (ISBN 978-2-213-68829-9, lire en ligne)
- (en) Dennis Ross, The Missing Peace: The Inside Story of the Fight for Middle East Peace, USA, Farrar, Straus and Giroux, , p. 555-556
- (en) « Syrian currency collapse prompts rare criticism of regime », sur The National (consulté le )
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