Brahim Ghali
Brahim Ghali (en arabe : إبراهيم غالي), né en 1945 ou 1946, est un homme politique, militant indépendantiste sahraoui.
Brahim Ghali إبراهيم غالي | |
Brahim Ghali en 2019. | |
Fonctions | |
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Président de la République arabe sahraouie démocratique | |
En fonction depuis le (6 ans, 1 mois et 23 jours) |
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Élection | |
Premier ministre | Abdelkader Taleb Oumar Mohamed Wali Akeik |
Prédécesseur | Khatri Addouh (intérim) Mohamed Abdelaziz |
Biographie | |
Nom de naissance | Brahim Ghali |
Date de naissance | (75-76 ans) |
Lieu de naissance | Es-Semara, Sahara espagnol (selon le Polisario) Marrakech, Maroc (selon le Maroc)[1] |
Nationalité | Sahraoui |
Parti politique | Front Polisario |
Religion | Islam |
Résidence | Tindouf, Algérie[2] |
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Présidents de la République arabe sahraouie démocratique | |
En 1973, il participe à la fondation du Front Polisario, mouvement du Sahara occidental opposé à l'occupation espagnole puis au contrôle du Maroc. Il est partisan d’une ligne dure, qui prône soit l’autodétermination, soit la lutte armée.
Il est ministre de la Défense de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de 1976 à 1991, avant de devenir représentant de celle-ci à Madrid en 1999 puis à Alger en 2008.
En 2016, succédant à Mohamed Abdelaziz, il devient président de la République arabe sahraouie démocratique et du Front Polisario.
Biographie
Origines
Brahim Ghali est issu de la tribu du Reguibat. Il est né à Samra en 1946 au Sahara occidental (à l'époque encore colonie espagnole) selon le Polisario, ou à Marrakech selon le Maroc[1]. D'autres sources le donnent né en 1945[3] ou en 1949[4].
Débuts militants
Ghali est l’un des membres fondateurs du Front Polisario en mai 1973[5], dont il est le premier secrétaire général. Avant son départ du Maroc, l’homme acquiert une réputation de contestataire en participant aux différentes grèves générales organisées par les militants indépendantistes. Il organise les premiers raids contre l'armée espagnole qui occupait le territoire encore colonie espagnole. Après le retrait des Espagnols en février 1976, il mène la guérilla contre les armées marocaine et mauritanienne, revendiquant, comme ses compagnons d’armes, l’indépendance du Sahara occidental[5].
Ministre de la Défense de la RASD
Épaulé par El-Ouali Moustapha Sayed, dirigeant historique du Polisario, il est nommé par ce dernier, en 1976, ministre de la Défense, poste qu’il occupe de 1976 à 1991 avant de le perdre à la suite de dissensions politiques au sommet et d'être été nommé chef d'une région militaire[6],[7].
Représentant de la RASD à l’étranger
En 1999, Ghali est désigné en tant que représentant de la RASD en Espagne, un pays où « la cause sahraouie » bénéficie de nombreux soutiens, avant d'être nommé ambassadeur à Alger en 2008[8].
Président de la RASD et du Front Polisario
Le 9 juillet 2016, seul candidat, il est élu président de la République arabe sahraouie démocratique et du Front Polisario. Le 12 juillet, il succède ainsi à Mohamed Abdelaziz et à Khatri Addouh, qui assurait l’intérim depuis la mort de celui-ci.
Gravement atteint par la Covid-19 en avril 2021, il est transféré d'un hôpital algérien à Logroño, en Espagne, où il est enregistré sous un pseudonyme[9],[10]. Le quotidien El País rapporte qu'il est entré en Espagne avec un passeport diplomatique[11] ; d'autres médias, notamment Le360, prétendent que ce transfert s'est fait avec un faux passeport, mais cette information est démentie par la suite par le ministère des Affaires étrangères espagnol[12],[13]. Cette affaire augmente les tensions entre l'Espagne et le Maroc[14], et la crise autour de Ceuta qui s'ensuit amène des commentateurs à parler d'une instrumentalisation de l'immigration par le Maroc afin de faire pression sur l'Espagne concernant le Sahara occidental[15].
Accusations
En 2013, une plainte est déposée contre Brahim Ghali pour viol et abus sexuels à l’encontre d’une jeune femme, Khadijatou Mahmoud Mohamed Zoubeir. Par ailleurs, des prisonniers sahraouis portent plainte contre lui pour torture[16],[17]. C’est le cas d’El Kabch Mohamed Nafee, El Kharchi Lahbib et Chouiaar Mohamed Mouloud, qui décrivent en mars 2014, devant l’Audience nationale espagnole, les souffrances qu’ils auraient endurées pendant des années dans la prison dite « Errachid » (sud-ouest de l’Algérie) ; ils déclarent devant le juge qu’ils ont été témoins de l’assassinat de plusieurs personnes sous la torture pratiquée par des milices du Polisario[18],[19].
Un mandat d'arrêt est émis par la justice espagnole contre Brahim Ghali en novembre 2016 pour génocide, torture et viol[20]. Néanmoins, l'Audience nationale, la cour suprême espagnole, indique en 2021 qu'aucune poursuite à l'encontre de Brahim Ghali est en cours devant les juridictions espagnoles[21].
Brahim Ghali est interrogé le , tout en étant hospitalisé, par un juge espagnol pour des plaintes de « tortures » et de « génocide » sans être inculpé[22],[23]. Il rentre en Algérie le lendemain et reçoit la visite dans sa chambre d'hôpital du président Abdelmadjid Tebboune qui est diffusée à la télévision d’État[24].
Le , la justice espagnole prononce un non-lieu dans cette affaire ; le juge d'instruction relève également « des contradictions » entre les affirmations de la plainte et les déclarations des témoins, ainsi qu’« une insuffisance manifeste de détails pertinents sur les circonstances de lieu et de temps des faits »[25].
Notes et références
- Sahara occidental : Brahim Ghali seul candidat pour succéder à Mohamed Abdelaziz à la tête du Polisario, Jeune Afrique, 6 juillet 2016
- https://www.voaafrique.com/amp/le-nouvel-emissaire-de-l-onu-attendu-dans-les-camps-de-tindouf-au-sahara/4075567.html
- Paul Balta, « Le " mur " du triangle utile », Le Monde, , p. 5 (lire en ligne)
- (es) Francisco Peregil, « Un militar y diplomático de la vieja guardia, nuevo líder del Frente Polisario », El Pais, (lire en ligne)
- L’homme s’en est allé, la lutte continue. El Watan, le 5 juin 2016
- Formation d'un nouveau gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique. Le Monde, 2 septembre 1993
- « Nouvelle visite du Front Polisario à Rabat », Le Monde, 19 octobre 1996
- Brahim Gali ambassadeur de la RASD à Alger. Le Soir d'Algérie, 17 août 2008
- « Algérie-Maroc : le président de la RASD Brahim Ghali hospitalisé d’urgence en Espagne », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- Ali Lmrabet, « Brahim Ghali en Espagne : vérités et mensonges », Middle East Eye, (lire en ligne)
- (es) « Un favor a Argelia que envenena la relación con Marruecos », sur elpais.com, (consulté le )
- « Madrid dément que Brahim Ghali utilise un faux passeport pour entrer en Espagne », sur ledesk.ma, (consulté le )
- « Maroc: Le MAE espagnol dévoile les contrevérités du Maroc et affirme que le Président Ghali n'est pas arrivé en Espagne avec un faux passeport », sur fr.allafrica.com, (consulté le )
- Nina Kozlowski, « Brahim Ghali, Sahara occidental, Ceuta et Melilla… Pourquoi le torchon brûle entre le Maroc et l’Espagne », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- (en) « What’s behind the migrant crisis between Morocco and Spain? », sur Al Jazeera,
- Qui est Brahim Ghali, le candidat unique à la succession de Mohamed Abdelaziz?. Huffington Post, 5 juillet 2016
- Western Sahara-Polisario: New Leader Wanted by Spanish Justice, MedAfrica Times, 12 juillet 2016
- Atlasinfo, « #BalanceTonPorc : Khadijatou Mahmoud dénonce son viol par le chef du Polisario, Brahim Ghali », sur Atlasinfo.fr (consulté le ).
- "Procès à Madrid contre des tortionnaires du Polisario", La Nouvelle Tribune, 11 mars 2014.
- Thierry Oberlé, « Sahara occidental : les déboires judiciaires du chef du Polisario », Le Figaro, (lire en ligne)
- (es) « La Audiencia Nacional niega que exista una orden de detención contra el líder del Polisario », sur La Rioja, (consulté le )
- « Le chef du Polisario auditionné en Espagne, sur fond de crise diplomatique avec le Maroc », sur france24.com, (consulté le )
- « Visé par deux plaintes, le chef du Polisario laissé libre à l’issue de son audition par un juge espagnol », sur lemonde.fr, (consulté le )
- (en) « Western Sahara independence leader Brahim Ghali back in Algeria », Al Jazeera, (lire en ligne)
- « La justice espagnole prononce un non-lieu dans la plainte pour « génocide » contre Brahim Ghali », sur ledesk.ma, (consulté le ).
Voir aussi
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