Broigne

La broigne (brogne ou brunie [1]en français du Haut Moyen Âge) est une défense corporelle protégeant le thorax[2].

À la différence de la cotte de mailles, les anneaux de la broigne sont cousus sur un support.
Broigne anglaise, macles cousus entre 2 couches de tissu
Type de lorica squamata.
Broigne indienne, en écaille de pangolin ?

Étymologie

Broigne (bronie dans la Chanson de Roland vers 1080) serait issu du gaulois bronia, « sein, poitrine », car c'est un justaucorps qui protégeait la poitrine. Il a été renforcé au Haut Moyen Âge par le vieux bas francique *brunnia « cotte de maille, armure, protection » (cf. vieux haut allemand brunnī, brunni, brunna, brunia « cotte de maille, armure, protection »[3]).

Description

La broigne est constituée d’un vêtement sur lequel sont fixés des renforts rigides appelés mailles ou macles[4]. La différence entre une broigne et une cotte de mailles est que dans une cotte de mailles, les mailles (macles) sont reliées entre elles sans support intermédiaire. Le vêtement servant de support peut être constitué de tissu, de cuir, de feutre, etc.

Les macles peuvent être fixées sur ou sous le vêtement ou entre deux couches de vêtement. Leur forme est variable (plaquette, anneau, clou...) tout comme leur matière. Elles sont constituées le plus souvent de fer, d’acier, de cuir laqué (Proche-Orient et Orient). L’écaille de tortue, le bois ou des plaquettes d’os ont aussi été utilisés quoique plus rarement[5].

Les macles des broignes sont par définition fixées sur un vêtement mais elles peuvent cependant être aussi fixées entre elles.

Les broignes sont apparues à l'époque de Charlemagne et furent utilisées jusqu'au début du XIVe siècle, voire à la fin du XVe siècle en Hainaut (français et belge), preuves plus bas avec le Chroniqueur cher aux hennuyers de Belgique et de France.

Type de broignes[6]

La lorica squamata, ou armure d’écaille, était le modèle de broigne le plus courant dans l’Empire romain. Dans ce type de défense, le haut des plaquettes métalliques était cousu sur un cordon, lui-même cousu sur une chemise. Les plaquettes se recouvraient les unes les autres (à la manière de tuiles) et offraient une surface continue de protection. Les macles n’étant pas maintenues par le bas, ce système était très sensible au coup de pointe. Par contre il était léger, facile à réparer et très souple (confort du combattant).

La brigandine était un type de broigne utilisée de la fin du XIVe au début du XVIIe siècle. Elle était constituée de plaquettes de fer rivées entre elles, prises entre deux couches de tissu. Les rivets traversaient aussi le tissu (ou cuir) du vêtement en général de façon décentrée (rivets gay). Le fait d’utiliser des rivets gay permettait aux macles de jouer entre elles afin de donner un peu de souplesse à l’ensemble. Les macles étaient souvent noircies ou étamées pour augmenter leur résistance à la rouille. Le vêtement servant de support était une sorte de gilet généralement sans manches.

Ce système était relativement peu coûteux par rapport à un corselet (protection rigide du thorax fait de deux à six ou sept plates). Il était pratiquement aussi résistant, et plus imperméable. Cependant, il était aussi moins confortable qu’un corselet (rigidité) et plus lourd (pour pouvoir être rivées entre elles, les macles se chevauchaient, entraînant de lourdes épaisseurs supplémentaires).

Les macles n’étant pas accessibles directement (entre les deux couches de tissu), l’entretien pouvait aussi poser problème. Par contre les réparations d’urgence étaient relativement aisées.

Modèles particuliers

Patronyme dérivé de la broigne

Ce vêtement militaire, la broigne ou brogne, a donné son nom à ceux qui le portaient comme sobriquet. Il devint, selon les régions et époques : Brognart, Broignart, Brongnard, Brongniard, Brougnard, etc.

Il fut même confondu et pris très longtemps par certains généalogiste pour un prénom. On sait à présent que c'était une erreur : longtemps des familles de noblesse immémoriale et militaire, dont la maison de Haynin (nord de la France et Belgique), portèrent ce surnom parce qu'ils se vêtaient de cette protection corporelle militaire.

On trouve chez ces seigneurs de Haynin, ce surnom jusqu'en 1476 [9] :

  • Jean IV, dit Brongnart, seigneur de Hainin, Anfroipret et du Broeucq,
  • Pierre I, dit Brongnart, né v.1360 (époux de Jeanne du Chastel de la Howarderies) et Gd Bailli et conseiller de Guillaume Comte de Hainaut
  • Jean, dit Brongnart, né le à Louvignies, décédé après 1476, c'est le 3e fils de Jean VII dit "le Chroniqueur" (né en 1423, chevalier, seigneur de Hainin, de Louvignies, d’Amfroipret, d’Oby et du Broeucq) et Marie de Roisin.

Nous sommes donc bien largement postérieur au XIVe siècle, puisque 1476 est la troisième partie du XVe siècle. Le chroniqueur est en lui-même une référence, étant spécialement connu pour avoir laissé ses Mémoires de Jean Sire de Hainin et de Louvignies et à avoir été le tout premier écrivain à utiliser le terme "wallon", particulièrement cher à nos amis hennuyers du côté belge.

Voir aussi

Notes et références

  1. Le costume - Jacques Ruppert - Flammarion, 1990 - Notes sur l'article: vol. 1 page 56
  2. Le costume au Moyen Âge d'après les sceaux... - Germain Demay, Jean Bernard de Vaivre - D. Dumoulin & cie, 1880, réed 1978 - p. 111
  3. Site de Nordic Names (anglais) : Elément BRYN
  4. Glossaire archéologique du Moyen Âge et de la renaissance - Victor Gay - Société Bibliographique, 1887
  5. http://www.medievart.com/medievart/Chronologie.html
  6. Archives alsaciennes d'histoire de l'art - 1967 - Notes sur l'article: vol. 1-4
  7. Le jeu d'échecs dit "de Charlemagne" - BNF.fr
  8. Détails du jeu d'échecs dit "de Charlemagne" - BNF.fr
  9. Saint-Allais (Nicolas Viton, M. de), Ange Jacques Marie Poisson de La Chabeaussière, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Lespines (abbé de), de Saint-Pons, Ducas, Johann Lanz, Nobiliaire universel de France : ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Volume 19, Au bureau du Nobiliaire universel de France, Réimprimé à la Librairie Bachelin-Deflorenne, 1840.


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