Bryan Kramer

Bryan Jared Kramer, né à Madang le [1], est un homme d'affaires et homme politique papou-néo-guinéen, connu notamment pour son engagement contre la corruption et pour son utilisation des réseaux sociaux.

Bryan Kramer

Bryan Kramer en 2020.
Fonctions
Ministre de la Justice
Premier ministre James Marape
Gouvernement Marape
Prédécesseur Davis Steven
Successeur Pila Niningi
Ministre de la Police
Premier ministre James Marape
Gouvernement Marape
Prédécesseur Jelta Wong
Successeur William Onglo
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Madang
Nationalité papou-néo-guinéenne
Parti politique Pangu Pati puis
Parti de l'allégeance
Diplômé de université du Verbe divin

Biographie

Débuts et député d'opposition

Scolarisé dans la province de Madang en Papouasie-Nouvelle-Guinée puis dans le Queensland en Australie, il obtient un diplôme de licence en comptabilité en 1999 à l'université du Verbe divin (en), université catholique privée à Madang. Il travaille ensuite dans le milieu de la finance pour le réseau KPMG, tout en dirigeant à partir de la fin des années 1990 plusieurs entreprises, dont un réseau de boîtes de nuit[2],[3].

Entré au Parlement national comme député de Madang aux élections législatives de 2017, il siège sur les bancs de l'opposition au gouvernement de Peter O'Neill et accuse le Premier ministre de détournement de fonds publics[4], ainsi que de gaspillage d'argent public par l'achat de voitures de luxe pour le sommet de l'APEC à Port Moresby en 2018[5],[6]. Il crée sur Facebook la plateforme "Kramer Report" (« Rapport Kramer ») où il révèle les résultats de ses enquêtes personnelles en matière de corruption et commente sur la vie politique du pays ; sa page sur ce réseau social devient la plus suivie de Papouasie-Nouvelle-Guinée[7],[8].

En 2018 il quitte le parti Pangu Pati pour fonder le Parti de l'allégeance (en), dont le nom désigne une allégeance « à Dieu et au pays ». Il en est l'unique député[2],[9].

Ministre de la Police

En juin 2019, le gouvernement O'Neill perd la confiance du Parlement, et le nouveau Premier ministre James Marape nomme Bryan Kramer ministre de la Police[2]. Ancien réserviste dans la police, il explique avoir constaté que la police -la Royal Papua New Guinea Constabulary- est souvent passive, notamment en réponse aux violences conjugales ; il appelle alors les victimes et les témoins de crimes et de délits à les lui signaler personnellement sur Facebook pour qu'il puisse s'assurer que la police mène effectivement une enquête[8]. Après quelques mois, il décrit publiquement la police comme étant infestée de corruption et de complices de crimes organisés et de trafiquants de drogues et d'armes à feu. Il accuse également la police d'être indisciplinée, brutale, de se livrer à des vols de fonds publics et d'être devenue « une entreprise de sécurité privée au service de politiciens corrompus et d'hommes d'affaires étrangers douteux ». Il s'attache à la réformer « de haut en bas » en remplaçant tout d'abord ses principaux responsables[10],[11].

Il nomme un nouveau chef de la police, David Manning, qui admet publiquement que certains personnels de police sont « des criminels en uniforme » et promet d'appliquer une « tolérance zéro » à cet égard[11]. Un rapport australien ayant établi que la police de Papouasie-Nouvelle-Guinée souffre d'un grave manque de personnels, de formation et de financement[11], Bryan Kramer obtient un financement du gouvernement australien pour la rénovation et la modernisation de la station de police du quartier de Waigani, le cœur de la capitale Port Moresby. Des caméras et des GPS sont installés dans les véhicules de police, à des fins de transparence, le ministre expliquant que les policiers ne pourront ainsi plus nier les accusations de membres du public à leur encontre, ni utiliser leurs voitures à des fins personnelles[12],[13]. Ces mesures sont progressivement étendues à d'autres parties du pays, à commencer par la ville de Madang qui connaît le taux d'homicides le plus élevé du pays[14].

Sous l'autorité de Bryan Kramer, la police émet par ailleurs un ordre d'arrestation de Peter O'Neill pour corruption[15]. O'Neill est arrêté et inculpé pour corruption et abus de pouvoir[16].

Ministre de la Justice

En décembre 2020, il est nommé ministre de la Justice[2]. En mars 2021, durant la pandémie de Covid-19 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il est atteint par le virus et souffre pendant quatre jours de maux de tête et de douleurs musculaires[17]. Il se fait publiquement vacciner peu après, lorsque commence la campagne de vaccination dans le pays, afin de contribuer à endiguer la désinformation sur la pandémie et sur les vaccins[18],[19].

Il fait adopter le 20 janvier 2022 l'abolition de la peine de mort en Papouasie-Nouvelle-Guinée, par l'abrogation de la loi de 1984 qui l'avait ré-introduite après son abolition initiale en 1970. Il explique que le pays n'a pas les moyens de l'appliquer humainement, raison pour laquelle elle n'a en fait jamais été appliquée, malgré la volonté du gouvernement de Peter O'Neill en 2013 de commencer à la faire appliquer. Le Premier ministre James Marape souligne que le peine de mort n'a pas un effet dissuasif efficace, et est contraire aux principes chrétiens du pays. Les quarante condamnés dans le couloir de la mort voient leur peine commuée en emprisonnement à perpétuité ; les crimes de meurtre, de viol aggravé, de vol avec violence, de trahison et de piraterie entraînent dès lors une peine allant de la perpétuité réelle à la prison à perpétuité avec période incompressible de trente ans[20],[21].

En avril 2022, à l'occasion d'un remaniement ministériel, il est rétrogradé à la fonction de ministre de l'Immigration et de la Sécurité des Frontières, remplaçant Westly Nukundj, et est remplacé à la Justice par Pila Niningi[22]. Après les élections de 2022, remportées par James Marape et ses alliés, il est fait ministre du Travail en plus de conserver le ministère de l'Immigration[23].

Lien externe

Références

  1. (en) "'I am Papua New Guinean'", Post-Courier, 21 octobre 2020
  2. (en) "Hon. Bryan Jared Kramer, MP", Parlement national
  3. (en) "Bryan Kramer", PNGi
  4. (en) "FACT-CHECKING THE KRAMER ALLEGATIONS", PNGi, 22 février 2019
  5. (en) "ACTS TRUMP GOVERNMENT SPIN IN MASERATI FURORE", PNGi, 15 octobre 2018
  6. (en) "Thousands hold 'Maserati strike' in PNG amid anger at Apec summit spending", The Guardian, 26 octobre 2018
  7. (en) "Digital declarations: Political ads on PNG social media must be clear", The Interpreter, 7 mai 2020
  8. (en) "'I will eventually get killed': Meet Bryan Kramer, Papua New Guinea's anti-corruption tsar", The Guardian, 10 août 2019
  9. (en) "Allegiance Party gets certified", post-Courier, 10 mai 2018
  10. (en) "Bryan Kramer: One year in – why so quiet about corruption in PNG?", Asia-Pacific Report, 17 septembre 2020
  11. (en) "Papua New Guinea police accused of gun running and drug smuggling by own minister", The Guardian, 18 septembre 2020
  12. (en) "Cameras installed to monitor drivers, officers", The National, 9 octobre 2020
  13. (en) "City police change up", Post-Courier, 9 octobre 2020
  14. (en) "RPNGC RE-FLEETING ITS VEHICLES", Kramer Report, 25 octobre 2020
  15. (en) "Peter O'Neill: police issue arrest warrant for former Papua New Guinea PM", The Guardian, 15 octobre 2019
  16. (en) "Former PNG prime minister Peter O'Neill charged with misappropriation, corruption and abuse of office", Australian Broadcasting Corporation, 23 mai 2020
  17. (en) "Kramer in self isolation, recovering from COVID-19", EMTV, 10 mars 2021
  18. (en) "Kramer to take vaccine", Post-Courier, 23 mars 2021
  19. (en) "Video footage of my vaccination", Kramer Report, 30 mars 2021
  20. (en) "Death Penalty Act repealed", Post-Courier, 21 janvier 2022
  21. (en) "Papua New Guinea repeals death penalty 30 years after reintroduction", The Guardian, 21 janvier 2022
  22. (en) "Outspoken Kramer stripped of justice portfolio just before PNG elections", Asia Pacific Report, 18 avril 2022
  23. (en) "PNG Government Cabinet announced", Papua New Guinea Today, 23 août 2022
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