Canard pilet

Anas acuta

Anas acuta
Canard pilet mâle.
Classification (COI)
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Anseriformes
Famille Anatidae
Genre Anas

Espèce

Anas acuta
Linnaeus, 1758

Synonymes

  • Dafila acuta

Statut CITES

Annexe III , Rév. du 17-02-2005
Pays concerné : Ghana

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Pour les articles homonymes, voir Pilet.

Le Canard pilet (Anas acuta) est une espèce de canards barboteurs relativement commun et répandu dans les zones nordiques de l'Europe, de l'Asie et d'une grande partie du Canada, de l'Alaska et de la moitié ouest des États-Unis. Fait inhabituel pour un oiseau si répandu, il n'a pas de sous-espèce géographique sur l'essentiel de son aire de répartition, à l'exception du Canard pilet des îles Kerguelen et celui des Crozet, qui sont considérés comme espèces distinctes par certains auteurs.

Ce canard est un migrateur qui descend vers le sud en hiver pour atteindre parfois l'équateur. Pendant cette période, il est très grégaire, se mélangeant à d'autres canards.

Systématique

Dénomination et taxonomie

Cette espèce a été décrite pour la première fois par Linné dans son Systema Naturae, en 1758, sous le nom scientifique Anas acuta[1]. Le nom d'espèce acuta est formé à partir du verbe acuere, qui signifie aiguiser, en référence à la queue pointue de ce canard. Cette référence se retrouve dans le nom anglais de l'espèce Northern Pintail, littéralement « queue en épingle nordique »[2]. Selon Georges-Louis Leclerc de Buffon, ce terme est probablement picard et il coexistait avec celui de pennard (de penne) et dériverait de l'ancien français pilet « javelot, trait d'arbalète » et du wallon pilet « flèche » en raison de la longue queue pointue de cet oiseau[3].

Sous-espèces

D'après la classification de référence (version 11.1, 2021) du Congrès ornithologique international, cette espèce ne compte pas de sous-espèces.

Description

Ce canard a une tête allongée, un long cou blanc et une longue queue de 6 à 10 cm. Il donne l'impression d'être plus long que le canard colvert alors que les mâles ne mesurent que 65 et 75 centimètres, les femelles étant plus petites (50 à 55 cm), son envergure par contre est analogue avec de 80 à 95 centimètres. Son poids d'adulte est compris entre 600 et 1 050 grammes contre plus d'un kilogramme pour les colverts.

Sa longue queue est effilée noire et jaune crème, noire sur le dessus. Le bec est assez long et étroit. Un miroir vert bronze orne la partie centrale de l’ailes. Le ventre est blanc. Comme pour les autres anatidés, il existe un fort dimorphisme sexuel.

Le mâle

Durant la période nuptiale, le corps gris pâle, poitrail blanc, galon blanc de chaque côté du cou et tête brun foncé. Le mâle possède une tête brun chocolat, un cou blanc qui se prolonge par une bande blanche qui remonte en arrière des joues. L’extrémité des ailes est noire. Le bec est bleu acier. En période d'éclipse, le mâle ressemble à la femelle.

La femelle

La femelle ressemble aux autres femelles de canard, livrée marron terne avec des stries grises, beiges et brunes. Le bec est gris acier.

Habitat et répartition

Dans le Monde
  • Nicheur sédentaire
  • Hivernant
  • Nicheur estivant
En Europe
  • Nicheur sédentaire
  • Hivernant
  • Nicheur estivant

C'est un canard des zones humides ouvertes comme les prairies humides ou la toundra. Il patauge volontiers dans les prairies inondées et ne plonge qu'à demi, la tête immergée et les pattes en l'air. Il se nourrit de plantes, principalement en soirée ou de nuit. Durant la période de nidification, il mange également des insectes aquatiques, mollusques et crustacés.

Le nid, construit en milieu sec mais sans être trop éloigné de l'eau, est une cuvette peu profonde, creusée dans le sol et bordée de végétaux.

La parade comporte fréquemment des poursuites aériennes d'une seule femelle par plusieurs mâles.

Comportement

C'est un oiseau qui migre sur des distances importantes. Son aire de nidification étant située assez au nord, certains spécimens migrent jusqu'en zone tropicale.

Prédateurs

Les adultes peuvent s'envoler pour échapper aux prédateurs terrestres, mais les femelles en train de couver sont particulièrement vulnérables aux grands carnivores comme les Lynx roux. Les grands rapaces, tels que les autours des palombes peuvent capturer ces canards au sol, et certains faucons, y compris le faucon gerfaut, ont suffisamment de vitesse et de puissance pour capturer ces oiseaux au vol.

Répartition, pressions et menaces sur les populations

Son comportement alimentaire expose le Canard pilet à un risque élevé de saturnisme aviaire. C'est l'espèce la plus touchée par l'empoisonnement par grenaille de plomb ingérée.
Comparaison du taux d'oiseaux ayant ingéré de la grenaille de plomb chez quelques espèces d'oiseaux d'eau chassés (sauvagine) en Amérique du Nord (n = 171.697) et en Europe (n = 75.761). En raison d'une chasse plus intensive rapportée au nombre d'hectares de zones humides et d'une interdiction du plomb de chasse beaucoup plus tardive dans les zones humides, la prévalence de l'ingestion de plomb, et le saturnisme des oiseaux d'eau sont beaucoup plus fréquents en Europe. Le Canard pilet est l'une des espèces les plus touchées. Le saturnisme aviaire peut affecter la dynamique de population à long terme, et les consommateurs humains de cet « oiseau d'eau »[4]

Le Canard pilet, dont la population est estimée à 6,1 à 7,5 millions d'individus par l'UICN, est réparti sur plus de 10 millions de kilomètres carrés.

L'UICN ne considère pas cette espèce comme menacée à l'échelle mondiale aussi a-t-elle été classée LC. Toutefois, elle est classée Vulnérable au niveau européen.

Cependant l'état des populations d'Europe de l'Ouest est préoccupant ; l'office national de la chasse et de la faune sauvage français, considère que la situation de ce canard est assez préoccupante pour nécessiter la mise en place de programmes de recherche à l'échelle internationale[5]. En effet cette espèce est reconnue comme étant en déclin significatif depuis quelques années en Paléartique et plus précisément en Europe de l'Ouest, dans le bassin méditerranéen et peut-être en Afrique. L'importante population de Russie semble stable[6]. Le saturnisme aviaire pourrait être une de ses principales causes de déclin. En Amérique depuis une vingtaine d'années et depuis peu en Europe, des interdictions d'utilisation de grenaille de plomb pour la chasse dans les zones humides ou les tirs dirigés vers les zones humides ont été décidées, mais des milliards de billes de plomb restent - encore pour longtemps - accessibles aux canards pilets.

De faibles doses de plomb peut notamment affecter l'immunité (saturnisme). Ceci pourrait aussi expliquer la régression de cette espèce dans les zones intensivement chassées. En Amérique du Nord, l'espèce a été gravement touchée par plusieurs maladies aviaires, qui ont fait passer les effectifs de la population nicheuse de plus de 10 millions en 1957 à 3,5 millions en 1964. Son comportement alimentaire expose particulièrement ce canard au saturnisme aviaire (voir graphique ci-contre).
Bien que les effectifs de l'espèce se soient lentement et pour partie rétablis, la population nicheuse en 1999 était de 30 % en dessous de la moyenne à long terme, et cela malgré des années d'efforts de protection.
En 1997, on estimait que sur les 1,5 million de sauvagine, la majorité des oiseaux décédés à la suite du botulisme aviaire dans les foyers du Canada et de l'Utah, étaient des pilets[7] et le nombre d'oiseaux victimes du saturnisme est pire encore en Europe.

Par ailleurs, les effectifs annuels de ce palmipède varient aussi significativement selon les conditions climatiques (notamment en Afrique) influençant ses effectifs[5]. C'est donc une espèce qui pourrait aussi souffrir du dérèglement climatique lors de son hivernage au sud.

Galerie

Notes et références

  1. (la) Carl von Linné, Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata., Holmiae. (Laurentii Salvii)., , 126 p.
    A. cauda acuminata elongata subtus nigra, occipiteutrinque linea alba
  2. (en) « scientific bird names explained. », sur uk.rec.birdwatching (consulté le ).
  3. Définitions lexicographiques et étymologiques de « pilet » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  4. Données collectées par Rafael Mateo (Instituto de Investigación en Recursos Cinegéticos IREC ; CSIC, UCLM, JCCM) pour son exposé "Lead poisoning in wild birds in europe and the regulations adopted by different countries" lors de la Conférence intitulée « Ingestion of spent lead ammunition ; Implications for wildlife and humans » (organisée par le "Peregrine fund" (Boise state University, Idaho. 12-15 mai 2008). Actes de la conférence, qui ont donné lieu à l'ouvrage : Ingestion of Lead from Spent Ammunition: Implications for Wildlife and Humans, coécrit par Richard T. Watson, Mark Fuller, Mark Pokras, Grainger Hunt 2009/04/28 ; (ISBN 0961983957 et 9780961983956) ; 394 pages.
  5. « Le canard pilet », Office national de la chasse et de la faune sauvage.
  6. Snow, David; Perrins, Christopher M (editors) (1998). The Birds of the Western Palearctic concise edition (2 volumes). Oxford: Oxford University Press, 222-225. (ISBN 0-19-854099-X).
  7. (en) Milton Friend, Robert G McLean et F. Joshua Dein, « Disease emergence in birds: Challenges for the twenty-first century », The Auk, vol. 118, no 2, , p. 290–303 (lire en ligne).

Voir aussi

Références taxonomiques

Liens externes

Bibliographie

  • Géroudet P. (1999) Les Palmipèdes d'Europe. Delachaux et Niestlé, Lausanne, Paris, 510 p.
  • (en) Carles Carboneras (dir.), Family Anatidae (Ducks, Geese and Swans) Ostrich to Ducks »], vol. 1, Barcelone, Lynx Edicions, coll. « Handbook of the Birds of the World », , 696 p. (ISBN 84-87334-10-5), p. 536-629, plates 40-50
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