Carré magique de Kaldor

Le carré magique est le nom de la représentation graphique des grandes variables de la macroéconomie keynésienne. Il a été inventé par le post-keynésien Nicholas Kaldor dans un article de 1971.

Le carré magique, Nicolas Kaldor. Version vierge

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Concept

Le carré magique représente graphiquement les quatre grandes variables de la politique économique conjoncturelle d'un pays. Il s'agit de la croissance économique, de l'emploi, de l'équilibre extérieur, et de la stabilité des prix. Les gouvernements fixent normalement un objectif pour chaque : une croissance élevée, le plein emploi, une balance commerciale excédentaire, et la stabilité des prix. En reliant ces quatre variables (ou objectifs), on obtient un quadrilatère qui représente une situation économique favorable en tous points[1].

Ce carré est toutefois qualifié de « magique » car il est irréalisable. Dans la réalité, il est très difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs. Une forte croissance, par exemple, se traduit par une surchauffe de l'économie et donc de l'inflation, ce qui induit un arbitrage entre l'un et l'autre. Il existe ainsi pour Kaldor un « conflit d'objectifs » que les autorités politiques doivent arbitrer[2]. Ce conflit est d'autant plus fort qu'un État ne dispose pas des outils nécessaires pour arriver à ses fins : en vertu de la règle de Tinbergen, il faut autant d'outils de politique économique que d'objectifs, ce qui est rarement le cas[3].

Le carré conserve une heuristique aujourd'hui en ce qu'il dégage quelques relations importantes de la macroéconomie :

Critiques et débats

Certains économistes ont ajouté a posteriori une nouvelle branche, formant un pentagone : la soutenabilité de la dette, qui ne se réduit pas aux simples critères de convergence (déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB et dette publique inférieure à 60 % du PIB)[4].

Le carré magique est critiqué car il prétend mettre sur un pied d'égalité les quatre objectifs économiques[5].

L'ordolibéralisme soutient que l'objectif de la stabilité des prix est la plus importante car elle détermine la croissance économique et réduit le risque de creusement de la balance commerciale[6].

Articles connexes

Notes et références

  1. Philippe Deubel, Marc Montoussé et Serge d' Agostino, Dictionnaire de sciences économiques et sociales, Rosny-sous-Bois, Editions Bréal, , 575 p. (ISBN 978-2-7495-0512-1, lire en ligne)
  2. Claude Alquier, L'inflation alibi ?, Éditions de l'Atelier (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-7082-4846-5, lire en ligne)
  3. Virginie Monvoisin, Éric Berr, Jean-François Ponsot et James K.. Galbraith, L'économie post-keynésienne : histoire, théories et politiques, dl 2018 (ISBN 978-2-02-137788-0 et 2-02-137788-1, OCLC 1056851742, lire en ligne)
  4. Jacques Généreux, Introduction à la politique économique, Editions du Seuil, , 253 p. (ISBN 978-2-02-140724-2, lire en ligne)
  5. Arnaud Parienty, Précis d’économie, Paris, La Découverte, , 447 p. (ISBN 978-2-7071-9456-5, lire en ligne)
  6. Christophe Strassel, « La France, l'Europe et le modèle allemand », Hérodote, vol. 151, no 4, , p. 60 (ISSN 0338-487X et 1776-2987, DOI 10.3917/her.151.0060, lire en ligne, consulté le )
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