Castel Merle
45° 00′ 00″ N, 1° 06′ 04″ E
Castel Merle ou Castermerle est un site préhistorique incluant plusieurs abris sous roches sur la commune française de Sergeac en Dordogne, dans le Périgord noir. Il a fait l'objet de fouilles archéologiques depuis 1878.
L'abri Blanchard (ne pas confondre avec la grotte Blanchard à Saint-Marcel, Indre) est le gisement aurignacien le plus riche d'Europe en industrie osseuse, en parure et en art-sur-bloc.
L'abri Castanet a livré une plaque gravée aurignacienne.
Toponymie
Le site de Castel-Merle est parfois aussi nommé « Vallon des Roches », d'après le nom du ruisseau qui le traverse et qui se jette dans la Vézère[1],[2].
Situation
Il se trouve à 45 km au sud-ouest de Brive-la-Gaillarde et 48 km au sud-est de Périgueux[3], sur la commune de Sergeac, en rive gauche (côté sud-est) de la Vézère - vallée éminemment riche pour la préhistoire avec notamment Lascaux à 8 km en amont, le Moustier à moins de 4 km en aval en rive droite et, à quelque 19 km en aval (mais seulement 10 km à vol d'oiseau), la très grosse concentration de grottes, abris et autres sites préhistoriques sur Les Eyzies et alentours[4].
Description
Ce vallon des Roches est dominé par deux grandes falaises qui se font face, éloignées l'une de l'autre de moins de 100 mètres, orientées sud-est / nord-ouest et débouchant sur la Vézère[4]. Chaque falaise comporte six abris répartis sur 400 mètres. Le site fournit ainsi l'une des plus fortes concentrations d'habitats préhistoriques d'Aquitaine. Les avants des voûtes de ces différents abris se sont effondrés, principalement vers la fin de la dernière glaciation, et ont ainsi assuré une très bonne protection des couches archéologiques.[réf. nécessaire]
Occupation
Ces abris ont été occupés successivement par les Néandertaliens pour les Merveilles et Blanchard II ; puis par Cro-Magnon qui a occupé principalement les abris mieux exposés situés dans la falaise opposée : Reverdit, le Roc d'Acier, Labattut et la Souquette. Ces derniers sont ouverts à la visite après avoir été partiellement dégagés et fouillés. De nombreux vestiges ont été découverts et attribués aux différentes périodes de Cro-Magnon : par ancienneté l'Aurignacien, le Gravettien, le Solutréen et le Magdalénien. Des milliers de silex ont été attribués à différents faciès culturels ; on a aussi découvert des blocs peints, sculptés, gravés, des aiguilles à chas…[réf. nécessaire]
Historique des recherches en quelques dates
Abris Blanchard et Castanet
L'abri Blanchard a livré la plus riche collection aurignacienne d'Europe en industrie osseuse, en parure et en art-sur-bloc[5].
Les abris Blanchard et Castanet ont été fouillés par Marcel Castanet entre 1911 et 1913, pour le musée des Eyzies. Ils sont connus pour avoir fourni parmi les premières manifestations pariétales aurignaciennes et une grande quantité d'éléments de parure (perles en ivoire de mammouth, coquillages marins percés, dents percées…). Les fragments effondrés de paroi, ornés de gravures et peintures, ont été étudiés et publiés par Denis Peyrony (1935)[6], Henri Breuil (1952)[7], puis par Brigitte et Gilles Delluc (1978)[8]. L'historique des fouilles a été reconstitué grâce aux notes, plans et coupes de Marcel Castanet. Randall White reprend les fouilles à l'abri Castanet en 1995[réf. à confirmer][9]. En 2012, des gravures d'animaux et de symboles sont découvertes sur une plaque rocheuse d'une tonne et demie, détachée de la paroi[10]. Elles sont datées par radiocarbone à −37 000 ans, ce qui en ferait les plus anciennes connues au monde[réf. à confirmer][11]. Cependant, compte tenu de la fiabilité des mesures établies à partir du carbone 14, la préhistorienne Brigitte Delluc ne confirme pas une datation aussi précise, rappelant que le mobilier déjà trouvé à Castel Merle daterait de −30 000 à −35 000 ans[12].
L'abri Castanet est classé au titre des monuments historiques depuis le [13], et l'abri Blanchard depuis le [14].
L'abri Blanchard I. L'abri Castanet.
Abri Reverdit
L'abri Reverdit a été découvert par A. Reverdit en 1878 puis fouillé par Marcel Castanet et F. Delage de 1911 à 1912. En 1923, Marcel Castanet découvre la frise sculptée en bas-relief comportant un cheval, deux bisons et une tête d'ours.[réf. nécessaire] Cet abri est classé au titre des monuments historiques depuis le [15].
L'abri Reverdit.
Abri Roc d'Acier
Il tient son nom de la qualité de sa roche. Il a été fouillé entre 1911 et 1912 par Marcel Castanet et F. Delage. Durant cette période, plusieurs sondages ont été menés entre cet abri et le suivant (Labattut) et ont révélé la présence de couches d'habitat de mêmes périodes (Solutréen, Gravettien, Aurignacien) sur plus de 100 mètres de long.[réf. nécessaire]
L'abri Roc d'Acier.
Abri Labattut
Il tient son nom de son ancien propriétaire. En 1911, L. Didon l'achète et entreprend des fouilles avec Marcel Castanet jusqu'en 1914. Il a livré une industrie lithique ainsi que des blocs d'effondrement gravés (chevaux gravés sur blocs et sur galets) et peints (cerf, mammouth, bison et une main en négatif) et un squelette d'enfant paré de perles et de coquillages.[réf. nécessaire]
L'abri Labattut est classé au titre des monuments historiques depuis le [16]. Les blocs ornés de gravures et peintures ont été étudiés par Brigitte et Gilles Delluc et publiés en 1991 au CNRS et l'historique des fouilles a été alors reconstitué grâce aux notes, plans et coupes de Marcel Castanet.
L'abri Labattut.
Abri de la Souquette
Il est fouillé par l'abbé Landesque en 1902 puis par Marcel. Castanet en 1903. Sa stratigraphie est très endommagée par les fouilles d'O. Hauser entre 1911 et 1912. Marcel Castanet l'achète en 1918 et effectue des recherches avec F. Delage en 1938. Il a livré un atelier de fabrication de parures avec une quantité exceptionnelle d'éléments tels que des « perles paniers » (on a retrouvé les éléments représentant les différents stades de préparation de ces perles) en ivoire de mammouth et en stéatite, des dents d'animaux et des coquillages marins perforés.[réf. nécessaire]
L'abri de la Souquette.
Musée
Le musée du site expose de nombreux objets provenant des diverses fouilles des abris sous roches, dont les six colliers datés de l'Aurignacien et du Magdalénien (parmi les plus anciens d'Europe). Les visiteurs peuvent y voir le contexte archéologique de la découverte des objets.[réf. nécessaire]
Voir aussi
Bibliographie
- [Bourrillon & White 2015] Raphaëlle Bourrillon et Randall White, « Pratiques symboliques aurignaciennes en abri-sous-roche dans la vallée de la Vézère : à la recherche d’une identité ? », Palethnologie, no 7, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [Bourrillon et al. 2016] (en) Raphaëlle Bourrillon, Randall White, Élise Tartar, Laurent Chiotti, Romain Mensan, Amy E. Clark, J.-C. Castel, Catherine Cretin, T. Higham, A. Morala, Sarah Ranlett, M. Sisk, Thibaut Devièse et D.J. Comeskey, « A new Aurignacian engraving from Abri Blanchard, France: Implications for understanding Aurignacian graphic expression in Western and Central Europe », Quaternary « Role of art in prehistory », , p. 1-19 (lire en ligne [sur researchgate.net]).
- [Clark et al. 2008] Amy Clark, Matthew Sisk, Romain Mensan et Randall White, « Sergeac – Abri Castanet » (opération archéologique no 025467), AdlFI, (lire en ligne [PDF] sur journals.openedition.org).
- [Castel & Madelaine 2003] Jean-Christophe Castel et Stéphane Madelaine, « Stigmates observés sur les dents de grands carnivores à l’Aurignacien. L'exemple de l’Abri de La Souquette à Sergeac (Dordogne, France) », Paléo, no 15, , p. 251-254 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [Hitchcock] (en) « The Phallus in Stone Age Art », sur donsmaps.com (consulté le ).
- [O’Hara et al. 2015] John F. O’Hara, Randall White, Zenobie S. Garrett, Tom Higham et Alain Roussot, « The Aurignacian Site of the Abri de la Souquette (commune de Sergeac, Dordogne): A History of Archeology », Palethnologie, no 7, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [Tartar et al. 2014] Élise Tartar, Randall White, Laurent Chiotti, Catherine Cretin et Romain Mensan, « Quel(s) Aurignacien(s) à l’abri Blanchard (Sergeac, Dordogne, France) ? Données des collections d’industrie osseuse conservées aux États-Unis et retour sur le terrain », Paléo, no 25, , p. 309-331 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [White 2007] Randall White, « Sergeac – Abri Castanet » (opération archéologique no 025209), AdlFI, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [White 2012] Randall White (Archaeological project director), « Sergeac – Abri Blanchard et Abri Castanet - no 026426 », AdlFI, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
- [White et al. 2017] (en) Randall White, Romain Mensan, Amy E. Clark, Élise Tartar, Laurent Marquer, Raphaëlle Bourrillon, Paul Goldberg, Laurent Chiotti, Catherine Cretin, William Rendu, Anne Pike-Tay et Sarah Ranlett, « Technologies for the Control of Heat and Light in the Vézère Valley Aurignacian », Current Anthropology, vol. 58, no 16 « Supplement », , p. 288-302 (lire en ligne [PDF] sur journals.uchicago.edu).
Liens externes
- « Le vallon de Castelmerle », information sur les abris et leurs découvertes, avec photos et plans, sur pole-prehistoire.com, Pôle International de la Préhistoire (consulté en ).
- « Interview de René Castanet par Randall White et Serge Maury en 2007 », sur pole-prehistoire.com (consulté en ).
- « Site officiel du site de Castel Merle » (consulté en ).
- [hominides] « Castel Merle, Le Vallon des Roches, Sergeac, Onze sites qui forment presque un village préhistorique... », sur hominides.com (consulté en ).
- [Hitchcock] (en) Don Hitchcock, « Castel-Merle - Vallon des Roches », sur donsmaps.com (consulté en ).
Notes et références
- hominides.
- Hitchcock.
- « Sergeac », sur google.fr/maps. Les distances par route entre deux points donnés sont calculées dans le panneau latéral (voir l'onglet en haut à gauche de l'écran) – cliquer sur "Itinéraires".
- « Abris préhistoriques de Castel Merle, carte IGN interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
- White 2012, paragr. 2.
- [Peyrony 1935] Denis Peyrony, « Le gisement Castanet, Vallon de Castelmerle, commune de Sergeac (Dordogne). Aurignacicen I et II », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 32, no 9, , p. 418–443 (DOI 10.3406/bspf.1935.6122, lire en ligne [sur persee]).
- [Breuil 1952] Henri Breuil, 400 siècles d'art pariétal, .
- [Delluc & Delluc 1978] Brigitte Delluc et Gilles Delluc, « Les manifestations graphiques aurignaciennes sur support rocheux des environs des Eyzies (Dordogne) », Gallia Préhistoire, vol. 21, no 1, , p. 213-332 (DOI 10.3406/galip.1978.1593).
- « Anthropologists uncover art by (really) old masters — 38,000 year-old engravings », sur phys.org, (consulté le ).
- [White et al. 2010] Randall White, Raphaelle Bourrillon, Catherine Cretin, Romain Mensan et al., « Une nouvelle découverte d'art pariétal aurignacien à l'abri Castanet : contexte et datation », Congrès de l'IFRAO, (lire en ligne [sur researchgate.net]).
- (fr)« Le plus ancien art pariétal, découvert en Dordogne », sur maxisciences.com, (consulté le ) : « Or ce bloc de calcaire de 1,5 t est gravé de dessins paléolithiques – animaux et symboles – que les hommes de cette époque, l'Aurignacien, ont réalisé (la voûte étant à portée de main). Et cela au moins 1 000 ans avant les peintures de la grotte Chauvet située en Ardèche : les œuvres de l'abri Castanet sont donc les plus anciennes représentations murales connues à ce jour. ».
- Hervé Chassain, « Castel Merle en vedette », Sud Ouest édition Dordogne, 16 mai 2012.
- « Abri Castanet », notice no PA00082998, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Abri Blanchard », notice no PA00082997, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Abri sous roche (abri Reverdit) », notice no PA00082996, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Abri Labattut », notice no PA00082999, base Mérimée, ministère français de la Culture.
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