Centrale nucléaire de Doel
La centrale nucléaire de Doel (en néerlandais : Kerncentrale Doel) est l'une des deux centrales nucléaires belges.
sur l'estuaire de l'Escaut
Pays | |
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Région | |
Province | |
Commune | |
Coordonnées |
51° 19′ 28″ N, 4° 15′ 35″ E |
Opérateur | |
Construction | |
Mise en service |
1974-1985 |
Fournisseurs | |
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Type | |
Réacteurs actifs |
1 X 445 MWe nets, 1 X 445 MWe nets, 1 X 1006 MWe nets, 1 X 1038 MWe nets |
Puissance nominale |
2 934 MWe nets |
Production annuelle |
17,889 TWh (2008) |
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Production totale |
459,838 TWh |
Source froide | |
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Site web |
Elle est située à Doel, une section de la commune de Beveren, dans la province d'Anvers, sur la rive gauche de l'Escaut, non loin de la frontière avec les Pays-Bas.
L'autre centrale nucléaire belge est celle de Tihange, dans la province de Liège.
Situation
La centrale est située à 25 km au nord d'Anvers, 42 km au nord-nord-ouest de Bruxelles, 136 km sud-sud-est d'Amsterdam et 140 km nord-ouest-ouest d'Aix-la-Chapelle.
De toutes les centrales nucléaires en Europe, celle de Doel est située dans la région avec la plus forte densité de population : 9 millions de gens habitent dans un périmètre de 75 km[1],[2].
Description
Réacteurs
La centrale dont l'exploitant est Electrabel (filiale du groupe français Engie) est équipée de quatre réacteurs à eau pressurisée (REP) de conception Westinghouse (Doel 1, 2 et 3) et Framatome/AREVA (Doel 4) d’une puissance totale de plus de 2 900 MWe :
- Doel 1 : 445 MWe nets, mis en service le 28 août 1974[3] pour 40 ans.
- Doel 2 : 445 MWe nets, mis en service le 21 août 1975[4] pour 40 ans.
- Doel 3 : 1 006 MWe nets, mis en service le 23 juin 1982[5] pour 40 ans.
- Doel 4 : 1 038 MWe nets, mis en service le 8 avril 1985[6] pour 40 ans.
Soit au total une puissance disponible pour le réseau de 2 934 MWe. La centrale de Doel fournit environ 30 % de la consommation d'électricité en Belgique. Début 2011, elle employait 940 collaborateurs, dont 800 pour le cœur de la centrale. La superficie occupée par la centrale est d'environ 80 hectares.
Dates de mise à l’arrêt définitif
Les réacteurs Doel 1 et 2 devaient être mis à l’arrêt définitif en 2015, mais leur durée d'exploitation a été prolongée de 10 ans le 18 décembre 2015 par le gouvernement fédéral (Gouvernement Michel I)[7]. Toutefois, la prolongation de Doel 1 et de Doel 2 a été annulée par la Cour Constitutionnelle en mars 2020 en raison de l'absence d'une étude d'incidences environnementales et d'une consultation publique transfrontalière[8], en autorisant néanmoins une prolongation jusqu’en 2022 dans l’attente d’une éventuelle nouvelle loi validant la prolongation jusqu’en 2025[9].
Doel 3 et 4 devaient être mis à l’arrêt définitif respectivement en 2022 et en 2025. Après l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement belge - en prévision d'une réduction de la dépendance fossile belge de la Russie - a décidé la prolongation de l'exploitation des réacteurs 3 de Tihange et 4 de Doel pour dix années[10]. Pendant que les réacteurs 1 et 2 à Doel attendent une décision parlementaire fin 2022 concernant leur prolongation jusque 2025[11].
Incidents
Les incidents sont classés selon l'échelle INES. Cette échelle compte huit niveaux de gravité notés de 0 à 7. Les incidents de niveau 0 ne sont pas systématiquement rendus publics. Il n'y a jamais eu d'incidents ou d'accidents nucléaires de niveau supérieur à 2 à Doel.
Année | Anomalie (niveau 1) | Incident (niveau 2) |
2010[12] | 10 | 0 |
2011 | 0 | 1[13] |
En mai 2012, une anomalie dans une vanne a été détectée lors de la mise à l'arrêt du réacteur no 2 en raison de son entretien annuel. L'incident a été classé au premier niveau de l'échelle INES[14].
En août 2012, il a été révélé que 1 000 défauts ont été détectés, en juillet de la même année, sur la cuve du réacteur no 3, à l'occasion d’un contrôle par ultrasons de toute la zone fortement irradiée de cette cuve[15]. Ces défauts dont l’origine n’est pas précisément établie à ce jour, seraient dus à des anomalies de fabrication et « pourraient s'assimiler à de potentielles fissures », selon les termes mêmes de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN). Le directeur de l'AFCN, interrogé par la radio publique francophone (RTBF) sur la possibilité de réutiliser la cuve du réacteur après la découverte d'anomalies, a déclaré être « assez sceptique ». Si les premiers résultats de l'enquête se confirment, et puisque la cuve d'un réacteur ne peut être remplacée, cet incident pourrait entraîner la fermeture définitive du réacteur no 3, ce qui ne manquerait pas d'avoir des conséquences importantes sur l'approvisionnement des consommateurs belges.
Cependant, l'Autorité belge de sûreté nucléaire a rendu courant mai 2013 un arrêté autorisant l'exploitant à redémarrer de suite les deux tranches de 1 000 MW. En effet les études détaillées ont montré que les « fissures » détectées en 2012 grâce à des techniques plus fines qu'auparavant sont là depuis le forgeage d'origine et n'évoluent pas. L'exploitant estime pouvoir redémarrer les tranches avant fin juin.
Le mardi au matin, les 65 000 litres d’huile nécessaires au fonctionnement de la turbine à vapeur liée au réacteur no 4 sont vidangés dans un réservoir souterrain prévu à cet effet en cas d’incendie, entraînant l'arrêt de la centrale et des dégâts importants. La vidange est due à une manœuvre manuelle délibérée et une intention criminelle est soupçonnée[16]. Le vendredi 19 décembre 2014, après réparation de la turbine endommagée, le réacteur no 4 a été relancé.
Arrêt temporaire de Doel 1 (loi de sortie du nucléaire)
Le 15 février 2015, le réacteur Doel 1 a été arrêté par l'exploitant Electrabel conformément à la loi de sortie du nucléaire de 2003 (loi Olivier Deleuze) qui exige l'arrêt du réacteur après 40 ans d'exploitation. Des négociations débutèrent entre Electrabel et le gouvernement pour prolonger ce réacteur Doel 1 pour une période de 10 années (soit jusqu'en 2025)[17]. Suivant un accord du décembre 2015, Doel 1 a été relancé en janvier 2016 et pourra - comme l'unité Doel 2 - produire de l'électricité pour les 10 années suivantes[18].
Arrêt temporaire de Doel 3 (défaut sur la cuve)
En août 2012, 8 000 micro-bulles d'hydrogène sont découvertes sur la cuve du réacteur 3 de la centrale de Doel. En mars 2014, ce réacteur est mis à l'arrêt par décision de l'AFCN afin de vérifier que ce défaut n'impacte pas l'intégrité et donc la sûreté des cuves. Après de nouvelles analyses plus précises conduites par Electrabel en février 2015, un nombre plus important (+60%) de micro-bulles sont découvertes[19]. En janvier 2016, à la suite de ré-inspections ne montrant pas d'influence sur la sûreté des cuves, ni d'augmentation de la taille/nombre de flocons dans le temps, la production d'électricité de Doel 3 a été relancée[20],[21].
Visites
Le centre de visite et d'information de la centrale nucléaire de Doel a ouvert ses portes en janvier 1997. Depuis lors, l'Infocenter a accueilli plusieurs dizaines de milliers de visiteurs[22].
Notes et références
- « La centrale de Doel en zone très peuplée », sur www.vrt.be,
- Kerncentrale Doel in dichtstbevolkte gebied, deredactie.be
- Doel 1 (base de données PRIS), AIEA, 2 avril 2022
- Doel 2 (base de données PRIS), AIEA, 2 avril 2022
- Doel 3 (base de données PRIS), AIEA, 2 avril 2022
- Doel 4 (base de données PRIS), AIEA, 2 avril 2022
- rtbf.be - 18 décembre 2014 : Accord sur le nucléaire: Doel 1 et 2 prolongés de 10 ans
- rtbf.be - 2 avril 2021 : Sortie du nucléaire : la moitié de l'Europe consultée dès le 15 avril sur la prolongation de Doel 1 et 2
- Réacteurs nucléaires de Doel 1 et 2 : une consultation populaire ouverte à tous, dans un rayon de 1000 kilomètres, rtbf, 15 avril 2021
- ANS Nuclear Newswire
- Article RTBF
- AFCN, rapport annuel 2010, pages 22-25
- Communiqué de Presse, Electrabel, mars 2011
- rtl.be - 25 mai 2012 : Anomalie détectée à la centrale nucléaire de Doel 2
- RFI, « Nucléaire: Nucléaire : un réacteur arrêté pour cause de fissures en Belgique », Radio-France Internationale, (lire en ligne)
- « Fermeture de Doel 4: "Une manœuvre manuelle et délibérée" », sur Le Vif/L'Express, (consulté le ).
- « Doel 1 a tiré sa révérence », sur www.7sur7.be, (consulté le )
- phys.org
- « Nucléaire belge : découverte de nouvelles fissures sur les cuves de Thiange 2 et Doel 3 », sur http://www.actu-environnement.com/, (consulté le )
- foronuclear
- « Pas d'évolution des flocons d'hydrogène à Doel 3 | AFCN - Agence Fédérale de Controle Nucléaire », sur afcn.fgov.be (consulté le )
- http://www.electrabel.com/whoarewe/nuclear/visit_us_doel.aspx
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
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