Château de Montjardin
Le château de Montjardin est un ancien château fort belge situé dans le village de Remouchamps, en province de Liège. Le Château, construit tel un nid d’aigle sur ordre de Jean l'Aveugle en 1327 fait partie intégrante du domaine ; il est un témoin important du patrimoine architectural médiéval[1].
Château de Montjardin | ||
Période ou style | Médieval | |
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Type | Château fort | |
Début construction | 1327 | |
Propriétaire initial | Jean l'Aveugle, Roi de Bohème, Comte de Luxembourg | |
Destination initiale | militaire | |
Propriétaire actuel | Fondation Jean l'Aveugle - Château de Montjardin | |
Coordonnées | 50° 28′ 34″ nord, 5° 42′ 40″ est | |
Pays | Belgique | |
Région | Région wallonne | |
Province | Province de Liège | |
Commune | Aywaille | |
Géolocalisation sur la carte : Belgique
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Un premier château, dont il ne reste aujourd'hui que quelques pans de murs, se trouvait à la limite des communes de Remouchamps et d'Aywaille sur la hauteur de Dieupart. La légende de la Dame de Montjardin écrite par Marcellin La Garde remonte au haut Moyen-âge. Elle conte l'histoire d'Hedwige, une habitante de Trèves qui avait épousé le Seigneur de Montjardin. Herman, l'intendant d'Hedwige l'avait accompagnée. Lorsque le Simon de Montjardin mourut peu de temps après, Hedwige hérita de la seigneurie et Herman se comporta en seigneur tyrannique. Un minnesinger, sorte de trouvère germanique passa par Montjardin et chanta un lied qui ressemblait fort à la coupable vie des nouveaux seigneurs de Montjardin. De peur d'être démasqués et accusés du meurtre de Simon de Montjardin, le couple décida d'enfermer le trouvère dans une cave secrète du château dont la lourde porte se referma sur Herman et son prisonnier, causant leur mort de faim et de soif. Hedwige en découvrant leurs cadavres enlacés comprit que le minnesinger était leur fils qu'ils avaient dû abandonner à la naissance par faute de moyens pour l'élever.
Au XIVe siècle, une tour de garde fut érigée 160 pieds au-dessus de l'Amblève, puis accommodée au cours des siècles.
Montjardin ne fut vendu que deux fois au cours de son histoire, preuve que les héritiers du domaine tenaient leur legs en haute estime. En 1640, le château brûla et son propriétaire, Albert de Ligne le céda à Sébastien Daems qui le restaura et lui donna l'aspect qu'il garda jusqu'au XIXe siècle[2].
Le pont-levis représenté ici fait probablement référence à un bâti plus ancien. Il est vraisemblable qu'il n'en était plus équipé à la fin du XVIIe siècle. Des traces dans la façade Ouest laissent penser que le pont-levis se trouvait bien vers l'amont et non vers le sud. Les vignes et les jardins sont clos de murs. Le carrosse dans la cour de la ferme est anachronique. Aucune route ne conduisait à Montjardin auquel on accédait uniquement à pied ou à cheval avant le XIXe siècle et la route la plus proche allait de Liège à Spa. Les chargements étaient pour leur part hâlés sur la rive droite de l'Amblève depuis l'Ourthe et la Meuse. Le chemin de halage ne remonte la rivière que jusqu'à Remouchamps. Un passage d'eau existait au pied du château et la barque représentée est historiquement défendable. Les latrines donnant sur la vallée n'apparaissent nulle part ailleurs et sont probablement de l'imagination de l'auteur. L'ombre du château projetée sur le mur de la ferme donne une orientation Nord-Est du soleil. Le croquis a dû être exécuté un petit matin d'été, lorsqu'il est déjà haut dans le ciel.
Le tableau d'Allaert van Everdingen qui se trouve au Mauritshuis de La Haye a été exécuté à la même époque. Les proportions et les détails correspondent à des représentations postérieures ce qui lui donne de la crédibilité.
Lorsqu'en 1730, Louis de Villegas hérita de Montjardin, il n'avait que dix-neuf ans. Le domaine était grevé d'importantes rentes et d'une hypothèque que son propriétaire ne parvînt à honorer. Adjugé publiquement en 1733 à Marie-Claire Gallo qui ne s'acquitta pas du prix, il fut à nouveau adjugé sur folle enchère en 1734 à Jacques de Theux pour la somme de trente-et-un mille trois cents florins (environ cent dix kilogrammes d'or)[2].
Ce dessin original d'Isabelle van der Vreken montre de nombreux détails historiquement vérifiables par opposition aux perspectives et aux proportions approximatives. Sous le mur de la ferme apparaissent des jardins à la française ainsi que trois arches construites pour offrir une surface plane. Le propriétaire de l'époque était le Chanoine tréfoncier Barthélémy de Theux à qui Montjardin doit l'aménagement de son parc[2].
Sur cette photographie du château datant de 1868, on peut constater que des éléments architecturaux ont été ajoutés. La ferme a pris de l'ampleur. Le château quant à lui n'a quasi pas été modifié.
En 1868, le chevalier Xavier de Theux, cadet de sa famille hérita du domaine et fit construire un deuxième château, monumental, juste à côté de l'autre. Il pût ainsi y loger sa nombreuse famille qui ne comptait pas moins de quinze enfants. Il y avait aussi installé sa prestigieuse bibliothèque. Sa domesticité était logée sur place ainsi qu'au hameau de Hénumont se trouvant sur le domaine.
Dans la nuit du 4 au 5 mars 1927, la tour ronde renfermant le puits permettant de remonter l'eau de l'Amblève lors d'un siège s'effondra dans la rivière, emportant une partie de l'édifice dans sa chute. Le Chevalier Guy de Theux reconstruit l'ensemble en respectant le style renaissance de cette aile du bâtiment.
La deuxième guerre mondiale causa d'importants dommages aux deux châteaux. Le pont du chemin de fer situé à cent mètres fut dynamité à deux reprises, le 10 mai 1940 et en août 1944, successivement par l'armée belge et par l'armée belge des partisans qui harcelaient l'occupant. Au cours de l'automne 1944, le nouveau château accueillit un hôpital militaire américain ainsi qu'un détachement des T-forces[3].
Les deux châteaux avaient subi d'importants dégâts : à chaque fois, les châssis de fenêtres avaient été soufflés par l'explosion et par des débris de pierre, de béton et d'acier qui volaient en tous sens. Les murs du donjon du vieux Château, conçus pour résister aux tirs de canons avaient tenu lors des déflagrations. Le nouveau château, plus à l'écart, mais plus fragile fût plus endommagé. La toiture fut percée de toutes parts par des débris volants. Les barbacanes, cheminées et autres superstructures en pierre de taille subirent également les assauts des explosions. De nombreux éléments de la façade Nord déscellés et déstabilisés menaçaient de s'écrouler. Cette aile fut finalement démontée en 1980 pour prévenir les accidents.
L'aile sud, qui abritait les dépendances, était moins abimée. Elle fut restaurée en 1971.
Depuis 2016, l'accent est mis sur une gestion basée sur le respect de la nature et de la biodiversité. Le Domaine de Montjardin devient ainsi le premier domaine à recevoir le prestigieux label « Wildlife Estates » dans la commune d’Aywaille. Ce label, soutenu par l’Union européenne, récompense les propriétaires pour leurs efforts de gestion en faveur de la nature et de la biodiversité. 1.7 million d’hectares de terres privées et publiques sont déjà labellisées en Europe. Les objectifs de gestion du domaine sont l’entretien du patrimoine historique, l’implication des acteurs locaux, le développement durable, l’utilisation d’énergies renouvelables, et le développement d’un tourisme responsable et respectueux des écosystèmes.
Ce bâtiment a cette particularité qu'on peut aussi bien l'admirer d'en bas (dans la vallée) que d'en haut (lorsque l'on passe sur l'autoroute E25 Liège- Luxembourg à hauteur de Aywaille- Remouchamps Sortie n°46).
Le domaine qui appartient à la Fondation Jean l’Aveugle - Château de Montjardin, est géré par la famille de Theux de Meylandt et Montjardin depuis 1734.
Notes et références
- P. Aimont, Aqualia, Bomal, Jean Petitpas, , 310 p., p. 58
- Joseph de Theux de Montjardin, Histoire de la seigneurie de Montjardin et de la Porallée miraculeuse, NBruxelles, Fr. Gobbaerts, , 102 p. (lire en ligne), p. 5
- (en) « History of T-Force Activities »
Description dans l'Inventaire du patrimoine culturel immobilier de Wallonie