Château de Wettin

Le château fort de Wettin est une forteresse médiévale surplombant la ville de Wettin dans l’Arrondissement de Saale en Saxe-Anhalt. Il fut le fief d'origine des margraves de Misnie, les Wettin, d'où sont issues plusieurs familles régnantes d'Europe. Il a fait l'objet de nombreux aménagements au fil des siècles.

Château de Wettin

L'enceinte extérieure, avec la Saale au premier plan
Nom local Burg Wettin
Période ou style style baroque
Type château fort
Début construction 900
Fin construction 1000
Propriétaire initial Thierry II de Brehna et d'Eilenberg
Destination initiale château fort
Propriétaire actuel Arrondissement de Saale
Destination actuelle École d'arts plastiques
Coordonnées 51° 34′ 59,3″ nord, 11° 48′ 38,15″ est
Pays Allemagne
Land (Allemagne) Saxe-Anhalt
Arrondissement (Allemagne) Arrondissement de Saale
Localité Wettin
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Géolocalisation sur la carte : Saxe-Anhalt
Le château de Wettin vu de l'est. On voit au premier plan les basses-œuvres, à l'arrière-plan le donjon.
Le château de Wettin, son donjon et l'Hôtel Menius.

Histoire

Le fort ottonien

Comme la plupart des châteaux-forts, les circonstances de la construction du burg des Wettin reste entouré de mystère. On s'accorde à penser qu'il existait un fort à cet endroit dès l’ère carolingienne, qui devint par la suite un poste-frontière. La première mention écrite de cette forteresse se trouve dans un diplôme de l’empereur Othon Ier daté du où l'on peut lire Vitin civitas (cité de Wettin). D'après ce document, Wettin est une châtellenie de l’abbaye Saint-Maurice de Magdebourg soumise à la dîme. En 1157, le château est cité de nouveau : « In burcwardo Witin in villa que dictur Pothegrodice (...au château de Witin, dans une ferme appelée Pothegrodice) », ainsi qu'en 1126 (sous le nom de « Witin »). Le domaine de Pothegrodice, en allemand « Pögritz », vient du slave podgrad, qui signifie « en contrebas du château ». On ignore si ce toponyme désignait une colonie slave dépendant d'une motte slave ou un château saxon postérieur. En tout cas, Wettin fut très tôt le centre d'un fief stratégique. Cette citadelle de marche dépendait du margrave Rikdag. Son cousin, Dedi de Hassegau, obtient la suzeraineté sur le Comté de Wettin au Xe siècle[1].

Les Annales de l'Abbaye d'Altzelle citent Thierry II comme le premier comte de Wettin.À l'issue de l'assassinat de Thierry en 1034, c'est son fils Thimon qui devient comte. Son fils Conrad dit « le Grand » occupe une place importante dans l'histoire de la Saxe. Il fit de ce château son palais à partir de 1091[2].

La dynastie des comtes de Wettin a donné au Saint Empire de multiples landgraves et margraves (par ex. ceux des Marche de Misnie, de Thuringe), les princes-électeurs de Saxe et de Thuringe), plusieurs rois de Pologne et d'autres pays d'Europe.

Les fouilles menées dans les années 1930 par l’archéologue Paul Grimm ont mis au jour des soubassements en torchis qui pourraient remonter au Xe siècle au bord des à-pics, cependant que les remblais du flanc Nord-ouest du donjon pourraient être des vestiges d'une palissade primitive entourée de fossés[3]. Les murailles les plus anciennes sont recouvertes de remparts de m de hauteur, remontant à 1100 environ (cette datation a pu être faite grâce aux éclats de poterie retrouvés). C'est ainsi qu'on a pu établir que le château d'origine occupait l'enceinte basse du château actuel[4].

Le temps des burgraves

En 1123, le margrave Conrad nomma comme brurgaves de Wettin des ministeriel, les von Schochwitz. Ils durent laisser la place à Heinrich, le fils de Conrad, en 1156. L'édification de la citadelle, l’Oberburg, réservé au burgrave, doit être liée au retour du comte. Le piton rocheux comptait à l'époque deux donjons, dotés chacun d'un poste de garde[5],[6].

La lignée comtale des Wettin s'éteignit en 1217, et le fief de Wettin alla aux comtes de Brehna. Othon IV de Brehna le revendit le à l'archevêque Éric de Brandebourg et en fit un octroi de l'archidiocèse. Les comtes de Brehna étaient des templiers. Le comte Frédéric II tomba le devant les murs de Saint-Jean-d’Acre, et en 1240 son fils Dietrich fit don de Mücheln à l'Ordre du Temple.

L'octroi

La famille roturière du nom de Wettin qui eut la tenure du château pendant quelques décennies n'a pas de lien de parenté avec la lignée des margraves.

L'histoire ultérieure du château est intimement mêlée à ses nombreux changements de propriétaires après 1300. La citadelle et l'enceinte basse connurent de ce point de vue des destins différents. Les plus importants propriétaires de la citadelle auront été l'archevêque von Schraplau et les comtes von Trotha. Ces derniers prennent possession du haut-château en 1440. En 1592, l'héritage de von Schraplau en fit un fief du Brandebourg[2].

La citadelle est dotée d'un corps de garde en 1565. On voit aux gravures de Matthäus Merian que dès 1640 le donjon de la citadelle est en ruines, et il sera finalement rasé en 1697. L'incendie de la ville, en 1660, n'épargna pas l'enceinte basse du château. Les comtes von Trotha revendirent leur fief en 1663 à Johann Heinrich von Menius, qui entre 1663 et 1689 s'y fit édifier côté ville l’hôtel particulier que l'on voit aujourd'hui[5].

L'archevêque Friedrich III von Beichlingen revendit l'enceinte basse de Wettin en 1446 à Koppe von Ammendorf et à Caspar aus dem Winkel. Les barons d'Ammendorf occupèrent l'aile de la Saale et les Winkel l'aile urbaine, jusqu'à ce qu'en 1555 ils rachètent l'aile des Ammendorf. Vers 1600, Christoph aus dem Winckel reconstruisit tout ce château[2]. Le corps de logis de la cour intérieure de l'aile Saale fut doté de trois pignons baroques. Les hautes tours de l'angle nord datent de 1606[6]. De 1768 à 1770, le corps d'angle sera reconstruit dans le style rocaille[5].

Période contemporaine

En 1795, les Winkel revendirent le fief de Wettin aux comtes von Merode, lesquels le rétrocédèrent le au prince Louis-Ferdinand de Prusse. Louis-Ferdinand le fit réaménager en palais jusqu'en 1806, année de sa mort[2]. Puis l'enceinte extérieure fut louée à des industriels qui y installèrent une brasserie et une distillerie. La grande porte Nord fut démantelée entre 1806 et 1813 pour donner à la chaussée une largeur suffisante. Vers 1830, on abattit les étages supérieurs des corps de logis Nord et sud, en 1840 la chapelle Saint-Pierre et enfin en 1860 ce qui restait du donjon. Plusieurs ateliers sont restés en activités jusqu'au XXe siècle, et confèrent sa physionomie actuelle au château[5]. La porte fortifiée de l'enceinte extérieure fut réaménagée par les Nazis en école des cadres du parti. Après l'armistice, on y aménagea des logements, puis elle servit de lycée agricole. Depuis 1990, le château est propriété de l'Arrondissement de Saale.

Le lycée

Depuis 1991, le château a été réaménagé en internat et lycée professionnel des Beaux-Arts, le seul d'Allemagne moyenne. Les élèves peuvent y passer l'Abitur. Ce lycée entretient des contacts particuliers avec l'École des Arts Plastiques et du Design de Giebichenstein (Hochschule für Kunst und Design) à Halle.

Galerie

Bibliographie

Notes

  1. D'après Hermann Wäscher, Feudalburgen in den Bezirken Halle und Magdeburg, Berlin, Henschelverlag Kunst und Gesellschaft, .
  2. D'après Siegmar von Schultze-Galléra, Die Burg Wettin : ihre Baugeschichte und ihre Bewohner, Halle an der Saale, Verlag Wilhelm Hendrichs, .
  3. D'après Paul Grimm, « Ausgrabungen auf der Burg Wettin », Thüringisch-Sächsische Zeitschrift für Geschichte und Kunst, no 26, .
  4. D'après Paul Grimm, Die vor- und frühgeschichtlichen Burgwälle der Bezirke Halle und Magdeburg, Akademie-Verlag Berlin,
  5. D'après Siegmar von Schultze-Gallera, Topographie der Burg Wettin nach neueren Forschungen, Kalender für Halle,
  6. D'après C. Plathner, « Die Türme der Burg Wettin », Thüringisch-Sächsische Zeitschrift für Geschichte und Kunst, no 26, .

Voir également

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