Chélicère
La chélicère (prononcer /ke.li.sɛʁ/) est un appendice pair caractéristique des chélicérates, super-classe comprenant les arachnides (araignées, scorpions, acariens), les mérostomes (limules) et les pycnogonides. Le mot est formé à partir des mots grecs χηλή (khêlê), « pince » et κέρας (kêras), « corne ».
Proche de la bouche, les chélicères se terminent par des crochets ou des pinces. Elles ne doivent pas être confondues avec les pédipalpes, une paire de membres également fixés sur la tête, qui peuvent ressembler à des « pinces » souples et servent à palper (et, chez les mâles, à la reproduction).
Forme et anatomie
Selon les espèces, la chélicère prend la forme d'un crochet ou d'une pince, et présente une grande variété de taille, de forme, de couleur et de texture. Ces éléments anatomiques font partie des critères de classification de certaines espèces, chez les scorpions par exemple[1].
Chez les arachnides, la partie basale de la chélicère comprend tout ou partie de la glande à venin (qui exprime du venin quand elle est pressée par la gaine musculaire qui l'entoure)[2].
Les chélicères sont entièrement commandées par le cerveau, ce qui permet à l'araignée d'injecter une dose de venin adaptée à la taille de sa proie, ou de mordre à sec le cas échéant[2]. Certaines espèces de la famille des Scytodidae peuvent aussi cracher une soie venimeuse : mécanisme à la fois de chasse et de défense.
Des malformations des chélicères sont parfois observées, par exemple chez les Opilions[3].
- La mygalomorphe Atrax robustus en posture d'intimidation ; ses puissantes chélicères sont bien adaptées à l'attaque et à la traction.
- Chélicères d'une araignée-loup (famille des Lycosidae), à demi-dissimulées derrière ses pédipalpes.
- L'araignée sauteuse Phidippus audax présente des chélicères aux reflets métalliques. Ses pédipalpes sont aussi visibles.
- Vue 3D des chélicères d'une araignée sauteuse après retrait des pédipalpes qui les cachaient en partie.
Embryologie
Les chélicères sont constituées d'un segment de base qui s'articule avec le céphalothorax et d'une partie formant les crocs qui s'articule avec le segment de base[2].
Lors du développement embryonnaire, la chélicère d'abord placée derrière l'ouverture buccale devient peu à peu un appendice pair au fur et à mesure de l'évolution des membres alentour.
La chélicère pourrait être rapprochée des deux antennes des crustacés[réf. nécessaire].
Le croc ou crochet
C'est la partie terminale des chélicères, une sorte d'équivalent fonctionnel organique de l'aiguille hypodermique.
Ce sont les crochets qui pénètrent la peau, la fourrure, ou l'exosquelette ciblé par l'araignée.
Leur premier rôle est d'envenimer la proie d'une araignée : insectes et autres petits arthropodes chez la plupart des espèces[2], mais il existe des araignées capables de pêcher et manger de petits poissons.
La morsure
L'envenimation par morsure d'araignée s'appelle « aranéisme »[4].
Quand une araignée mord, les deux parties de la chélicère se rejoignent un peu à la manière d'un couteau pliant, et quand elle se fait menaçante ou se prépare à mordre l'araignée ouvre généralement l'angle des crocs avec la partie basale des chélicères, ainsi que l'angle de la partie basale avec le céphalothorax[2].
Chez les Mygalomorphae, l'angle des pointes des crocs ne change pas beaucoup, mais chez d'autres araignées les pointes des crocs s'éloignent et s'élèvent fortement[2].
L'araignée australienne Atrax robustus est réputée pouvoir percer de ses chélicères une chaussure de cuir souple.
Fonctions
La chélicère est un véritable « membre-outil » chez les arachnides, pour lesquelles mordre et traîner des proies sont des actions courantes réalisées grâce à leurs chélicères.
Il s'agit dans la très grande majorité des cas d'un organe venimeux. Hormis pour la famille des Uloboridae, toutes les araignées connues ont des glandes à venin, situées dans les deux segments de la chélicère, et s'étendant chez la plupart des araignées jusque dans le céphalothorax[2].
L'araignée injecte son venin par deux canaux à venin qui aboutissent aux deux ouvertures situées à l'extrémité des crochets effilés quand elle mord sa proie ou se défend.
Les femelles de certaines espèces d'araignées transportent leur cocon ovigère avec leurs chélicères[5]
Notes et références
- Vachon M (1963) De l’utilité, en systématique, d’une nomenclature des dents des chélicères chez les Scorpions. Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, 35, 161-166.
- (en) Rainer F. Foelix (1996), Biology of Spiders ; 2e édition ; éditeur = Oxford University Press ; (ISBN 0-19-509594-4)
- Juberthie C (1963) Monstruosités observées chez les Opilions. Bull. Mus. nat. Hist. nat. 2e sér, 35(167.171).
- De Haro, L. (2010). Aranéismes en dermatologie: de nombreuses difficultés diagnostiques. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Vol. 137, No. 12, pp. 765-767) dec 2010. Elsevier Masson.
- Lécaillon, A. (1905). Sur l’origine de l’habitude qu’ont les femelles de certaines araignées de porter leur cocon ovigère]avec leurs chélicères. C. r. Séanc. Soc. Biol, 57(2), 33-35.
Voir aussi
- Araignée
- Insectes
- Glande à venin
- Morsure d'araignée
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