Championnats d'Europe d'aviron 1920

Les championnats d'Europe d'aviron 1920, vingt-deuxième édition des championnats d'Europe d'aviron, ont lieu le à Mâcon, en France.

Championnats d'Europe d'aviron 1920
Vue de la compétition depuis l'arrivée.
Généralités
Sport Aviron
Organisateur(s) Fédération internationale des sociétés d'aviron
Édition 22e
Lieu(x) Mâcon
France
Date

Navigation

Il s'agit de la première édition des championnats d'Europe après la Première Guerre mondiale. Quatre nations participent à la compétition. La Suisse domine le classement des médailles devant la France.

Plusieurs athlètes médaillés avant la Première Guerre mondiale obtiennent des médailles. Le quatre avec barreur suisse remporte la médaille d'or. Deux semaines plus tard, ce bateau remporta le titre olympique lors des Jeux olympiques de 1920.

Organisation

Sélection de la ville hôte

La Fédération royale belge d'aviron propose de supprimer cette édition des championnats d'Europe en raison de la tenue des Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers[FISA 1],[1]. Dans ce cas, les Jeux olympiques auraient également délivrer les titres européens[FISA 1]. La Fédération française d'aviron souhaite maintenir ces championnats et les organiser comme en 1894 à Mâcon ainsi que le congrès de la FISA[FISA 1],[2]. La FISA soutient dans un premier temps la proposition belge[3]. À la Suite de l'insistance de la France, la FISA lance une consultation auprès des pays membres pour recueillir leurs opinions[4]. La majorité des pays étant pour l'organisation des Championnats d'Europe à Mâcon, la FISA accepte finalement cette proposition[5],[FISA 1]. En avril 1920, la Fédération française d'aviron charge la Société des régates mâconnaises de l'organisation des championnats de France et d'Europe[SRM 1]. La Société des régates mâconnaises a été fondé en 1873 et est l'une des plus anciennes sociétés d'aviron françaises[SRM 1]. L'organisation de la compétition a reçu « d'importantes subventions de la Municipalité et du conseil général »[SRM 2]. 12 000 francs sont affectés rien que pour les indemnités de transports des « équipiers » et du matériel[6]. Des sommes de 1 500 francs et de 10 000 francs sont affectés pour des dépenses similaires pour les Championnats du Sud-Ouest et de France qui sont organisés quelques jours plus tôt également à Mâcon[4],[5].

Nations participantes

La FISA compte six fédérations membres : la Belgique, la France, les Pays-Bas (en), l'Italie, la Fédération d'aviron russe et la Suisse[4]. Sur ces six nations membres, les Pays-Bas et la Russie n'envoient pas de délégations[SRM 3]. Les nations ne peuvent engager qu'un seul bateau dans chaque course[7]. Les fédérations ont envoyé leurs champions nationaux pour cette compétition[SRM 4].

L'Allemagne avait intégré la FISA en 1913 et dominée les Championnats d'Europe d'aviron 1913[FISA 2],[FISA 3]. En raison de la Première Guerre mondiale, la Deutscher Ruderverband est exclue de la Fédération internationale[8].

Lors du congrès de la FISA le , les demandes d'affiliations de la Fédération espagnole d'aviron et de la Fédération de Tchécoslovaquie sont acceptées alors que celle de la National Amateur Rowing Association (en) est repoussée au prochain congrès[FISA 1]. À la fin de l'année 1920, la FISA compte donc 8 fédérations affiliées[FISA 1].

Site de la compétition

Plan du site de compétition

Les courses ont lieu sur le bassin du club de Mâcon[9]. Il s'agit d'un bassin de km[FISA 4],[9]. Le bassin est situé sur la Saône en amont de la ville[FISA 4]. À cet endroit la rivière est large, plus de 200 m de large, et très profonde[FISA 4]. L'arrivée est situé au niveau du quai du Breuil[10].

Ce bassin, surnommé le « bassin des championnats »[SRM 5],[11], avait déjà été utilisé lors des Championnats d'Europe d'aviron 1894[SRM 1]. De plus, il est régulièrement utilisé pour les championnats de France d'aviron notamment en 1920[SRM 1].

La qualité de l'organisation est salué par un journaliste du Lyon-Sport[SRM 6]. Il juge l'organisation parfaite avec la construction d'un garage pour les bateaux des concurrents, des douches, des vestiaires, un service de voitures automobiles et le téléphone[SRM 6].

La municipalité de Mâcon demande aux habitants de décorer la ville en l'honneur des championnats afin de « recevoir dignement les nombreux étrangers qui nous feront l'honneur d'être nos hôtes »[SRM 7]. Les Mâconnais s’exécutent notamment en fleurissant la ville et en posant des guirlandes[SRM 7]. Finalement, « les rues sont méconnaissables »[SRM 7],[12].

Calendrier des épreuves

Vue de l'arrivée

Il y a cinq épreuves au programme[FISA 1],[13] :

Des courses intercalaires sont ajoutés afin que les athlètes aient des temps de repos entre les courses et qu'il n'y ait pas de « temps morts » pour le public[5]. Les inscriptions pour ces courses étaient possibles jusqu'au (22h) pour les athlètes non sélectionnés[5].

L'ordre des courses est le suivant[5] :

Horaires de la compétition
Prix Course Horaire
Prix de la FranceQuatre de pointe avec barreur (4+)14:00
Course intercalaire de deux de pointe avec barreur14:30
Prix de BelgiqueSkiff (1x)15:00
Course intercalaire de quatre rameurs débutants en yoles de mer15:30
Prix de l'AdriatiqueDeux de pointe avec barreur (2+)16:00
Course intercalaire de huit rameurs en pointe avec barreur16:30
Prix de la SuisseDeux rameurs en couple (2x)17:00
Course intercalaire skiff17:30
Course intercalaire quatre de pointe avec barreur18:00
Prix de l'ItalieHuit de pointe avec barreur (8+)18:20

Déroulement de la compétition

Avant la compétition

Le , les championnats de la Fédération Lyonnaise et du Sud Est ont eu lieu sur le bassin[14],[SRM 8]. À l'époque, la France compte une centaine de sociétés le pays est divisé en huit fédérations régionales[14]. Les vainqueurs de chaque course sont qualifiés pour les championnats de France[SRM 9],[SRM 10]. La compétition rassemble dix sociétés[SRM 11]. Le départ de la course est donné par le préfet de Saône-et-Loire, Monsieur Jean-Joseph Lamy-Boisroziers[SRM 11]. Le public est nombreux et les tribunes sont insuffisantes pour accueillir tous les spectateurs[SRM 6],[SRM 11].

Le matin du , la Fédération française d'aviron tient un congrès dans le salon des mariages de la mairie de Mâcon[SRM 12]. L'après-midi, les championnats de France ont lieu avec 27 sociétés participantes[15],[SRM 12]. Gaston Giran a dû s'employer pour remporter la course en skiff devant Dupré du club de l'Union nautique de Villefranche[16],[SRM 13],[SRM 14]. Alfred Plé et Gaston Giran ont remporté facilement le deux rameurs en couple[16],[SRM 15]. Gabriel Poix et Maurice Monney-Bouton l'emporte facilement en deux de pointe avec barreur[16],[SRM 14]. Le Club nautique de Rouen gagne difficilement devant l'Aviron bayonnais en Quatre de pointe avec barreur[16],[SRM 16]. L'épreuve du huit a été à nouveau disputé le lendemain car l'équipe gagnante, la C.A Strasbourg, avait un barreur trop léger[16]. Lors de la deuxième course, l'équipe mixte Lyon-Villefranche l'emporte[16]. Les champions de France sont sélectionnés pour les championnats d'Europe du 15 août[SRM 17].

Le , la FISA tient le 23e congrès de son histoire, le premier depuis la fin de la Première Guerre mondiale[FISA 1]. Ce congrès a lieu dans un salon de l’hôtel de ville de Mâcon et il rassemble 13 délégués représentant 7 fédérations[FISA 1]. Pour la première fois, un représentant de la National Amateur Rowing Association (en) (une des deux associations britanniques) est présent[FISA 1]. Le même jour, une « journée sportive » est organisé dans le cadre des « Fêtes de Mâcon »[17]. Il est notamment organisé un concours interdépartemental de boules, une course cycliste extra-régionale, une traversée de la Saône à la nage ou encore un tour de Mâcon pédestre[18].

Récit de la compétition

Gabriel Poix et Maurice Monney-Bouton à l'arrivée

Les épreuves ont débuté à 14h[15]. Le temps est incertain mais il fait beau pendant les courses[FISA 1],[SRM 8]. Cependant, le vent souffle, dans le sens des courses[FISA 1]. « La foule est énorme, les tribunes ont été littéralement prises d'assaut »[SRM 18]. « Une foule incalculable » a envahi les deux rives[SRM 8]. La Vie au grand air estime à 25 000 le nombre de spectateurs[19].

De nombreuses personnalités politiques sont présentes dans les tribunes notamment Adolphe Landry, Ministre de la Marine qui préside la compétition[SRM 18],[18].

Dans le Quatre de pointe avec barreur, Hans Walter, titré en 1911, Paul Rudolf, titré en 1912, Willy Brüderlin et Max Rudolf remportent la course[FISA 1]. L'équipe suisse a pris la tête après 1 500 m et s'impose avec plusieurs longueurs d'avance[SRM 19]. Ce bateau sera sacré champion olympique deux semaines plus tard à Bruxelles lors des jeux olympiques de 1920 à Anvers[FISA 5].

Le zurichois, Max Schmid, mène toute la course et remporte facilement la course de Skiff[FISA 1],[SRM 19]. Gaston Giran a brisé une rame au début de la course et a abandonné au 1 000 m[15],[12].

En Deux de pointe avec barreur, Gabriel Poix et Maurice Monney-Bouton, vainqueurs en Championnats d'Europe d'aviron 1913, conservent leur titre[FISA 5]. Ils l'emportent de justesse devant l'équipage suisse[FISA 5],[SRM 20],[20]. L'équipage belge a abandonné[FISA 5].

En Deux rameurs en couple, Alfred Plé et Gaston Giran l'emporte en 7 min 9 s[FISA 5]. La course fut très serrée entre le bateau français et le bateau suisse[SRM 20]. Le bateau français se détacha en fin de sourse et s'imposa avec une longueur sur le bateau suisse[12],[SRM 20].

La course du Huit de pointe avec barreur est dominée par le favori[12], l'équipage suisse mené par Hans Walter[FISA 5]. La course a été serrée jusqu'au 1 000 m[SRM 21]. À partir du kilomètre, la Suisse creuse l'écart et elle remporte la course avec près de 0 min 10 s d'avance[FISA 5],[SRM 21]. Au 1 600 m, la Belgique se détache et prend la deuxième place[SRM 21]. L'Italie domine la France au sprint et prend la troisième place qui l'emporte avec près de 0 min 10 s d'avance[SRM 21].

Bilan de la compétition

Le soir du , un banquet de 200 couverts[15] est organisé dans la grande salle de la Chambre de Commerce[FISA 5]. Ce banquet est présidé par Adolphe Landry, Ministre de la Marine[FISA 5]. Cependant la plupart des athlètes n'y ont pas assisté[FISA 5]. Pour finir, un concert est organisé sur le quai Sud[15].

Selon la Vie au grand air, les championnats de France et d'Europe auraient rassemblé un total de 25 000 à 30 000 spectateurs[21].

Avec trois titres, la Suisse remporte la « Coupe Glandaz »[Note 1] (du nom d'Albert Glandaz, président de la Fédération française d'aviron entre 1905 et 1924 et membre du CIO)[16],[FISA 6]. Cette coupe est attribué au pays ayant remporté le plus de victoires[FISA 6]. Une des raisons invoquées dans la domination suisse est les pertes subies notamment par la France lors de la Première Guerre mondiale. 50 % des rameurs français auraient été tués et il n'y aurait que très peu d'athlètes seniors[16].

Résultats

Max Schmid, vainqueur du skiff
Le 8 vainqueur
Épreuves Or Argent Bronze
Skiff
1x
Suisse
See Club Zurich
Max Schmid
7 min 33 s Italie
Armida Torino
Giovanni di Vaio
7 min 43 s Belgique
Royal Club Nautique de Gand
Jacques Haller
7 min 48 s
Deux de pointe avec barreur
2+
France
Société Nautique de la Marne
Gabriel Poix
Maurice Monney-Bouton
Barreur : Ernest Barberolle
7 min 43 s Suisse
Société Nautique de Genève
Edouard Candeveau
Alfred Felber
Barreur : Paul Piaget
« à un tiers de bateau » Belgique
Société Nautique de Gand
Georges van den Bossche
Oscar van den Bossche
Barreur : ?
Abandon
Deux rameurs en couple
2x
France
Société Nautique de la Marne
Alfred Plé
Gaston Giran
7 min 9 s Suisse
See Club de Bienne
Wilhelm Walter
Karl Schöchlin
7 min 15 s Belgique
Royal Club de Namur
Emile Denis
Paul Wibrant
Abandon
Quatre avec barreur
4+
Suisse
Grasshopper Club Zurich
Hans Walter
Paul Rudolf
Willy Brüderlin
Max Rudolf
Barreur : Paul Staub (en)
6 min 50 s Belgique
Royal Club Nautique de Gand
Jean van Silfhout
Oscar Bekaert
Adrien d'Hondt
Robert de Mulder
Barreur : Jules van Wambeke
6 min 55 s France
Club nautique de Rouen
Testut
Morel
Dussy
Fumagali
Barreur : ?
7 min 1 s
Huit
8+
Suisse
Grasshopper Club Zurich
Hans Walter
Max Rudolf
Willy Brüderlin
Paul Rudolf
Fran Roesli
Franz Türler
Charles Freuler
Rudolf Bosshard
Barreur : Paul Staub
6 min 15 s Belgique
Cercle des régates de Bruxelles
Daniël Clarembaux
Jozef Hermans
Charles Lalemand
René Smet
Gustave De Mulder
Félix Taymans
Julien Crickx
Maurice Requillé
Barreur : ?
6 min 23 s Italie
Canottieri Lario
Giuseppe De Col
Michelangelo Bernasconi
Carlos Caserati
Ambrogio Pessina
Paolino Porta
Edverdo Natella
Enzo Malinverno
Angelo Majelli
Barreur : Plinio Urio
6 min 30 s

Tableau des médailles

Rang Nation Or Argent Bronze Total
1 Suisse3205
2 France2013
3 Belgique0235
4 Italie0112
Total55515

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Louis Meuret, FISA 1892-1992 : Le livre du centenaire de la FISA, Oberhofen am Thunersee, FISA, , 1re éd., 271 p. (OCLC 492583161)
  • Les championnats d'aviron : sud-est-France-Europe, à Mâcon : 8, 13 et 15 août 1920, Société des régates mâconnaises (Mâcon), , 52 p. (lire en ligne). 
  • Annales de l'Académie de Mâcon : société des arts, sciences, belles-lettres et d'agriculture, Académie de Mâcon, , 700 p. (lire en ligne), p. 154-157. 

Notes et références

Notes

  1. Il existe également une coupe Glandaz qui est décerné par la Fédération française d'aviron à la meilleure équipe en quatre de pointe sans barreur senior, hors Championnat de France

Références

  • Livre de la FISA :
  1. FISA 1992, p. 49.
  2. FISA 1992, p. 36.
  3. FISA 1992, p. 37.
  4. FISA 1992, p. 11.
  5. FISA 1992, p. 50.
  6. FISA 1992, p. 47.
  • Livre de la société des régates mâconnaises :
  • Autres références :
  1. « FISA », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 4.
  2. « FISA », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 15-16.
  3. « FISA », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 2.
  4. « A la FISA », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 4.
  5. « Les Championnats d'Europe d'aviron à Macon », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 4-5.
  6. « Causerie lyonnaise », Aviron et la vie sur l'eau, , p. 3-4.
  7. Annuaire français de l'aviron, , 222 p. (lire en ligne), p. 25.
  8. Académie de Mâcon 1920, p. 157.
  9. « Historique », sur regates.maconnaises.free.fr.
  10. « L’avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, ex-quai du Breuil », sur lejsl.com.
  11. Académie de Mâcon 1920, p. 154.
  12. « Les championnats de France et d'Europe d'aviron à Mâcon », Le journal du Loiret, (lire en ligne, consulté le ).
  13. Académie de Mâcon 1920, p. 156.
  14. Académie de Mâcon 1920, p. 155.
  15. « Les championnats d'aviron », Le petit parisien, (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Les championnats d'Europe d'aviron à Mâcon », Le miroir des sports, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Les fêtes de Mâcon », Le courrier de Saône et Loire, .
  18. « Les championnats à l'aviron de France et d'Europe », Le courrier de Saône et Loire, .
  19. « Au fil du mois », La Vie au grand air, (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Championnats européens à Mâcon », Le Journal, (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Les Championnats d'Aviron », La Vie au grand air, (lire en ligne, consulté le ).
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