Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard
La Congrégation des chanoines réguliers des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux (en latin Congregatio Sanctorum Nicolai et Bernardi Montis Iovis, c.r.b.) - plus communément appelée Congrégation des chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard - est une congrégation catholique fondée par saint Bernard de Menthon vers 1050. La congrégation est surtout connue pour sa présence à l'hospice du Grand-Saint-Bernard où elle assure une mission de secours et d'accueil depuis le XIe siècle.
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Congrégation des chanoines réguliers des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux | ||
Repères historiques | ||
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Fondation | vers 1050 | |
Fondateur(s) | saint Bernard de Mont-Joux | |
Lieu de fondation | Col du Grand-Saint-Bernard | |
Siège | Martigny, Suisse | |
Fiche d'identité | ||
Église | Catholique | |
Courant religieux | Chanoines réguliers de saint Augustin | |
Dirigeant | Jean-Michel Girard | |
Membres | 41 | |
Localisation | Suisse, Taïwan | |
Site internet | https://www.gsbernard.ch/ | |
Le prévôt actuel, élu le 29 octobre 2014, est Jean-Michel Girard, né en 1948. Il reçoit la bénédiction abbatiale le 4 janvier 2015.
Histoire
Le monastère de Bourg-Saint-Pierre
Construit au pied du col du Grand-Saint-Bernard, dans le Valais actuel, l'abbaye Saint-Pierre de Montjoux apparaît pour la première fois dans les textes dans les années 810-820, mais sa fondation est méconnue : Quaglia suggère une fondation royale, ainsi qu’un rôle de l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune d’après des données géographiques, politiques, et religieuses. Il suppose également que ce monastère abritait des clercs suivant la règle de saint Chrodegang, tout comme l’abbaye valaisanne. Ce monastère, également nommé Saint-Pierre de Montjoux, possédait des terres jusque dans le pays de Vaud.
Possédant une position stratégique de passage vers l’Italie, Bourg-Saint-Pierre vit passer de nombreuses personnalités, de nombreux pèlerins et de nombreuses reliques. Le monastère fut occupé par les Sarrasins au Xe siècle, et la capture de l’abbé saint Mayeul de Cluny eut lieu tout près du monastère. Au début du XIe siècle, il fut reconstruit et repris son rôle hospitalier avant d’être offert par le roi Rodolphe III de Bourgogne à son épouse Ermengarde[1],[2]. Ceux-ci s’engagèrent à rendre sûr le passage du col, qui était occupé par des bandes de pillards organisés. Cela se fit à la fin des guerres de succession au trône du royaume de Bourgogne, à partir des années 1040.
La vie de saint Bernard de Montjoux
Mort en 1081 ou 1086, saint Bernard est issu d’une famille noble. Traditionnellement, on le dit originaire de Menthon, près d’Annecy (dont le château est conservé). En réalité, il pourrait avoir eu un lien de parenté avec la reine Ermengarde, et avec le premier comte de Savoie Humbert aux Blanches Mains. Quoi qu’il en soit, Bernard devint membre du chapitre d’Aoste, et fut rapidement promu archidiacre. Il fit construire vers le milieu du XIe siècle les monastères du Grand et du Petit Saint-Bernard. C’était un prédicateur itinérant. Il mourut à Novare, et fut inscrit au catalogue des saints en 1123. En 1923, le pape Pie XI le donna comme saint patron aux habitants des Alpes et aux alpinistes.
D'après la légende de saint Bernard de Menthon, qui existe depuis le XVe siècle, saint Bernard serait monté en haut des cols et aurait détruit des restes de cultes païens (statue de Jupiter, et colonne romaine), avant de chasser le diable. Il faut voir ici une référence à l’action du saint ayant sécurisé le passage des cols et établi deux nouveaux monastères. Cette légende est représentée sur un tableau qui se trouve installé dans le chœur du prieuré de Meillerie. D’après les archives du Grand Saint-Bernard, ce tableau aurait été réalisé par un certain M. Bovard pour orner un autel à saint Bernard érigé dans l’église en 1716. Il représente le saint vêtu de blanc, portant une chape rouge à l’extérieur et verte à l’intérieur. Il tient son étole bleue qui se transforme entre ces mains en une longue chaîne enserrant le coup d’un diable représentée sous une forme canine. À sa droite gisent les débris du temple païen qu’il a détruit : des fragments de colonne romaine, et la tête de Jupiter. Derrière le saint, on peut apercevoir un paysage rappelant fortement Meillerie : le prieuré (la tour, les ailes est et nord et la grange à l’Ouest) qui se détache devant des montagnes qui semblent plonger dans le lac Léman.
Expansion
Une première église-hospice dédiée à saint Nicolas existait avant 1100 au Mont-Joux (ancien nom du col du Grand-Saint-Bernard). À la suite de la mort de son fondateur saint Bernard de Menthon, son nom sera ajouté au vocable de l’église dès 1149. La dotation de cet hospice fut principalement constituée par les comtes de Savoie-Maurienne, et dès 1177, l’église de Saint-Pierre figure dans les textes comme une possession du nouvel hospice, alors que les églises voisines appartiennent à l’évêque de Sion. Les terres ainsi que les droits de cet ancien monastère passèrent tous à l’hospice. Les religieux sont appelés « clercs » vers le milieu du XIIe siècle, puis « chanoines » dès 1191.
Le col étant très fréquenté, « un mouvement général de générosité » permet de lui constituer une dotation importante, avec des biens s’étendant du diocèse de Londres au sud de l’Italie. Cela nécessite le développement rapide d’une administration pouvant gérer tous ces biens. Il existait une vraie unité entre l’église et ses desservants, puisqu’aucun d’entre eux ne pouvait posséder de biens. Peu à peu, dans les premières décennies du XIIIe siècle, la situation évolue : le prévôt possède son propre sceau, puis c’est au tour du chapitre. Dès 1265, il existe trois organes différenciés : le chapitre conventuel, le chapitre général, et le prévôt.
D’après les premières constitutions connues, qui datent de 1438, le chapitre conventuel devait être composé de quinze personnes : le prévôt (à la tête de l’ordre), le prieur conventuel, et d’autres chanoines. Il détenait le pouvoir exécutif, et devait résider dans le lieu principal de la prévôté. C’est lui qui procédait à l’élection du prévôt, et administrait la prévôté en cas de vacance.
Le chapitre général se rassemblait tous les ans, soit le 9 mai (jour de la translation des reliques de saint Nicolas) soit le 28 août, fête de saint Augustin, pour plusieurs jours. Il est présidé par le prévôt, et est le seul propriétaire des biens de la prévôté. Tout acte doit être avalisé par lui.
Très tôt, dès le XIIe siècle, la prévôté est dotée de territoires et de biens (églises ou chapelles), soit par des familles nobles, soit par des évêques. Ces biens se situent dans les diocèses de Genève, Fribourg, Lausanne, Sion, mais aussi Turin, Ivrée, et même Londres. Toutefois, c’est dans la région d’Aoste que les dotations sont les plus nombreuses, principalement grâce au culte de saint Bernard qui y était très important. Cela se reflète par l’importance qu’a alors le prieuré de Saint-Bénin, dont le prieur Nicolas devint prévôt (1999-1225).
Le prévôt de l’hospice administrait le lieu pour le compte du prieur de Bourg-Saint-Pierre, mais l’hospice devenant progressivement plus important que ce monastère, son recteur devint naturellement le premier personnage de l’Ordre. Par la suite, les prévôts ne résidant plus à l’hospice, on y installe un prieur (le premier prieur connut exerçait son activité en 1222). Au début, c’est le prévôt qui était chargé de l’administration de tous les biens de l’hospice, la charge de cellérier n’apparaissant qu’au XVe siècle.
Apogée
L'apogée de l'ordre se situe entre le tout début du XIVe siècle et la mise en commende de la prévôté, soit 1302 - 1438. L'administration est en place, l'économie florissante grâce aux fermes de Meillerie, Roche, et les prévôts sont devenus des personnages influents, conseillers les plus proches des comtes de Savoie. À cette période, les prévôts, bien souvent issus de la noblesse d'Aoste, de Savoie ou du Pays de Vaud, ont déjà délaissé l'hospice (où les conditions de vie sont difficiles) pour des résidences qu'ils se font construire au bord du Léman: le prieuré de Meillerie au XIIIe, le prieuré d'Etoy, la ferme de Roche. Cette tendance va en s'amplifiant: Guillaume de Pizy fait construire un château-hospice dans sa localité d'origine, et Hugues d'Arces achète le château de Rives à Thonon-les-Bains, dans le but de se rapprocher de la cour de Savoie, logée au château de Ripaille.
L'École pratique d'agriculture
En 1951, l'administration régionale de la Vallée d'Aoste confie à la Congrégation la tâche de fonder et de gérer l'École pratique d'agriculture de Montfleury à Aoste, dans le but de fournir des connaissances théoriques et pratiques aux jeunes souhaitant devenir agriculteurs. L'Institut agricole régional prend le relais en 1982.
Le Château-Verdun
De 1992 à 2011, une maison d'accueil exerce également le charisme de l'hospitalité à Saint-Oyen, en Vallée d'Aoste, le Château-Verdun. Dès février 2012, il est confié au diocèse d'Aoste.
Aujourd'hui
Les chanoines ont quitté le Tibet et le Yunnan au début des années 1950.
La congrégation ne comprenait au 31 décembre 2005 plus que trois maisons avec 48 religieux, dont 41 prêtres[3]. Selon son site[4], elle comprenait en septembre 2012, 41 membres dont 36 prêtres. La congrégation possède toujours l'hospice du Grand-Saint-Bernard et l'hospice du Simplon, dont certains chanoines s'occupent de trois zones paroissiales environnantes[5] et une troisième maison missionnaire se trouve à Taïwan dans le diocèse de Hualien, auprès des tribus Tarocco, sur la côte est de l'île. Trois chanoines y sont actuellement présents (2012). Les maisons sont fidèles à la vocation d'accueil de la congrégation. La maison prévôtale se trouve à Martigny. C'est ici que demeurent le prévôt et les chanoines à la retraite. Les dernières ordinations remontent à 2001 (deux) et 2005 (une).
La congrégation édite une revue Mission du Grand-Saint-Bernard, depuis 1946, avec trois numéros par an[6].
La présence du Mont-Joux a laissé des traces dans les blasons des villes où les chanoines se sont établis.
- Montpreveyres
- Semsâles
- Meillerie
- Pizy
Abus sexuels
En avril 2022, il est révélé, par la presse, une plainte pénale pour viol sur une mineure, de 16 ans à l'époque des faits, déposée contre un chanoine du Grand-Saint-Bernard. Les faits sont prescrits car ils datent de plus de trente ans mais une enquête canonique est engagée. Par ailleurs le chanoine incriminé est père d'un enfant dans le cadre d'une autre relation mais cette fois-ci consentie. Mais la mère de l'enfant et l'homme d'Èglise n'ont pas souhaité se marier. Aussi, en accord avec le supérieur de l’époque, le chanoine a décidé de rester dans la communauté du Grand-Saint-Bernard. Il est maintenant grand-père[7].
Toujours en avril 2022, une autre plainte est révélée. Il s'agit d'un prêtre de la Congrégation du Grand-St-Bernard, enseignant au sein du Collège Champittet, auteur d'attouchements d’ordre sexuel sur un enfant de 12 ans dans les années 1980. Le prêtre a reconnu l'agression sexuelle et une procédure pénale est engagée[8].
Gouvernement
Liste des prévôts
Le nom des premiers prévôts n'est pas connu avec précision.
Début | Fin | Nom | Remarque |
---|---|---|---|
1127 | 1150 | Arman ? | |
1158 | 1173 | Uldry | |
1174 | ? | Guy | |
1177 | ? | Guillaume | |
1181 | 1206 | Pierre de Laucel | |
1206 | 1208 | Vaucher | |
1213 | 1215 | Arduce | |
1219 | 1224 | Guy d'Aigle | |
1222 | ? | Nicolas (Quarteri) | Ancien prieur de Saint-Bénin |
1225 | 1237 | Pierre de la Porte Pertuis | Chanoine de Saint-Ours, ancien prieur de Meillerie |
1237 | ? | Armand (ou Armod) | |
1240 | 1259 | Falcon | |
1265 | 1273 | Pierre | Ancien prieur de Meillerie |
1274 | 1301 | Martin | Ancien prieur de Meillerie |
1302 | 1316 | Jean de Duin | Ancien prieur d'Etoy |
1317 | 1353 | Guillaume de Thora | Chanoine de la cathédrale d'Aoste |
1356 | 1360 | Rodolphe de Billens | Ancien prieur de Saint-Maire et chanoine de la cathédrale de Lausanne |
1360 | 1374 | Guillaume de Pisy | Ancien prébendier d'Etoy, |
1374 | 1393 | Aymon Séchal | Ancien chanoine de Sion (1374-1393) |
1393 | 1417 | Hugues d'Arces | Conseiller du duc Amédée VIII de Savoie |
1417 | 1438 | Jean d'Arces | Neveu du précédent, ancien prieur de Bissy |
1438 | 1458 | Jean de Grolée | Commendataire, ancien chanoine de Saint-Jean de Lyon |
1459 | 1490 | François de Savoie | Commendataire, fils du duc Louis Ier de Savoie |
1491 | 1494 | Louis de Savoie | Commendataire, fils du duc Philippe II |
1494 | 1509 | Philippe de Savoie | Commendataire, frère du précédent |
1510 | 1524 | Jean de La Forest | Commendataire |
1524 | 1552 | Philibert de La Forest | Commendataire, neveu du précédent |
1552 | 1563 | Benoît de La Forest, fils naturel de Jean de La Forest | Commendataire |
1563 | 1586 | René de Tollen | Commendataire |
1587 | 1611 | André de Tillier | |
1611 | 1644 | Roland Viot | Ancien coadjuteur |
1644 | 1646 | Michel Perrinod | Ancien coadjuteur |
1646 | 1649 | Ours Arnod | Vicaire général |
1650 | 1671 | Jean-Antoine Buthod | Ancien curé d'Etroubles |
1671 | 1693 | Antoine Norat | Aumônier de la cour de Savoie à Turin |
1693 | 1724 | Jean-Pierre Persod | Aumônier de la cour de Savoie à Turin |
1724 | 1728 | Louis Boniface | Ancien coadjuteur |
1728 | 1734 | Léonard Jorio | Ancien prieur de Meillerie |
1749 | 1752 | Jean-Léonard Avoyer | |
1753 | 1753 | Jean-François Michellod | Administrateur général |
1753 | 1758 | François-Joseph Bodmer | Ancien curé d'Orsières |
1758 | 1775 | Claude-Philibert Thévenot | Ancien curé de Sembrancher |
1775 | 1803 | Louis-Antoine Luder | Ancien prieur claustral |
1803 | 1814 | Pierre-Joseph Rausis | Ancien curé de Liddes |
1814 | 1830 | Jean-Pierre Genoud | Ancien curé de Sembrancher |
1830 | 1865 | François-Benjamin Filliez | |
1865 | 1888 | Pierre-Joseph Deléglise | Ancien curé de Sembrancher |
1888 | 1939 | Théophile Bourgeois | Ancien prieur claustral |
1939 | 1952 | Nestor Adam | Évêque de Sion de 1952 à 1977, il meurt en 1990. |
1952 | 1991 | Angelin Lovey | |
1992 | 2009 | Benoît-Barthélémy Vouilloz | |
2009 | 2014 | Jean-Marie Lovey | Nommé évêque de Sion le |
2014 | Jean-Michel Girard | ||
Chanoines renommés
- Laurent-Joseph Murith
- Bienheureux Maurice Tornay
- Gratien Volluz (1929-1966), chanoine et guide de montagne
Notes et références
- Archives départementales de l'Isère, fonds de l'archevêché de Vienne, cote 1G11 ; une publication partielle sur J. Gremaud, Documents relatifs à l'histoire du Vallais, Tome 1 (300-1255), 1875, p. 54. Voir aussi le document en ligne, sa transcription et sa traduction sur .
- Acte du mentionné dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (REG 0/0/1/151).
- Annuaire pontifical, éd. 2007, p. 1450
- Site officiel
- Appartenant au diocèse de Sion
- Elle s'appelait à l'origine Grand-Saint-Bernard-Thibet
- « Un chanoine du Grand-Saint-Bernard accusé de viol sur mineure. », sur Cath.ch, (consulté le )
- « Nouvelle accusation d’abus au sein des chanoines du Grand-St-Bernard. », sur Cath.ch, (consulté le )
- Selon les comptes de la châtellenie d'Entremont et Saxon, un prévôt du Montjoux aurait été assassiné par un certain Jean Mistralis du bourg du Montjoux (Bourg Saint-Pierre) pendant le règne comtal d'Aymon de Savoie, soit entre 1329 et 1343.
Voir aussi
Bibliographie
- Lucien Quaglia, La Maison du Grand-Saint-Bernard des origines aux temps actuels, Martigny, 1972.
- Sidonie Bochaton, Le Prieuré de Meillerie, mémoire de maîtrise universitaire, Lyon, 2010
- Chanoine Jean-Pierre Voutaz et Pierre Rouyer, Découvrir le Grand-Saint-Bernard, Les Editions du Grand-Saint-Bernard, 2013.
- Chanoine Jean-Pierre Voutaz et Pierre Rouyer, Là sera ton cœur, Le trésor, l'église, la crypte de l'hospice du Grand-Saint-Bernard, Les Editions du Grand-Saint-Bernard, 2014.
Articles connexes
Liens externes
- Congrégation des Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard
- Histoire de saint Bernard de Menthon et de la construction de l'Hospice du Grand Saint-Bernard, bibliotheque-monastique.ch
- Inventaire en ligne des archives du Grand-Saint-Bernard
- Chanoines missionnaires au Tibet, Mission-Thibet
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