Mareșal (chasseur de chars)

Le chasseur de chars Mareșal est un concept de chasseur de chars développé dans le royaume de Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est un véhicule similaire au chasseur de chars allemand Hetzer. Six prototypes (M-00, M-01, M-02, M-03, M-04, M-05) ont été construits entre  et . Les prototypes ont été confisqués par l'armée soviétique en , en invoquant les conditions de l'armistice survenu après l'entrée de la Roumanie dans le camp des alliés.

Développement

M-05

Dès les premiers jours de la Seconde Guerre mondiale, le manque de solutions antichars efficaces a été ressenti au sein des unités de blindés de l'armée roumaine. La situation s'est dégradée pendant les rencontres, en 1942, entre les tankistes roumains et les chars soviétiques T-34 et KV-1. En conséquence, la direction de l'armée roumaine a proposé le développement d'un chasseur de chars léger, très mobile, avec une grande puissance de feu, et étant dans les capacités de production de l'industrie roumaine.

L'équipe de recherche, formée du capitaine-ingénieur Gheorghe Simbotin et du major Nicolae Anghel, avait pour mission de réaliser, à partir de pièces détachées, un véhicule de combat parfaitement adapté aux conditions du front de l'Est. La solution a été d'adapter un canon antichar au châssis d'un char léger, par des essais successifs. Le matériel capturé aux soviétiques étant suffisant dans les dépôts de l'armée roumaine, le char T-60 a été choisi pour recevoir un canon soviétique Putilov-Obuhov M1904-1930 de calibre 121,9 mm. Une mitrailleuse ZB-53 de calibre 7,92 mm était également prévue. Le véhicule n'avait pas de tourelle et son compartiment de combat était blindé sur sa partie supérieure, avec 4 plaques d'acier d'une épaisseur de 10-20 mm. Le prototype a été réalisé par les usines Rogifer (antérieurement connues sous le nom de Malaxa) à Bucarest, avec l'aide des ingénieurs Ghiulai et Veres.

Le premier prototype, baptisé Mareșal - ayant l'indicatif M-00, a été essayé dans le polygone de Suditi, près de Slobozia, le . Le châssis a résisté au premier recul du puissant canon de 121,9 mm, mais des problèmes liés à l'ancrage du canon ont été révélés. L'essai a quand-même été un succès pour le petit chasseur de chars, ce qui a encouragé le développement du projet.

Les relations étant complexes entre l'armée et l'industrie, un comité de supervision du projet a été mis en place en , au niveau du cabinet du maréchal Ion Antonescu. Les prototypes améliorés M-01, M-02, et M-03, ont été construits, par l'équipe jusqu'à mi-octobre, dans des ateliers mis à sa disposition aux usines Rogifer. 

Ces véhicules avaient plusieurs différences par rapport au M-00 : ils étaient plus longs de 43,2 cm et plus larges de 13,4 cm ; de plus, le compartiment blindé était soudé, et son intérieur compartimenté, ce qui rendait le véhicule plus robuste. L'équipage était composé de deux personnes, assises en côte-à-côte dans la partie frontale du compartiment de combat. Le conducteur, situé à droite, avait aussi le rôle de tireur, et le chargeur, quant à lui, était situé dans une position au centre et à la gauche du compartiment. Le canon utilisait un projectile type Hohllandung, spécialement conçu pour le combat antichar.

Le , les trois prototypes ont été essayés dans le polygone de Suditi, en présence du maréchal Ion Antonescu. À cette occasion, le canon antichar Reșița 1943 de 75 mm, a été essayé, et a montré des qualités exceptionnelles. Vue cette très bonne prestation, et à la suggestion du colonel Paul Draghiescu, la décision a été prise d'utiliser le canon Reșița 1943, à la place des canons soviétiques capturés, dans les modèles suivants du Maresal. Cette modification a été incorporée dès le prototype M-04.

Dès la fin des essais, le major Nicolae Anghel, chef de l'équipe projet, ainsi que les directeurs des usines Rogifer, ont effectué un déplacement en Allemagne pour se familiariser avec les lignes de montage pour les blindés. Les préparations pour la production en série ont commencé en novembre ; une commission a été mise en place et envoyée en France pour commander 1 000 moteurs Hotchkiss, et un technicien roumain a été détaché auprès du Haut commandement allemand, pour obtenir les pièces et sous-ensembles qui devait être importés d'Allemagne. 

En , le prototype M-04 a été finalisé. Il était équipé d'un moteur Hotchkiss H-39 de 120 chevaux, et du nouveau canon Reșița M1943, et pesait 10 tonnes. En février, il a été envoyé au polygone de tir de Sudiți pour évaluation. Le châssis a résisté encore une fois au recul du canon. Les essais du M-04 ont été aussi évalués par 2 représentants du Haut commandement allemand, qui ont été impressionnés par la manœuvrabilité et la mobilité du chasseur de chars. En parallèle, la Roumanie a réussi à signer des contrats avec plusieurs fournisseurs français, suisses et suédois, pour l’acquisition de composants. Quant à l'Allemagne, même si elle n’était pas obligée, elle a offert de l'aide au développement du projet, par le détachement de spécialistes aux usines Rogifer, et par la livraison de sous-ensembles, d'éléments d'optique, de plaques de blindage, d'appareils radio, etc. En même temps, l'assemblage des sous-ensembles provenant de l'étranger par l'industrie roumaine, dans un délai d'un an, a été planifié.

En , l'ingénieur Wohlrath de l'entreprise Alkett et le lieutenant-colonel Valerian Nestorescu, le concepteur du canon antichar Reșița M1943, ont rejoint l'équipe projet. Pendant cette période, les travaux portèrent sur les prototypes M-05 et M-06, sur lesquels on n'utilisait plus le châssis du char T-60. Le M-05 a été finalisé en et a passé les essais le même mois. En juin, le chasseur de chars a été présenté au maréchal Antonescu, dans le cadre d'une compétition avec un Sturmgeschütz III et un canon Reșița de 75 mm. La prestation du chasseur de chars Mareșal a été très bonne, et, par la suite, une série de tests poussés, en conditions de combat, ont eu lieu, entre le et le . Pendant ces essais, l'affût du canon céda, la session d'essai fut par conséquent arrêtée jusqu'au . Le , le prototype M-05 passa les essais, y compris les tests d'endurance. 

Le , en invoquant les conditions de l'armistice (la Roumanie était entrée en guerre contre l'Allemagne et ses alliés), les soviétiques confisquèrent les prototypes et tous les matériaux liés au chasseur de chars Mareșal.

Bibliographie

  • (en) Mark Axworthy, Cornel Scafeș et Cristian Crăciunoiu, Third Axis, Fourth Ally: Romanian Armed Forces in the European War, 1941-1945, Londres, Arms and Armour, , p.228-235.
  • (ro) Mark Axworthy, Cornel Scafeș et Cristian Crăciunoiu, « Vânătorul de care MAREȘAL », Modelism. International, vol. 4, no 67, , p. 4-8 + photos + dessins
  • (ro) Cornel Scafeș, « Vânătorul de care Mareșal », Buletinul Muzeului Militar Național, vol. 2, , p. 210-237 + dessins + tableaux de construction
  • (ro) Cornel I.Scafeș, Horia Vl. Șerbănescu et Ioan I. Scafeș, Trupele blindate din Armata Română. 1919-1947, Bucarest, Ed. Oscar Print,  : Photo du chasseur de chars en marche (Colection Dorobanțul. Muzeul Militar Național)

Références

    Liens externes

    • Portail des armes
    • Portail de la Seconde Guerre mondiale
    • Portail des chars de combat
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.