Mérens (cheval)
Le cheval de Mérens, Mérens ou mérengais, encore parfois nommé poney ariégeois, est une race française de petits chevaux de selle et de trait léger, rustiques et à la robe noire. Il est originaire de la vallée de l'Ariège, dans les Pyrénées centrales, dans le sud de la France et le nord de l'Espagne, près d'Andorre.
Pour les articles homonymes, voir Mérens.
Cheval de Mérens
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Nickel de Vives, un étalon Mérens de pure race. | |
Région d’origine | |
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Région | Ariège, France |
Caractéristiques | |
Morphologie | Cheval de selle et Cheval de trait |
Registre généalogique | [PDF] Standard français de la race. |
Taille | 1,45 m à 1,55 m[1]. |
Poids | 400 kg à 650 kg |
Robe | Toujours noire[2], |
Tête | Expressive, au profil rectiligne ou concave[3] |
Pieds | Solides, à la corne noire[2]. |
Caractère | Calme et docile[2] |
Statut FAO (conservation) | Non menacé |
Autre | |
Utilisation | Attelage, TREC, voltige en cercle, loisirs et sport |
D'origine très ancienne, il présente de nombreuses ressemblances physiques avec les chevaux représentés par les magdaléniens il y a 13 000 ans. Animal de travail des paysans ariégeois dans la région de Foix des siècles durant, la motorisation des transports et de l'agriculture le met en péril au milieu du XXe siècle. Le Mérens est sauvé de la disparition par Lucien Lafont de Sentenac et des communautés d'inspiration hippie, avant l'engouement pour le poney et les loisirs équestres dans les années 1970, qui relance son élevage. Il reste néanmoins assez rare.
C'est un bon cheval de saut d'obstacles, d'attelage et de voltige, également utilisé pour l'entretien écologique des régions montagneuses grâce à son pied sûr et sa rusticité. Ces dernières années, deux types d'élevage tendent à se distinguer au sein de la race. L'un concerne le petit cheval massif et rustique traditionnellement élevé en semi-liberté dans les montagnes pyrénéennes, l'autre l'animal moderne et léger, également plus sportif, issu d'une sélection entamée dans les années 1980. Le Mérens a été exporté, entre autres, sur l'île de La Réunion et aux Pays-Bas.
Étymologie et terminologie
Ce cheval est traditionnellement élevé au village ariégeois de Mérens-les-Vals[4] qui a donné son nom à la race. Les Haras nationaux l'appellent « cheval de Mérens »[1]. Le nom de « Mérens » est mentionné officiellement pour la première fois en 1866[5]. Lætitia Bataille, spécialiste de l'élevage équin en France, juge l'emploi de « Mérens » incorrect pour désigner la race, lui préférant celui d'« Ariégeois », de « cheval de Mérens » ou de « mérengais[6] ». Jean-Louis Savignol, éleveur traditionaliste, préfère le nom de « méringais » : « Un cheval de Mérens, ce n'est pas un Mérens, c'est un méringais. Tout le monde dit « le Mérens ». C'est comme si on disait : le parisien, c'est un Paris. Mérens, c'est un village et une vallée »[7]. Avant 1998, ce cheval est également nommé « poney ariégeois » ou « poney Mérens ».
Histoire
L'histoire de la race Mérens est intimement liée à celle de sa terre d'origine, les Pyrénées, comme en témoignent de nombreux mythes et légendes à son sujet[8]. L'aire d'élevage se cantonne longtemps au haut comté de Foix.
Origines
L'origine du Mérens est très ancienne, il se dit communément qu'elle « se perd dans la nuit des temps ». Ce cheval est autochtone à la haute vallée de l'Ariège, près de l'Andorre[9]. D'après les ouvrages grand public, l'ancêtre direct du Mérens gagne cette vallée pendant le quaternaire, il y a 15 000 ans. Cet animal sauvage adapté au climat froid se déplace peut-être vers les montagnes pour échapper au réchauffement climatique qui accompagne la fin de la dernière période glaciaire[10]. La théorie du Dr vétérinaire Paul Prunet évoque un « cheval aryen » issu de la deuxième migration américaine, vers 60 000 ans avant notre ère[11]. Quoi qu'il en soit, la race remonte vraisemblablement à la Préhistoire, son isolement sur plusieurs millénaires expliquerait son homogénéité remarquable[12]. Une étude espagnole le rattache au tronc des races de chevaux dites Cantabriques-pyrénéennes (cántabro-pirenaico)[13], ce qui l'apparente au Garrano, à l'Asturcón, au Jaca Navarra et au Pottok[14]. Il présente aussi des ressemblances génétiques avec l'Exmoor[15]. La morphologie du Mérens est le résultat du rude milieu montagnard où il vit[16], elle rappelle beaucoup celle des chevaux magdaléniens peints et gravés sur les parois de la grotte de Niaux, il y a quelque 13 000 ans[9],[1], représentant des têtes ou des corps d'animaux avec un pelage dense adapté aux climats froids, un crâne de forme mérengaise, une « barbe » caractéristique sous les joues, et des crins très abondants[17].
Le Mérens est peut-être d'origine ibérique, comme pour la plupart des races de chevaux des Pyrénées. Il ressemble au Dole Gudbrandsdal, qui est norvégien, au Fell et au Dales, qui sont britanniques, mais contrairement à ce dernier, le Mérens n'a jamais été croisé avec le Frison[9],[18]. Une autre théorie s'appuie sur le profil concave ou rectiligne de ces chevaux, un peu éloigné de celui des chevaux ibériques (qui est convexe), pour affirmer qu'ils descendent des montures de peuplades orientales qui seraient venues s'installer en Ariège[19]. Grâce à l'isolement de sa montagne natale, le Mérens n'a subi que très peu de croisements étrangers, peut-être essentiellement avec des chevaux orientaux[17]. Sa morphologie évoque d'une lointaine parenté avec eux, ses allures relevées et la tête « hispanique » de certains animaux attestent aussi de croisements possibles avec de petits chevaux espagnols noirs, qui lui ressemblent beaucoup[10]. Ses liens possibles avec les poneys britanniques Fell et Dales, qui présentent d'étonnantes ressemblances, restent inconnus[17].
Le Mérens est domestiqué à partir du néolithique ou de l'âge du bronze, la sélection par l'homme faisant peu à peu évoluer son modèle vers l'actuel[20].
Antiquité et Moyen Âge
Jules César mentionne de petits chevaux noirs qu'il décrit avec précision dans le passage de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, concernant la défaite de Crassus contre les Sotiates et leur cavalerie[21]. Paul Prunet est le premier à rapprocher ces animaux des Mérens[22], mais cette mention ne permet pas d'établir un lien certain[23]. La localisation des Sotiates est soumise à controverses, certains auteurs les plaçant dans l'arrondissement de Nérac, d'autres près de Foix[24]. Le Mérens est peut-être utilisé comme animal de bât par les romains, qui l’emmènent avec eux[17]. Ce petit cheval noir est connu, et décrit, durant toute l'antiquité[25].
De possibles Mérens sont également mentionnés au Moyen Âge. Des traces du cheval de Charlemagne, Tencendur, sont connues par la culture populaire dans les environs de Bouan[26]. Une célèbre statuette carolingienne montrant Charlemagne sur une petite monture a fait l'objet d'un examen approfondi qui a révélé l'animal comme très proche des Mérens, d'une taille ne dépassant pas 1,40 m au garrot[27]. La légende de la fondation de l'Hospitalet-près-l'Andorre met en scène un voyageur qui, à bout de forces sous l'effet du froid, aurait tué son cheval et se serait caché dans ses entrailles encore fumantes en jurant qu'il fera construire un petit hôpital en ces lieux s'il survit[28].
Les Cathares établis dans la région réservent au cheval une place de choix, notamment via leur croyance en la transmigration des âmes[29]. Une croyance propre à Pamiers veut que les chevaliers morts emmènent avec eux leur monture dans l'Autre Monde[30]. Au XIIe siècle, la princesse cathare Esclarmonde de Foix aurait gravi le pog de Montségur sur le dos d'un petit cheval noir au pied sûr[31]. Au XIVe siècle, les mêmes petits chevaux noirs sont cités dans les armées de Gaston Fébus[32].
XVIIIe et XIXe siècles
Les chevaux ariégeois sont réquisitionnés pour la Grande Armée de Napoléon Ier, durant la campagne de Russie. Ils ont pour principale fonction de tirer les canons[33], comme la plupart des chevaux rustiques présents sur le territoire français au début du XIXe siècle. Une légende populaire ariégeoise veut qu'ils se soient illustrés pendant le passage de la Bérézina[34].
Les Mérens sont vendus sur la foire de Tarascon-sur-Ariège, des marchands venus de toutes les grandes villes des environs le recherchent. Ce cheval est fréquemment nommé « Tarasconnais », il est réputé pour la bonne qualité de ses jambes et son aptitude à se contenter d'une nourriture pauvre[9]. En 1872, le premier concours de race est organisé[5]. À la fin du XIXe siècle, la qualité des chevaux pyrénéens est déjà réputée pour la cavalerie légère :
« (...) Le cheval pyrénéen de l'Ariège offre le type très accusé du cheval de montagne. Il a bien des raisons pour cela. En effet, il vit six mois de l'année sur des plateaux herbeux, élevés à 1000 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer. Il y acquiert une grande agilité, beaucoup d'adresse, une merveilleuse sûreté dans la pose du pied, un tempérament robuste, une santé à toute épreuve, une ardeur infatigable. C'est le bénéfice d'une existence indépendante, plus sauvage que domestique. On n'apprécie bien les chevaux de l'Ariège qu'après en avoir usé; mais alors on est étonné de la dépense d'énergie dont ils sont capables, de la dureté qu'ils montrent au travail le plus fatigant et le plus durable. Leur réputation est faite dans les régiments de cavalerie légère; ils y ont une excellente renommée, due aux bons services qu'on en obtient »
— Jules Trousset, Grande Encyclopédie Illustrée d'économie domestique[35]
Du XXe à l'époque moderne
Dès la fin du XIXe siècle, la race a failli disparaître en raison de croisements incontrôlés[36]. Au début du XXe siècle, quelques éleveurs des villages de L'Hospitalet-près-l'Andorre et Mérens-les-Vals luttent contre ces croisements, et gardent les poulains et pouliches dont la conformation reste la plus proche de l'ancienne race[4]. Le cheval de Mérens est préservé par des hommes attachés à leurs traditions et à leur « petit cheval du pays »[37], qu'ils utilisent depuis toujours pour sa rusticité et sa polyvalence[1]. Les saillies s'effectuent en liberté[37], et les chevaux effectuent la transhumance chaque année[1]. Dès 1908, un contrôle des élevages est mis en place par le président de la Société d’Agriculture de l’Ariège, Gabriel Lamarque, qui désire relancer les concours de race[5],[38]. En 1933, le syndicat d'élevage du Mérens est créé. La date de création du stud-book remonte à 1945[39]. En 1948, ce stud-book enregistre huit étalons sous le contrôle des haras nationaux[40] grâce à Lucien Lafont de Sentenac, le directeur du haras national de Tarbes[5].
Déclin de la race
En 1946, l'armée cesse définitivement d'utiliser le Mérens comme cheval d'artillerie en montagne, ce qui correspond aux débuts du déclin de la race[9]. La population chute drastiquement pendant la seconde moitié du XXe siècle, avec la modernisation des transports et de l'agriculture[40]. Au Sénégal dans les années 1950, le Mérens sert à des essais de production d'un cheval plus robuste que le Mbayar[41], mais cela ne suffit pas à relancer la race. L'utilisation du Mérens dans l'agriculture perdure jusque dans les années 1970[1] puis, comme les races de chevaux de trait, il est élevé pour sa viande[42] et alourdi pour devenir un animal de boucherie[40]. Les montagnes ariégeoises jouent un rôle de sanctuaire en empêchant ce cheval, tout comme plusieurs autres races locales telles que la vache Gasconne des Pyrénées et la race ovine tarasconnaise, de disparaître complètement[43]. Au début des années 1970, le Mérens est néanmoins au bord de l'extinction[1].
Sauvegarde
Au début des années 1970, il ne reste plus qu'une quarantaine de chevaux Mérens inscrits dans le stud-book de la race[9]. Ce cheval est sauvé de la disparition par des communautés utopistes croyant en l’Apocalypse écologique[44]. En effet, en plein mouvement hippie, des populations « marginales » s'installent dans les petits villages de l'Ariège et relancent l'économie locale, entre autres en reprenant l'élevage du Mérens[45]. À la même époque, l'histoire de l'étalon semi-sauvage Bonbon devient un phénomène local[46]. Cet étalon Mérens, rendu orphelin après un accident, est élevé au biberon et au lait de chèvre puis vendu à un maquignon avant de regagner son pays natal et de remporter un prix comme étalon. Il meurt à vingt ans, foudroyé en altitude avec tout son troupeau[47].
Parallèlement, le Mérens est remis au goût du jour comme animal de loisir par Lucien Lafont de Sentenac, ce qui en fait la première race française volontairement sélectionnée pour le marché de l'équitation de loisir. Les efforts des éleveurs s'orientent vers le « phénomène poney ». Le cheval Mérens est renommé « poney » pour des raisons commerciales et administratives[48]. Grâce à une bonne gestion des effectifs de la race et de la communication en faveur de celle-ci, les effectifs se reconstituent peu à peu en ayant recours aux inscriptions à titre initial[9]. Entre 1975 et 1985, le nombre de chevaux Mérens est multiplié par deux, passant de 2 000 à 4 000 individus[48]. Ce sauvetage est cité comme un bel exemple de sauvegarde d'une race en voie de disparition[49].
Depuis les années 1980
En 1977, le Mérens est introduit dans l'île de La Réunion, où son élevage fait désormais partie de l'économie locale. Il sert de monture de randonnée équestre, et pour les travaux de débardage[50]. Il est désormais la monture la plus utilisée en tourisme équestre sur l'île[51], et s’est parfaitement adapté aux reliefs particulièrement escarpés ainsi qu'au climat[52]. Il promène les touristes dans des régions volcaniques couvertes de cendres[53]. En 1983, c'est au tour des Pays-Bas de découvrir la race : 30 chevaux y sont importés depuis la France[54].
Quatre étalons têtes de lignées existent : Quart, Contestataire, Uranium et Vengeur, réhabilité vers 1985 grâce à ses origines prestigieuses qui en font l'un des fleurons de la race. Plus récemment, des étalons comme Nogaréde de l'Oum, Simboule la Fajole, Ségule du Coyt et Objecteur d'Uscla ont obtenu de grands résultats de reproducteurs[40]. Un centre national du cheval de Mérens est ouvert par le SHERPA (Syndicat hippique des éleveurs de la race pyrénéenne ariégeoise) dans les années 1990 à La Bastide-de-Sérou, pour offrir un soutien à la sauvegarde de la race[55]. Il présente le Mérens dans un bâtiment avec un musée vivant et un centre équestre[56]. En 1997, le SHERPA a offert un Mérens au ministre britannique Tony Blair[32]. depuis cette même année, le Mérens fait partie des races de chevaux dont les éleveurs peuvent bénéficier de la « Prime aux races menacées d'abandon » (PRME), d'un montant de 100 à 150 €[57]. Le , le Mérens est retiré du groupe des « poneys » par les Haras nationaux, et classé parmi les chevaux de sang[40].
En 2000, la race Mérens est choisie par Jean-Louis Savignol pour lancer le tout premier élevage de chevaux labellisé bio, destiné aux loisirs plutôt qu'à la consommation humaine[58],[59]. Ces chevaux sont vermifugés avec un mélange d'ail et d'argile, l'éleveur fait appel à l'homéopathie et l'ostéopathie pour soigner ses bêtes, et leur fait effectuer la transhumance chaque année. Il a dû retrouver des techniques et un savoir-faire perdu depuis des dizaines d'années[58],[59].
Description
Historiquement, le Mérens possède le physique d'un petit cheval de trait léger, c'est le type même du cheval rustique adapté à la montagne[60]. Les chevaux modernes tendent à s'éloigner de plus en plus du type originel, en devenant plus « sportifs »[9]. Réputé pour son élégance, le Mérens est classé parmi les 23 plus belles races chevalines du monde d'après la revue Cheval pratique[61].
Taille et poids
Le Mérens moderne toise idéalement de 1,45 m à 1,55 m au garrot, ce qui en fait un cheval de taille petite à moyenne[3], pour un poids de 400 à 500 kg. La taille souhaitée est de 1,49 m pour les mâles et 1,45 m pour les femelles[2]. Les individus de moins d'1,47 m peuvent être considérés comme poneys pour certains concours de sports équestres. Les chevaux élevés dans les vallées ou en plaine sont toujours plus grands que les chevaux de montagne, qui mesurent environ 1,31 m[62]. En 1995, les mesures de références réalisées pour la FAO donnent une taille de 1,42 m en moyenne, pour un poids de 550 à 600 kg[39].
Morphologie
Le cheval de Mérens doit répondre à un standard morphologique pour pouvoir être admis au sein de la race et inscrit au stud-book depuis l'ouverture de celui-ci, en 1948. Les critères d'admission et le statut ont changé plusieurs fois[2]. L'allure générale du Mérens moderne est énergique, sa musculature solide, il dégage une impression de densité, de robustesse et une certaine noblesse. Ses tissus sont de qualité, fins et soyeux[1],[3].
Tête
La tête est étonnamment expressive, distinguée[62], avec un profil généralement rectiligne ou très légèrement concave[63], un front plat et large, des oreilles courtes, bien dessinée et très poilues à l'intérieur, des yeux sortis, très vifs à l'expression douce et soulignés d'arcades sourcilières légères. La tête est attachée légèrement à l'encolure[3]. L'une des caractéristiques de la race est la présence d'une « barbe » noire qui pousse sous les joues[62]. Une étoile en-tête est éventuellement admise par le standard, mais jamais de balzane[2].
Avant-main
L'encolure est recherchée de longueur moyenne et bien orientée chez les Mérens modernes[3], mais elle est souvent courte et large à la base, peu élégante mais droite et solide chez les Mérens de l'ancien type[62]. Les épaules sont recherchées moyennement longues et inclinées[3] bien qu'elles soient souvent droites[62]. Le poitrail est ouvert, ample et profond. Le garrot est recherché sorti et prolongé vers l'arrière[3], un garrot marqué est apprécié pour le bât et la randonnée[63], mais comme chez la plupart des chevaux de montagne, le Mérens traditionnel tend à avoir un garrot large et peu relevé. Le passage de sangle est profond[62].
Dos et arrière-main
Plutôt long et large mais bien soutenu, le dos est généralement plus court chez les Mérens modernes que chez les chevaux de l'ancien type, chez lesquels il est long et fort, conséquence de la sélection pour le bât[17],[63]. Les flancs sont pleins et descendus[3]. La ligne du dessus rappelle le poney Dales[17]. Les reins sont bien attachés, larges et musclés. La croupe est souvent double, et avalée, avec une queue attachée bas[17], elle est recherchée plutôt ronde chez les chevaux modernes[63].
Membres
Les membres sont forts avec une musculature solide, des articulations basses, solides et bien marquées[63]. Les avant-bras sont musclés et les cuisses bien descendues[3]. Les membres tendent à être assez courts, certains chevaux ayant des jambes moins robustes qu'on pourrait l'espérer, ainsi que des jarrets clos, particularité récurrente chez les chevaux de montagne[17]. Les pieds sont de bonne taille, larges, bien faits et très solides, avec une corne noire et exceptionnellement résistante, ce qui fait que ces chevaux peuvent travailler sans fers[17]. Les fanons sont abondants[9],[3].
Crins
Les crins sont toujours longs et fournis, souvent drus et rêches au toucher, légèrement crêpelés[3] et parfois ondulés, signe de parenté avec les chevaux ibériques[63]. La crinière simple est la plus appréciée, mais elle peut également être double[3]. Crinière et toupet touffus et abondants sont des caractéristiques typiques des chevaux rustiques[62], tout comme la queue fournie, caractéristique habituelle des chevaux de montagne[17].
Robe
La robe est l'une des caractéristiques les plus reconnaissables du cheval de Mérens. Composée de poils fins, serrés et brillants[62], elle est toujours noir zain puisqu'il s'agit de la seule couleur admise par le standard de la race[63]. Des reflets rubicans, c'est-à-dire de petites taches plus claires sur les flancs, sont appréciés. En fonction des saisons, la robe peut avoir une apparence légèrement rousse, particulièrement en hiver[62],[64]. Les poulains naissent habituellement de couleur noire, grise argentée ou café au lait, et perdent leur bourre après le sevrage[3]. Génétiquement, la majorité des Mérens sont noirs homozygotes. Cette couleur est caractéristique de la branche celte des chevaux originaires de la péninsule ibérique. Cependant, un peu moins de 10 % des chevaux sont hétérozygotes et porteurs d'un allèle récessif de l'alezan. Cela peut provoquer la naissance d'un poulain alezan en cas de reproduction entre deux porteurs hétérozygote phénotypiquement noirs[65].
Tempérament et entretien
Le Mérens est, comme tous les chevaux de montagne, d'un tempérament calme et docile, dur à la tâche, capable de se déplacer sur des pentes sévères[62]. Il est doté d'un excellent caractère et de facilités d'apprentissage selon ses amateurs[3],[63], mais il peut aussi avoir du caractère[32]. Le compte-rendu d'une vaste étude sur l'héritabilité de son tempérament a été publié dans Equ'idée en 2010[66]. Habituellement très rustique, il vit toute l'année au plein air sans souffrir des intempéries. Les Mérens sont réputés pour leur franchise, leur endurance, leur agilité et leur pied sûr. Les allures sont recherchées aussi étendues que possible, caractérisées par un fort engagement des postérieurs[3].
Cet animal ne demande que peu de soins et se contente d'une nourriture pauvre, même lorsqu'il travaille[62]. Il est résistant au froid, mais supporte assez mal la chaleur[17]. Les poulains Mérens naissent le plus souvent dans la neige, sans intervention humaine[32]. Ils sont habituellement manipulés et habitués à l'homme dès leur plus jeune âge[3]. Le Mérens s'élève facilement et apprécie la vie au plein air, de préférence en montagne[67]. Il possède aussi une étonnante résistance aux propriétés anticoagulantes de la fougère verte, dont la consommation provoque habituellement des sueurs sanguinolentes et des jets d'urines ensanglantés chez les autres chevaux[68].
Sélection
Le cheval de Mérens est élevé uniquement en race pure, les poulains étant inscrits au titre de l'ascendance[69]. La sélection des étalons est rigoureuse, basée sur des épreuves très sélectives et une obligation de présentation monté à l'âge de 3 ans, ces chevaux reproducteurs sont ensuite régulièrement pointés[70]. Le but est de produire des chevaux possédant un bon modèle et un excellent caractère[69]. Les allures font l'objet d'une observation particulière chez les étalons reproducteurs et tous les chevaux présentés au concours de trois ans montés, qui doivent se soumettre à une épreuve de dressage, de longe, d'attelage et de cross, puis à une sélection au modèle. Il s'agit d'un des concours de race les plus rigoureux qui soient, il a pour but d'obtenir une « progression constante »[69]. Lors du pointage, les chevaux de Mérens sont notés selon cinq grands thèmes : l'impression générale, le type dans la race, le modèle, les allures, l'impression générale sous la selle ou le produit s'il s'agit d'un sujet d'élevage. Il leur est attribué une note entre 0 et 10. Les juments poulinières sont évaluées pendant des concours d'élevage organisés par les Haras nationaux[69].
SHERPA
En France, la race est gérée par le SHERPA (Syndicat hippique des éleveurs de la race pyrénéenne ariégeoise), situé à La Bastide-de-Sérou, qui compte environ 400 adhérents et 600 animaux dans son stud-book[55]. Le SHERPA fédère onze antennes régionales dont le but est de mettre en relations les éleveurs et les utilisateurs du Mérens[71]. Les antennes sont des interlocuteurs locaux pour les pouvoirs publics et les Haras nationaux, leur rôle est de décider l'orientation globale de la race grâce à la commission du livre généalogique en partenariat avec les Haras nationaux, mais aussi de promouvoir le Mérens sur des foires et des salons nationaux comme internationaux. Il édite un catalogue de la liste des éleveurs à contacter et deux bulletins d'informations techniques par an. Il organise également chaque année les rassemblements nationaux de la race à Bouan[71].
Type montagnard et type sportif
L'élevage français se partage entre deux courants de pensée. Les éleveurs traditionalistes cherchent à préserver le type originel, celui du trait léger élevé en montagne toute l'année et possédant des qualités de rusticité, tandis qu'un autre courant, issu de la reconversion du Mérens en cheval de loisir dans les années 1980, tend à transformer le modèle des animaux pour les rendre beaucoup plus sportifs, aptes à satisfaire un cavalier pour la pratique de la plupart des sports équestres. La reconversion des Mérens en animaux sportifs a été nécessaire pour assurer la survie de la race à l'époque de son déclin, mais est devenue une source de tensions entre les éleveurs et les utilisateurs de ce cheval[72].
Transhumance
Le département de l'Ariège est réputé pour les transhumances qui s'y déroulent chaque année pour les bovins, les ovins et les équidés. Le Mérens ne fait pas exception puisqu'au mois de juin, quelques centaines de ces chevaux sont « montés en estive » à 1 500 m d'altitude et en pleine montagne, où ils vivent à l'état semi-sauvage et ne sont gênés ni par le terrain accidenté et les chemins escarpés, ni par les orages et les variations climatiques. Ils redescendent au mois d'octobre pour passer l'hiver dans les vallées[40]. Ces transhumances ont notamment été remises en place dans le département de l'Ariège par l’association « Autrefois en Couserans », qui travaille depuis l'an 2000 avec les acteurs de l'élevage du cheval dans la région et promeut le bien-fondé d’un retour aux anciennes traditions[73]. 500 chevaux transhument ainsi dans les Pyrénées chaque année[74]. Les troupeaux sont généralement conduits par une jument expérimentée portant une clochette autour de l'encolure, comme cela se fait chez les bovins. Un étalon peut accompagner les poulinières suitées pour maintenir la cohésion du troupeau et éviter qu'il ne se mélange avec les troupeaux des autres versants[75]. Le comportement des troupeaux de Mérens transhumants est intermédiaire entre cheval domestique et cheval sauvage[76].
Journées nationales de la race du cheval de Mérens
Les journées nationales de la race du cheval de Mérens ou les concours nationaux de la race du cheval de Mérens sont un rassemblement annuel international d'une durée de 3 jours où se côtoient élevages, spectacles et concours de chevaux de Mérens. Le festival se déroule chaque année à la Prairie Vidal Saint-André, à Bouan, en Ariège[77].
Utilisations
Le Mérens est longtemps utilisé comme un cheval de trait apte au travail de livraison et de messagerie, et comme animal de travail des paysans locaux (notamment les montagnols, ou agriculteurs de montagne[32]). Il est apprécié des horticulteurs, vignerons du Languedoc, maraîchers et débardeurs, restant aussi un animal de remonte pour les armées françaises[10] qui apprécient sa sobriété et son endurance[32]. Il travaille dans les mines, est bâté ou attelé puisqu'il tire les diligences dans la région ariégeoise[9],[10]. Il est également réputé comme auxiliaire des contrebandiers, qui lui font passer des marchandises entre la France et l'Espagne par les montagnes, grâce à son sens de l'orientation et son endurance[10]. Il transporte principalement du bois et des minerais[18].
Il est utilisé pour faire naître des mulets, la mule des Pyrénées est en effet issue du croisement d'un baudet catalan et d'une jument trait bretonne, Mérens ou autre. Avant la Première Guerre mondiale, le département de l'Ariège compte jusqu'à mille naissances annuelles de ces mules[78].
Randonnée et tourisme équestre
Désormais considéré comme un cheval de loisirs polyvalent attaché à l'identité culturelle de sa région d'origine, le Mérens fait une bonne monture de TREC, de promenade et de randonnée[3] malgré sa petite taille, car il est capable de porter un homme adulte. Ses origines le rendent franc et très sûr, notamment en montagne[63]. Stéphane Bigot a ainsi réalisé une traversée des Pyrénées avec un Mérens, en 1998[32]. Le Mérens est régulièrement classé aux championnats de France de TREC[3], comme en 1998 où il termine second des championnats d'Europe[32].
Plusieurs structures touristiques proposent désormais des randonnées dans les montagnes d'Ariège sur le dos de chevaux de Mérens, le réseau de sentiers équestres dans la région comprend plus de 1 000 km et les professionnels du tourisme équestre proposent des séjours et formules de randonnée[79]. Des centres équestres valorisent ce cheval en proposant une cavalerie exclusivement composée de Mérens[80].
Sport
C'est surtout en attelage (sportif ou de tradition[70]) et en voltige que le Mérens s'est illustré en remportant plusieurs prix. Apache de Noreyas est champion de France de voltige en 1999[3]. Le Mérens est également titulaire de dix titres de champion de France d'attelage[70]. Le meneur Didier Dupuis a terminé plusieurs fois finaliste du championnat de France d'attelage à deux avec ses Mérens, en 1993 entre autres[55].
Il peut s'essayer à l'endurance, au saut d'obstacles, au dressage et au complet à petit niveau grâce à ses qualités de cheval de selle[55]. Merlin du Trottis et sa cavalière Mylène Navarro ont été champions de France amateur 3 senior en dressage en 2008[81].
Travail et autres utilisations
De nombreux centres d'équithérapie l'ont d'ores et déjà adopté, et il peut trouver quelques utilisations dans divers travaux d'agriculture, tout comme dans le débardage, où son agilité lui permet d'accéder aux zones que les machines ne peuvent atteindre[3],[63]. Un jeune Mérens a d'ailleurs été testé avec succès au débardage des régions boisées de l'Ariège[82]. Une brigade équestre de la gendarmerie et la police montée l'emploient aussi pour la surveillance à cheval[83],[84],[85]. Plus anecdotique est l'élevage de juments Mérens pour leur lait, qui permet ensuite la fabrication de produits dérivés comme des shampooings, du savon et des gélules[86]. La race est reconnue pour être une bonne productrice de lait[39].
Diffusion de l'élevage
Le Mérens est une race à diffusion européenne, qui n'est pas considérée comme menacée[87]. Par ailleurs, l'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) le classe parmi les races de poneys peu connues au niveau international[88].
En France
Chaque année, durant la dernière semaine d'août, se tient le rassemblement de Bouan, en Ariège, rendez-vous incontournable des passionnés de Mérens. Ce cheval est également présenté régulièrement au salon du cheval de Paris et au salon de l'agriculture[55]. Si le Mérens est élevé le plus souvent en Ariège de façon extensive au plein air toute l'année, tous n'effectuent pas la transhumance. Les chevaux les plus proches du type originel et de son mode de vie se trouvent dans des vallées entre les hautes montagnes pyrénéennes, près de la principauté d'Andorre[17].
L'effectif est assez restreint. En France en 2002, environ un millier de juments Mérens sont saillies par 90 étalons en activité[70].
Année | 1983 | 1990 | 1993 | 1995 | 2001 | 2014 |
---|---|---|---|---|---|---|
Effectif français des chevaux de Mérens[39] | Moins de 505 | Moins de 677 | Moins de 1189 | Moins de 1189 | Moins de 7010 | 1268 |
Les effectifs de la race se sont stabilisés au début du XXIe siècle autour de 1 500 poulinières pour 150 étalons actifs, et 500 naissances par an. En 2006, 455 nouvelles naissances ont été enregistrées, 1 051 juments saillies et 89 étalons répertoriés en activité, pour 306 éleveurs et 2 % du total des chevaux de sang français[70], le terme d'éleveur s'appliquant à tout détenteur d'au moins une jument mise à la reproduction. Une étude génétique menée en 2008 en partenariat avec l'INRA considère le type originel de la race comme « en voie de disparition ». Elle suggère que le Mérens devrait être placé en conservation prioritaire afin de maintenir au maximum la diversité génétique des effectifs français[89].
Année | 1980 | 1986 | 1990 | 1996 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 |
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Nombre de naissances en France[1] | 214 | 361 | 400 | 704 | 710 | 624 | 648 | 638 | 484 | 513 | 502 | 523 | 533 | 522 | 503 | 423 |
La majorité des éleveurs de Mérens se trouve toujours en Ariège, berceau traditionnel de la race, mais ce petit cheval noir est désormais répandu dans quasiment toutes les régions de France, et notamment les Alpes, les Cévennes, le centre, le Massif central et l'Île-de-France[40],[70].
Aux Pays-Bas
Après la France, ce sont les Pays-Bas qui détiennent le plus grand cheptel répertorié de chevaux de Mérens. La race y est reconnue et son élevage se révèle très actif[90]. Le recensement néerlandais transmis à la FAO faisait état de moins de 26 chevaux en 2001, 327 en 2006 et 633 en 2009. Cette même année, on compte 8 étalons reproducteurs et 370 femelles aptes à se reproduire dans les Pays-Bas[54].
En Italie
En Italie, la race est également reconnue[70]. Il s'agit de l'unique race d'origine étrangère parmi les races à distribution limitée reconnues par l'AIA, l'association nationale des éleveurs italiens. La race est surtout présente au Nord-Ouest du pays, dans les provinces de Coni et Turin[91]. Par le passé, elle a gagné d'autres régions montagneuses comme les vallées de Bergame et de Trente. Le registre de la race est tenu à Coni[2]. Bien que réduite, la population italienne de chevaux de Mérens n'est pas négligeable et ce nombre augmente beaucoup ces dernières années. En 2010, le recensement transmis à la FAO fait état de 113 chevaux. En 2013, 303 chevaux sont répertoriés, dont 7 étalons reproducteurs et 66 poulinières[92].
En Belgique
En Belgique, l'ASBL du cheval de Mérens existe depuis le . Elle est reconnue par le Ministère de l'Agriculture belge comme un stud-book dès le . Le stud-book français a signé une convention avec le belge en le reconnaissant officiellement comme stud-book fille faisant partie intégrante du stud-book français du cheval de Mérens[93]. Le nombre de Mérens en Belgique est cependant peu élevé : la FAO recense entre 14 et 21 chevaux en 2012, entre 28 et 42 en 2013[94].
Autres pays
En Allemagne, la race a été importée et possède un stud-book actif. Les chevaux sont cependant très peu nombreux, le recensement précis effectué entre 1997 et 2013 faisant état de la présence de 14 à 29 chevaux de Mérens dans ce pays. En 2013, seuls 16 chevaux sont répertoriés, dont 3 étalons reproducteurs[95]. On retrouve le Mérens en Suisse[96], pays qui a structuré son élevage et qui possède des organismes reconnus[1], et en Tchéquie. Ce cheval s'exporte également en Inde et en Tunisie[32].
Culture populaire
Moins populaire que le cheval de Camargue et son célèbre représentant Crin-Blanc, le Mérens est surtout connu localement par des récits transmis entre ariégeois. Un livre pour enfants raconte les aventures d'une jeune fille nommée Justine et de la pouliche Tamina pendant la transhumance des chevaux[97]. Le roman l′Ariégeoise raconte la vie quotidienne dans la région à l'époque où les armées réquisitionnent les chevaux Mérens pour la guerre[98]. Il rejoint quelques romans paysans régionaux[99].
Notes et références
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- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Journées nationales de la race du cheval de Mérens » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Articles connexes
- Liste des races chevalines de France
- Mérens-les-Vals, commune de l'Ariège
- Castillonnais
Liens externes
- « Centre national du cheval de Mérens »
- « Fiche des Haras Nationaux sur la race » [PDF] et « Règlement du stud-book du cheval de Mérens » [PDF], documents officiels.
- (en) « Mérens/France », DAD-IS
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Articles de presse
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- C. Larcher, « Le cheval mérens, un pied sûr dans le loisir », Equ'idée, no 64, , p. 72-73 (ISSN 1162-8103)
- C. Dunod, « Mérens prestige », La Revue technique du cheval, no 17, , p. 12-17
- Marianne Vidament, « Le tempérament des chevaux de Mérens : de nouvelles données à la disposition des éleveurs et des propriétaires », Equ'idée, no 70, , p. 58-59 (ISSN 1162-8103)
- Amélie Tsaag Valren, « La sélection du Mérens, du Haflinger et du Fjord : du montagnard au sportif », Cheval Savoir, no 43, (lire en ligne)
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