Christian Jambert

Christian Jambert, né le à Fourchambault dans la Nièvre et retrouvé mort le à Auxerre, est un gendarme français.

Christian Jambert
Biographie
Naissance
Décès
(à 56 ans)
Auxerre
Nationalité
Activité
Gendarme
Autres informations
Arme
Grade militaire
Adjudant-chef (d)

Il eut un rôle déterminant dans l'enquête de l'affaire des disparues de l'Yonne. Il est également connu pour les circonstances troublantes dans lesquelles il fut retrouvé mort.

Enquête sur les disparues de l'Yonne

Sept viols et assassinats ont été commis à Auxerre et aux environs entre 1977 et 1979 sur des jeunes femmes de la DDASS déficientes mentales légères âgées de 16 à 27 ans[1].

Dès 1979, le gendarme Jambert, qui a enquêté sur l’affaire des disparues de l'Yonne, avait soupçonné Émile Louis d'être à l'origine de ces disparitions. Le , il est chargé du dossier[2].

Inculpé pour le meurtre de Sylviane Lesage, Émile Louis bénéficie d’un non-lieu en 1984 malgré la relation qu’il entretenait avec la victime, chose démontrée par le gendarme Jambert. L’affaire des disparues de l’Yonne est également classée sans suite, malgré le fait que le gendarme Jambert avait démontré là encore des liens entre Émile Louis et la totalité des disparues.

La même année, Christian Jambert demande au substitut au parquet d'Auxerre, Daniel Stilinovic, l’autorisation de continuer l’enquête sur les disparues. Le juge Jacques Bourguignon refuse d’instruire et le procureur René Meyer n’insiste pas. Le rapport est égaré et ne sera retrouvé qu'en 1996. Daniel Stilinovic fut radié des cadres pour faute grave dans ce dossier mais finalement blanchi et mis en retraite anticipée[3].

En 1984, Christian Jambert adresse au parquet d'Auxerre un rapport qui met en cause Émile Louis et des réseaux proxénètes sado-masochistes de l'Yonne qui exploitent les filles de la DDASS.

Émile Louis a finalement été arrêté, condamné en appel en 2006 à Paris à la réclusion à perpétuité avec 18 ans de sûreté et emprisonné jusqu'à sa mort en 2013. La contribution de Christian Jambert pour l'arrestation d’Émile Louis a été unanimement reconnue par tous les intervenants du dossier. Lors du procès d'Émile Louis, il a été décrit par des gendarmes comme un « enquêteur hors pair, un modèle professionnel et une personnalité remarquable »[4].

Sa mort

Le , le gendarme est retrouvé mort. Il se serait suicidé d'une balle dans la tête, deux jours pourtant avant son audition comme témoin principal dans l'affaire Émile Louis, affaire liée à celle des torturées d'Appoigny[5], l'enquête de sa vie qui allait enfin aboutir. À l'époque, aucune autopsie n'a été réalisée en raison de l'absence du médecin légiste remplacé par un médecin urgentiste qui avait fait les premières constatations et conclut au suicide suivi par le Parquet[6].

Le dossier est refermé, jusqu’à ce qu’Isabelle, la fille de Christian Jambert, intriguée par les développements de l’affaire Émile Louis, se décide à demander une nouvelle enquête sur la recherche des « causes de la mort » de son père[7].

En , le corps est exhumé et lors de l'autopsie de la dépouille de Christian Jambert réalisée à l’Institut médico-légal de Paris en avril, il a été constaté non pas un mais deux orifices présents sur le crâne du gendarme correspondant aux entrées de deux projectiles, tirés selon deux angles perpendiculaires. Selon l'autopsie, une première balle a pénétré dans la tempe et s'est logée au milieu du cerveau et un second projectile est entré par la bouche jusqu'à l'arrière du crâne. Le parquet ouvre alors une information judiciaire contre X pour assassinat sur la base du rapport d’autopsie jugeant les deux impacts de balles peu compatibles avec un suicide[8].

Une contre-expertise est alors ordonnée par les juges d'instruction chargés de l'enquête sur la mort du gendarme réalisée à l'Institut médico-légal de Lyon. Deux orifices sont également retrouvés mais les médecins légistes soulignent que les tirs n'ont pas forcément été mortels immédiatement. De plus, les médecins relèvent dans leur rapport que l'orifice de la tempe pourrait être une balle qui a ricoché à l'intérieur du crâne et serait rentrée au-dessus de la lèvre, accréditant ainsi la thèse de deux balles tirées en rafale par l'arme retrouvé à proximité du corps du gendarme. Cette deuxième autopsie réalisée sur un moulage du crâne n'exclut donc pas la piste du suicide[9].

En janvier 2006, un nouveau rapport d'experts de l'Institut médico-légal de Strasbourg conclut à un suicide possible suite à une étude sur le moulage du crâne[10].

En décembre 2007, à la demande des parties civiles, une nouvelle exhumation et une quatrième autopsie a lieu à l'Institut médico-légal de Bordeaux réunissant tous les médecins légistes précédemment amenés à réaliser des autopsies ainsi qu'un expert en balistique. Le véritable crâne est présent et non un moulage[11]. Toutes les pistes sont étudiées et le collège d'experts ne rend pas de décision unanime, la piste du suicide autant que de l'assassinat semble possible[11]. L'un des experts, la professeur Dominique Lecomte, directrice de l'Institut médico-légal de Paris relève que plusieurs éléments du crâne ont disparu par rapport à la première autopsie, notamment la mâchoire inférieure, une partie de l'os orbital gauche transpercé, la selle turcique, un os de la boîte crânienne sur lequel les projectiles auraient ricoché ainsi que les dents de la partie supérieure[12],[10].

En , un non-lieu est rendu sur sa mort. « Contrairement à ce qu’avait affirmé l’expert balistique d’un premier collège d’experts, la carabine retrouvée à proximité du corps, et dont le fonctionnement avait été modifié par Christian Jambert pour que l’arme puisse tirer en rafale, était bien celle qui avait tiré deux balles dont les fragments avaient été retrouvés dans le crâne de l’ancien gendarme », explique le procureur d’Auxerre.

La famille du gendarme fait appel de cette décision, qui est confirmée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris en [13]. La famille de Christian Jambert, par l'intermédiaire de son avocat, se pourvoit en cassation[14].

Hommage

En 2018, la ville d'Auxerre inaugure un square à son nom. S'y trouve déjà une stèle en mémoire des disparues de l'Yonne[15].

Documentaires télévisés

  • « Suicide du gendarme Jambert, une balle de trop. » dans Jeudi investigation, Canal+, .
  • « Jambert : suicide ou assassinat ? » dans Affaires criminelles sur NT1, et .
  • « L'énigme de la mort du gendarme Jambert » dans Non élucidé, France 2, .

Notes et références

  1. « Le tueur en série Emile Louis hospitalisé », sur www.lyonne.fr (consulté le )
  2. « Chronologie », sur L'Obs (consulté le )
  3. « Le substitut du procureur d'Auxerre blanchi », sur L'Obs (consulté le )
  4. « Le gendarme Jambert, des "disparues de l'Yonne", s'est bien suicidé », sur Le Point, (consulté le )
  5. « Affaire des torturées d'Appoigny ».
  6. « L'autopsie a révélé la présence de deux balles dans la tête du gendarme Jambert », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Le gendarme Jambert a sans doute », sur leparisien.fr (consulté le ).
  8. « Disparues de l'Yonne : une autopsie contredit la thèse du suicide de l'adjudant-chef Jambert », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. Par Frédéric Vézard Le 28 avril 2004 à 00h00, « Gendarme Jambert : une nouvelle autopsie sème le trouble », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. « Justice : une quatrième autopsie après la mort du gendarme Jambert », sur Europe 1 (consulté le )
  11. « Le crâne ne donne pas de réponse », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  12. « Mystérieuse disparition du crâne du gendarme Jambert »,
  13. « Non-lieu confirmé dans l’affaire Jambert », sur www.bienpublic.com (consulté le ).
  14. « La famille du gendarme Jambert se pourvoit en cassation », sur www.lyonne.fr (consulté le ).
  15. « Disparues de l'Yonne : la ville d’Auxerre inaugure un square en hommage au gendarme Jambert », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
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