Clémentine Delait
Clémentine Delait, née Clémentine Clattaux le à Chaumousey (Vosges) et morte le à Épinal, est une tenancière de bar française qui fut connue pour être une femme à barbe.
Naissance | |
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Décès |
(à 74 ans) Épinal |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Clémentine Deleau |
Nom de naissance |
Clémentine Clatteaux |
Surnom |
« La femme à barbe » |
Nationalité | |
Activités |
Biographie
Clémentine Clattaux naît le [1] à Chaumousey, dans le département des Vosges, de parents agriculteurs[2]. Son enfance est marquée par les travaux des champs[2]. À partir de la puberté, sa pilosité commence à se développer plus que la normale en ce qui concerne une jeune fille, notamment au niveau de la lèvre supérieure dont elle rase fréquemment le duvet[2].
Le [3], à vingt ans, elle épouse à Chaumousey Joseph Delait, boulanger à Thaon-les-Vosges, et sert les clients de la boulangerie[2]. La clientèle est nombreuse et la barbe rasée de Clémentine ne serait pas étrangère à cette affluence[2]. Cependant, Joseph est atteint de rhumatismes et ne peut continuer son métier de boulanger[2]. Toujours à Thaon-les-Vosges, le couple ouvre alors un débit de boisson et Clémentine est derrière le comptoir à servir les clients[2]. Tout comme à la boulangerie, la clientèle est alors nombreuse[2]. Femme de caractère et charpentée, Clémentine est apte à tenir son bar et à en sortir les clients turbulents[2].
C'est à partir de 1901, à l'âge de 36 ans, que Clémentine se laisse pousser la barbe[2]. Le couple se rend à la foire de Nancy et se faisant alpaguer par un bonimenteur, ils assistent à l'exhibition d'une femme à barbe[2]. Cette dernière ne peut s'empêcher de remarquer à voix haute l'abondante pilosité de Clémentine malgré le rasage[2]. Racontant l'anecdote à son bar, elle accepte le pari d'un des clients qui lui promet vingt-cinq louis (soit 500 francs[4], forte somme à l'époque, environ 5 000 € actuels) si elle se laisse pousser la barbe[2]. Elle cessera de se raser bien qu'elle n'ait jamais touché l'argent promis[2]. Dès lors, elle arbore une barbe frisée qui se dédouble en deux panaches[2]. Attirée par le bouche-à-oreille, la clientèle se presse au café des époux, renommé « Le café de la Femme à Barbe », pour y admirer Clémentine[2]. Profitant de l'engouement, elle pose contre rémunération pour des photographes qui éditent une quarantaine de cartes postales dont elle est la vedette et sur lesquelles elle signe des autographes à ses clients[2]. Lors de ces poses variées, en calèche, promenant son chien ou lisant le journal, Clémentine reste coquette dans des robes très féminines[2]. Elle obtient même la permission de travestissement, autorisation obligatoire pour une femme s'habillant en homme ; elle pose alors en tenue masculine, un cigare à la bouche et une chope de bière à ses côtés[2].
- Dans son salon.
- Dans son jardin.
- En promenade.
- En gentleman.
- En aéroplane.
Sa célébrité prend une ampleur nationale lorsqu'elle s'enrôle dans la Croix-Rouge durant la Première Guerre mondiale et devient la mascotte des Poilus[2]. Au lendemain de la guerre, le couple accompagné de Fernande, une orpheline de guerre adoptée à cinq ans, ouvre une mercerie à Plombières, Joseph étant trop malade pour tenir à nouveau un bar[2]. Comme lors de ces précédents métiers, la clientèle se presse[2]. C'est à cette période que Phineas Taylor Barnum, le célèbre directeur de cirque spécialisé dans les phénomènes de foire, propose à Clémentine de le rejoindre pour la somme de trois millions de francs, offre qu'elle décline[2]. Elle commence à effectuer des déplacements en Europe où de nombreuses personnalités la réclament : le prince de Galles dans les années 1920 à Londres ou encore le Chah de Perse à Vittel[2]. Devenue veuve en 1928, Clémentine se consacre désormais pleinement à sa célébrité tout en rouvrant un bar à Thaon-les-Vosges[2]. Là, elle propose des spectacles de cabaret dont elle est la vedette, déguisée et accompagnée de sa fille et d'un perroquet[2]. Les clients viennent alors de la France entière et même d'Angleterre et d'Irlande pour la voir[2].
Elle meurt à Épinal le d'une crise cardiaque[2]. Son épitaphe, comme elle l'a souhaité, est[2] :
« Ici gît Clémentine Delait, la Femme à Barbe »
Notes et références
- « Acte de naissance de Clémentine Clattaux » (consulté le )
- Jean-Michel Cosson, Les Mystères de France : Histoires insolites, étranges et extraordinaires, Sayat, De Borée, , 382 p. (ISBN 978-2-84494-963-9), p. 149-154
- « Acte de mariage de Marie Joseph Paul Delait et Clémentine Clattaux » (consulté le )
- Pasky, Clémentine, une femme au poil, Le Village du Jouet, (ISBN 978-2-917978-00-9).
Annexes
Bibliographie
- Jean Nohain et François Caradec, La Vie exemplaire de la femme à barbe : Clémentine Delait 1865-1939, La Jeune Parque,
- Patrick Pasky, Clémentine. Le roman de la femme barbe, Publibook,
- Clémentine Delait, femme à barbe dans Pénélope Bagieu, Culottées 1 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, Paris, Gallimard, , 141 p. (ISBN 978-2-07-060138-7)
- Un poil différent.e, de Hélène Michel-Béchet, de Sancho&co et France Télévisions [présentation en ligne] : 0 h 52 min
Liens externes
- Clémentine Delait sur le blog BD Les culottées de Pénélope Bagieu sur Le Monde
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