Clavigo

Clavigo est une pièce de théâtre écrite par Johann Wolfgang Goethe en 1774.

Argument

L'histoire, inspirée de faits réels (les prénoms des sœurs de Beaumarchais étant toutefois modifiés), se déroule en Espagne, à Madrid, en 1764.

Acte I. Clavigo est archiviste du roi d'Espagne après être parti de rien, ce qui aiguise son caractère ambitieux et son orgueil. Il est l'amant d'une jeune Française, Marie Beaumarchais (sœur de l'écrivain), résidant en Espagne en compagnie de sa sœur aînée Sophie et du mari espagnol de celle-ci. Autrefois les deux sœurs avaient été envoyées par leur père chez un correspondant de celui-ci à Madrid, dans le cadre d'un obscur marché.

Se félicitant des succès de sa jeune et prometteuse carrière, il se laisse flatter et influencer par Carlos, son ami et confident, et rompt avec la jeune fille juste avant le mariage déjà annoncé et organisé, pour la raison que cette union pourrait freiner sa carrière littéraire et politique. Marie, trahie et humiliée, est alors prise d'une crise de tristesse sans fin.

Tandis que Clavigo et Carlos ne pensent qu'à leurs projets et à leurs entrées à la Cour, Beaumarchais, le frère de Marie, arrive en Espagne pour venger sa sœur de l'affront que lui a fait Clavigo. Il est reçu par ses deux sœurs, son beau-frère et deux amis de celui-ci, et se fait exposer en détail les circonstances de l'incident afin d'ajuster son action.

Acte II. Beaumarchais arrive à se faire introduire comme invité chez Clavigo et, après des présentations cérémonieuses, révèle qui il est et quel est son but. Puis, avec une autorité implacable écrasant le maître de maison (sous les yeux des propres serviteurs de celui-ci), il lui dicte et lui fait signer un document où Clavigo reconnaît avoir commis un acte ignoble à l'encontre de l'innocente Marie. Beaumarchais projette de distribuer cette note à toute la cour d'Espagne pour discréditer Clavigo. Après avoir ainsi cédé à Beaumarchais, Clavigo devient nostalgique et désire renouer avec Marie. Aussi il prie Beaumarchais d'attendre, avant de réaliser son dessein, le résultat de sa tentative de réconciliation auprès de Marie. Bien que la relation entre Beaumarchais et Clavigo soit pleine d'animosité, voire de haine, l'archiviste ressent un respect sans borne pour son ennemi en raison du charisme de celui-ci et de son dévouement chevaleresque envers sa sœur, et pour cette raison il aimerait que Beaumarchais devienne effectivement son beau-frère.

Acte III. Clavigo fait de nouveau la cour à Marie. Cette dernière ne peut lui résister et lui pardonne. Apparemment fou de joie de prendre ce nouveau départ, Clavigo se réconcilie avec tout le monde, et Beaumarchais, dans la liesse générale, lui rend en le déchirant le papier qu'il lui avait fait signer.

De retour chez lui, Clavigo rencontre Carlos. Celui-ci lui dépeint ses deux avenirs possibles : soit il reste avec Marie, aura une existence heureuse mais étriquée de chef de famille, ne pourra jamais atteindre les sommets du pouvoir et demeurera archiviste du roi ; soit il abandonne Marie de nouveau, et avec ses amis il atteindra les plus hautes sphères politiques. Non seulement Clavigo est ainsi influencé, mais il révèle à Carlos qu'il n'aime plus vraiment Marie après l'avoir revue, et qu'il a en réalité simulé une passion renaissante, ce qui constitue un coup de théâtre : Carlos a alors beau jeu de convaincre Clavigo, et celui-ci décide de trahir une seconde fois Marie.

Acte IV. Carlos entraîne alors Clavigo dans une calomnie devant faire arrêter Beaumarchais : celui-ci aurait prétendument forcé la porte de Clavigo pour lui faire signer la fameuse note sous la contrainte d'une arme. Cependant, durant les premiers échos de ce coup monté Clavigo doit, toujours selon les plans de Carlos, se cacher et demeurer introuvable pour éviter Beaumarchais. En apprenant cet ensemble de nouvelles, Marie semble succomber et Beaumarchais, floué, jure avec une virulence décuplée qu'il la vengera.

Acte V. Dans l'obscurité de la nuit, devant incognito rejoindre Carlos, Clavigo passe devant la demeure de Marie, découvrant involontairement le décès de Marie à la vue du cortège funèbre et du cercueil. Il fond en larmes et mesure les conséquences de ce que lui a fait faire Carlos. À cet instant Beaumarchais arrive, découvre que sa sœur est réellement morte (à l'acte IV il était sorti précipitamment avant d'en être témoin) et considère comme un affront suprême et ultime la présence même de Clavigo et ses exigences outrageantes d'arrêter le cortège et de découvrir Marie pour la revoir ; fou de rage il le provoque alors en duel et le blesse mortellement. Dans ses derniers soupirs, Clavigo reconnaît sa faute, demande pardon à Beaumarchais et à tous les proches réunis autour du cercueil, pardon qu'il obtient dans la mesure où Beaumarchais sent toute sa haine disparaître devant la mort de son ennemi. Clavigo déclare qu'il apportera à Marie, qu'il s'apprête à rejoindre, les adieux que ses proches n'ont pas eu le temps de lui faire. Enfin, il supplie Carlos, qui vient de surgir et qu'il rend responsable du désastre, d'aider Beaumarchais à s'enfuir en France.

Ballet

Roland Petit crée un ballet éponyme directement inspiré de la pièce de théâtre pour le Ballet de l'Opéra national de Paris en 1999, sur une musique originale de Gabriel Yared[1].

Notes et références

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