Coût de transaction
Un coût de transaction est un coût lié à un échange économique, plus précisément une transaction sur le marché. Ce coût n'est pas pris en compte dans le cadre de la concurrence pure et parfaite. Il peut être direct (commission de bourse) ou indirect (coût de prospection, temps et effort passés à la négociation et à la vérification de la transaction...). On peut le définir de manière générique comme l'ensemble des coûts engendrés par la coordination entre les agents ainsi que les coûts qui limitent la coordination entre les agents. Il peut s'agir par exemple des coûts liés à l'incertitude qui requiert que l'agent s'informe avant de réaliser une transaction économique. Il peut s'agir également des coûts liés à la négociation et à la rédaction d'un contrat.
L'idée d'un coût du système de prix a été évoquée pour la première fois par l'économiste Ronald Coase, dans son article The Nature of the Firm (1937). Il explique que : « Lorsque l’on souhaite opérer une transaction sur un marché, il est nécessaire de rechercher son ou ses contractants, de leur apporter certaines informations nécessaires et de poser les conditions du contrat, de conduire les négociations instaurant ainsi un véritable marché, de conclure le contrat, de mettre en place une structure de contrôle des prestations respectives des obligations des parties, etc. »[1].
L'ensemble des coûts induits par ces actions forment les coûts de transaction. Carl J. Dahlman[2] les regroupe en trois catégories :
- « coûts de recherche et d’information » : prospection, comparaison du rapport qualité/prix des différentes prestations proposées, étude de marché etc.
- « coûts de négociation et de décision » : rédaction et conclusion d'un contrat etc.
- « coûts de surveillance et d’exécution » : contrôle de la qualité de la prestation, vérification de la livraison etc.
Ce concept permet d'expliquer, selon Coase, pourquoi toutes les transactions ne sont pas des transactions de marché, et, par là-même, l'existence d'entreprises ou firmes, qui peuvent limiter efficacement ces coûts en imposant la coopération entre employés. C'est néanmoins à John Kenneth Arrow[3] qu'on doit l'expression « coût de transaction ». Et c'est Oliver Williamson qui va développer et formaliser l'approche des organisations économiques par leur biais au sein de ce qu'on appelle justement la théorie des coûts de transaction.
La théorie de Coase du coût de transaction revient dans l'actualité avec le développement de l'internet et des réseaux de communication. Ceux-ci font baisser drastiquement les coûts de transaction. Don Tapscott et Anthony Williams dans leur livre Wikinomics (Portfolio, 2006) lui consacrent une section. Alors que du temps de Ronald Coase, les coûts de transaction justifiaient la création d'entreprises gérant la totalité du cycle de vie des produits, leur réduction considérable par l'Internet conduit les deux auteurs à proposer une reformulation de la loi de Coase : « Aujourd'hui les entreprises doivent réduire leur voilure (traduction interprétée de shrink) jusqu'à ce que les coûts de réalisation en interne ne dépassent plus les coûts de réalisation à l'extérieur ». Il suffit de regarder ce qui se passe dans la sphère des logiciels libres, mais aussi dans l'externalisation de beaucoup de tâches dans les entreprises pour s'en convaincre.
Notes et références
- Coase R., L’entreprise, le marché et le droit, éd. d'Organisation, 2005, p. 23.
- Dahlman C. J., « The Problem of Externality », The Journal of Law and Economics, vol. 22, n ̊ 1, avril 1979, p. 148 cité par Coase R., op. cit. p. 23.
- Arrow K. (1969), "Classificatory Notes on the Production and Transmission of Technological Knowledge", American Economic Review. Papers and Proceedings, 59 (2): 29-35.
Voir aussi
- Théorie des organisations
- Nouvelle économie institutionnelle
- Oliver Williamson
- Ronald Coase
- Théorie des coûts de transaction
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