Combat de Charenton
Le combat de Charenton est livré le pendant la Fronde parlementaire. Il oppose à Charenton-le-Pont, près de Paris, les troupes royales à celles de la Fronde parlementaire, qui cherchent à briser le siège de la capitale.
Date | |
---|---|
Lieu | Charenton-le-Pont près de Paris |
Issue | Victoire des forces royales |
France | Fronde parlementaire |
Louis, prince de Condé (Le Grand Condé) Gaspard, duc de Coligny † | Armand, prince de Conti Bertrand, marquis de Clanleu (ou Chanleu) † |
~6 000 hommes[1] | Charenton : neuf régiments « parlementaires » (~2 000 hommes)[1],[2] Paris : 50 000 hommes |
Histoire
Contexte
La régence d'Anne d'Autriche, mère du roi Louis XIV et conseillée par Jules Mazarin, se heurte à la puissance du Parlement de Paris, qui sent que le pouvoir royal est moins assuré que du temps de Richelieu. Mais ces heurts se transforment en une rébellion ouverte à Paris, soutenue par le peuple parisien et appelée la « Fronde », qui commence la journée des barricades en .
À la suite du repli de la cour en dehors de Paris, au château de Saint-Germain, face aux débuts de la Fronde parlementaire, le prince de Condé est chargé en janvier par la régente de faire le siège de Paris. Installé à Saint-Denis, il ne dispose que de 14 000 hommes, alors que l'étendue de la ville en nécessiterait bien plus pour empêcher son avitaillement[2].
- Le maréchal du Plessis tient Saint-Denis et Aubervilliers, pour bloquer la route du pain venant de Gonesse.
- Le maréchal de Gramont tient pour les mêmes raisons Saint-Cloud et Meudon, empêchant l'arrivée du blé de la Beauce.
- A Vincennes, on arrête les vivres venant de la Brie.
- Enfin, à Pontoise, Poissy, Lagny et Corbeil, on bloque les voies fluviales de l'Oise, de la Seine et de la Marne[2].
- Le prince de Condé
- Le maréchal du Plessis
- Le maréchal de Grammont
- Le duc d'Orléans
Durant le siège, de hautes personnalités décident de prendre fait et cause pour les frondeurs, et les rejoignent à l'intérieur de Paris. Le prince de Conti, frère du prince de Condé, est nommé « généralissime de la Fronde », tandis que son beau-frère, le duc de Longueville tente de soulever la Normandie. Leur sœur et femme, la duchesse de Longueville, reste à Paris, tout comme le prince de Marcillac (son amant), le duc de Beaufort, le duc de Bouillon, le duc de Noirmoutier, le duc d'Elbeuf et le maréchal de La Mothe[2]. Le futur cardinal de Retz, alors coadjuteur de Paris, bien qu'ayant un titre moins impressionnant, reste l'un des chefs naturels de cette insurrection.
- Le prince de Conti (1647)
- Le duc de Longueville (av. 1650)
- La duchesse de Longueville
- le prince de Marcillac
- Le duc de Beaufort
- Le duc de Bouillon
- Le duc d'Elbeuf
- Le maréchal de La Mothe
- Le coadjuteur de Paris
La bataille
Les Parisiens reçoivent plus facilement des secours depuis la Brie. Neuf régiments sont retranchés à Charenton, sous le commandement du marquis de Clanleu, tandis que le poste de Brie-Comte-Robert est également entre leurs mains[2].
Condé souhaite reprendre Charenton, place-forte à la confluence de la Marne et de la Seine[3]. Accompagné du duc d'Orléans, il dispose ses troupes entre Vincennes et Charenton, et lance trois attaques contre la ville. Les régiments de Charenton tombent rapidement sous les coups de l'armée royale, Clanleu étant tué dans l'assaut, tout comme le duc de Châtillon, son alter-ego dans l'armée de Condé[2].
Les troupes parisiennes, presque dix fois plus nombreuses que les soldats royaux[3], sortent de la ville pour soutenir Charenton. Condé occupe alors tout l'intervalle entre Vincennes et Charenton, et fait monter l'artillerie sur les hauteurs de la plaine[4]. L'armée parisienne, peu encline à l'en déloger, ne pèse plus guère sur le combat, se contentant d'y assister[1],[2].
Conséquences
Après la chute similaire de Brie-Comte-Robert aux mains des forces royales, à la fin du mois, Paris ne peut plus compter sur les vivres de la Brie. Bloqués dans Paris, les frondeurs ne peuvent que traiter avec les forces royales, qui sont désormais en position de force. C'est la paix de Rueil, signée le , mais qui ne règle toutefois pas toutes les tensions entre le pouvoir royal, la noblesse, les parlementaires et le peuple.
D'un autre côté, Condé se sent désormais indispensable à la monarchie, et les frondeurs cherchent à l'amener dans leur camp, qui comprend déjà une bonne partie de sa famille. Son emprisonnement préventif en 1650, ainsi que celui de son frère Conti et de leur beau-frère Longueville, annonce la Fronde des princes.
Postérité
Le combat est mis en scène par Alexandre Dumas dans son roman Vingt Ans après. Selon sa version, c'est Aramis qui tue Monsieur de Châtillon[5], en raison à la fois du faux témoignage que Châtillon avait porté à Henriette Marie de France au sujet de la mort de Charles Ier, roi d'Angleterre, et du lien de parenté entre Châtillon et Maurice de Coligny (son frère), autrefois rival d'Aramis en amour[6].
Notes et références
- d'après Montglat (de Motteville 1855, p. 329)
- Duchêne 1992
- Cousin 1866, p. 176
- Cousin 1866, p. 177.
- Dumas 1846, chapitre 82.
- Dumas 1846, chapitre 81.
Bibliographie
Ouvrages historiques
- Françoise de Motteville, Mémoires de Mme de Motteville sur Anne d'Autriche et sa cour, vol. 2, G. Charpentier, (lire en ligne), chap. 30
- Victor Cousin, La société française au XVIIe siècle : d'après Le Grand Cyrus de Mlle de Scudéry, vol. 1, Didier et Cie, , 2e éd. (lire en ligne), chap. 4 (« Lens, Rocroy, Charenton »)
- Jacqueline Duchêne, Bussy-Rabutin, Fayard, , 438 p. (ISBN 978-2-213-64878-1, lire en ligne), chap. 13 (« Charenton »)
Romans
- Alexandre Dumas, Vingt ans après, J.-B. Fellens et L.-P. Dufour, (lire sur Wikisource), « Le combat de Charenton »
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