Défense personnelle
La défense personnelle (en anglais : self-defense) est la maîtrise de techniques de combat permettant de faire face à une agression physique. On parle aussi parfois de combat rapproché (close combat) ou combat de rue.
Pour les articles homonymes, voir Autodéfense.
Le terme « autodéfense » a étymologiquement la même signification, mais renvoie plutôt à une défense armée.
Introduction
Selon William Legrand, la défense personnelle est en premier lieu la gestion de la peur lors d'une agression. L'enseignement de la défense personnelle est souvent basé sur des arts martiaux ou sports de combat avec toutefois une différence de taille : les arts martiaux, portent une attention particulière au respect de l'adversaire, parfois même nommé « partenaire » ; dans la défense personnelle, le but est de faire cesser l'attaque avant d'être maîtrisé, blessé ou même tué, le plus rapidement possible. S'il y a un respect rigoureux de règles de sécurité pendant l'enseignement et l'entraînement, avec utilisation d'armes factices et port de protections, l'application réelle se fait sans aucun respect de l'attaquant, puisque celui-ci ne respecte pas sa victime. Il faut toutefois souligner que, vis-à-vis de la loi française, la réponse doit être proportionnée à l'attaque, et que l'on ne peut être considéré en légitime défense que si l'on est attaqué en premier[1].
La défense personnelle s'attache à utiliser au mieux l'environnement et à utiliser les objets qui nous tombent sous la main : ceinture, chaise, bouteille, cendrier…
Les enseignements sérieux ne se limitent pas à l'enseignement des techniques de combat, mais concernent aussi à la gestion des situations tendues — éviter l'affrontement par le comportement et la parole — et l'aspect juridique (légitime défense).
Dans les pays où l'État n'arrive pas à endiguer la criminalité et où les citoyens ressentent une forte insécurité, la défense personnelle peut prendre une forme armée, sous la forme de milices civiles ; dans certains cas, ces groupes d'autodéfense sont des bras armés de partis politiques et sont le prétexte de violences politiques.
Efficacité directe et arts martiaux traditionnels
Les arts martiaux traditionnels ont été développés durant des siècles de guerre, où les combattants étaient réellement confrontés à la mort ; ils sont donc issus d'une longue expérience et ont prouvé leur efficacité.
Ils se sont cependant transformés entre le XVIIe et le XIXe siècle par trois phénomènes :
- des périodes de paix, notamment la période Tokugawa au Japon ;
- l'arrivée des armes à feu, les corps à corps devenant des situations mineures dans les guerres ;
- la modernisation des sociétés, s'accompagnant parfois d'un oubli des traditions.
Ainsi, la savate qui était un combat de rue est devenue une boxe bourgeoise, les arts martiaux d'Extrême-Orient se sont détournés de la violence et l'on est passé du combat à mort à des compétitions sportives régulées.
Or la préoccupation de la défense personnelle est bien l'efficacité immédiate. À ce titre, les arts martiaux et sports de combats semblent parfois éloignés des situations réelles. Un certain nombre d'experts ont donc décidé de reprendre l'héritage des arts martiaux mais en les retravaillant à partir de situations probables :
- en utilisant des protections (casque, coquille, gants) afin de porter des coups réels et d'habituer les pratiquants à la violence des attaques ;
- en utilisant des armes factices (couteaux en mousse, faux pistolets) ressemblant aux armes réelles afin d'apprendre à gérer le stress, la peur.
Toutefois, la pratique d'arts martiaux traditionnels reste souvent la base nécessaire de l'enseignement : certaines personnes continuent toutefois à opposer les techniques de défense personnelle dites « modernes » aux arts martiaux dits « traditionnels », arguant que les derniers se sont éloignés de la réalité. Dans un certain nombre de cas, il s'agit d'un argument commercial, d'une manière de promouvoir sa propre pratique avec des arguments du type « j'ai conservé le meilleur de la tradition pour rechercher l'efficacité maximale » ; par ailleurs, les mouvements traditionnels souvent ont été soigneusement étudiés et leur modification, même si elle semble mener vers une plus grande efficacité, peut au contraire mettre le pratiquant en danger lors d'une application réelle.
Nous avons donc trois types de pratiques :
- les pratiques hygiénistes/éducatives basées sur le respect et le travail sur soi, comme les arts martiaux chinois dits « internes » (taiji quan, qi gong) et les budo traditionnels (aïkido, judo kodokan, karatedo shotokan, karaté shinkudo), qui permettent de travailler les principes fondamentaux comme la gestion de la distance de sécurité, l'équilibre, la direction d'attaque ;
- les sports de combat (boxes, luttes, karaté de compétition, tae kwon do, sanda, …), qui permettent de travailler l'endurance à la fatigue et à la douleur, la rapidité, la gestion de la surprise ; cependant, du fait de la présence de règles, on assiste fréquemment à des situations peu réalistes comme des distances trop courtes (tous les coups n'étant pas permis) ;
- les pratiques applicatives, centrées sur les simulations de situations réelles (Pencak-Silat, Taijutsu, Krav maga, Kajukenbo, jeet kune do, jujitsu self-defense, kage judo, systema, Shorinji Kempo, close combat et de nombreux cours portant simplement le nom de self-defense).
La notion d'efficacité doit aussi s'aborder dans la notion de diffusion vers le public. Les sports de combat et les pratiques applicatives peuvent sembler plus efficaces, mais vont rebuter de nombreuses personnes en raison de la peur de la douleur, du sentiment d'échec, de l'effort physique réclamé. Une personne pratiquant un art « doux » sera certes moins préparée à la violence d'une attaque réelle qu'une personne pratiquant un art « dur », mais elle sera mieux préparée qu'un non-pratiquant. Lors d'une agression, elle gérera mieux les distances, tombera sans se faire mal (évitant d'ajouter la blessure de la chute à celles des coups) et se mettra en boule durant le tabassage, là où un non pratiquant sera plus gravement atteint. La personne aura donc mieux préservé son intégrité physique et psychologique, l'art « doux » aura donc été efficace.
Enfin, certains spécialistes dénoncent dans des articles des méthodes irréalistes dans des enseignements modernes et applicatifs, comme des erreurs dans la position des pieds, pouvant induire une position instable, ou un désarmement d'une personne armée d'un pistolet dans lequel on ne saisirait que l'arme et pas la main[2].
Intelligence défense personnelle[pas clair]
En droit pénal français
La légitime défense est prévue à l'article 122-5 du code pénal dans son livre premier (Disposition générales). C'est une cause d'irresponsabilité pénale, ce qui signifie qu'elle empêche que soit engagée la responsabilité pénale de l'auteur bien que l'infraction soit constituée dans tous ses éléments (éléments légal, matériel et moral). Il s'agit plus précisément d'un fait justificatif, c'est-à-dire une cause d'irresponsabilité liée à l'infraction elle-même et non à son auteur.
« N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, effectue dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte » (art 122-5 CP)
Pour agir dans le cadre de la légitime défense des personnes, l'agression contre soi-même ou autrui doit répondre à trois conditions (cumulatives) :
- actuelle : le danger est imminent ;
- injustifiée : l'agression est interdite – riposter aux forces de police pendant une manifestation par exemple ne peut être considéré comme de la légitime défense ;
- réelle : l'agression ne doit pas être putative (supposée) mais la jurisprudence admet cependant que des éléments trompeurs peuvent justifier une légitime défense putative.
En outre, la défense doit répondre à trois critères (cumulatifs également) :
- nécessaire : il n'y a aucun autre moyen de se soustraire au danger ;
- simultanée : la réaction doit être immédiate, par exemple : on ne doit pas agir par vengeance ou dans le but de stopper l'agresseur en fuite ;
- proportionnée à l'agression : il ne doit pas y avoir d'excès dans la riposte.
Armes sub-létales
Des armes ont été développées afin de provoquer une incapacité temporaire tout en limitant les effets néfastes. Ces armes sont dites « sub-létales », ce qui signifie qu'elles ont un potentiel mortel faible, mais on ne peut pas assurer que la personne ne risque pas de mourir, à la suite d'un mauvais usage de l'arme (frappe sur des points vitaux), ou à la suite d'une complication (problème de santé non visible qui vulnérabilise la personne, chute ou précipitation à la suite de l'usage de l'arme...)
La faible dangerosité fait que ces armes peuvent parfois être possédées sans autorisation spéciale ; cela en fait des « armes de défense » idéales, mais aussi des armes d'attaques, l'agresseur encourant une peine moins importante s'il se fait arrêter.
L'exemple le plus commun est la bombe lacrymogène ou à gaz poivre pour sa rapidité d’exécution, son ergonomie (ce sont souvent de petits tubes de l'envergure de 12 cm en moyenne) et son efficacité qui n'est plus à défendre, en témoigne son utilisation dans les services de maintien de l'ordre et ceux dont la majorité des pays. Mais son utilisation est aussi reconnue dans la sphère privée[3].
Il faut se méfier :
- des lieux clos, en particulier si le nuage est peu directif ;
- du vent et des courants d'airs, appels d'air.
Pour parer à ces inconvénients, on préférera utiliser une bombe lacrymogène au gel.
Défense personnelle armée
Un agresseur pouvant être armé, certaines personnes pensent qu'elles doivent être armées pour se protéger. Cette notion est parfois appelée equalization : l'agressé est « à égalité » avec l'agresseur.
Le fait de détenir et de transporter une arme est en soi un risque ; même si celle-ci n'est destinée qu'à la défense contre une attaque à main armée, rien ne garantit :
- qu'on ne l'utilisera pas contre une attaque à main nue, ou bien malgré la mise en fuite de l'agresseur, donc hors du cadre de la légitime défense ;
- qu'on ne l'utilisera pas pour commettre un homicide, éventuellement pour se faire justice soi-même (autojustice) si l'on considère que l'État ne joue pas son rôle ;
- que l'arme ne sera pas volée ;
- qu'il n'y aura pas de blessé ou de mort par accident :
- jeu d'enfant[4] : pour protéger les enfants, les armes doivent être sous clef, et pour les armes à feu, les munitions sous clef dans un endroit séparé ; mais alors l'arme n'est plus accessible en cas d'attaque, par définition inopinée ;
- perte de la maîtrise de soi : soirée arrosée[5], coup de colère[6], problème psychiatrique ;
- fausse alerte : la personne se réveille la nuit en entendant du bruit, mais il s'agit d'un membre de la famille, voir par exemple l'affaire du garagiste de Courtenay en 1978[7] ;
- balle perdue.
Notes et références
- Article 122-5 du Code pénal (extrait)
- Uri Kaffe, entretien avec Avi Bardia, Budo International no 120, mai 2005, éd. Budo International Publishing Co.
- http://www.nordeclair.fr/faits-divers-justice/braquages-a-mouvaux-et-croix-cinq-suspects-incarceres-ia0b0n368836
- « Monclar. L'enfant blessé par arme à feu est mort », sur La Dépêche du Midi, 29 juillet 2010
- Isabelle Mandraud, « Le policier ivre qui a blessé grièvement un jeune homme dans un restaurant de Franconville a été écroué », sur Le Monde, 5 février 2008
- « Yvelines. Un policier blesse sa femme avec son arme de service », sur La Dépêche du Midi, 17 octobre 2011
- Sorj Chalandon, « La peur défie les pleurs », sur Libération.fr, 23 octobre 1978