Combinateur

Le combinateur est un mécanisme propre à l'orgue, permettant de préparer une ou plusieurs séries de registrations que l'on appelle des combinaisons ou des préparations. Très utile sur de grands instruments où des assistants auraient trop de choses à faire en même temps. Un dispositif équivalent a existé sur les clavecins anglais de la fin du XVIIIe siècle sous le nom de « machine stop ».

Historique

Les combinateurs mécaniques

Les premiers combinateurs, entièrement mécaniques, ont été inventés vers 1760 par le facteur d'orgue italien Luigi Serassi, fils de Giuseppe, fondateur de l'atelier. C'était un système ingénieux reprenant le principe de l'accouplement des claviers, mais disposé verticalement et s'appliquant aux manettes des registres. En effet, dans l'orgue italien, les jeux s'appellent à l'aide d'une manette qui se déplace latéralement et vient se bloquer dans une encoche. Si l'on relève la manette, elle revient d'elle-même en arrière grâce à un ressort de rappel. Le combinateur ressemble alors à un rateau, chaque dent pouvant être levée ou baissée pour pousser ou libérer chacune des manettes de registre. On avait ainsi une registration d'avance qui pouvait être enclenchée à l'aide d'une pédale. Ce système s'appelle traditionnellement combinaison à la lombarde (Combinazione alla Lombarda).

Avec l'invention de la traction pneumatique, les combinateurs sont devenus plus complexes, permettant de préparer une ou deux registrations à l'avance. On a ainsi des consoles avec double ou triple registration. Les registrations muettes peuvent être préparées et modifiées pendant le jeu. On appelle chaque registration à l'aide d'un champignon ou d'une cuillère placée à portée de pied, généralement au-dessus du pédalier.

Les combinateurs électriques

L'arrivée de l'électricité permettra de construire des combinateurs à électro-aimants qui vont profiter non seulement à l'orgue classique mais aussi et surtout à l'orgue de théâtre.

Le facteur lyonnais Ruche déposa le brevet d'un combinateur à carton perforé, inventé par Adrien Rougier, qu'il nomma Acribès[1] : la machine comprenait un perforateur intégré pour créer le carton in situ, permettant à l'organiste de préparer à l'avance toutes ses registrations par la perforation de cartons. La lecture se réalisait par des contacts électriques, un piston au pied faisant avancer le carton d'un cran à la fois. Il en existe encore un en fonctionnement sur l'orgue de Saint-André à Tarare (France)[2].

Les combinateurs électroniques

Désormais, les combinateurs sont électroniques et permettent de stocker des milliers de combinaisons et même de les sauvegarder sur une carte à puce mémoire ou sur une clé USB, système de replay (ND de Paris (2014), Angoulème (2015), St eustaches (2010))

Les combinateurs équipent des instruments de taille moyenne ou importante, notamment dans le cadre d'instruments neufs ou de la restauration d'instruments néoclassiques, post-symphonique ayant déjà un tirage de jeux électrique. Les facteurs tendent à intégrer le combinateur et ses éléments au niveau de la console pour les rendre le plus discret possible.

À titre d'exemple, le grand orgue de Notre-Dame de Paris contient un nombre illimité de combinaisons (plusieurs banques de 50 000 combinaisons chacune). La division se fait en séries de combinaisons (exemple : 8 combinaisons générales × 99 séries × 32 clés).

Avec les combinateurs informatisés récents, on peut aller jusqu'à 350 000 combinaisons avec plusieurs crescendos et tuttis programmables.

La gestion informatisée permet également d'avoir des configurations particulières pour la gestion des plans sonores (Notre-Dame de Paris 2013-2014 Eltec, N.-.D-du-Voyage Cannes, cathédrale d'Angoulème, Montpellier, Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours (PARIS).

Ces combinateurs informatisés permettent de régler la sensibilité du toucher d'instrument ayant une traction proportionnelle pour les notes. Un système de Replay est parfois ajouté, l'organiste peut faire rejouer l'instrument seul et corriger son jeu ou ses registration après l'écoute (Notre-Dame de Paris ; cathédrale d'Angoulème)

La fiabilité des combinateurs électroniques récents est bonne ; de même le coût d'achat a baissé au fil des années.

Fonctionnement

Les combinateurs électroniques actuels se composent de plusieurs parties :

  • une carte d'acquisition servant d'interface avec les tirants de registres, tirasses et accouplements ;
  • un module d'affichage composé d'un afficheur à led (numéro de combinaison, séries, espace utilisateur) ou bien un écran tactile LCD
  • le module du combinateur lui-même intégrant regroupant la partie mémoire ; la gestion du système ;
  • les boutons d'enregistrement et de rappels des combinaisons/séquentiel sous les claviers (positif ou grand orgue) ;
  • les pistons de rappel au pied (situé au-dessus du pédalier de part et d'autre des bascules d'expressions). La partie électronique du dispositif est logée dans un boitier dans le meuble de la console.

L'électronique a permis d'introduire un système fort utile pour le concertiste, le mode séquentiel : à côté des bascules des boîtes expressives, on trouve deux pistons notés (-1)ou(<) et (+1)ou(>). L'organiste en jouant sa pièce appuie avec le pied sur le piston (< ; >) pour changer de registration au fur et à mesure de la lecture de la partition, évitant ainsi l'utilisation des appels généraux. La pédale de crescendo peut être couplée au combinateur : on peut ainsi préparer l'introduction des jeux selon la course de la pédale et obtenir plusieurs crescendos programmables.

Parmi les grandes firmes produisant des combinateurs, on trouve : E.R.D.Electronique (France), Pétrique-Dièse.Info (France), Thourel (France), Peterson (États-Unis), Taylors, S.S.O.S (Grande-Bretagne), Laukhuff (Allemagne), Heuss (Autriche), Eltec (Italie).

Notes et références

  1. L'Orgue, Les Amis de l'Orgue., (lire en ligne)
  2. « L'orgue Saint-André se refait une beauté », sur www.le-pays.fr, Le Pays, (consulté le )
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