Compagnons du Devoir

Les Compagnons du devoir sont, en France, les membres d'un mouvement qui assure à des jeunes gens, à partir de l'âge de 15 ans et aussi post bac, une formation à des métiers traditionnels. Elle est fondée sur l’apprentissage, la vie en communauté et le voyage du Tour de France du compagnonnage.

Pour les articles homonymes, voir Le Devoir (homonymie).

Les oiseaux qui prennent leur envol est le symbole et le logo de l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France.

Les missions des Compagnons du Devoir sont, dès lors, de former et d’accueillir les jeunes sur le Tour de France. Du XVIe au XIXe siècles, confrontés aux difficultés du monde ouvrier, ils prirent également l’initiative de créer leurs mutuelles et caisses de retraite, tout en organisant l’embauche sur les chantiers et dans les ateliers[1].

Pour devenir Compagnon du Devoir, il faut préalablement devenir « affilié » ou « aspirant », en réalisant un travail d'adoption (en tant qu'apprenti ou itinérant) qui est ensuite examiné par la corporation du métier et la communauté (aspirants et compagnons). Cette première pièce permet, si elle convient et que la communauté est d'avis favorable, d'accéder à l'affiliation ou l'adoption.

L'affiliation ou l'adoption n'est pas chose facile car, à part la qualité de la maquette d'adoption, l'insertion dans la communauté est très importante car ceux qui la composent se concertent et décident de l'adoption ou pas du jeune. Les rapports humains au sein de la communauté sont donc primordiaux, ainsi que le comportement de tous les jours, en plus d'un travail presque permanent et régulier.

Un affilié ou un aspirant peut se lancer sur le Tour de France (qui peut durer plusieurs années) pour acquérir de la technique et du savoir, qui sont indispensables pour réaliser une pièce de réception (le chef-d'œuvre requis pour devenir Compagnon), témoignant d’une connaissance parfaite des matériaux mis en œuvre et des techniques utilisées.

Selon une légende, le roi Salomon, Maître Jacques et le Père Soubise seraient les fondateurs du compagnonnage[2].

Son objet est de permettre à chacun de s'accomplir dans et par le métier dans un esprit d'ouverture et de partage. Ces filières, qui n'ont aucun équivalent dans les lycées professionnels de l'Éducation nationale, donnent des ouvriers expérimentés et très polyvalents[réf. nécessaire] dans trente métiers différents dans les six filières qui sont : industrie-métallurgie, bâtiment, aménagement et finition, métiers du goût, matériaux souples, métiers du vivant.

Son slogan est : « Soyez de ceux qui construisent l'avenir ! »

Formation

Il faut six à neuf ans de travail intense avant d'être éventuellement admis parmi les Compagnons. Sur cent aspirants, dix seulement y parviendront.

Selon leur niveau et leur âge, les jeunes de moins de 22 ans  garçons ou filles  ont donc le choix entre trois parcours :

  • Après la 3e ou une année classe de lycée : l'apprentissage

Vous pouvez préparer un métier en alternance comme apprenti pour obtenir en deux ou trois ans un premier diplôme professionnel (CAP ou bac pro selon le métier).

  • Après un bac général ou technologique : la prépa métier

Même si vous n'aviez pas pris cette voie, vous pouvez apprendre un métier manuel ou transformer une passion en profession. Vous pouvez vous former en alternance pour obtenir en 1 ou 2 ans un premier diplôme professionnel (CAP ou bac pro).

  • Après un premier diplôme du métier (CAP, bac pro, brevet professionnel, BTS)

Vous pouvez vous perfectionner grâce au grand réseau des compagnons et préparer en alternance un diplôme supérieur au vôtre (jusqu'à la licence professionnelle) tout en faisant un « Tour de France ».

  • Les plus de 22 ans

Vous entrez dans le dispositif de la formation continue pour adultes. Les Compagnons peuvent proposer des formations diplômantes (qui préparent à un diplôme), ou bien des formations qualifiantes (qui dispensent une qualification pour un métier) et sont souvent plus courtes.

La formation comprend trois niveaux :

  • apprenti, stagiaire ou jeune : le jeune qui suit une formation en alternance de six semaines en entreprise puis deux semaines dans un « centre de formation d’apprentis » (CFA) pour obtenir un CAP ou d'un BEP. Pour devenir aspirant, l’apprenti doit réaliser une « maquette d’adoption ». À l'issue de la correction de cette maquette, la communauté des aspirants et compagnons jugera si l'apprenti ou le stagiaire peut être « adopté » en qualité d'aspirant et ainsi faire partie de la communauté des Compagnons ;
  • aspirant ou affilié : jeune en cours de perfectionnement ; pouvant partir sur ce qu'on appelle « le tour de France » fondé sur le voyage, pendant lequel le jeune itinérant multiplie les expériences professionnelles et culturelles ;
  • compagnon : aspirant qui a réalisé son travail de réception, et achevé son Tour de France. Par le « chef-d'œuvre de réception », une création de son choix exposant les difficultés de son métier. il démontre ses capacités professionnelles, et l'accomplissement de sa formation. Il doit s'agir d'une prouesse technique de plusieurs centaines d'heures de travail, selon le corps de métier concerné ;
  • mais le compagnon n'en n'a pas pour autant terminé avec son tour de France : il lui revient désormais de transmettre son savoir aux plus jeunes en prenant des responsabilités pendant deux ou trois ans dans les maisons de compagnonnage. Ce devoir accompli, il pourra enfin se déclarer « compagnon sédentaire » et envisager sa vie professionnelle.

L’hébergement des apprentis et des compagnons se fait dans des « Maisons des Compagnons ». Les rapports humains des Compagnons entre eux sont basés sur l'égalité (le tutoiement est utilisé pour se parler, quel que soit le rang), le respect, l'entraide et l'échange de connaissances.

La devise des Compagnons est : « Ni s'asservir, ni se servir, mais servir. » ou
« Servir sans s'asservir ni se servir. »

Métiers

Quelques exemples des métiers proposé par les Compagnons du Devoir :

Mouvements

Les mouvements compagnonniques se sont divisés pour des questions de rivalités mais restent en accord sur l’essentiel qui est de permettre à chacun de s'accomplir dans et par le métier dans un esprit d'ouverture et de partage. Des tentatives de réunification menées entre autres par Agricol Perdiguier n’ont pas abouti en raison de différences de vues sur la manière d'organiser le compagnonnage des différents rites. Cette indépendance permettra au compagnonnage de subsister même si l'un des compagnonnages venait a disparaître. De nos jours, entre les 3 principaux compagnonnages, l'entente est cordiale et les contacts sont fréquents entre les responsables.

Aujourd'hui, les trois principales organisations sont :

  • la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment (FCMB), créée en 1952, elle est reconnue d'utilité publique par l'État, elle regroupe :
    • la Société des compagnons charpentiers des Devoirs du Tour de France,
    • la Société des compagnons maçons, tailleurs de pierre des devoirs du tour de France,
    • la Société des compagnons et affiliés menuisiers et serruriers-métalliers du devoir de liberté,
    • la Société des compagnons passants bons drilles, couvreurs, zingueurs, plombiers et plâtriers du devoir du Tour de France
    • la Société des compagnons peintres vitriers du devoir du tour de France.
  • l’Association ouvrière des compagnons du devoir du tour de France (AOCDTF), créée en 1941, elle est reconnue d'utilité publique par l'État. Elle est depuis mai 2018 présidée par Jérémie Mosnier (qui était membre du Conseil (c'est-à-dire bureau de l'association) depuis 2015 au titre de conseiller au Collège des métiers (organe chargé de la recherche, la formation, la rencontre et la mémoire, pour l'ensemble des métiers de l'association), tout en remplissant également d'autres mandats locaux dans des d'organisations professionnelles). Il a ainsi succède à Bertrand Nauleau (élu Premier conseiller en avril 2013).
  • l’Union compagnonnique des compagnons du tour de France des devoirs unis, créée en 1889,

Mais il existe aussi d'autres sociétés, comme l'Association des compagnons passants tailleurs de pierre, mouvement né d'une scission avec « l'AOCDTF» au congrès de 2000 des tailleurs de pierres, et ne concernant que cette corporation.

La Cayenne itinérante regroupent que des compagnons du rite soubise.

La Société des compagnons selliers tapissiers maroquiniers cordonniers-bottiers du devoir du tour de France – dite Famille du Cuir – a repris son indépendance en 2007, à la suite d'un désaccord profond d'éthique et de philosophie avec certains de ses membres favorables aux idées de l'AOCDTF concernant en particulier le compagnonnage féminin au sein de celle-ci. La Société mouvement historique dépositaire de son Devoir en accord avec ses valeurs, est favorable à un compagnonnage féminin indépendant et autonome avec échanges sur les savoir-faire et les réflexions philosophiques tandis que l'AOCDTF prône un compagnonnage féminin intégré.

Actions et objectifs

Les Compagnons du Devoir conduisent de nombreuses actions en France et dans le monde (restauration des tours de Notre-Dame de Paris ou de la flamme de la statue de la Liberté, travaux de coffrage dans le tunnel sous la Manche…). Ils exposent, publient et diffusent des ouvrages, participent à des événements contribuant à la valorisation des métiers qu'ils représentent. Chaque année, les Compagnons du Devoir organisent ou prennent part à des manifestations, afin de faire découvrir leur système de formation original à des jeunes en quête d'une orientation professionnelle ou d'un mode de perfectionnement dans un métier.

Culture

Les compagnons ont toujours cultivé certaines valeurs éthiques du travail bien fait, de la richesse de l'expérience pratique et de la transmission des savoir-faire. Autour de « la Mère », dans chaque ville, ils puisent auprès de leurs aînés un vrai métier et un respect mutuel au cours de leur formation.

De nos jours, le compagnonnage a évolué vers une plus grande ouverture, notamment par l'accueil de jeunes filles dans ses centres de formation (pour l'AOCDTF). Pour un jeune homme ou une jeune femme aujourd'hui, le compagnonnage se présente comme une manière originale d'apprendre son métier tout en perfectionnant son caractère en expérimentant la vie en communauté.

Privilégiant la vie en communauté, le voyage et l'ouverture culturelle et spirituelle, les Compagnons du Devoir s'engagent à partager leur savoir-faire et l'amour du travail bien fait, du sérieux et de la modernité avec les jeunes générations[3].

Notes et références

  1. René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel – Protection, restauration, réglementation. Doctrines – Techniques – Pratiques), Paris, éditions Les Encyclopédies du patrimoine, , 1512 p. (ISBN 2-911200-00-4)
    Chapitre VII : Les mécanismes assurant la qualité des travaux, p. 225-243 ; et Notices : Compagnon ; Compagnonnage ; Compagnons du Devoir ; Compagnons du Tour de France p. 506-509 ; Chantiers-écoles p. 512-515.
  2. Référence au roi Salomon.
  3. « Qui sont les Compagnons du Devoir ? », sur Franceinfo, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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