Confiteor
Confiteor (Deo) est le titre d'une prière liturgique, commune aux rites latins médiévaux et modernes, commençant par le verbe latin qui signifie : « Je reconnais, j'avoue » ; d'où la traduction liturgique française « Je confesse (à Dieu) ». Par cette formule, le fidèle se reconnaît pécheur.
Pour le roman homonyme de Jaume Cabré, voir Confiteor (roman).
La prière se déroule en deux temps : 1. Aveu de l'état de pécheur et demande d'intercession, 2. Demande de pardon, par laquelle celui ou celle qui préside la célébration demande la miséricorde de Dieu, le pardon des péchés et la vie éternelle.
Histoire
Prémices
Les premieres sources sur le rite romain décrivent toutes la messe comme commençant avec l'introït. Cependant, le célébrant pouvait avoir effectué une prière de pénitence de type Confiteor à titre de prières privées dans la sacristie avant de commencer la messe. Ce n'est qu'à partir du 10e ou au 11e siècle que des preuves de la préparation à la messe faite à l'autel apparaissent[1].
Certaines prières similaires au Confiteor apparaissent plus tôt en dehors de la messe. La Règle canonique de Chrodegang de Metz (d. 743), au VIIIe siècle, recommande : « Tout d'abord prosternez-vous humblement devant Dieu... et priez la Bienheureuse Marie avec les saints Apôtres et Martyrs et confesseurs de prier le Seigneur pour vous." et Ecgbert d'York (d. 766) donne une forme abrégée qui est le germe de notre prière actuelle : ."Dites à celui à qui vous voulez confesser vos péchés : par ma faute, j'ai péché excessivement en pensée, en parole et en acte." En réponse, le confesseur dit presque exactement la prière du Misereatur[1].
Apparition
Le Confiteor est cité pour la première fois dans le cadre de l'introduction de la messe de Bernold de Constance (mort en 1100). Suivent les prières Misereatur et Indulgentiam, la première est légèrement différente de la forme tridentine mais la seconde exactement identique. La forme tridentine du Confiteor se trouve dans " l'Ordo Romanus XIV " du XIVe siècle avec seulement une légère différence, puis se trouve mot pour mot dans un décret du troisième concile de Ravenne (1314)[1]..
Au Moyen Âge, la forme du Confiteor et surtout la liste des saints qu'il invoquait variaient considérablement. Les Ordres chartreux, carmélites et dominicains, dont les missels existaient alors depuis plus de 200 ans, furent autorisés après 1570, à conserver des formes de confiteor différentes de celle du missel tridentin. Ces trois formulaires étaient assez courts et ne contenaient qu'un seul « mea culpa » ; les Dominicains invoquaient, outre la Sainte Vierge, saint Dominique. D'ailleurs, quelques autres ordres eurent le privilège d'ajouter le nom de leur fondateur après celui de saint Paul. Les franciscains, par exemple, ont inséré le nom de François d'Assise et de nombreuses maisons bénédictines ont ajouté le nom de leur fondateur, saint Benoît. Le patron local a été inséré au même endroit dans quelques usages locaux[1].
To what is here taken from the Catholic Encyclopedia one can add the text of an elaborate (but ungrammatical) form of the Confiteor found in the Paenitentiale Vallicellanum II, which has been attributed to the 9th century[2]:
Dans toutes les éditions du Missel romain tridentin de 1570 à 1962, le texte du Confiteor est resté inchangé, mais il y a eu des changements dans les rubriques connexes et dans la formulation de la prière Misereatur avec laquelle les servants d'autels répondaient au Confiteor du prêtre et vice et versa. Dans le Missel romain tridentin original, promulgué et publié par le pape Pie V en 1570, cette prière comprenait l'expression dimissis omnibus peccatis vestris/tuis ("pardonne tous tes péchés")[3],[4]; mais en 1604, un autre pape, Clément VIII, révisa le Missel romain tridentin de 1570 et, entre autres changements, supprima le mot omnibus ("tous") de cette prière[5]
En 2021, une nouvelle traduction française officielle est publiée[6].
Usages
Jusqu'en 1969, le Confiteor était récité deux fois au début de la messe, après la récitation du Psaume 42/43, une fois par le prêtre et une fois par le(s) servants d'autel ou par le diacre et le sous-diacre. Il était également dit, une seule fois par les fidèles, avant que la communion ne soit distribuée, jusqu'à ce que le pape Jean XXIII dans son code des rubriques de 1960 le supprime[7].
Le Caeremoniale Episcoporum prévoyait également que, lorsqu'un évêque célébrait la messe solennelle, le diacre devait chanter le Confiteor après le sermon et avant que l'évêque n'accorde une indulgence[8].
Le Code des Rubriques de 1960 du Pape Jean XXIII et son édition de 1962 du Missel Romain Tridentin ont supprimé la récitation du Confiteor juste avant la distribution de la Communion aux fidèles. Néanmoins, dans certains endroits où le Missel romain de 1962 est utilisé, ce Confiteor supplémentaire reste récité[9]. En 2011 une enquête a montré que cette pratique, bien que controversée, est assez courante[10].
Gestes
Les éditions tridentines du Missel romain prescrivaient que le prêtre devait s'incliner profondément devant l'autel tout en récitant le Confiteor avec les mains jointes et qu'il devait rester incliné jusqu'à ce que le ou les servantscommencent leur récitation du Confiteor.
De 1604 à 1962, le Missel romain prescrit également qu'aux mots mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa, ceux qui récitent le Confiteor se frappent trois fois la poitrine. Ni l'édition tridentine originale (1570) du Missel romain ni les éditions Vatican II (à partir de 1970) ne précisent le nombre de fois. Aucune édition ne précise la forme du battement de sein, sauf pour dire qu'il doit être fait avec la main droite. Que la main doit être serrée dans un poing est défendu par certains[11] et rejeté par d'autres[12]. Saint Augustin d'Hippone écrivait, à propos de ce geste, : "A peine avez-vous entendu le mot 'Confiteor', que vous vous frappez la poitrine. Qu'est-ce que cela veut dire sinon que vous voulez mettre en lumière ce qui est caché dans la poitrine, et par cet acte nettoyer vos péchés cachés ?" (Sermo de verbis Domini, 13), et saint Jérôme de même: « Nous frappons notre poitrine, car la poitrine est le siège des mauvaises pensées : nous voulons chasser ces pensées, nous voulons purifier nos cœurs » (Ezechiel, XVIII)[12] .
Réforme du Confiteor (1969)
Nouvelle messe – Missel de Paul VI (1969)
Latin | Traduction jusqu'à 2021 | Traduction à partir de 2021 |
Confiteor Deo omnipotenti
Le prêtre ajoute ensuite : Misereatur nostri omnipotens Deus et, dimissis peccatis nostris, perducat nos ad vitam æternam. |
Je confesse à Dieu tout-puissant, Le prêtre ajoute ensuite : Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde, qu'il nous pardonne nos péchés, |
Je confesse à Dieu tout-puissant,
je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu |
La nouvelle traduction de 2021 est plus fidèle à la forme latine "et vobis" "bienheureuse Vierge Marie" mais rajoute "et sœurs" à deux reprises. Cette mention est absente du texte latin. Reste éloignés du texte latin la formule "oui, j’ai vraiment péché." et l'absence du "semper virginem".Messe traditionnelle (rite tridentin)
Messe traditionnelle
Français Je confesse à Dieu Tout-Puissant, |
Latin
Confíteor Deo omnipoténti, |
Ordinaire cartusien
Français
Je confesse à Dieu, |
Latin
Confíteor Deo |
Ordinaire dominicain
Les mots entre parenthèses sont omis par la liturgie dominicaine primitive d'Humbert de Romans (XIIIe siècle, voir ms. Rome, Santa Sabina, Arch. O.P., XIV-L-1, f. 43r)
Français
Je confesse à Dieu (Tout-Puissant), |
Latin
Confiteor Deo (omnipotenti), |
Ordinaire de l'ordre des Ermites de Saint-Augustin
D'après un bréviaire manuscrit à l'usage de l'ordre des Ermites de saint Augustin copié en 1478 (Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. latin 1050, f. 181v)
Français
Je confesse à Dieu Tout-Puissant, et |
Latin
Confiteor Deo omnipotenti, |
Notes et références
- Fortescue, Adrian. "Confiteor". In Herbermann, Charles (ed.). Catholic Encyclopedia. 4. 1908, New York.
- Friedrich Wilhelm Wasserschleben, Die Bussordnungen der abendländischen Kirche, Halle, Ch. Graeger, (lire en ligne), 555 :
« mea culpa. »
- Manlio Sodi and Achille Maria Triacca, Missale Romanum: Editio Princeps (1570) (Vatican City: Libreria Editrice Vaticana, 1998), p. 294
- Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum Pii Quinti Pontificis Maximi iussu editum (Paris 1603), p. 136
- Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum Pii Quinti Pontificis Maximi iussu editum et Clementis VIII auctoritate recognitum (Vatican Press 1604), pp. 205−206
- « Nouvelle traduction du Missel romain : qu'est-ce que cela change ? », sur Église catholique en France (consulté le )
- Code of Rubrics, 503
- One or more of the preceding sentences incorporates text from a publication now in the public domain: Fortescue, Adrian (1908). "Confiteor". In Herbermann, Charles (ed.). Catholic Encyclopedia. 4. New York: Robert Appleton Company. Retrieved 29 August 2016.
- Archdiocese of Dublin, Information on celebration of Mass according to the 1962 Roman Missal
- A question for our readers: the Second Confiteor
- MacMichael, Brian W., "The New Translation of the Holy Mass: The Confiteor", Diocese of Fort Wayne-South Bend
- Andrew Meehan, "Striking of the Breast" in The Catholic Encyclopedia (New York 1907)