Conservatoire de danse de Bruxelles
Les origines d'une école de danse à Bruxelles remontent à la fin du XVIIIe siècle. Certains auteurs affirment que l'initiateur de cette institution fut Jean-Antoine Petipa, le père du célèbre chorégraphe Marius Petipa, qui en obtint la reconnaissance et la dénomination officielles en 1826. Il faut toutefois remonter bien avant cette date pour trouver les fondements du futur Conservatoire de danse.
En 1780, Louis-Jean Pin, Alexandre Bultos et Sophie Lothaire, directeurs associés du Théâtre de la Monnaie et du Théâtre du Parc, forment une école de huit couples d'enfants, destinés à devenir figurants au Théâtre de la Monnaie et à donner de petites représentations au Vauxhall du Parc.
Seule la troupe verra le jour en 1782, car l'archevêque de Malines parvient à faire interdire la constitution de l'école, pour raison de moralité publique. Le répertoire de la troupe, chorégraphié par Pierre-Jean Gambu, comporte des pantomimes comme Les Héroïnes, Sophie de Brabant, Mirza et Lindor ou Cendrillon.
Lorsqu'en 1815 le danseur Eugène Hus devient régisseur et maître de ballet du Théâtre de la Monnaie, il nourrit des ambitions précises en ce qui concerne la reconstitution d'une troupe de ballet, dont la disparition de la scène bruxelloise en 1793 n'avait jamais été comblée. En 1818, à la demande de Hus, la Commission royale des Théâtres de Bruxelles, que Guillaume d'Orange avait instituée l'année précédente, prend le problème en mains et obtient un local dévolu aux leçons de danse. De 1821 à 1823, les leçons se donnent dans un local situé sur la place de la Monnaie.
Après la mort d'Eugène Hus (1823), le Conservatoire ferme provisoirement ses portes. Jean-Antoine Petipa, arrivé à Bruxelles en 1819, a repris la charge de maître de ballet qu'avait exercée Hus, et il tente peu à peu de réorganiser le Conservatoire. Dorénavant d'ailleurs, le directeur de l'école de danse sera généralement le maître de ballet du Théâtre de la Monnaie. Avec l'appui de la Commission royale des Théâtres, Petipa obtient l'élaboration d'un premier règlement, qui restera inchangé jusqu'en 1837.
- « Conservatoire de Danse. La Commission royale chargée de l'administration des Théâtres royaux de Bruxelles, ayant jugé convenable d'établir un conservatoire de danse, à l'effet d'y former des sujets dignes de figurer un jour sur le Grand-Théâtre de cette ville, je m'empresse, en ma qualité de directeur de l'établissement, et dans l'intérêt de ceux qui voudraient jouir des bienfaits de l'institution, de porter à leur connaissance les principaux articles de règlement fondamental de l'école :
- Art. 1er. Le conservatoire sera ouvert à dater du 20 avril 1826, les lundi, mercredi, vendredi et samedi de chaque semaine.
- 2. Le nombre des élèves est fixé à vingt-quatre: pour en faire partie, il faut être âgé de six ans au moins, et de douze au plus.
- 3. Les parens des élèves s'engageront, par écrit, à laisser danser leur enfans sur le théâtre chaque fois qu'ils en seront requis, et cela sans rétribution, à moins que les élèves ne comptent deux années de classe.
- 4. Lorsqu'un élève aura été jugé capable d'être employé dans le corps du ballet, l'administration l'y admettra de préférence, mais pour deux ans seulement, sauf à renouveler et à étendre ses émolumens s'il y a lieu.
- 5. Un examen aura lieu tous les ans en présence de MM. les membres de l'administration supérieure du Théâtre-Royal, du maître de ballet et des premiers sujets de la danse. Des prix d'encouragement y seront distribués par l'administration.
- Pour copie conforme, PETIPA, Directeur du conservatoire de danse, et maître de ballet du Théâtre-Royal, demeurant hors la porte de Laecken, n° 35, où l'on peut s'adresser tous les jours, depuis 8 jusqu'à 10 heures du matin, pour de plus amples informations ».
Les leçons se donnent dans un local de la rue de la Fiancée, vis-à-vis du couvent des Augustins.
Dès 1831, le nouveau maître de ballet Victor Bartholomin dirige également le Conservatoire ; il y est rejoint par Petipa de 1833 à 1834. En 1836, Pierre-Jean Aniel, ancien premier danseur des Théâtres de Bordeaux et de Lyon, en reprend la direction pour une seule saison.
Sous l'impulsion du maître de ballet Léon, un nouveau règlement entre en vigueur en 1837, qui précise notamment que le Conservatoire se composera de quinze élèves âgés de sept à quatorze ans.
À partir de 1838, un « maître de classe » est désigné, chargé de donner les cours de manière permanente, de coordonner les répétitions et d'assurer la continuité du programme.
Délogé de la rue de la Fiancée par les grands travaux de voûtement de la Senne et de percement des grands boulevards, le Conservatoire s'établira en 1874 dans un nouveau bâtiment construit en retrait de la rue du Marais où la salle de classe et de répétition reproduit la pente du plateau du Théâtre de la Monnaie. C'est là qu'Assaf Messerer fera travailler petits rats et danseurs de la compagnie.
En 1963, le Conservatoire s'installe rue de la Fourche, à deux pas du Théâtre de la Monnaie, dont il devient juridiquement indépendant.
La Conservatoire ferme ses portes dans les années 1990, après avoir été un creuset pour les futurs danseurs du Ballet du XXe siècle. Maurice Béjart avait d'ailleurs élu domicile au dernier étage du bâtiment et la plupart des professeurs de l'école Mudra, comme Dolorès Laga, enseignaient au Conservatoire.
En avril 2008 est créée la Fondation Maison Maurice Béjart à Bruxelles, ayant pour objectif de promouvoir la postérité de l'œuvre de Maurice Béjart et la danse en général. Cette fondation s'installe au 49 rue de la Fourche, dans l'immeuble qui abritait à la fois les appartements de Maurice Béjart et le Conservatoire. C'est là que se trouvent encore aujourd'hui les installations du Conservatoire de danse. L'enseignement y est prodigué par Menia Martinez depuis septembre 2013, accompagnée de Benedicto Cieza.
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