Coupé-décalé

Le coupé-décalé est un genre musical, populaire dans les années 2000 et 2010 en Côte d'Ivoire, et adopté par les adolescents de ces décennies.

Coupé-décalé
Détails
Date de création
Origines stylistiques
Origines culturelles
Instruments typiques
Popularité
Mondiale
Scènes régionales
Sous-genres
Kamora, kpangbèlè, ndombolo, kpangor, zoropoto, 202, shamakuana, kuitata, mafouet, yamoukoudi, okininkpin, lumumba, Move Dadass, tchintchin, sympa, valaba
Genres dérivés
Naija, afro trap
Genres associés

Histoire

Au début des années 2000, ce mode d'expression musicale apparaît, initiée par de jeunes Ivoiriens vivant en France, avec des rythmes toniques inspirés des percussions ivoiriennes et congolaises, des paroles joyeuses et un art de s'habiller de vêtements de marques[1],[2],[3],[4]. Pour le groupe de youssoumba À nous les petits, « c'est à travers le youssoumba que le zouglou et le coupé-décalé ont été créés[5]. »

Assez vite, ces danses et ce courant musical reviennent en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest et s'y popularisent sous l'impulsion de disc jockeys. La danse est nommée décalé-coupé, puis coupé-décalé. L'expression renvoie à l'argot de rue ivoirien. « Couper », a, entre autres, le sens de « voler à l'arraché » et « décaler » celui de « partir en courant sans payer ». Par extension, pour la diaspora, les mots ont pris des sens plus généraux : « couper » signifie « gagner de l'argent », d'une façon ou d'une autre, et « décaler », l'envoyer par mandat au pays, avec un troisième terme souvent associé dans une formule résumant la vie quotidienne, « travailler », et la nécessité d'y échapper en faisant la fête[6]. Historiquement, l'arrivée du coupé-décalé en Côte d'Ivoire correspond à peu près au début de la guerre civile ivoirienne en 2002. Le message associé (schématiquement, profiter de la vie et faire la fête), est clairement apolitique[1],[2],[6].

Première vague, jusqu'en 2004

C'est l'apparition de ce nouveau courant musical à Paris puis en Côte d'Ivoire où il se propage dans tous les bars. Des figures émergent. Il s'agit d'abord des créateurs comme La Jet Set, groupe composé en particulier de Douk Saga, Boro Sanguy, Lino Versace. Douk Saga sort un morceau dénommé Sagacité en 2003. Le clip vidéo Sagacité promeut la danse, mais aussi les concepts qui accompagnent le coupé-décalé : « Farot farot » (faire le malin), « boucantier » (homme qui fait parler de soi, qui fait son « boucan »), « Travailler » (jeter des billets de banques). « On a organisé une caravane Sagacité à travers la Côte d'Ivoire en 2003, pour apporter un peu de bonheur, malgré les événements, et le couvre-feu » se rappelle S. 2 Falet, un jeune Ivoirien associé à l'émergence de cette musique[2],[7].

Deuxième vague, 2005-2006

Ce courant musical et cette conception de la vie se popularisent. De nouveaux artistes s'y distinguent dont DJ Gaoussou, Oxxy Norgy, Christina DJ, Le Molare, Erickson Le Zulu, pour n'en citer que quelques-uns. Des rappeurs, mais aussi des artistes de rock 'n' roll et de zouk font du coupé-décalé : Singuila, Jacky Brown des Neg'Marrons, Kaysha ou Les Déesses[2].

Troisième vague, depuis l'été 2006

Cette troisième vague est la plus dense avec encore l'apparition de nouveaux artistes, de nouvelles danses dérivées, et une certaine « internationalisation » en Afrique de l'Ouest. Parmi les artistes peuvent être cités par exemple DJ Lewis, Dj Bonano, Francky Dicaprio, Mareshal Dj, Maty Dollar, Debordo Leekunfa, Erickson Le Zulu, Jean-Jacques Kouamé, Vetcho Lolas, Le Molare, Serge Beynaud, ou Claire Bahi, et toujours des artistes des vagues précédentes, notamment Molare et DJ Arafat[7],[8],[9]. « En soirée africaine, si tu ne passes pas le coupé-décalé, le public te dit que tu as déconné », explique le DJ centrafricain Boddhi Satvao en 2015[10].

L'afro trap est un mouvement né en France d'une fusion du trap, un courant musical issu du Dirty South apparu au début des années 2000 dans le sud des États-Unis[11],[12] et du coupé-décalé populaire en France[13].

Personnalités notoires

Zota est l'une des plus célèbres danseuses et chorégraphes du genre.

Compositeurs et interprètes

Les artistes cités le plus souvent comme les plus emblématiques du mouvement sont notamment Douk Saga, Dj Arafat, Molare, Boro Sanguy, La Jet Set (groupe musical), Serge Beynaud et quelques autres[7],[14].

D'autres musiciens ont surfé sur le phénomène :

  • Le groupe français Les Déesses avec sa chanson Consultation directe
  • L'artiste nigérian Minjin avec sa chanson Coupé Décalé
  • L'artiste français Jessy Matador avec sa chanson Décalé Gwada

Notes et références

  1. « Côte d'Ivoire : Le coupé-décalé : l'histoire de l'identité culturelle d'une nouvelle génération ivoirienne », Camer.be, (lire en ligne, consulté le )
  2. Patrick Labesse, « Le coupé-décalé ou l'art de faire la fête », Le Monde, (lire en ligne)
  3. (en) John McDonnell, « Scene and heard: Coupé-Décalé ` », The Guardian, (lire en ligne)
  4. « "Coupé-décalé", la danse en Afrique et ailleurs », Politique africaine, no 100, , p. 92–105 (lire en ligne)
  5. « À nous les petits : Nous sommes là pour confirmer », sur Top Visages, 28 mars 2017 (consulté le 26 octobre 2020)
  6. René Solis, « Berlin et Abidjan en «coupé- décalé» », Libération, (lire en ligne)
  7. Laureline Savoye, « La playlist de Binetou : DJ Arafat, le « bad boy populaire » du coupé-décalé », Le Monde, (lire en ligne)
  8. « Claire Bahi, « première femme du Coupé décalé », promet « cartonner » au FEMUA 12 », Abidjan.net, (lire en ligne)
  9. « Kaaris, DJ Kerozen, Claire Bahi, Femi Kuti, Oumou Sangaré : la playlist du leader des Magic System », Le Monde, (lire en ligne)
  10. Diane-Audrey Ngako, « En soirée africaine, si tu ne passes pas le coupé-décalé, le public te dit que tu as déconné », Le Monde, (lire en ligne)
  11. (en) Stelios Phili, « Fighting Weight: From the Trap to the Treadmill », GQ (consulté le ).
  12. (en) « The trap phenomenon explained », DJ Mag (consulté le ).
  13. « Afro trap : Retour vers le futur du rap », ARTE (consulté le )
  14. « Awards du "Coupé-décalé" 2016: DJ Arafat, Beynaud, Claire Bahy, Zota ... distingués », abidjan.net, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Usher Aliman, Douk Saga ou l'histoire interdite du coupé-décalé, éditions Les Classiques ivoiriens, .

Articles connexes

Liens externes

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