Cours martiales turques de 1919-1920

Les cours martiales ottomanes de 1919-1920 sont des cours martiales qui se tiennent après l'armistice de Moudros dans l'Empire ottoman en 1919 et 1920, au cours desquelles des dirigeants du Comité Union et Progrès ainsi qu'un certain nombre de fonctionnaires sont jugés sur différents chefs d'accusations, dont le massacre d'Arméniens au cours du génocide arménien ainsi que celui de Grecs au cours de la Première Guerre mondiale. Les tribunaux s'appuient notamment sur les travaux de la commission Mazhar[1], établie le .

Cours martiales turques de 1919-1920
Une des sessions des Cours martiales
Histoire
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Dissolution
Cadre
Type
Pays

La cour a notamment reconnu que l'intention du CUP était d'éliminer "physiquement" les Arméniens de la Turquie, ce qui peut être interprété comme une reconnaissance du caractère génocidaire du massacre des arméniens sous leur gouvernement, même si le terme, qui n'existait pas encore, ne fut pas utilisé formellement.[2]

Liste des condamnés exécutés :

  • Mehmet Kemal, ancien gouverneur de la province de Yozgat, condamné à la pendaison
  • Abdullah Avni, commandant de la gendarmerie d'Erzincan, condamné à la pendaison
  • Behramzade Nusret, gouverneur de Bayburt, condamné à la pendaison

Condamnés à mort par contumace :

Ces condamnés étant alors en fuite, ce sont des activistes arméniens de la Fédération révolutionnaire arménienne qui "exécutèrent" les peines hors cadre juridictionnel au cours de l'opération Némésis.

Le CUP fut dissous et ses avoirs confisqués. Toutefois, aucun dédommagement des victimes ne fut prononcé.

Les Alliés critiquèrent néanmoins le procès pour son manque de transparence. La Cour martiale reçut notamment des pressions dans le contexte des manifestations contre l'occupation grecque de Smyrne en 1919, la conduisant à libérer 41 suspects sur les 120 mandats d'arrêts.

Les Britanniques décidés à juger tous les responsables déportèrent plus d'une centaine de suspects sur Malte, dans l'optique d'organiser un procès en bonne et due forme, mais face aux exigences du nouveau gouvernement provisoire kémaliste opposé à tout jugement, ils acceptèrent de les relâcher contre des prisonniers de guerre britanniques entre 1921 et 1922. Compte tenu de la sympathie d’Atatürk pour son mouvement d'origine, les suspects jeunes-turcs ne furent jamais inquiétés dans la Turquie post-ottomane.

Notes et références

  1. Annette Becker, Hamit Bozarslan, Vincent Duclert, Raymond Kévorkian, Gaïdz Minassian, Claire Mouradian, Mikaël Nichanian et Yves Ternon, Le génocide des Arméniens : Cent ans de recherche 1915-2015, Armand Colin, , 406 p., p. 119-120
  2. Raymond H. Kévorkian, « La Turquie face à ses responsabilités », Revue dHistoire de la Shoah, vol. 177178, no 1, , p. 166–205 (ISSN 1281-1505, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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