Créüse l'Athénienne

Créüse l'Athénienne est une tragédie lyrique en cinq actes et un prologue écrite par Louis de La Coste sur un livret de Pierre-Charles Roy représentée par l'Académie royale de musique, le [1].

Pour les articles homonymes, voir Créuse.

Elle a été représentée à l'Académie Royale de musique de Paris le mardi et n'a jamais été reprise.

Distribution

Acteurs chantants du Prologue

  • La Fable : Mlle Poussin
  • l'Histoire : Mlle Du Laurier
  • Apollon : Le Sieur Buseau
  • une dryade : Mlle Limbourg
  • un sylvain : Le Sieur Deshayes

Acteurs chantants dans les chœurs du Prologue et de la tragédie

  • 1er rang : Mlles Limbour, Du Laurier, Tetler, Guillet, d' Huqueville, MM Juliard, Le Jeune, Lebel, Cadot, Deshayes, Renard, Alexandre, Verny, Morand, Devillier, Duplessin, Verny.
  • 2e rang : Mlles Dekerkof, Loignon, Ballet, Dulaurent, Boisé, Billon, MM Dun-Fils, Paris, Corby, Thomas, Courteil, Flamand, Corbin, Renard, La Vigne, Desouche.

Acteurs dansants du Prologue

  • Suivants de la Fable et de l'Histoire : Mlles Prevost, Guyot, Maugis, Mangeot, Isec, Dufresne, MM Javillier, Favier, P.Dumoulin, Dangeville.

Acteurs chantants de la tragédie

  • Érechtée, roi d'Athènes : Le Sieur Hardouin
  • Créüse, fille d'Erechtée : Mlle Journet
  • Idas, fils inconnu de Créüse et d'Apollon  : Le Sieur Cochereau
  • Ismenide, amante d'Idas : Mlle Pestel
  • Phorbas, roi des Phlégiens, amant d'Ismenide : Le Sieur Thévenard
  • la Pythie : Le Sieur Chopelet
  • Lachesis, une des Parques: Le Sieur Mantienne
  • Tisiphone, Furie : Le Sieur Le Bel
  • Apollon : Le Sieur Buseau

Acteurs dansants de la tragédie

Acte I
  • Prêtresse d'Apollon : Mlle Guyot
Acte II
  • Athénienne : Mlle Prevost
Acte III
  • Un pâtre : Le Sieur F. Dumoulin
  • Bergères : Mlles Guyot et Prevost
Acte IV
  • Un Magicien : Le Sieur Blondy
Acte V
  • Prêtres et prêtresses de l'Hymen : MM D. Dumoulin, L. Dumoulin , Mlle Chaillou, MM Germains, Gaudreau, P. Dumoulin & Dangeville. Mlles Lemaire, Beaufort, Haran, Isecq.

Argument

Prologue

« Les jardins du palais de la Fable, remplis d'arbre et d'attributs de divinités. Des héros fabuleux sont endormis ».
  1. La Fable se lamente sur son sort auprès de Créüse et implore une aide divine, le chœur formé des dryades et des sylvains soutiennent celle-ci dans son malheur. Les héros se réveillent et la rivale de la Fable, l'Histoire, arrive.
  2. L'Histoire et la Fable se disputent leur place dans le monde des mortels, Apollon arrive.
  3. Apollon clôt la discorde en les ressemblant autour du destin de Créüse, qu'il a aimée, et de l'histoire de leur fils inconnu, Idas, placé parmi les Rois Athéniens.

Acte I

« Le vestibule du temple d'Apollon, orné de lauriers, de statues et d'ornements vantant ses vertus ».
  1. Créüse et son père Erectée déplorent la disparition du fils de ce dernier. Racontant un songe qui le hante au quotidien sur celui-ci, Erectée décide de partir pour Delphes afin de choisir un sacrificateur qui ira parler à un Oracle, comme il l'a rêvé. Ceci afin de retrouver son fils prétendu mort.
  2. Créüse interpelle Apollon (qui est absent) en l'implorant de revoir leur fils comme il lui avait promis. Elle lui demande ensuite de permettre le règne de cet enfant.
  3. Le jeune Idas est nommé Ministre (grand sacrificateur) par la Reine Ismenide et Erectée. Il accepte immédiatement ce rôle avec honneur, en remerciant (accompagné du chœur des prêtres et prêtresses d'Apollon) le Dieu Apollon. Il clame la gloire de Delphes et la beauté de la Reine Ismenide. Idas part interroger l'Oracle après avoir reçu ses ornements.
  4. Idas avoue son amour passionné et impossible à la Reine Ismenide qui ne condamne pas ses sentiments. Idas parle de son passé d'enfant trouvé et de son père inconnu à la Reine. Elle le rassure, puis s'en va.
  5. Idas déplore ses sentiments pour la Reine.

Acte II

« L'antre de la Pythie, remplie des dons offerts à l'Oracle, orné d'Arcades percées à vases et du trépied sacré ».
  1. Phorbas, Roi des Phlégiens, se lamente sur sa souffrance et tente de charmer Ismenide, lui rappelant qu'il a défendu une fois le territoire de cette dernière. Elle repousse ses avances, ce qui provoque la colère du Roi. Tous deux se séparent dans la douleur.
  2. Créüse annonce à Ismenide qu'un imposteur (Idas) se prépare à monter sur le trône avec l'appui d'Erectée.
  3. Idas et Erectée appellent les Dieux (accompagnés d'un chœur) à répondre au questionnement du Roi sur le sort de son fils.
  4. Idas et Erectée sont face à l'Oracle. Idas est désigné héritier d'Athènes, Erectée le reconnaît. Ensemble ils partent au temple d'Apollon pour remercier le Dieu.
  5. Créüse se méprend et pense qu'Idas est un imposteur. Elle est furieuse, annonce sa vengeance et implore pour cela les Parques de l'aider et de lui avouer si son fils est bien mort.
  6. La Parque Lachésis lui annonce qu'Idas n'est pas son frère, et que son fils est vivant, mais garde un secret. Créüse ne sachant ainsi toujours pas qu'Idas est son fils, le prend définitivement pour un imposteur et ré-affirme sa colère et ses ambitions de vengeance.
  7. Idas déplore la colère de sa « sœur » Créüse et espère son accalmie. Celle-ci le prend pour un perfide menteur amoureux d'Ismenide cherchant à la braver. Elle lui demande en lui annonçant qu'il n'est pas son frère de renoncer au trône, le menaçant de mort. Créüse, enfin, demande à Apollon de tuer Idas. Idas souffre énormément de cette situation car considérant son nouveau statut politique et religieux comme légitime.

Acte III

« Fêtes d'Apollon Berger dans un pré aux arbres isolés, et amphithéâtres de gazon ».
  1. Ismenide regrette sa relation confuse avec Idas, elle souffre.
  2. Idas est victime de la calomnie initiée par sa « sœur » Créüse dans la cité grecque, à la suite de sa nomination au trône. Ismenide soutient Idas dans son malheur. Ismenide approuve l'amour qu'Idas a pour elle. Créüse arrive.
  3. Deux chœurs chantent la gloire d'Apollon. On danse. Idas implore Apollon de l'aider, le dieu ayant dû lutter lui aussi un temps pour ses droits de naissance, il espère sa compréhension. Créüse réplique qu'Apollon est désormais à ses côtés.
  4. Ismenide dit à Idas de suivre Créüse.
  5. Phorbas décide de retirez le trône à Idas. Apollon s'étant tu, Phorbas semble ignorer et refuser les paroles passées de la Pythie. Ismenide tente de le défendre, sans succès. Elle n'en énerve que plus le Roi Phorbas qui la dénigre et dont il souligne l'ingratitude. Il ne l'aime plus.
  6. Phorbas décide de se venger de l'outrage d'Ismenide.

Acte IV

« Le désert, on y voit des rochers escarpés ».
  1. Phorbas annonce sa vengeance proche, placée sous le signe de l'horreur et du carnage.
  2. Créüse et Phorbas s'unissent pour accomplir leur vengeance sur Idas et Ismenide.
  3. Créüse réclame son fils auprès d'elle.
  4. Phorbas invoque les forces et démons de l'Enfer.
  5. Les démons ont répondu à l'appel de Phorbas et sont à ses côtés. Il leur demande de tuer Idas. Ils acceptent immédiatement malgré la protection apollonienne d'Idas. Créüse et Phorbas exultent devant ce dessein.
  6. Tisiphone, une des Érinyes, prépare avec l'approbation de Phorbas un poison à base de sang de la Gorgone afin de tuer Idas lors de la cérémonie de mariage avec Ismenide. Les démons s'envolent vers Idas.
  7. Créüse ressent un étrange et soudain sentiment de pitié.

Acte V

« Le temple d'Apollon, tout est prêt pour le mariage d'Ismenide et d'Idas. La coupe contenant le poison est sur l'autel ».
  1. Créüse sent poindre des remords, elle pleure, mais semble toujours souhaiter la mort d'Idas. Elle est véritablement confuse, se questionne.
  2. Idas et Ismenide se marient devant l'assemblée qui festoie. Le grand prêtre tend la coupe aux jeunes mariés.
  3. Créüse arrête soudainement Idas alors qu'il approche la coupe empoisonnée de ses lèvres. Elle avoue avoir voulu sa mort et ne comprend pas les sentiments qu'elle éprouve pour lui. Erectée est furieux, il voit Apollon arriver et pense qu'il vient punir Créüse.
  4. Apollon annonce à Créüse qu'Idas est son fils, et qu'il mérite le trône Athénien. Il annonce également qu'il a tué Phorbas. Créüse reconnaît son fils et approuve le mariage de celui-ci avec Ismenide. Idas, lui, oublie sa colère envers sa nouvelle mère.

Le respect de la tradition et de ses règles

On note dans cette œuvre le respect des théories sur la Tragédie, issue des philosophes antiques et classiques. Ce livret, au thème caractéristique du livret dix-huitièmiste semble mériter des lettres de noblesse. L'argument est simple et son développement fluide grâce à des transitions où les personnages arrivants et/ou sortants sont la plupart du temps annoncés en fin de scène. Prenons comme exemple la fin de la scène 4 de l'Acte I ou Ismenide déclare : « Je vous quitte... Erectée au Temple vous attend ».

On peut encore prendre pour exemple la fin de la scène concluant l'Acte I, où le vers d'Idas ouvre vers le second acte, faisant un lien logique, une transition vers la suite de l'histoire, vers de nouveaux lieux, personnages et décors : « Suivons-là! Que je souffre un rigoureux martyre ! ».

Toute l'œuvre apparaît ainsi cohérente. Tous les composants sont vraisemblables. Ainsi Roy suit les règles d'unités d'action, et de lieu, énoncées par Corneille. Toute la Tragédie, en dehors du Prologue se déroulant dans le Palais de la Fable se déroule à Delphes, certes à des endroits différents, mais toujours dans la même ville :

  • Prologue : Palais de la Fable
  • Acte I : Temple d'Apollon
  • Acte II  : Antre de la Pythie de Delphes
  • Acte III : Verger Delphique
  • Acte IV : Désert escarpé
  • Acte V : Temple Delphique d'Apollon

On pourrait douter du respect de l'unité de lieu à cause de l'Acte IV, se déroulant dans un désert montagneux. Pour autant la géographie de la ville de Delphes correspond parfaitement à une région montagneuse et aride. L'unité de lieu est donc bien respectée.

L'unité de temps semble parfaitement respectée, rien n'indique en effet dans le livret le passage le début ou la fin d'une journée. Cependant il semble quelque peu irréalisable de décider d'un mariage et de réaliser la cérémonie dans la même journée. Cela semble être une des faiblesses du livret.

L'écriture se fait ici digne de la tradition cornélienne de la tragédie. Pierre-Charles Roy s'applique en effet à utiliser différents procédés poétiques :

La vraisemblance cornélienne est ici dans son ensemble parfaitement respectée. On retrouve ainsi des actions magiques, mais toujours dans un cadre mythologique, voire historique (pour la Pythie de Delphes) que l'on peut qualifier de logique.

  • Acte I : Aucun recours au merveilleux.
  • Acte II : Antre de la Pythie a Delphes. Vraisemblance totale avec la mythologie et l'histoire, respect de la vraisemblance merveilleuse.
  • Acte III : Aucun recours au merveilleux.
  • Acte IV : on retrouve la scène 5 des démons dans un désert escarpé. Ces lieux, arides sont un parfait lieu d'apparition de créatures démoniaques. La vraisemblance est donc ici respectée.
  • Acte V : Apollon arrive dans son char annoncer la vérité à l'assemblée présente au mariage d'Idas et Ismenide. Cette arrivée du dieu de la lumière est en cohérence avec la mythologie et en accord avec les attributs apolloniens.

Le livret

Le mythe de Créüse

Créüse (en grec ancien Κρέουσα / Kréousa) ou Glaucé (Γλαυκή / Glaukế), qui, dans certaines légendes appartient à plusieurs mythes, elle peut en effet être :

  • une naïade, fille d'Océan et de Gaïa (la Terre). Elle épousa son demi-frère, le dieu fleuve Pénée qui lui donna deux enfants, Hypsée, le roi des Lapithes, et Stilbé (certaines légendes ajoutent parfois Daphné ou Andrée).
  • la fille de Créon, roi de Corinthe que Jason épousa en répudiant Médée, Cette dernière se vengea en faisant périr Créüse dans une tunique qui s'enflamma. (Médée tua aussi Créon ainsi que les enfants de Jason, Phérès et Merméros.)
  • la femme de Xouthos, roi d'Iolcos. Étant jeune, elle réussit à échapper au sort de ses sœurs qui s'offrirent en victimes expiatoires lors de la guerre contre Eumolpos. La légende raconte qu'elle avait été séduite par Apollon dans sa jeunesse, dans une grotte de l'Acropole d'Athènes et conçut de son union avec le dieu un fils, Ion, qu'elle abandonna. Mais il fut recueilli par Hermès qui l'éleva dans le temple de Delphes. Mariée à Xouthos elle subit une longue période de stérilité et ne conçut ses deux autres enfants, Achaïos et Diomède, qu'après un pèlerinage à Delphes où elle retrouva son fils Ion.
  • fille de Priam et d'Hécube, elle est la première épouse d'Énée dont elle a un fils, Ascagne. Son sort lors de la prise de Troie est l'objet de plusieurs variantes. Dans la version la plus connue, celle de Virgile, Créüse est enlevée par Aphrodite, sa belle-mère, lors de la fuite de la ville en flamme et apparaît comme une ombre à Enée, revenu à sa recherche, pour lui prédire ses voyages et sa recherche d'une nouvelle patrie. Selon les peintures historiques de la Lesché de Delphes, Créüse fait partie des captives troyennes emmenées en Grèce. Le plus souvent, les traditions s'attachant à son personnage considèrent qu'elle parvint à s'échapper de Troie sans que son sort après soit explicitement détaillé.

Le Mythe de Créüse selon Pierre Charles Roy

Le personnage de Créüse engendrant le titre de notre tragédie est celle ayant pour mari Xouthos, on retrouve en effet dès l'avertissement un rappel du mythe et, dans le prologue, la reconnaissance par le librettiste Pierre-Charles Roy, dans le fils d'Apollon et Créüse l'un des rois d'Athènes. Cette tragédie est comme Roy l'indique dès les premiers mots de son avertissement en exergue du livret, très fortement influencée par la tragédie antique Ion, d'Euripide.

Il semble dès lors indispensable de présenter cet écrit ancien. Ainsi, par la comparaison avec Créüse l'Athénienne, on pourra comprendre les modifications apportées par Pierre Charles Roy à la trame originale d'Euripide. Dans Ion d'Euripide, Créuse, fille d'Érectée, roi d'Athènes, a eu une relation amoureuse avec Apollon; elle eut de cette union un fils, mis au monde dans le secret, et elle l'expose dans la grotte même qui fut le théâtre de safaute. Mercure, envoyé par Apollon, décide d'enlever l'enfant et l'emmène à Delphes. La Pythie delphique le trouve alors dans son berceau et le fait élever. Ce fils grandit et devient gardien du temple de Delphes.

On remarque ici une similitude parfaite avec la tragédie lyrique de 1712. Pierre Charles Roy a parfaitement respecté l'histoire d'Euripide. Il a juste changé le nom du fils caché Ion pour Idas. En effet, il écrit : « Erectée, Roi d'Athènes avait eu d'un premier mariage Créuse;& d'un second, un prince qui disparut dans un naufrage. Créuse, héritière de l'Empire dédaignait les vœux des Rois; mais elle se rendit à un Dieu. De ses amours avec Apollon il naquit un Fils, qui fut exposé, et élevé dans le Temple de Delphes ».

C'est alors qu'intervient la différence entre les deux œuvres. En effet, Créüse a par la suite épousé Xuthus, venu d'Achaïe au secours des Athéniens en guerre avec les Mégariens, et Xuthus est ainsi devenu roi d'Athènes. Il manque cependant un élément essentiel au bonheur des deux époux : ils n'ont pas d'enfants. Ils vont alors tous deux à Delphes consulter l'oracle d'Apollon sur les moyens d'en avoir. Là, ils rencontrent, sans le connaître, Ion, le jeune gardien du temple, ce fils de Créuse, élevé par la Pythie. On remarque que Xuthus est purement supprimé par Roy, comme il l'indique dans la suite de son avertissement : « On a substitué le Rôle du père de Créüse à celui de l'époux qu'introduit Euripide. Dans la Tragédie Grecque, le Roi d'Eubée n'ayant point d'enfants de Créüse son épouse, va consulter l'Oracle, qui lui répond que le premier qu'il rencontrera dans le Temple est son fils ».

Par la suite, dans Ion d'Euripide, Xuthus, qui a consulté l'oracle, est amené par la réponse du dieu à regarder Ion comme son propre fils. Il l'adopte donc, et décide de l'emmener à Athènes pour lui assurer l'héritage du trône après sa mort.

Mais la jalousie de Créuse s'éveille contre Ion, qu'elle prend pour le fruit des amours de son époux avec une rivale. Irritée contre Xuthus, qui a retrouvé les joies de la paternité sans les lui faire partager, elle s'arme contre ce fils adoptif des sentiments d'une marâtre; elle conspire sa mort et se dispose à l'empoisonner. Prise sur le fait, elle est condamnée au dernier supplice. Mais les langes et le berceau que la Pythie a conservés, amènent une reconnaissance entre la mère et son fils, et par la suite une fin heureuse.

Dans Créüse l'Athénienne, la Pythie n'a pas ce rôle prépondérant au dénouement de la tragédie, c'est Apollon, qui, présent dans le prologue et absent (muet) tout au long de la pièce, vient délivrer la vérité sur le passé du jeune Idas et dénoue toute l'intrigue mise en place par Pierre Charles Roy.

Une des différences majeures est donc évidemment la suppression du rôle de Xuthus, le mari de Créüse, au profit de l'apparition des personnages de Phorbas et d'Ismenide, complètement absents de l'écrit d'Euripide. L'absence de Xuthus permet de supprimer totalement l'Épisode de l'annonce de la paternité d'Ion par l'Oracle apollonien au Roi Xuthus.

Ainsi faisant, Pierre Charles Roy développe le suspense, dépendant dans Créüse l'Athénienne uniquement de la réponse d'Apollon aux appels à l'aide de cette dernière. Ceci permet d'obtenir, en apparence, une plus grande atmosphère tragique, fataliste au destin du jeune Idas, personne ne connaissant sa filiation, contrairement à Roy justifie leur « création » au profit de l'action et de sa représentation spectaculaire : « On a substitué le Rôle du père de Créuse à celui de l'époux qu'introduit Euripide. Dans la Tragédie Grecque, le Roi d'Eubée n'ayant point d'enfants de Créuse son épouse, va consulter l'Oracle, qui lui répond que le premier qu'il rencontrera dans le Temple est son fils. Un jeune Sacrificateur se présente à lui; le Roi se souvient aussitôt qu'il a eu d'une esclave un fils naturel, et que ce peut-être celui-là que lui rendent les Dieux. Il n'est détrompé qu'à la fin de la Pièce, lorsqu'Apollon découvre tout le mystère de son intrigue avec Créuse. Un pareil éclaircissement sur le Théâtre, aurait sans doute embarrassé l'Époux. Il a fallu changer cet incident, aussi bien que le nom d'Ion, qui n'était fondé que sur les termes bizarres de l'Oracle. Phorbas et Ismenide sont des Épisodes qu'on a crû nécessaires à l'action ».

Intérêts esthétiques et enjeux des modifications du mythe de Créüse

Dès l'avertissement, le librettiste Roy annonce son travail de dramaturge comme celui d'enjoliveur de tragédies antiques (ici Ion d'Euripide) au service du drame lyrique et des actions lors du déroulement de celui-ci. Ainsi, le rôle historique de l'époux de Créüse (Xouthos) est supprimé, on note aussi l'adjonction des personnages de Phorbas et Ismenide à la trame originale rédigée par Euripide, Pierre Charles Roy mentionnant en fin d'avertissement le caractère nécessaire à l'action de ces originalités. Dans le prologue, Pierre Charles Roy continue son travail de personnalisation en entrainant le spectateur vers une problématique complexe. En effet, comme déjà mentionné, Roy reconnait en Idas, fils inconnu de Créüse et Apollon l'un des monarques athéniens, et démontre ainsi toute l'originalité de son choix qui mélange ainsi la généalogie divine et l'Histoire. En somme ici le librettiste profite du prologue comme d'une estrade pour lui-même, rendant alors l'intrigue théorique.

Il décide ainsi pour faire aboutir son idée de mettre en scène dans ce même prologue la Fable qui a créé des modèle ayant formé les mortels à de nouvelles vertus, et l'Histoire qui prétend ici incarner le Vrai et la Clarté dans le monde contemporain au librettiste. Pierre Charles Roy proclame et démontre l'intérêt d'un genre alors encore nouveau, souhaitant correctement synthétiser enjeux et valeurs contenus dans un sujet tel que Créüse, à équidistance du mythique et du véridique. L'auteur présente ainsi sa tragédie comme un aboutissement des deux traditions jusqu'à présent en opposition totale, qui sont alors pour une première fois réunies.

Le rôle d'Apollon

C'est ici le personnage d'Apollon qui permet cette réussite dramatique sans précédent, un Apollon en somme allégorique qui départage dès le prologue la Fable et l'Histoire au nom de son statut de dieux des Arts, de lumière et de raison. Il dispose ainsi d'un motif de nature à lui concilier la sympathie, sachant d'autant plus qu'il lui a fallu, comme Bacchus, faire l'expérience de la déchéance et des épreuves terrestres avant d'être réintégré dans ses droits. Il apparaît donc comme un dieu vulnérable, partageant la vie des mortels, et volontiers solidaire d'eux. Mais s'il est animé de bonnes intentions il semble parfois difficile pour lui de les réaliser.

Ainsi dans Créüse l'Athénienne, Pierre Charles Roy donne un rôle essentiel à Apollon. Créüse, souhaitant défendre les droits de son fils, jusqu'alors inconnu, qu'elle a eu avec ce dernier, décide de faire mourir Idas, jeune homme alors destiné au trône et qui se révèle être ce fils même. On aurait pu penser à une intervention directement dès le début de la pièce de la part d'Apollon afin de tirer Créüse de son erreur et lui éviter cet horrible infanticide involontaire. Mais on peut songer que le caractère tragique de l'œuvre réside ici.

On peut toutefois se demander pourquoi le poète, ayant fait taire Apollon auprès de Créüse qui le supplie de parler de ce fils au début de l'action, décide de son apparition in-extremis, et ceci à la suite de la permission du Dieu des Arts à des oracles bizarres d'égarer des personnages dans des fausses voies menant près de la catastrophe. Ainsi Apollon apparaît comme une sorte de dieu dissimulé, et une grande part de l'atmosphère tragique de Créüse l'Athénienne repose sur cette énigme.

Pourtant, quand il apparaît dans l'acte V, scène 4, Apollon en fournit d'explication : « Créüse, dans ce jour que vos plaintes finissent, Le sort, qui sur les Dieux ne sauraient attenter, Aime à les persécuter, Dans les Objets qu'ils Chérissent ».

Cet arbitraire du sort qui semblait interdire à Apollon de parler et qui l'autorise désormais semble refléter la conception antique de Pierre Charles Roy selon laquelle les Dieux ne font qu'exécuter le Destin, Destin qui ne se laisse jamais modifier.

Cette conception antique dont avaient déjà été tirés les effets pathétiques est représentée ici avec une nuance plus grave. Ainsi, dans cette pièce les Dieux ne sont pas de simples exécutants du Destin, mais également ses victimes, tout comme les êtres humains.

Ce Destin n'est en effet ici non seulement un simple mélange « de biens et de maux » comme le souhaitait Homère dans L'Iliade, mais un Destin ayant un prédominance persécutrice.

De plus, ce « sort » semble être doté d'une véritable volonté, le rendant ainsi complètement insondable et bien plus mystérieux que ce qu'on appelle en général le Destin. Quand les mortels, confrontés à un destin tragique, espèrent un recours auprès des Dieux, ceux-ci sont impotents. Roy renoue ainsi au tragique de la condition humaine et de tous les êtres sensibles, en s'abstenant de proposer la moindre chance d'une bienveillante providence, il aggrave même celle-ci en conservant la conception antique, afin de laisser les hommes et les Divins dans une impression d'isolement terrible et désespérant.

La morale et la religion

Les relations entre les hommes et la divinité sont parallèlement abordées dans Créüse l'athénienne sous le signe de réflexions sur les valeurs morales et religieuses, les rendant donc plus modernes. Ainsi dans l'Acte II, scène I, Ismenide déclare : « Lorsque de mes états vous prîtes la défense, Et que mes Ennemis furent humiliez, J'ignorais jusqu'où vous vouliez Étendre ma reconnaissance ».

Ismenide, prêtresse et Reine de Delphes, essaie ici de repousser les avances de Phorbas, roi des Phlégiens et magicien qui a mis son talent guerrier à son service Elle semble donc ici ignorer ou renier la tradition galante qui liait constamment exploits martiaux et entreprise amoureuse, accordant une place prépondérante au devoir de reconnaissance, à défaut de l'amour. En effet, d'après La Carte de Tendre, la Reconnaissance est à côté de l'inclinaison et de l'estime, une des voies qui mène à la tendresse.

Ismenide ne faute ici en apparence uniquement que par péché de naïveté, méconnaissant le monde. Ceci semble alors prouver la pureté de son cœur, et donc de ses intentions. Il semble cependant étrange en un sens que ce personnage ne soit pas doué d'un peu plus de finesse d'esprit étant donné son statut politique et religieux.

Y a-t-il ici une allusion à la prise de voile, tels que pouvaient être ressentis sans peines ces vers dans un monde catholique. Il faut par ailleurs songer que ce texte est contemporain de grandes questions sur la compatibilité entre amour et état sacerdotal. Et on trouve par ailleurs dans le même acte I, dans les scènes 4 et 5 une véritable interrogation sur le célibat des prêtres. Ainsi, Idas l'amoureux secret d'Ismenide se questionne sur le caractère subversif, voire indigne de maintenir une fonction de grand prêtre à laquelle il vient d'être élevé. Pierre Charles Roy poursuit son questionnement dans la suite de l'œuvre, car il montre que les dieux ne se soucient absolument pas de cet amour, bien au contraire. Ismenide reconnaît même qu'il serait criminel de vouloir l'étouffer.

Les évènements météorologiques et leur symboles

Si la comédie ballet a su considérablement participer au processus de création et développement d'une idéalisation de l'image de Louis XIV, de nombreuses tragédies lyriques comme Créüse l'Athénienne ont également abordé la notion de pouvoir de ce dernier sur la nature et sur le caractère spectaculaire de celle-ci. Ainsi, les descriptions contemporaines à la présentation de Créüse l'Athénienne mettent clairement en valeur les aménagements considérables qui ont modifié la topographie, fait pousser des nouvelles plantes en dépit des climats et des saisons, ou encore détourné et canalisé l'eau dans les jardins du château de Versailles.

Ces jardins, à travers le monde entier, ont su illustrer le pouvoir absolu du roi qui semblait alors contrôler l'espace, au point de devenir lui-même le créateur et l'ordonnateur d'une nouvelle nature. La consécration de cette figure apparaît clairement lors de la création de la figuration artistique des tremblements de terre; désormais faire trembler la terre devient l'attribut des Dieux et du souverain. Le tremblement de terre est alors une véritable métaphore politique comme l'écrit déjà en 1690 de Furetiere dans le Dictionnaire Universel pour l'article « trembler » : « On dit aussi d'une grande puissance et autorité qu'elle fait tour trembler, qu'elle tient dans la crainte et le respect. Le Roi fait trembler toute l'Europe ».

Il semble ainsi que l'Alcyone de Marais et son succès en 1706, accompagné d'un fort développement d'un courant philosophique préconisant l'imitation de la nature en matière artistique aient pu inciter leur multiplication dans les tragédies et opéras français sous les règne de Louis XIV. Ainsi, il semble logique d'établir un lien direct entre l'image du roi et le séisme intervenant dans l'Acte IV, scène 2 : « 

  • PHORBAS.
Tremble odieux Rival, par mille barbaries
Je saurai t'ouvrir le tombeau.
Ah! si pour toi l'Hymen allume son flambeau,
J'allumerai le flambeau des Furies.
Tremble odieux Rival, par mille barbaries
Je saurai t'ouvrir le tombeau.
  • CREUSE.
La colère qui vous enflamme
Me plaît trop pour la ralentir;
Rassurez, s'il se peut, mon âme
Contre l'horreur du repentir. »

N'ayant pas la partition, on peut parfaitement penser à une application par Louis de Lacoste des connaissances et techniques employées par Marin Marais dès 1706 dans Alcyone : la tempête surgit brutalement après un morceau d'une grande tranquillité elle est rendue par un mouvement mélangeant différentes valeurs rythmiques, le morceau continue avec un chœur et une intervention d'un chanteur soliste de manière extrêmement dynamique. Notes répétées, rapides, dissonantes, utilisation de rythmes très vifs comme des triples croches (ex: Sémélé de Marais réalisée le ). Tout cela n'est que supposition mais en absence de manuscrit musical il peut tout de même paraître important de replacer cette œuvre, avant tout musicale, dans son esthétique.

Organisation dramaturgique

Les monologues

Acte I
  • Scène 2 : demande de Créüse à Apollon de favoriser le retour de son fils. Certes elle énumère ses sentiments, et permet au spectateur de comprendre qu'elle et Apollon ont un fils caché, mais ce monologue permet aussi la progression de l'histoire, Apollon est en effet attendu, nécessaire à l'action.
  • Scène 5 : Idas se questionne sur ses sentiments pour Ismenide et ses fonctions. Ce monologue est informatif, et permet de comprendre la psychologie du jeune Idas.
Acte II
  • Scène 5 : Créüse annonce sa vengeance, implore les trois Parques de l'aider dans sa réalisation. Ce monologue, empreint d'un grand lyrisme littéraire, est essentiel à la compréhension des évènements à venir, et de la psychologie de Créüse.
Acte III
  • Scène 1 : Isménide annonce ses sentiments pour Idas. Ce monologue n'a pas de véritable utilité dans l'action de la tragédie, on comprend juste qu'elle a elle aussi des sentiments pour Idas, et qu'elle consent à ne plus les retenir en elle. On peut cependant remarquer la présence de magnifiques alexandrins.
  • Scène 3 : Idas appelle Apollon et l'implore de l'aider, à la suite des chœurs. Ce monologue n'a qu'une portée lyrique, il n'aide pas à la compréhension de l'intrique et ne mène pas à son dénouement.
  • Scène 4 : Phorbas annonce sa vengeance sur Ismenide qui l'a repoussé. Ce monologue annonce la suite des événements dans la pièce.
Acte IV
  • Scène 1 : Phorbas souffre, il annonce le mariage d'Ismenide et Idas, qu'il réfute. Il souhaite agir, se venger des deux amants. Ce monologue et très utile, il introduit le quatrième acte avec beaucoup de lyrisme et annonce les évènements à venir..
  • Scène 3 : Créüse appelle son fils inconnu, elle souffre énormément. Le texte est très lyrique. Ce monologue, pour autant, n'a pas de rôle utile ou informatif, il n'annonce rien en dehors de la psychologie et des sentiments de Créüse.
  • Scène 4 : Phorbas invoque les esprits des enfers. Ce monologue informatif permet de renforcer le suspens : les démons vont-ils arriver, à quoi vont-ils ressembler, que vont-ils faire pour aider Phorbas ?
  • Scène 5 : Créüse, en possession de la coupe contenant le poison, commence à ressentir de la pitié. Ce monologue explique l'évolution du psyché de celle-ci. Va-t-elle renoncer à tuer Idas?
Acte V
  • Scène 1 : Créüse doute de plus en plus de son geste fatal. Elle souffre, se questionne. Ce monologue exaltant sa souffrance, son pathos, se conclut par deux quatrains en alexandrins très lyriques, fort bien écrits. Ce dernier monologue de la Tragédie est le Climax de l'expression psychologique de Créüse par Pierre Charles Roy.

Les chœurs

Prologue
scène 1 et 3
  • chœur des Dryades et des Sylvains.
Acte I
scène 3
  • chœur des Prêtres & des Prêtresses d' Apollon.
  • petit chœur.
Acte II
scène 3 et 4
  • chœurs, probablement des peuples de Delphes & d'Athénes.
Acte III
scène 3
  • chœur des Bergers et des Bergères.
Acte IV
scène 5
  • chœur des Démons.
Acte V
scène 2, 3 et dernière
  • chœur des peuples de Delphes & d'Athénes.
  • chœur des troupes de Prêtres & Prêtresses de l'Hymen.

Les divertissements

Prologue
  • scène 1 : « Les arbres s'ouvrent, on en voit sortir des Dryades dansantes, & des Silvains jouant de la flûte. »
Acte I
  • scène 3 : « Les Prêtres & Prêtresses d'Apollon donnent à Idas les ornements de grand Sacrificateur, et l'applaudissent par leurs danses. » La danse est effectuée par des prêtres et des prêtresses d'Apollon.
Acte II
  • scène 4 : « On danse ». Danse effectuée lors de la cérémonie pythique à Delphes, en l'honneur du futur Roi, désigné par l'Oracle. La danse est effectuée par les peuples de Delphes et d'Athènes.
Acte III
  • scène 3 : « On danse ». Danse pastorale des bergères et bergers en l'honneur d'Apollon. La danse est effectuée par des bergers et bergères, mais aussi par un Pâtre.
Acte IV
  • scène 2 : « Deux Démons apportent le Vase qui renferme le sang de la Gorgone. » On peut parfaitement penser que l'arrivée de démons et leur don du vase contenant le poison se fait sous forme de danses démoniaques. La danse est effectuée par des magiciens et des démons.
Acte V
  • scène 2 : « on danse » Danse nuptiale, enjouée, en l'honneur du mariage d'Ismenide et Idas. La danse est effectuée par des prêtres et des prêtresses de l'Hymen.

Impression

livret imprimé chez Christophe Ballard en 1712 à Paris

Christophe Ballard est le seul autorisé à imprimer la musique (livrets, méthodes...) en France. La fabrication de caractères d'imprimerie particuliers aux partitions lui est également réservée. Le privilège permet cependant à Ballard un système de licence où il accepterait de se défaire contractuellement de ses droits en faveur d'un autre imprimeur, notamment en province.

Structure du livret

  • page de titre.
  • avertissement du librettiste.
  • acteurs chantants du Prologue.
  • acteurs chantants dans les chœurs du Prologue et de la Tragédie
  • acteurs dansants du Prologue.
  • approbation de Fontenelle.
  • prix.
  • Prologue.
  • acteurs chantants de la Tragédie.
  • personnages dansants de la Tragédie.
  • Acte I, II, II, III, IV, V.
  • Privilège général signé par Guyenet.

Ouvrage

Bibliographie

  • François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, Éditions Culture et Civilisation, 1972
  • Malou Haine, L'Apollonide de Leconte de Lisle et Franz Servais, 20 ans de collaboration, Éditions Mardaga, 2004
  • Jean-noël Laurent, Valeurs morales et religieuses sur la scène de l'Académie royale de musique (1669-1737), Librairie Droz, 2002
  • Laura Naudeix, « Par où commencer une tragédie lyrique », Recherches des jeunes dix-septiémistes. Actes du cinquième colloque du Centre international de rencontre sur le dix-septième siècle, édité par Charles Mazouer, Bordeaux, 28-, p. 63-73
  • François et Claude Parfaict, Quentin Godin d'Abguerbe, Dictionnaire des théâtres de Paris: contenant toutes les pièces qui ont été représentées jusqu'à présent sur les différents théâtres français, & sur celui de l'Académie royale de musique, 1767
  • Grégory Quenet, Les tremblements de terre : Aux XVIIe et XVIIIe siècles La naissance d'un risque, Éditions Champ Vallon, Collection Époques, 2005
  • Grove Dictionary of Music and Musicians, Édition Stanley Sadie, 2001

Notes et références

  1. In 4°, Ballard, tome X du Recueil général des Opéras

Liens externes

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