Critères de systèmes de vote

Lors du choix d'un système de vote, il est important de déterminer les avantages et les inconvénients de ce système en rapport à la fonction du vote. C'est la raison pour laquelle ont été développés des critères de systèmes de vote. Aucun système de vote ne peut remplir la totalité de ces critères, dès lors qu'il existe au moins 3 options. Le théorème d'impossibilité d'Arrow, par exemple, établit qu'il n'est pas possible de trouver un système de vote satisfaisant les cinq premiers critères cités ici. C'est donc à l'organisme organisant les élections de déterminer quels sont les critères que le système de vote doit absolument respecter et quels sont ceux qui peuvent être laissés de côté, en analysant le sens de ce critère.

Critères d'Arrow

Lorsque les individus classent les options entre elles, et pour au moins trois options et deux individus, il n'existe pas de fonction de choix social qui respecte simultanément les cinq critères suivants :

Critère de non-dictature

Les préférences d'un individu seul ne doivent pas déterminer le choix collectif.

Critère de totalité

Toutes les propositions possibles doivent avoir une chance d'être adoptées.

Critère d'universalité

La procédure doit donner un résultat sur l'ensemble des configurations : on doit toujours pouvoir déduire une volonté collective à partir des volontés individuelles.

Critère d'unanimité

Si un candidat est préféré par la totalité des votants, il doit être le gagnant.

Critère d'indépendance

L'introduction d'un candidat supplémentaire ne doit pas modifier l'ordre relatif existant entre les autres candidats dans chaque bulletin.

Ce dernier critère est celui dont la pertinence est la plus contestée. Il existe des fonctions de choix social qui respectent simultanément les quatre premiers critères et une version plus souple du cinquième. Il existe aussi des systèmes de vote qui respectent ces cinq critères mais qui reposent sur un vote par valeurs plutôt que sur un vote par classement, de sorte que le théorème d'Arrow ne s'y applique pas ; c'est notamment le cas des méthodes de meilleure médiane.

Critère de Condorcet

Dans des bulletins avec classement des candidats, s'il existe un gagnant de Condorcet, c’est-à-dire un candidat qui, confronté à tout autre candidat, est toujours le gagnant, alors ce candidat doit être élu.

Critère du perdant de Condorcet

Dans des bulletins avec classement des candidats, s'il existe un perdant de Condorcet, c’est-à-dire un candidat qui confronté à tout autre candidat est toujours le perdant, alors ce candidat ne doit pas être élu.

Critère de cohérence

Si les bulletins sont partagés en deux groupes et si un candidat est le gagnant dans chaque groupe, il doit être le gagnant des élections.

Critère des clones

Un ensemble de clones est un ensemble de candidats tel que tout autre candidat se situe, pour chaque électeur, ou bien avant tous les clones, ou bien après tous les clones. Un ensemble de clones ne peut pas contenir tous les candidats.

Critère des clones : si dans un ensemble de clones, on élimine un candidat, si l'ancien gagnant était dans cet ensemble de clones, le nouveau gagnant doit y rester et si l'ancien gagnant n'était pas dans l'ensemble de clones, il doit rester le gagnant.

Critères d'indépendance

globale

Si, dans une élection où X est gagnant, on ajoute un nouveau candidat Y, le nouveau gagnant ne peut être que X ou Y.

locale

ou indifférence aux options les moins pertinentes (en anglais : Local independence from irrelevant alternative).

L'ensemble de Smith est le plus petit ensemble de candidats qui gagnent contre tous les candidats hors de l'ensemble.

Critère d'indépendance locale : le gagnant ne change pas si on ajoute un candidat qui n'est pas dans l'ensemble de Smith.

Critère de participation

Si X est gagnant et que l'on rajoute des bulletins dans lesquels X est toujours mieux placé que Y, Y ne doit pas être le nouveau vainqueur.

Critère de la majorité

Si un candidat est placé premier dans plus de la moitié des bulletins, il doit être élu.

Critère de monotonie

Si un candidat n'est pas gagnant et si on le rétrograde dans certains bulletins sans modifier l'ordre relatif des autres candidats alors il ne doit pas pouvoir gagner.

Critère de majorité mutuelle

S'il existe un ensemble de candidats qui sont placés avant les autres dans plus de la moitié des bulletins, le gagnant doit faire partie de cet ensemble.

Critère de Pareto

Si le candidat X est placé, dans tous les bulletins, derrière le candidat Y, alors il ne peut pas gagner.

Critère de symétrie par inversion

Si un candidat est gagnant et si on range, dans chaque bulletin, les candidats dans l'ordre inverse, ce même candidat doit perdre.

Critère de préférence secrète

Si un candidat gagne et que l'on modifie les ordres de préférence dans les bulletins derrière le candidat gagnant, celui-ci doit rester gagnant.

Critère de Smith

L'ensemble de Smith est le plus petit ensemble de candidats qui gagnent contre tous les candidats hors de l'ensemble.
Critère de Smith : Le gagnant doit appartenir à l'ensemble de Smith.

Critère de Schwartz

L'ensemble de Schwartz[1] est constitué de la manière suivante

  • Un groupe de tête est un groupe de candidats qui n'ont perdu aucune confrontation avec des candidats qui ne sont pas dans le groupe de tête.
  • Un groupe de tête minimal est un groupe de tête qui ne contient pas de groupe de tête plus petit.
  • L'ensemble de Schwartz est constitué de tous les candidats appartenant à au moins un groupe de tête minimal.

Critère de Schwartz : Le gagnant doit appartenir à l'ensemble de Schwartz.

Critères d'invulnérabilité aux votes tactiques

Un électeur ne doit pas pouvoir améliorer les chances d'obtenir l'élection d'un candidat qu'il préfère en le reculant sur la liste de ses préférences.

Un électeur ne doit pas pouvoir réduire les chances d'élection d'un candidat qu'il préfèrerait voir battu en l'avançant sur la liste de ses préférences.

Un électeur ne doit pas pouvoir améliorer les chances d'obtenir l'élection d'un candidat qu'il préfère en jouant sur la place relative de deux autres adversaires qu'il place derrière (par exemple : choisir l'adversaire le plus mauvais possible dans la perspective d'un duel final).

Références

  1. Thomas Schwartz est professeur de sciences politiques à l'université de Californie

Voir aussi

Lien interne

Sources

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