Croissance équilibrée

Une croissance équilibrée est une croissance économique dont tous les éléments progressent de concert, c’est-à-dire où il n’y a pas de tensions inflationnistes. Cette croissance est une croissance qui assure la stabilité des prix ainsi que l’égalité entre taux de chômage et taux de chômage structurel.

Concept

La croissance équilibrée fait l'objet de recherches dès les années 1930. L'économiste Roy Forbes Harrod crée un modèle de croissance, qu'il reformule en 1948, qui établit qu'une croissance équilibrée assure l'égalité entre épargne et investissement tout en garantissant le plein-emploi. Pessimiste sur la possibilité d'une telle croissance, Harrod considère qu'aucune force interne ne ramène l'économie vers un rythme de croissance équilibré[1].

Le concept est repris par Evsey Domar. Il développe en 1946 un modèle ressemblant à celui d'Harrod. Il considère que l'investissement est biface : d'un côté, il dope la demande et enclenche le multiplicateur keynésien, et, de l'autre, il induit un accroissement de l'offre en augmentant le stock de capital dans l'économie. La croissance équilibrée serait donc celle qui assure la comptabilité entre l'accroissement de la demande et celle de l'offre[1].

Le modèle de Solow montre que la croissance est équilibrée lorsque le taux de croissance de la production et le taux de croissance du capital sont identiques[2].

Les recherches sur la croissance équilibrée prennent de l'importance durant les Trente Glorieuses car les modèles de croissance déséquilibrée prônés par certains keynésiens sont remis en question par le contexte de plein emploi et de croissance soutenue[3]. La théorie économique standard considère que la tendance d'une économie, c'est-à-dire sa croissance sur le long terme, reflète la croissance équilibrée[4].

La croissance équilibrée apparaît comme un objectif prioritaire des politiques publiques[5].

Débats et critiques

Une croissance sur le fil du rasoir

Les premiers keynésiens font état d'une croissance fondamentalement déséquilibrée. Le modèle de Harrod soutient que le taux de croissance est sur le fil du rasoir. Les entrepreneurs peuvent réaliser des prévisions qui se trouvent fausses ; s'ils sous-estiment le niveau de demande effective résultant de leurs investissements, le taux de croissance sera supérieur au taux prévu[6].

Une croissance qui ne garantit pas le plein emploi

Certains keynésiens font remarquer qu'une croissance équilibrée n'entraîne pas forcément le plein emploi[6].

Notes et références

  1. Philippe Deubel, Marc Montoussé et Serge d' Agostino, Dictionnaire de sciences économiques et sociales, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0512-1, lire en ligne)
  2. Olivier Hueber, Economie générale: IUT, BTS, AES, Ecoles de commerce, Editions TECHNIP, (ISBN 978-2-7108-0865-7, lire en ligne)
  3. Denise Flouzat, Economie contemporaine, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-036825-0, lire en ligne)
  4. Philippe Sigogne sous la dir. de Jean-Paul Fitoussi, Les cycles économiques, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 2-7246-0643-4, 978-2-7246-0643-0 et 2-7246-0641-8, OCLC 30992246, lire en ligne)
  5. Raoul Bastianetto, Essai sur le démarrage des pays sous-développés, Editions Cujas, (lire en ligne)
  6. Marc Montoussé, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0658-6, lire en ligne)
  • Portail de l’économie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.