Culture des amphores globulaires

La culture des amphores globulaires (en allemand « Kugelamphoren »), de 3400 à 2800 av. J.-C. environ, est une culture archéologique qui surplombait la zone centrale occupée par la culture de la céramique cordée. Vers le sud et l'ouest, elle avait sa frontière avec la culture de Baden. Au nord-est, se trouvait la culture de Narva. Elle occupa en grande partie la même zone que la culture des vases à entonnoir. Son nom a été forgé par Gustaf Kossinna en raison de sa céramique caractéristique, des récipients en forme globulaire avec deux à quatre anses.

Culture des amphores globulaires
Amphore globulaire, découverte en 1979 lors des travaux de terrassement au château de Friedrichsfelde, et exposée aujourd'hui au Musée de la Marche de Brandebourg
Définition
Auteur Gustaf Kossinna
Caractéristiques
Répartition géographique Depuis la vallée de la Leine à la Podolie, en passant par le Brandebourg et la Pologne
Période de 3400 à 2800 av. J.-C.
Type humain associé Homo Sapiens Sapiens
Étendue approximative de la culture de la céramique cordée avec les cultures adjacentes du IIIe millénaire av. J.-C. (d'après l'Encyclopedia of Indo-European Culture).

Objets typiques

amphores globulaires

Étendue

Cette culture était située dans la région du bassin de l'Elbe à l'ouest et celui de la Vistule à l'est, s'étendant vers le sud jusqu'au milieu du Dniestr et vers l'est pour atteindre le Dniepr. À l'ouest de l'Elbe, on trouve quelques amphores globulaires dans des tombes mégalithiques. Les découvertes de la culture des amphores globulaires sont normalement attribuées à une expansion plutôt tardive entre 2950 et 2350 av. J.-C. à partir d'un centre situé en Volhynie et en Podolie.

La culture de l'amphore globulaire existait dans de grandes parties de l'Europe centrale et orientale, mais ses interactions avec les groupes de la céramique cordée et les sociétés de steppe voisines sont mal connues[1].

Économie

L'économie était fondée sur l'élevage de plusieurs types d'animaux, des cochons en particulier, en sa phase primitive, à la différence de la culture des vases à entonnoir qui préférait le bétail. Les villages sont épars et ne contiennent normalement que des petits ensembles de fosses. Aucun plan de maison probant n'a été mis au jour. Il est suggéré que certains de ces villages n'étaient pas occupés toute l'année ou qu'ils pouvaient n'être que temporaires.

Sépultures

Tombe de la culture des amphores globulaires

La culture des amphores globulaires est d'abord connue d'après ses sépultures. L'inhumation se faisait dans une fosse ou une ciste. Plusieurs offrandes mortuaires étaient laissées qui incluaient des parties d'animaux (comme une mâchoire de cochon) ou même des animaux entiers, par exemple, des bœufs. Ces offrandes comprenaient les amphores globulaires typiques et des haches de pierre. On trouve également des inhumations de bovins, souvent par paires, accompagnés de présents. Il existe aussi des sépultures secondaires dans des tombes mégalithiques.

Interprétation

Sépulture de la culture des amphores globulaires, Kalbsrieth

Le fait d'inclure des animaux dans les tombes est vu comme un élément culturel intrusif. La pratique de la satî, supposée par Gimbutas est également considérée comme un élément très intrusif. Les soutiens de Marija Gimbutas et à son hypothèse kourgane soulignent ces pratiques distinctives de sépultures et affirment qu'elles sont le résultat de la seconde vague de migrations des Indo-européens.

Génétique et populations

Néanmoins a contrario de l'hypothèse avancée par Marija Gimbutas, une étude génétique réalisée en 2017 portant sur dix-sept individus provenant d'un site mégalithique situé à Kierzkowo (Pologne, région des Pałuki, district de Żnin), qui est archéologiquement assigné à la culture des amphores globulaires a montré que ces individus semblent plus proches de ceux des groupes néolithiques antérieurs que de l'ADN de toutes les autres populations liées à une migration des steppes pontiques[2].

À l'exception de l'un des échantillons de Kierzkowo (dans lequel il représentait environ 15 % du génotype), le composant lié à la steppe était totalement absent de la population du site. Tous les autres échantillons présentaient un mélange entre un important composant de néolithique précoce (jusqu'à 83 %) - indiquant selon l'étude une origine commune avec les premiers agriculteurs d'Anatolie - et la composante trouvée à haute fréquence chez les chasseurs-cueilleurs européens (jusqu'à 30 %), signe probable d'un mélange des populations néolithiques avec les communautés de chasseurs-cueilleurs beaucoup plus anciennes[2].

Au niveau génétique, il existe une continuité généalogique reconnaissable entre la culture Yamna et la culture de la céramique cordée. Mais, l'opinion selon laquelle la culture des amphores globulaires représenterait une phase intermédiaire dans cette migration à grande échelle ne trouve aucun support dans le site de Kierzkowo[2].

Les auteurs de l'étude en tirent la conclusion que les affinités orientales de la culture des amphores globulaires dans le dossier archéologique pourraient reflèter les influences culturelles d'autres groupes de l'Est, plutôt que le mouvement des personnes. L'étude n'exclut pas la possibilité que les sites de la culture des amphores globulaires autres que celui étudié présentent des caractéristiques génomiques différentes[2].

Des études publiées en 2019 portant sur des personnes qui vivaient dans le bassin de la Vistule[3] et sur les restes de 15 hommes, femmes et enfants venant d'un site du sud de la Pologne du néolithique supérieur appartenant à la culture des amphores globulaires présentent des conclusions semblables. Du point de vue génétique de la population, les habitants de Koszyce se distinguent clairement des groupes voisins de la culture de la céramique cordée en raison de leur manque d’ascendance liée à la steppe[1]. L'étude des traits phénotypiques montre que ces individus avaient principalement les yeux marron, les cheveux sombres ou châtains[1]. Le site de Koszyce contient six lignages maternels (T2b, H27, K1a1, HV0a, HV16 et J1c3f), mais un seul lignage paternel: I2a-L801 ce qui semble indiquer une probable structure sociale patrilinéaire[1].

En Bohême, la propagation de la culture des amphores globulaires semble impliquer d'importants changements génétiques sur une courte période de temps, probablement expliqués par des migrations : ainsi, les individus de la culture des amphores globulaires ont le plus d'ascendance chasseurs-cueilleurs parmi les groupes culturels pré-céramique cordée de la région (25,7 %, ± 1,4), nettement plus que les individus de la culture de Řivnáč. Ceci suggère que ces populations constituent plutôt une incursion récente et non locale d'une région qui a reçu plus de flux de gènes de chasseurs-cueilleurs (par exemple, la Pologne), conformément aux interprétations des preuves archéologiques[4].

Voir aussi

Notes

  1. (en) Hannes Schroeder, Ashot Margaryan, Marzena Szmyt..., Unraveling ancestry, kinship, and violence in a Late Neolithic mass grave, pnas.org, mai 2019
  2. (en) Francesca Tassi, Stefania Vai, Silvia Ghirotto, Martina Lari, Alessandra Modi, Elena Pilli, Andrea Brunelli, Roberta Rosa Susca, Alicja Budnik, Damian Labuda, Federica Alberti, Carles Lalueza-Fox, David Reich, David Caramelli, Guido Barbujani, Genome diversity in the Neolithic Globular Amphorae culture and the spread of Indo-European languages, royalsocietypublishing.org, 22 novembre 2017
  3. (en) I. Stolarek, L. Handschuh, A. Juras,... Goth migration induced changes in the matrilineal genetic structure of the central-east European population, Scientific Reports, volume 9, numéro article: 6737, 2019
  4. (en) Luka Papac et al., Dynamic changes in genomic and social structures in third millennium BCE central Europe, Science Advances, Vol. 7, no. 35, 25 août 2021, eabi6941, DOI: 10.1126/sciadv.abi6941

Bibliographie

  • (en) James Patrick Mallory, « Globular Amphora Culture », Encyclopedia of Indo-European Culture, Fitzroy Dearborn, 1997.
  • (en) Mikhail M. Charniauski et al. (eds.), Eastern exodus of the globular amphora people: 2950-2350 BC. Poznań, Adam Mickiewicz University, Institute of Prehistory 1996, Baltic-Pontic studies 4.

Source

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