Définition de la sexualité
La sexualité est définie en biologie comme l’ensemble des caractères physiques qui différencient les sexes, les individus mâles et femelles ; et, en physiologie, l’ensemble des mécanismes physiologiques qui concourent au rapprochement des sexes et à la reproduction de l'espèce.
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Chez les êtres humains, c’est l’ensemble des tendances et des activités qui, à travers le rapprochement des corps, l'union des sexes, recherchent le plaisir physique.
D'autres définitions sont proposées, en particulier en sciences humaines et sociales[1]. Dans le langage courant, la sexualité renvoie à « l’ensemble des pratiques qui ont une signification érotique dans une société donnée »[2], elle peut désigner également un système qui définit ces pratiques érotiques en conférant "à certaines le privilège de la normalité". Ces dynamiques sont le support de processus de catégorisation et de hiérarchisation des individus en fonction de leurs attirances – l’ orientation sexuelle [2]
Employée avec un complément ou un adjectif qualificatif, la sexualité d’une personne ou d’une catégorie humaine est sa disposition, son comportement spécifique dans les rapports sexuels ; son ou ses modes de vie sexuels.
La sexualité renvoie à un ensemble de pratiques auxquelles est conférée une signification érotique et dont certaines sont valorisées et promues, quand d’autres sont disqualifiées et stigmatisées.
Une histoire du mot "sexualité"
Le mot sexualité est inventé au milieu du 19° siècle[3]. Pour les sociologues américains Gagnon et Simon, la psychanalyse a inventé la sexualité moderne en fournissant à la culture occidentale, et en particulier à la culture américaine.
Étymologiquement, les mots sexualité, sexué et sexe sont dérivés des mots latins sexualis et sexus. L'origine du mot sexus, qui signifie «sexe», est discutée : elle proviendrait soit du latin secare «couper, diviser», soit du latin sequi «accompagner» (Cf. O. Szemerenyi, Scripta Minora II, p. 874). Le romain Sextus Pompeius Festus, dans son De verborum significatione, rapproche sexus du grec hexis «manière d'être, état».
Les mots dérivés de la racine latine sexus sont récents. La chronologie simplifiée de leur apparition et de leurs premières significations, dans la société occidentale, est la suivante :
- XIIe siècle : apparition du mot sexe.
- XVIe siècle : généralisation du mot sexe, qui désigne les femmes (on dit à l'époque : « le beau sexe », « les personnes du sexe »).
- XVIIIe siècle : apparition du mot sexuel.
- XIXe siècle : apparition des mots sexualité (qui signifie « le caractère de ce qui est sexué, et l’ensemble des caractères propres à chaque sexe ») et sexualisme (qui signifie « la manière d'être de ce qui est sexuel »).
- XXe siècle : le mot sexualité prend son sens moderne : « ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle ».
Dans les sociétés non occidentales, suivant les cultures et suivant les époques, on observe également des variations du sens et des significations données à ce qui est appelé « sexualité ». Par exemple, caresser un sein ou embrasser avec la langue n'est pas considéré comme « sexuel » dans de nombreuses sociétés (Ford 1970).
Les différentes significations contemporaines
Au XXe siècle, si le mot sexualité est conservé, par contre sa signification continue d'évoluer. Initialement, il désignait plutôt l'état sexué, puis il a désigné le comportement sexuel, avant de désigner le plaisir sexuel et tout ce qui est directement lié à ce plaisir (Foucault M). Avec le développement de la psychanalyse, qui affirmait que tout plaisir est sexuel, le terme de sexualité a fini par désigner presque tout l'ensemble des comportements et des états affectifs de l'être humain.
Aujourd'hui, dans les dictionnaires, la définition du mot sexualité est encore un peu différente. Pour le Robert : 1) Caractère de ce qui est sexué, ensemble des caractères propres à chaque sexe ; et 2) Ensemble des comportements relatifs à l'instinct sexuel et à sa satisfaction. Pour le Larousse : 1) Ensemble des phénomènes sexuels ou liés au sexe, observables chez les êtres vivants ; et 2) Ensemble des diverses modalités de la satisfaction instinctuelle liée à la reproduction de l'espèce.
Pour la majorité des personnes, la définition habituelle de la sexualité est plus vague, et recouvre d'une manière assez lâche tout ce qui a plus ou moins directement ou indirectement rapport avec les organes génitaux, les zones érogènes et le plaisir particulier provenant de ces régions corporelles.
En conclusion, on observe que la définition du concept de sexualité change en fonction de l'époque, des théories et des cultures.
Pourtant, le phénomène biologique de la reproduction sexuée est toujours le même. Alors, comment élaborer une définition plus précise, et qui, pour l'essentiel, ne changera pas avec le temps ?
Analyse phylogénétique
En tenant compte de la structure biologique spécifique des différentes espèces animales, le mot sexualité désigne les conséquences suivantes de l'état sexué :
- La première conséquence, anatomique et physiologique, qui est commune à tous les animaux sexués, est en général l'existence dans chaque espèce d'un organisme mâle et d'un organisme femelle. Ces organismes sexués possèdent des cellules, des organes, des appareils et des processus physiologiques spécialisés et complémentaires (régulation par les hormones sexuelles, cellules germinales, appareil reproducteur, ovaire, pénis, utérus, …), qui sont spécifiquement destinés à permettre la reproduction.
- La seconde conséquence, comportementale, est l'existence absolument nécessaire d'un comportement dit sexuel qui permet le rapprochement des organismes mâle et femelle afin de réaliser la fécondation.
- À noter que chez la plupart des animaux, en raison de l'importance des hormones sexuelles et des phéromones, le comportement sexuel est un comportement de reproduction (le but est la copulation), tandis que chez les primates hominoïdes, en raison de l'importance du développement du cortex cérébral, le comportement sexuel devient un comportement érotique (le but est la stimulation du corps et des organes génitaux)
- La troisième conséquence, émotionnelle, mais qui n'existe que chez les animaux les plus développés (oiseaux et mammifères) en raison de l'apparition du système limbique, est l'existence d'émotions spécifiques à la sexualité : en particulier l'attachement au partenaire, et, dans certaines espèces (chimpanzé, homme, et peut être dauphin), le plaisir érotique.
- Enfin, la quatrième conséquence, cognitive, qui n'existe que chez l'homme en raison de l'extrême développement du néocortex, est la capacité cognitive à élaborer tout un ensemble de représentations, de symboles, de croyances et de valeurs spécifiques à la sexualité.
Ces quatre conséquences sont identifiées et distinguées les unes des autres parce qu'elles dépendent de l'organisation et de l'activité de systèmes biologiques et neurobiologiques distincts
Annexes
Bibliographie
- Clellan Ford, Frank Beach, Le comportement sexuel chez l'homme et l'animal, Robert Laffont, 1970.
- Yves Ferroul, « Sexualité » in Philippe Brenot (dir), Dictionnaire de la sexualité humaine, L'Esprit du Temps, 2004
- Michel Foucault, Histoire de la sexualité, Gallimard, 1976-1984
- Thierry Lodé, Les stratégies de reproduction des animaux, Dunod Masson Sciences, 2001
- Thierry Lodé, La guerre des sexes chez les animaux, une histoire naturelle de la sexualité, Odile Jacob, 2006.
- Serge Wunsch, Philippe Brenot, Does a sexual instinct exist ? Sexologies, 13(48):30-36, 2004
- Serge Wunsch, Philippe Brenot, Neurobiology of pleasure. Sexologies, 13(50):17-27, 2004
- Serge Wunsch, Philippe Brenot, Sexualité : instinct ou apprentissage ? Médecine Sexuelle, 1:12-21, 2005
- Serge Wunsch, Philippe Brenot, Analyse des rapports entre structure biologique et sexualité • NeuroPsy News, 4(4):133-136, 2005
Articles connexes
Notes et références
- Bozon, Michel, author., Sociologie de la sexualité (ISBN 978-2-200-62411-8 et 2-200-62411-5, OCLC 1191055253, lire en ligne)
- Rennes, Juliette, éditeur intellectuel. Achin, Catherine, 1975- éditeur intellectuel. Andro, Armelle, éditeur intellectuel. Bereni, Laure, éditeur intellectuel. Jaunait, Alexandre, éditeur intellectuel. Greco, Luca, éditeur intellectuel. Lagrave, Rose Marie, éditeur intellectuel. Rebucini, Gianfranco, 1974- éditeur intellectuel., Encyclopédie critique du genre : corps, sexualité, rapports sociaux (ISBN 978-2-348-06730-3 et 2-348-06730-7, OCLC 1242720886, lire en ligne)
- Foucault, Michel, 1926-1984, author., The history of sexuality (ISBN 978-0-241-38598-2, 0-241-38598-9 et 978-0-241-38599-9, OCLC 1291409232, lire en ligne)
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