Dégorgeoir de moulin

Un dégorgeoir de moulin (allemand : Kleiekotzer, Mühlgötze, Mühlgosche ou Schreckkopf) était un élément des moulins servant à évacuer le son. Prenant souvent la forme de visages, souvent sculptés avec art et généralement grimaçants, la bouche ouverte, ils étaient également les esprits protecteurs des moulins.

Dégorgeoir de moulin
Être hybride, homme avec des oreilles d'animal. Tyrol du Sud, 1526( ?). Mühlemuseum Brüglingen, Brüglingen près de Bâle

Histoire

Les vomisseurs de son sont connus depuis le XVIe siècle, et ils sont peut-être le fruit d'une invention de Léonard de Vinci. Ils sont mentionnés pour la première fois en 1502 dans un moulin de Zwickau. À partir de 1850, la technique de tamisage de la farine changea, ce qui rendit également superflue la présence de ces vomisseurs de son. C'est pourquoi on trouve aujourd'hui ces figures bizarres principalement dans les musées, et on ne les rencontre plus que rarement sur leur lieu d'origine[1].

Description

Les dégorgeoirs de moulins étaient « des pièces fixées sur le caisson à farine des moulins d’un type ancien dit « à sac ». Un étui en tissu conduisait le produit de la mouture en dehors du bâti du moulin. Tandis que la farine tombait au fond d’une caisse, le son se déversait à l’extérieur par un trou. Autour de cette ouverture étaient fixés ces visages en bois sculpté. Par leur bouche grande ouverte, ils vomissaient le son et surtout protégeaient la farine entassée derrière eux »[2]

Symbolique

On peut très supposer qu'ils ne sont pas seulement nés d'un besoin de décoration, mais que beaucoup de superstition est ici en jeu. Leur caractère comique ou horrifique était censé repousser les intrus, à l'instar des gargouilles démoniaques sur les églises gothiques, des têtes effrayantes ou jalouses du Moyen-Âge sur les maisons et les portes des villes[1]

Leur rôle était d'effrayer les esprits malfaisants qui auraient pu arriver jusqu’à la farine et la contaminer. L’utilisation de tels objets prophylactiques rappelle que la farine pouvait transmettre à l’homme une maladie grave due à un champignon, l’ergot du seigle. Appelée « mal des Ardents » ou « feu de Saint-Antoine », elle était soignée par les Antonins, religieux établis à Issenheim dans la Maison Saint-Michel ( Haut-Rhin). C’est cette congrégation qui commanda au peintre Matthias Grunewald le célèbre Retable d'Issenheim conservé au Musée Unterlinden à Colmar. Le panneau qui illustre la « tentation de Saint Antoine » évoque avec force l’horreur des hallucinations provoquées par l’ingestion de cette farine souillée.[2]

Galerie

Postérité

Articles connexes

  • Max et Moritz, où le meunier les jette dans l'entonnoir du moulin. Un "masque grimaçant" crache alors sur le sol la silhouette des "mauvais garçons"[1]

Références

  1. Fondation allemande pour la protection du patrimoine (de), Dr. Dorothee Reimann, Max und Moritz ausgespien
  2. Fédération des Moulins de France, Les dégorgeoirs de moulins (Kleiekotzer)

Liens externes


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